André Vacheron : Quelques réflexions sur le coronavirus

Médecin cardiologue toujours en activité, je suis régulièrement interrogé au téléphone par mes patients affolés et anxieux. La pandémie de COVID 19 atteint le monde entier, a gagné les États-Unis et l’Afrique. Transmis probablement à l’homme par la chauve-souris et le pangolin, un curieux mammifère à écailles recherché par les Chinois, le coronavirus est très contagieux et peut entrainer des lésions pulmonaires sévères nécessitant le recours au respirateur artificiel. Mais dans la majorité des cas, l’évolution est favorable vers la guérison. On ne dispose pas actuellement de médicament à l’efficacité formellement prouvée, ni de vaccin. Le confinement est la seule mesure efficace pour enrayer l’épidémie, comme l’ont démontré les études faites à Wuhan en Chine et à Singapour, en combinant la quarantaine, la fermeture des écoles et le télétravail. Il doit être suffisamment long. Sa levée prématurée et soudaine pourrait être suivie d’un nouveau pic épidémique catastrophique.

Le port de masque dans les lieux à risque, le respect des précautions d’hygiène, notamment du lavage répété des mains à l’eau chaude et au savon, l’auto-discipline de la population ont fait la preuve de leur efficacité à Taïwan et en Corée du Sud.

Dans notre pays, les capacités des services de réanimation publics et privés arrivent aujourd’hui à saturation, avec des personnels surmenés. Pour désengorger les hôpitaux, le télésuivi au domicile des patients porteurs ou suspectés d’infection par le coronavirus mais qui ne nécessitent pas d’hospitalisation a commencé dans les CHU de Paris, de Marseille, de Montpellier et de Saint-Etienne (application COVIDOM). Il doit être développé avec la participation des médecins libéraux.

Il faut attendre les résultats de l’administration de l’hydroxychloroquine à plusieurs centaines de patients pour sa diffusion dès le début de l’infection si elle s’avère efficace.

Le pilotage actuel de la crise sanitaire par notre gouvernement est bon. Ultérieurement, il m’apparait souhaitable de reconstituer l’EPRUS (Établissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires), dissous en 2016, pour ne plus avoir à déplorer une nouvelle pénurie de masques et de matériels de réanimation.

Paris, le 2 avril 2020
André VACHERON
Vice-Président de l’Académie

Télécharger l’article

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.