Histoire

Deux siècles d’existence au service de la Nation

 

Les Académies royales furent créées dans la seconde moitié du XVIIe siècle : Académie française (1635), Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1663), Académie des Sciences (1666) ainsi que les différentes Académies qui sont à l’origine de l’Académie des Beaux-Arts.

Les “sciences morales et politiques”, qui ne sont apparues qu’au cours du siècle suivant, dans la mouvance des Lumières, ne furent pas regroupées dans une institution spécifique reconnue par l’état royal. Seuls d’éphémères “clubs” se réunirent autour de ces études scientifiques de l’homme. Parmi eux, on peut citer le Club de l’Entresol que fréquenta Montesquieu.

Ces thèmes d’études étaient cependant abordés dans le cadre des Académies de province, qui se développent à cette époque. Ainsi, l’Académie de Dijon mit à son concours, en 1750, la question suivante : “Le progrès des sciences et des lettres n’a-t-il pas contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ?”. Jean-Jacques Rousseau en fut le lauréat.

 

1795
Création de l’Institut de France
et de la Classe des Sciences morales et politiques

 

Les Académies royales, dont l’abbé Grégoire déclara qu’elles étaient “gangrenées d’une incurable aristocratie”, furent supprimées par le décret de la Convention du 8 août 1793.

Différents projets de substitution furent élaborés, par Talleyrand (1791) puis Condorcet (1792), pour aboutir à l’adoption du projet Daunou (décret de la Convention du 3 brumaire an IV  / 25 octobre 1795) qui institua l’Institut de France, divisé en trois Classes (Sciences physiques et mathématiques, Sciences morales et politiques, Littérature et Beaux-Arts).

Le projet était de créer un corps unique et pluridisciplinaire, voué au progrès des sciences et de la Raison.

La deuxième Classe est divisée en six sections : analyse des sensations et des idées, morale, science sociale et législation, économie politique, histoire et, enfin, géographie. Elle étudie donc l’homme moral et sa vie en société.

 

1803
Réorganisation de l’Institut de France et suppression
de la Classe des Sciences morales et politiques

 

Le Premier Consul Napoléon Bonaparte, membre de l’Institut depuis 1797, entreprit de réformer l’Institut national par l’arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803). Il redonnait une autonomie aux Classes au sein de l’Institut national. Leur nombre passait à quatre : Sciences physiques et mathématiques, Langue et littérature françaises, Histoire et littérature anciennes, Beaux-arts. De fait, il recréait les quatre Académies royales supprimées par la Révolution.

Dans cette organisation, les “Sciences morales et politiques” ne trouvaient plus de place. Dominique Joseph Garat interpréta cette suppression ainsi : “Le but des changements de l’Institut était d’en exclure les Sciences morales et politiques pour exclure plus rapidement la République de la France”. La seconde Classe aurait donc cessé d’exister avec la Liberté. Il est vrai que la seconde Classe était composée pour l’essentiel de ces Idéologues dont Bonaparte disait, après les avoir exclus du Tribunat, qu’ils étaient “des rêveurs, des phraseurs, des métaphysiciens, bons à jeter à l’eau”. Cependant, pour flatteuse qu’elle soit pour l’Académie, cette interprétation est excessive : en effet, aucun membre de la seconde Classe ne fut exclu de l’Institut national ; ils furent répartis entre les quatre nouvelles Classes.

Cette réforme tendait à reconstituer les anciennes Académies. La restauration fut accomplie par Louis XVIII qui, par l’ordonnance du 31 mars 1816, les rétablit dans leurs noms et leurs prérogatives anciens, tout en les maintenant au sein de l’Institut de France.

 

1832
Restauration de l’Académie des Sciences morales et politiques

 

 

François Guizot, ministre de l’Instruction publique du roi des Français Louis-Philippe Ier et grand historien, argumenta auprès du roi la nécessité de rétablir la seconde Classe :

“Les Sciences morales et politiques influent directement parmi nous sur le sort de la société, elles modifient rapidement et les lois et les mœurs. On peut dire que, depuis un demi-siècle, elles ont joué un rôle dans notre histoire. C’est qu’elles ont acquis pour la première fois ce qui leur avait toujours manqué, un caractère vraiment scientifique”.

L’Académie des Sciences morales et politiques fut restaurée par l’ordonnance du 26 octobre 1832. Elle était divisée en cinq sections : Philosophie, Morale, Législation, Droit public et jurisprudence, économie politique et statistique, Histoire générale et philosophique.

Les douze académiciens qui subsistaient de la seconde Classe élirent leurs nouveaux confrères.

De 1832 à 1870, l’Académie a joué un rôle politique important. On lui doit de nombreux rapports dont celui de Villermé sur “le travail des enfants dans les manufactures” (1842) qui aboutit au vote d’une loi destinée à le réglementer.

Sous le Second Empire, l’Académie regroupa des voix importantes de l’opposition libérale. Pour tenter de la contrôler, le régime créa, en 1856, une nouvelle section appelée “Politique, administration, finances”. Ses membres ne furent pas élus mais nommés par l’Etat. La section fut finalement supprimée dix ans plus tard, après l’avènement de l’Empire libéral. Ses membres furent répartis entre les autres sections.

Voir aussi

L’Institut de France et les Académies

Le Palais de l’Institut