Séance ordinaire du 2 juillet 2018
par Philippe Levillain, membre de l’Académie des sciences morales et politiques
Introduction par M. François d’Orcival,
Président de l’Académie des sciences morales et politiques
Communication de M. Philippe Levillain,
membre de l’Académie des sciences morales et politiques
Introduction par M. François d’Orcival,
Président de l’Académie des sciences morales et politiques
Cher confrère, mon cher Philippe,
Tout a donc commencé par le concile Vatican II. Ou plutôt par une rencontre. L’ambassadeur René Brouillet – qui devait être bien plus tard notre confrère – et que le général de Gaulle avait nommé auprès du Saint Siège, te dis au cours de l’été 1965 : « Cher ami, vous êtes normalien comme moi, voulez-vous être mon attaché de presse auprès du concile ? » Un attaché de presse bénévole, car le ministère des Affaires étrangères n’avait pas les moyens (déjà) de s’offrir un vrai poste. Qu’à cela ne tienne, tu pars pour Rome et tu vas suivre jusqu’à la fin, le 3 décembre 1965, les travaux du concile.
C’est à partir de là que tu deviens le très grand connaisseur que tu es non seulement du catholicisme contemporain mais surtout de l’institution du Saint Siège. Car tes trois mois de bénévolat au concile te permettent de préparer à partir de ces travaux une thèse de doctorat de 3e cycle, qui sera publiée en 1975 sous le titre La mécanique politique de Vatican II, avec une préface de René Rémond.
Cela te conduira à être le maître d’œuvre d’un monumental Dictionnaire historique de la papauté qui recueille les contributions de plus de 250 auteurs et qui, près de vingt-cinq ans après sa première publication, fait toujours autorité. Y sont abordés quelques-uns des thèmes que nous traitons cette année, comme le rapport entre opinion, majorité et vérité. Si un concile, en effet, peut être étudié comme n’importe quelle assemblée délibérante, l’enseignement de l’Église, lui, ne peut être le résultat d’un simple rapport de forces. Tu montrais d’ailleurs que la partie se jouait aussi à l’extérieur, les attentes de l’opinion catholique étant habilement exploitées par les différents courants en présence afin de faire avancer leurs idées.
Au cours de la dernière décennie, tu es revenu sur trois épisodes récents de l’histoire de l’Église : la fin du long pontificat de Jean-Paul II et l’élection de son successeur, notre confrère le cardinal Ratzinger – ce fut Le moment Benoît XVI, paru en 2008 –, le schisme lefebvriste, dont tu as analysé la genèse et les ressorts sous le titre Rome n’est plus dans Rome en 2010, enfin la renonciation de Benoît XVI, La papauté foudroyée. La face cachée d’une renonciation, en 2015. Trois moments critiques qui ont mis en lumière les forces mais aussi les faiblesses du catholicisme, notamment dans son rapport avec l’opinion contemporaine.
On se souvient du désastreux effet du scandale des « Vatileaks » en 2012, la publication dans la presse italienne de documents dérobés par le majordome du Saint-Père dans son appartement privé. De multiples polémiques et incidents laissent l’impression d’un certain flottement dans la manière dont est gérée la communication vaticane.
Il est vrai que l’aura médiatique attaché à la papauté est naturellement renforcé par le charisme personnel de certains détenteurs de la charge. Face aux foules, Jean-Paul II hier, le pape François aujourd’hui, ont fait la preuve de talents peu communs de communicants. Cette popularité est-elle pour autant un instrument de diffusion de leur message ?
Plus fondamentalement, il s’agit de savoir si l’enseignement de l’Église est en adéquation avec les conditions actuelles de la communication, sur fond de progrès de l’inculture religieuse. Combien de journalistes sont-ils capables de saisir – et de retranscrire en termes accessibles – les aspects doctrinaux d’une déclaration magistérielle à l’heure de l’information immédiate et continue ?
Depuis six mois qu’a débuté notre programme annuel, nous avons abordé l’opinion sous bien des aspects. Elle a aussi des implications théologiques : « Au commencement était le Verbe » écrit saint Jean. Depuis ses origines, la foi chrétienne repose sur l’annonce d’une parole ; elle suppose également sa réception et sa conservation par les fidèles. Il sera intéressant, au cours du débat à suivre, d’entendre notre confrère Haïm Korsia nous dire comment la question est perçue dans le judaïsme. En attendant, il te revient, cher Philippe, de nous expliquer comment l’Église romaine, à l’aube de troisième millénaire, exerce son « ministère de la parole ».
Je te remercie encore, et nous t’écoutons.
Communication de M. Philippe Levillain,
membre de l’Académie des sciences morales et politiques
Le jeudi 11 octobre 1962, à partir de neuf heures trente, par une matinée romaine douce et claire, une longue théorie d’hommes en chapes et mitres blanches, archevêques, évêques, coadjuteurs ou auxiliaires, supérieurs de Congrégations religieuses, patriarches, traversait lentement la place Saint-Pierre pour entrer dans la basilique. Le cortège, sur deux files, s’égrenait sur cinq kilomètres. Ces hommes étaient les Pères conciliaires, Docteurs de l’Église convoqués par le pape Jean XXIII pour réfléchir sur le magistère de l’Église tout entière et la place de celle-ci dans le monde contemporain. Ils formaient avec le Pape le XXIe Concile œcuménique, depuis celui de Nicée (en 325). Le dernier Concile – Vatican I – avait été dramatique. Il remontait à près de cent ans. Personne ne s’attendait plus à une nouvelle assemblée de cette nature.
Les Pères conciliaires étaient 2540. Plus de la moitié venaient d’Europe de l’ouest. Mille invités, choisis dans le monde entier, avaient été placés dans le transept. Les Pères étaient répartis en deux tribunes de part et d’autre de l’allée centrale de la nef, longue de 187 mètres, comme à la chambre des Communes en Grande-Bretagne. La basilique était transformée en assemblée conciliaire.
L’impact de cette réunion serait mondial. Une foule impressionnante et bavarde sur la place Saint-Pierre bénéficiant de la retransmission de la cérémonie en Eurovision sur écran géant, ainsi que les téléspectateurs d’une grande partie de l’Europe de l’époque, observaient l’événement. Sur la sedia gestatoria, porté par quatorze sediari et entouré des porteurs de grands éventails de plumes (flabella), le pape Jean XXIII, âgé bientôt de quatre-vingt-un ans, fermait le cortège. Le Tu es Petrus, entonné par la chorale de la basilique, salua l’entrée du Pontife jusqu’à l’autel pontifical. Les portes de bronze se refermèrent sur lui.
Mais… invisible, attentive, quoique distraite encore, protéiforme comme une fumée, derrière le pape, était entrée également, tenace et bien installée, l’opinion publique. Elle ne quitterait plus jamais le Saint-Siège, le Vatican, l’Église. Elle en serait désormais la croix pour le catholicisme romain, qui allait affronter une révolution inattendue après dix-neuf siècles d’une histoire mouvementée et inégalement maîtrisée. Comme armes de réponse, le Vatican, le Saint-Siège et l’Église ne disposaient que de Radio Vatican (1931), de l’Osservatore Romano (1861) et d’insertions plus ou moins aléatoires dans les grands journaux nationaux, locaux, voire les bulletins d’associations diocésaines ou laïques.
C’est-à-dire que, pour rentrer dans le vif du sujet, Vatican II fut un Concile qui se déroula sur la place publique en raison de l’inaptitude de l’Église à maîtriser les médias et la relation de celle-ci avec les acteurs du Concile, ignorante qu’elle était des moyens de communication. Ce sera le premier point de cet exposé. Et, dans un second point, on verra comment l’impopularité du Saint-Siège et le fracas de Vatican II ont été progressivement dominés par un apprentissage de la communication, au point de devenir un art consommé.
Le défi inattendu de l’opinion publique
L’opinion publique, insidieusement au départ, et de manière de plus en plus insistante au fil des mois et des années, rompit le secret juré par les Pères conciliaires qui constituait la nature de la relation entre l’Église et ses membres, et en particulier au Vatican, depuis des siècles. Elle banalisa même le mystère de l’institution. Elle pulvérisa le secret en opposant à ce qu’il demandait de patience, de réflexion, d’intelligence et de confiance, l’histoire immédiate, l’impatience, le résultat, voire même le « lobbying ». À la conception de la perfectibilité, consubstantielle à la mission prophétique et humaine de l’Église, elle substitua celle du rendement, du profit, de la comparaison avec les sociétés civiles. Bref, à la verticalité du message dont l’Église est censée être le relais, on opposa l’horizontalité de l’instant, du moment, de la vérité brutale des mots. Finalement, à la tension du perfectus, elle substitua le progressus, le renouvellement substantiel permanent.
L’annonce d’un projet – il faut souligner le terme « projet » rarement utilisé en cette occasion –, donc d’un projet de concile par Jean XXIII le 25 janvier 1959, à Saint-Paul-hors-les-murs, passa relativement inaperçue. Le pape, en effet, le mentionna en même temps que ceux d’un Synode romain, qui eut lieu le 29 juin 1960, et d’une réforme du Droit canonique, promulgué par Jean-Paul II le 25 janvier 1983. Trois ans et demi séparèrent donc la maturation du projet et sa réalisation. Le deuxième Concile du Vatican fut convoqué par la Bulle Humanae salutis, le 25 décembre 1961. Elle fut lue publiquement sous le portique de la basilique Saint-Pierre, et à la suite, devant chacune des trois autres basiliques patriarcales (Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure et Saint-Paul-hors-les-murs). Au cours de tous ces mois, le futur Concile éveilla, réveilla, sollicita, agrégea autour de sa réunion, une opinion publique composée de plusieurs cercles de plus en plus larges, qui finirent par se souder les uns avec les autres dans une sorte d’orbite concentrique.
Dire que le projet de Concile éveilla l’opinion publique va de pair avec le constat que l’élection de Jean XXIII, patriarche de Venise, élu au onzième tour de scrutin le 28 octobre 1958, à l’âge de soixante-dix-sept ans, fut déjà une surprise. On ne savait rien du patriarche de Venise. Une certaine indifférence régnait dans les médias, tant à cause de la longueur de la procédure que d’un détachement à l’égard de la papauté, à la suite de l’interminable agonie de Pie XII. On rappela simplement que c’était un diplomate et un bon curé de paroisse rurale, deux versants d’une personnalité qui se complétaient et que résumait le mot de « furbo ». Le nonce Roncalli avait fait merveille en France par sa bonhomie et sa ténacité. L’éveil vint plutôt de la lettre circulaire du 18 juin 1959 du cardinal Tardini, secrétaire d’État, à tous les cardinaux, archevêques et évêques du monde, et à diverses communautés pour leur demander leurs avis et suggestions sur les sujets à traiter au Concile.
On parlera donc d’une phase anté-préparatoire, qui dura un an. Celle-ci déboucha sur la remise entre les mains de la Curie de l’ensemble des « vota » (vœux) exprimés par des cercles de fidèles réunis en associations catholiques ou chrétiennes des cinq continents. Ces vota portaient essentiellement sur la liturgie, la Curie romaine, les missions, l’éducation chrétienne, la formation des clergés. Autant de thèmes qui finirent par être retenus au Concile. Ils furent progressivement répartis en soixante-douze schémas, futur programme du Concile, ignorés par la plupart des Pères. Ce fut la phase préparatoire. Au cours de cette phase, certains continents, telle l’Afrique, certains évêques, tel Mgr Wojtyla, certains théologiens, l’abbé Ratzinger, certains laïcs, émergèrent. Ils seraient l’élément majeur de l’activité conciliaire à ses débuts. La convocation du Concile réveilla l’opinion publique et sollicita des cercles plus vastes autour de ce que l’on peut appeler à l’italienne « l’œil médiatique » (occhio mediatico) dont les journaux, les revues, les télévisions et les radios se firent progressivement les porte-voix.
Enfin, la dramatisation du Concile, qui eut lieu le 13 octobre 1962, deux jours après la « multiple splendeur » de l’ouverture, élargit progressivement la réception et le commentaire de l’événement au quotidien de la vie du monde. Les effets devaient se prolonger jusqu’à l’époque actuelle. Pour la première fois, sur une question de procédure, l’Église, le Pape et la Curie étaient contestés au sein même du Vatican et de l’Église.
Le 13 octobre était prévues des élections pour désigner les membres des Commissions conciliaires qui devaient relayer les Commissions préconciliaires chargées de préciser le programme de Vatican II. Or, grosso modo, la présentation aux Pères conciliaires des listes composant ces Commissions était identique à celle des Commissions préconciliaires calquées sur les Dicastères romains, dont la plus importante était la Sacrée Congrégation du Saint-Office, future Congrégation pour la Doctrine de la Foi, présidée par le terrible cardinal Ottaviani.
Dès la première Congrégation générale, la messe dite, l’évêque de Lille, le célèbre cardinal Liénart, intervint peu après le début du vote. Fort de son statut de membre du Conseil de présidence du Concile, il se leva, déclara son embarras, et sollicita un délai pour l’élection de ces Commissions. Il indiqua trois avantages à cette procédure. Les évêques auraient le temps de s’informer, ils se donneraient une preuve de leur confiance mutuelle, le vote serait plus rapide. Pour la première fois, des applaudissements nourris éclatèrent dans l’aula. Une majorité venait de se dégager contre la Curie romaine. Et sans l’avis du Pape. La presse, qui s’était jusqu’alors nourrie d’apparat et d’apparence, trouvait immédiatement le terrain du politique. France-Soir, le jour même, titrait : « Les évêques français en révolte au Concile ». Henri Fesquet dans Le Monde parlait du « Coq gaulois dressé sur ses ergots ». La presse étrangère emboîtait le pas. Seul L’Osservatore romano tout de même regrettait cette initiative. D’un seul coup, une majorité conciliaire se proposait. Et surtout, outre la pluie de confidences contournant le secret en principe gardé par les Pères conciliaires, des réseaux s’organisaient, qui feraient le Concile en coulisses.
Il existe plusieurs versions de l’intervention inopinée du cardinal Liénart. Celle de l’initiative privée, qui est fausse, et celle d’un important réseau franco-belgo-allemand, fonctionnant – déjà – par téléphone et petits porteurs obscurs dans la nuit du 13 au 14, voire du 14 au 15. De toute façon, la thèse du réseau est la bonne. Impressionnante fut la vitesse avec laquelle les nouvelles listes furent composées, imprimées, distribuées et … ratifiées dès le 15 octobre 1963. Le résultat démontra que s’opéra une sélection réfléchie, un reclassement des compétences et la promotion de certains évêques jusqu’alors restés en marge du Concile. Implicitement, ce fut aussi une réforme du personnel de la Curie et de celle-ci, qui se ferait sous Paul VI et sous Jean-Paul II.
Mais surtout le report demandé par le cardinal Liénart eut des conséquences incalculables. Donnant naissance au principe d’une majorité, il traça le chemin pour une minorité. Il éveilla les petits pays à prendre conscience de la nature du Concile en faisant un événement médiatique de la rapide consultation entre Pères, via les Conférences épiscopales, quand elles existaient. Il politisa Vatican II. Les médias parlèrent entre autres de « liste du marché commun ». Enfin, ces quelques paroles eurent pour effet de faire du Souverain Pontife un arbitre des conflits, puisque Jean XXIII rééquilibra l’ensemble par des nominations complémentaires, prévues par la procédure.
Si l’activité du Concile emprunta très vite un rythme soutenu, l’opinion publique se mit au diapason. Les médias s’intéressèrent au programme de Vatican II. Ils furent les premiers à dénoncer son ampleur. L’examen des schémas était saccadé et l’impression prévalait que le Concile aboutirait difficilement. Chacun savait plus ou moins que Jean XXIII, déjà malade, souhaitait une longue session, une seule. Le schéma qui rencontra le plus de difficultés fut celui consacré aux Moyens de communication sociale. Il touchait à la fois à la doctrine de l’Église en la matière, rappelant ses droits, évoquant les devoirs des pasteurs, et à la compétence des laïcs selon des principes moraux réglant l’usage de ses moyens.
Il en résulta finalement cette appréciation sur les opinions publiques : « Les opinions publiques exercent de nos jours une énorme influence sur la vie privée et publique des citoyens, à quelque milieu qu’ils appartiennent. Il est donc nécessaire que tous les membres de la société remplissent dans ce domaine aussi leurs devoirs de justice et de vérité. Ils emploieront les moyens de communication sociale pour concourir à la formation et à la diffusion des saines opinions publiques. »
Et d’ajouter au sujet des responsables des communications : « Une particulière responsabilité dans le bon usage des moyens de communication affecte les journalistes, écrivains, acteurs, metteurs en scène, réalisateurs, programmateurs, distributeurs, producteurs, vendeurs, critiques, en un mot tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à la réalisation et à la diffusion des communications. Qu’il faille, dans notre monde tel qu’il est, faire peser une grave responsabilité sur toutes ces catégories de personnes, cela est particulièrement évident, car elles peuvent, par les informations qu’elles diffusent et les pressions qu’elles exercent, engager l’humanité sur un bon ou un mauvais chemin. »
Pour rester sur le terrain de la communication, dès l’origine surtout, l’incident Liénart posa le problème du langage. Il était convenu que les Pères conciliaires et l’ensemble du Concile parleraient latin. Le Concile ne possédait aucun système de traduction. Les grands latinistes étaient peu nombreux et le cardinal Tisserant, président du Conseil de présidence, était peut-être le seul avec certains Italiens. Cette frontière entre les mentalités déjà très hétérogènes fut relevée par le cardinal Cushing, archevêque de Boston, qui proposa au Pape de rassembler les fonds nécessaires pour installer un système de traduction simultanée. Un refus poli lui fut opposé par le Pape. Le Concile avait donc trois langages : le latin (les experts en théologie y tinrent une bonne place et accompagnèrent beaucoup de Pères) ; l’anglais ; et, si l’on peut dire, l’européen, de nombreux Pères parlant leur propre langue et devinant les autres, gestes à l’appui. À cet égard, Vatican II fut un concile très agité en gestes. Enfin, deux mots propres à l’Église et à la société civile se croisèrent pour devenir des acceptions ordinaires : aggiornamento versus la société civile et États Généraux versus le Concile. Les médias et l’opinion publique se retrouvèrent sur un champ lexical mixte, qui dans les grands débats devait brouiller les pistes.
Or, Vatican II, au départ, ne disposait d’aucun instrument pour l’information de l’opinion au-delà des mots usés par les acteurs ou les spectateurs selon leur culture et leur perception. Ils manquaient d’une tour de contrôle. Non sans difficultés, un bureau de presse fut institué, sous la direction de Mgr Vallainc, placé sous l’autorité de Mgr Felici, Secrétaire du Concile. Mais les membres de ce Bureau n’étaient pas considérés comme des « personae in Concilio partem habentes ». L’information dépendait des règles sélectives propres à l’État du Vatican à l’égard des journalistes et des photographes. L’Osservatore Romano avait l’avantage considérable de paraître l’après-midi et de pouvoir donner la primeur de la Congrégation générale du matin. Une inégalité de fait devait s’instaurer très vite entre journalistes du Vatican et les autres, et, parmi les autres, entre les journalistes appartenant à un organe catholique et les représentants de journaux laïcs.
À l’occasion du Concile, Rome se trouvait devant un problème nouveau pour elle : démêler la curiosité pour le Concile du droit pour l’opinion à une information sur le Concile. Les organisateurs du Concile crurent que le moyen le plus efficace de ne pas céder à la confusion consistait à essayer de diriger, voire d’orienter l’information. Après chaque Congrégation Générale, Mgr Vallainc rédigeait un communiqué sous la direction de Mgr Felici. Au Bureau de Presse, il étoffait ce communiqué d’observations orales faites aux porte-parole de sept sections linguistiques, nommés et appointés par le Vatican, dont aucun n’avait le droit d’assister aux congrégations générales. Leur tâche consistait essentiellement à traduire le communiqué établi par Mgr Vallainc, et à le présenter aux journalistes.
Très vite, ils ressentirent une double difficulté : leur trop grande extériorité aux questions en cours ; la gêne qui en résultait pour opérer des traductions convenables. Il était naturel, dans ces conditions, qu’ils fassent pression pour obtenir l’accès dans l’aula, et, qu’en attendant, ils usent de leurs relations pour glaner des compléments d’information. La situation faite au Bureau de Presse encourageait les efforts pour rompre le secret de la part même des fonctionnaires qui avaient la charge de l’information.
D’aucuns, en tant qu’experts, disposaient de renseignements qu’ils étaient tentés d’utiliser pour accomplir leur tâche. D’autres avaient des liens personnels avec des évêques qui leur permettaient de s’informer. On ne citera aucun nom, par charité chrétienne. En tout cas, la dramatisation systématique du Concile par certains journaux s’explique en partie par l’impossibilité où étaient plusieurs représentants de la Presse de saisir la réalité du Concile. Ils furent ainsi amenés à le présenter par analogie avec les régimes parlementaires. La plupart des journalistes trouvaient donc la matière de leurs articles dans L’Osservatore Romano ou la Civilta Cattolica ou bien les Informations catholiques internationales. Ils étaient dans la situation de l’envoyé permanent ou spécial d’un journal à Moscou, qui ne s’informerait qu’en lisant la Pravda ou les Isvetzia. C’est avec le temps qu’en France Le Monde, Le Figaro etc., et les hebdomadaires multiplièrent leurs informations sur le Concile.
Malheurs et heurs de la communication
Le 8 décembre 1965, fête de l’Immaculée Conception, se déroulait sur la place Saint-Pierre la cérémonie de clôture de Vatican II. La lumière et la douceur pouvaient rappeler celles de la cérémonie du 11 octobre 1962. C’était la fin des « Ottobrate ». Paul VI adressa au monde huit messages, dont un aux Artistes et un aux Jeunes. L’Œuvre conciliaire (seize documents) était considérée comme achevée puisque terminée. Tel n’était pourtant pas le cas pour une partie de l’opinion générale dans l’Église et dans le monde, si dispersée fût-elle.
L’espérance d’un Vatican III renforcée par la notion de crise de l’Église s’ouvrit bientôt. La revue Concilium, fondée en 1965 par d’éminents théologiens (Yves Congar, Karl Rahner …) ainsi que la revue Communio, fondée par Urs von Balthasar et le cardinal Ratzinger, en fournissent l’exemple. Paul VI n’était pas populaire. Jean XXIII laissait un souvenir qui avait proposé à l’Église une Révolution de Velours. Une légende, à vrai dire. Il avait fait aimer l’Église. Paul VI la faisait respecter. L’après-Concile, en versions concert, si l’on peut dire, et les prolongements institutionnels (commissions post-conciliaires), réponse de la Curie, ne mobilisèrent guère l’attention, sauf des médias spécialisés. La Révolution béante ouverte par Vatican II entrait en Histoire sans avenir stimulant. L’information entretenait un feu aux braises faiblissantes. En fait, Vatican II était désormais entre les mains et dans les gestes et paroles du Souverain pontife.
Le 25 juillet 1968, le Saint-Siège publiait l’encyclique Humanæ vitæ : « Humanæ vitæ tradendæ munus gravissimum ». Dite : « Sur le sacrement du mariage et la régulation des naissances. » Dite aussi l’encyclique de la pilule. Elle est au cœur du sujet traité aujourd’hui. Plusieurs considérations s’imposent. Tout d’abord, la question du mariage (et de ses fins) finit par entrer dans les profondeurs du Concile, un peu secrètement. En avril 1963, Jean XXIII avait créé une Commission pontificale pour l’étude de la population, de la famille et de la natalité, comprendre la démographie.
Elle s’élargit de session en session, incluant des laïcs. Les avis d’abord hostiles à la contraception artificielle furent progressivement dominés par les opposants à la doctrine traditionnelle de l’Église. La question ne cessa d’être ajournée. Une large partie des Pères conciliaires ne suivit pas le fil du débat. La question du mariage devint prédominante. Le débat se rétrécit. Paul VI insista sur le concept de « paternité responsable », expression floue en termes de relation intime. En 1964, le Pape retira les quatre paragraphes consacrés au mariage du débat de la future Constitution Gaudium et spes.
La décision de Paul VI fut personnelle et douloureuse. Surtout, il semblerait que le Pape, instruit des délibérations et des conclusions de la commission ad hoc, ait écrit Humanæ vitæ seul, sans aucune consultation. Telle est du moins l’opinion fort discutée du cardinal Casaroli, futur Secrétaire d’État de Jean-Paul II. Si la date était mal choisie, cette autorité « autista » ajouta au conflit. La même considération entra dans le rejet violent par l’opinion du discours prononcé par Benoît XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006, écrit, a-t-il dit lui-même, sans avis concordant. Paul VI, comme Benoît XVI, furent invectivés par les médias et la rue. Le Père Martelet le dit à propos, en parlant de « nouveau Hiroshima » :
« Dans ce nouveau Hiroshima qu’a été la parution ou, plus exactement, l’explosion de l’encyclique Humanæ vitæ, clercs et laïcs ont, en effet, mêlé leur voix pour faire monter bien haut, dans le ciel de la presse mondiale, les accents de leur scandale, de leur douleur et même de leur refus révolté. Témoin de cette crise aussi, le désarroi des foyers, et surtout des foyers chrétiens, qui se sont sentis rejetés plus de vingt ans en arrière. Sur eux, et de quelque manière aussi, sur leurs prêtres, sont retombées subitement des obligations qu’ils croyaient désormais dépassées et dont le poids leur paraît d’autant plus arbitraire qu’il est plus odieux.
Deux conséquences directes résultèrent de la non-réception de l’encyclique. Ce fut l’ultime texte doctrinal de Paul VI. L’encyclique comme genre pontifical n’eut plus jamais le retentissement qu’elle produisait jadis ou naguère, même si Jean-Paul II en publia quatorze. Et, de toute façon, elle suscita la défiance. Enfin, les questions sociétales échappèrent au Saint-Siège, voire aux synodes les abordant (le 20 juin 2017 sur les divorcés remariés). Et les considérations sur l’amour, c’est-à-dire l’eros, furent désormais refusées au Saint-Siège. Ainsi, l’étonnante encyclique de Benoît XVI, Deus caritas est, qui présente l’eros comme le chemin naturel vers l’agapè, dans une parfaite classification des satisfactions qu’il présente est encore aujourd’hui un texte sans lecteur.
L’impopularité de Paul VI due à cette encyclique et qui effaça les dix années de règne suivantes alla jusqu’à l’indifférence et même l’ironie que suscita, en avril 1978, sa proposition d’échanger sa personne contre celle d’Aldo Moro après de vains appels à sa libération. Soyons clair : les terroristes ne voulaient pas du Pape. Et Paul VI mourut sans cérémonie le 6 août 1978 dans la soirée de la Transfiguration. Le réveil que lui avait donné sa mère dans son enfance et qui le suivait partout s’arrêta au moment de son décès.
Popularité …
L’élection de Jean-Paul II, le 16 octobre 1978, constitua l’événement médiatique spectaculaire qui restaurera spectaculairement l’image de la papauté. Elle fit oublier la « crise » de l’Église romaine qui défendait son image depuis … 1968. Elle fut préparée comme un concert des Rolling Stones, la coupole de Saint-Pierre baignant dans une lumière verte telle un aquarium, des faisceaux de couleurs balayant la place Saint-Pierre, l’attente portée à l’incandescence. On sait la suite, l’erreur sur la nationalité, la faute de prononciation en italien, le sourire de l’éternelle jeunesse.
Il ne faudrait pas considérer cette soirée spectaculaire comme le fruit d’un spécialiste en communication. Le Vatican puisa dans ses moyens techniques. Mais la Providence, si l’on peut dire, fournit l’acteur. Mis à part que Karol Wojtyla était nimbé d’un destin peu commun, Jean-Paul II s’inscrivait dans la droite ligne d’un Concile fermé et de positions sociétales identiques à son prédécesseur, Paul VI. Il avait encouragé le pape Montini à publier l’encyclique Humanæ vitæ. Celles qu’il publia de 1979 à 2003 explicitaient l’œuvre du Concile dans ses parties dogmatiques, ecclésiologiques et sociales, c’est-à-dire l’Église ad intra, et ses parties sociales : l’Église ad extra, notamment la Constitution Gaudium et spes.
La nouveauté du Pontificat se caractérisa par l’incarnation du Souverain Pontife comme pèlerin pour informer, expliciter et témoigner. Tous les voyages de Paul VI avaient été symboliques de Jérusalem aux Portes de la Chine, visitant les cinq continents. Jean-Paul II accomplira trois fois le voyage de la terre à la lune en cent quatre visites pastorales dont certaines réitérées. Il ne put satisfaire aucun de ses deux souhaits : Moscou et Pékin. Ces voyages célèbres entrèrent dans les pas de Paul VI qui, le premier, parla devant l’Assemblée générale de l’ONU (au moment de prendre la parole « devant cette Assemblée unique au monde… ») et dénonça la guerre avec des accents briandistes. Jean-Paul II – dont les voyages furent remarquablement organisés par les services du Vatican – familiarisa la charge de Vicaire du Christ, du point culminant de l’Eucharistie dans des stades bondés à des fantaisies et des gamineries d’un Pape en coiffe d’Indien ou en imitation de Charlot quand il dut emprunter une canne.
Le corps du Pape inspirait une forme d’existence vitale diffusée par l’intérêt qu’il portait lui-même au corps en général. Précisément, Il s’apprêtait, en 1978, à écrire un livre sur le sujet. Élu, il transforma ses exercices en catéchèse du mercredi, lors des audiences publiques place Saint-Pierre. Le hasard (et toujours peut-être la Providence …) fit que l’attentat du 14 mai 1981 révéla au public (pas à l’opinion publique) un Pontife homme blessé, sur un lit d’hôpital, bientôt convalescent en robe de chambre bleue, conversant avec ses voisins de chambre.
Et son règne porta au zénith la photographie, qui enrichit les deux agences bénéficiaires de l’exclusivité. Les clichés de pèlerins pris avec le Pape en audience publique ou semi-publique à ses côtés tapissèrent progressivement les demeures du monde entier, quitte à entraîner la désertion des rencontres les plus savantes quand les clichés étaient proposés à la commande dans une salle voisine. « Prends-en deux de plus pour Mamie. »
Mais, la plus féconde invention de Jean-Paul II revient à établir en 1986 les JMJ (intitulées également « Je Marche pour Jésus »). Elles substituèrent à la mémoire déclinante de l’opinion publique sur un héritage conciliaire mal perçu, un peuple chrétien rassemblé en réalité sur trois générations au fil des ans : des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans, les parents des jeunes et bientôt les anciens jeunes devenus parents. Aucun de ses successeurs n’osa revenir sur ce rite quasi liturgique, même Benoît XVI, qui y songea en 2005 à Cologne et laissa perplexe son auditoire et les maintint pendant son règne. On peut dire que les cercles de l’opinion publique qui ne cessèrent de s’élargir, des experts aux curieux, et de se rétrécir des curieux aux indifférents à la suite de Vatican II, furent remplacés par les rythmes des JMJ qui passèrent progressivement des enthousiastes aux tièdes. Ils forment aujourd’hui une chrétienté dont la ferveur se disperse entre de multiples formes de piété et d’action.
Benoît XVI, on s’en souvient, fut élu le 19 avril 2005. Et l’annonce de ce choix par le conclave, ainsi que l’onomastique de l’élu, fut sifflée place Saint-Pierre. Le nouveau pontife fut, dans les jours qui suivirent, l’objet de lazzis impitoyables, notamment dans la presse allemande, très au-delà des caricatures consacrées à Jean-Paul Ier. Or, le 12 décembre 2012, Benoît XVI envoyait en anglais sur son compte Twitter @Pontifex le premier de ses tweets : « Dear friends, I am pleased to get in touch with you through Twitter. Thank you for your generous response. I bless all of you from my heart. » Et le 21 janvier 2013, un premier tweet en latin : « Unitati christifidelium integre studentes quid iubet Dominus ? Orare semper, iustitiam factitare, amare probitatem, humiles Secum ambulare. »
Dire que le Vatican est entré dans l’ère du numérique ne change pas grand-chose aux défis que rencontre l’Église catholique et romaine depuis Vatican II. Le jeune substitut à la secrétairerie d’État Gian Battista Montini se levait quand Pie XI l’appelait au téléphone. Le cliché est connu. Pie XI parlait par Encycliques. Ses successeurs, depuis Vatican II, utilisent la radio et ils se font interviewer, et ne se refusent pas aux autoportraits. Ils publient leurs histoires de vie et sont immergés dans ce qu’on appelle la « transparence ».
Après beaucoup de tâtonnements, le Pape François a conduit une réforme fondamentale des Moyens de communication du Saint-Siège, regroupant l’ensemble des médias en un Secrétariat pour la communication (nommé Dicastère pour la communication depuis le 27 juin 2015), à la tête duquel fut placé initialement Mgr Dario Edoardo Viganò. Ce nouveau portail d’information (vaticannews.va) regroupe les différents médias du Saint-Siège : Radio Vatican, le Centre de télévision du Vatican, L’Osservatore Romano…. Vatican News exploite toutes les possibilités d’internet. Le portail est animé par une rédaction unique, mais avec une grande variété linguistique. Le Vatican signale aussi sa présence sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter, Instagram et Youtube. L’ensemble fut présenté au Conseil des Cardinaux (C8) le 11 décembre 2017.
Mais c’est le 21 mars 2018 que le préfet du Secrétariat pour la communication dut remettre sa démission. La cause en était une lettre de Benoît XVI, qui refusait la publication défigurée d’un texte censuré ou remanié, comme on veut. Renaissaient ainsi les grandes querelles sur les textes émanant de la Librairie vaticane quand celle-ci était sous la direction de Mgr Felici, Secrétaire du Concile, qui surveillait la publication définitive des Constitutions ou Décrets apostoliques … à la virgule près. Quelquefois une virgule, comme on sait, peut peser lourd en latin.
Mais la cheville ouvrière de la communication du Vatican devint Greg Burke, un laïc, américain et membre de l’Opus Dei, ancien journaliste à Fox News. Il travaille pour le Vatican depuis 2012 et organisa la couverture média de la Renonciation de Benoît XVI et de l’élection du Pape François. Faut-il en déduire qu’aujourd’hui les stratèges du Vatican estiment que la religion est un produit comme un autre, qu’il faut le défendre sur internet pour mieux le vendre ? Ou simplement qu’à la manière des politiciens, des artistes ou des sportifs de haut niveau, les religieux, eux aussi, commencent à professionnaliser leur communication ? On serait en droit de le penser en constatant que le cardinal Barbarin a fait appel à Vae Solis, entreprise de communication fondée par un ancien porte-parole du ministère de la Justice, Guillaume Didier, pour gérer les conséquences de l’affaire de pédophilie qui touche le diocèse de Lyon.
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On prétend souvent que le Christ fut le meilleur communicant du monde et réalisa une mission dont il était trop conscient pour ne pas en mourir. Vicaires du Christ, titre introduit au Ve siècle par le premier évêque de Rome, au synode de 495, tous les papes en sont conscients. On peut même dire qu’ils sont éduqués à la charge pour exercer cette fonction, entre autres. C’est à dessein qu’a été oubliée dans cet exposé la question cruciale de la liberté religieuse, qui implique la liberté d’expression. Elle conduisit au schisme de Mgr Lefebvre, et fut l’œuvre de Paul VI, proclamée le 7 décembre 1965 au terme d’un grand combat. La liberté religieuse, dans l’esprit du Souverain pontife, signifie la liberté de ne pas croire. Mais également la liberté de croire, ce que ne comprirent pas les opposants au schéma et à la Constitution. Ce que fit vivre Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II.
L’Occhio mediatico et la censure ecclésiastique firent toujours mauvais ménage, on s’en doute. Les travaux récents sur la censure au XIXe siècle ont montré qu’elle fut moins lourde que sa réputation, eu égard au volume des écrits qui lui étaient adressés. Le Saint-Siège, le Vatican et l’Église furent toujours pris entre deux étaux : ne rien dire ou faire comprendre. Pour résoudre l’alternative, la solution fut le secret. L’opinion publique le brisa. Pouvait-il en être autrement ? non. Jean Delumeau écrivait jadis, en 1977 : Le Christianisme va-t-il mourir ? Et René Rémond en 2001 : Le Christianisme en accusation. Ce dernier ouvrage rencontra quelques froideurs ecclésiastiques, eu égard au fait que l’auteur était réputé fermement chrétien. Guillaume Cuchet, un jeune collègue historien, fort brillant (et couronné par notre compagnie) publia récemment : Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement. Il a dû céder à la pression de son éditeur, car l’assertion n’est pas prouvée pour autant. Et il s’agit surtout de la France. La France, pays de mission, écrivaient les abbés Godin et Daniel en 1943. Elle l’est toujours. Et avec elle nombre de pays.
La question fondamentale reste, avec la mondialisation, celle du langage, de l’acculturation, et de l’éclaircissement de la fameuse phrase que répètent tous les papes : « l’unité dans la diversité ». C’est un thème qui sera développé à la rentrée, au cours du séminaire de notre consœur Mireille Delmas-Marty. Mais pour terminer, un mot que je laisse de Joseph de Maistre : « Je crois de tout mon cœur, avec Leibniz, que Dieu a préservé jusqu’ici les Conciles véritablement œcuméniques de toute erreur contraire à la doctrine salutaire. Je crois, de plus, qu’il les en préservera toujours ; et puisqu’il ne peut y avoir de Concile œcuménique sans Pape, que signifie la question “s’il est au-dessus ou au-dessous du Pape” ? La demande est donc précisément ce qu’on nomme en anglais un non-sens. » Cette considération aurait peut-être pu éviter beaucoup de drames à Vatican II.