Missions

L’Académie des Sciences morales et politiques par Jean-Robert Pitte, Secrétaire perpétuel honoraire

Le statut et la mission des académies et de l’Institut de France sont définis dans la loi de programme n° 2006-450 du 18 avril 2006 pour la recherche (articles 35 à 38)  :

Article 35 :  « L’Institut de France ainsi que l’Académie française, l’Académie des inscriptions et belles-lettres, l’Académie des sciences, l’Académie des beaux-arts et l’Académie des sciences morales et politiques qui le composent sont des personnes morales de droit public à statut particulier placées sous la protection du Président de la République. Ils ont pour mission de contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres, des sciences et des arts. Leurs membres sont élus par leurs pairs. Toutes les fonctions y sont électives. »

Article 36 : « L’Institut et les académies s’administrent librement. Leurs décisions entrent en vigueur sans autorisation préalable. Ils bénéficient de l’autonomie financière sous le seul contrôle de la Cour des comptes. L’administration de l’Institut est assurée par la commission administrative centrale, qui élit parmi ses membres le chancelier de l’Institut, et par l’assemblée générale. Chaque académie est administrée par ses membres qui désignent leurs secrétaires perpétuels et leur commission administrative. »

Comme les autres Académies, l’Académie des sciences morales et politiques se doit d’oeuvrer en faveur des buts fixés par la loi à l’Institut de France.  Dans sa loi fondatrice, le Directoire lui assignait pour mission de perfectionner les sciences et les arts, par des recherches ininterrompues, par la publication des découvertes, par la correspondance avec des sociétés savantes et étrangères ; de suivre, conformément aux lois et arrêtés du Directoire exécutif, les travaux scientifiques et littéraires ayant pour objet l’utilité générale et la gloire de la République.

L’Académie des sciences morales et politiques remplit ces missions par la tenue de séances de réflexion et de journées d’études ordonnées autour de thèmes fondamentaux ou d’actualité, par l’émission de conseils aux pouvoirs publics, par la distribution de prix et médailles, par l’administration de fondations abritées, ainsi que par l’émission d’avis sur les élections de professeurs dans les grands établissements d’enseignement et de recherche.

Séances ordinaires

Tous les lundis à 15 heures (hors périodes de vacances), l’Académie tient une séance ordinaire au cours de laquelle un communicant (membre de l’Académie ou intervenant extérieur) traite d’un sujet dans le cadre du programme défini par le Président annuel de l’Académie. Ont été ainsi étudiés, en 2021, Santé et Société, en 2020, Le pouvoir ; en 2019, L’action extérieure de la France ; en 2018, L’opinion publique ; en 2017, Les  réformes ; en 2016, Le droit dans la vie internationale ; en 2015, Les mutations religieuses contemporaines.
Les textes des communications sont résumés chaque semaine dans la Lettre d’information, puis mis en ligne sur le site de l’Académie et recueillis dans une publication. Les exposés sont suivis d’un débat entre l’orateur et les membres de l’Académie.

Colloques, Entretiens académiques, cycles d’études

L’Académie organise, en fonction des centres d’intérêt de ses membres et des besoins de la société, des colloques et des journées d’études, ces dernières désignées sous le terme d’Entretiens. Ont été abordés, ces dernières années, des sujets aussi divers que le nucléaire civil et militaire, l’avenir de la démocratie, la régulation financière mondiale ou les dettes souveraines. D’autres journées d’études sont consacrés à la figure ou à l’oeuvre de penseurs éminents, qu’ils aient ou non été membres de l’Académie, à l’instar du sociologue Émile Durkheim ou du philosophe Félix Ravaisson.
Quelques travaux, enfin, s’inscrivent dans le cadre d’un cycle d’études annuel ou triannuel, sous la direction d’un ou de plusieurs académiciens, à l’exemple des cycles « Guerre et société » animé par Jean Baechler entre 2012 et 2016, « La vie de l’esprit dans l’Europe du centre-est depuis 1945 » conduit par Chantal Delsol entre 2016 et 2018,  « Mondialisation et humanisme » conduit par Mireille Delmas-Marty entre 2018 et 2019, « Technologies émergentes et sagesse collective » conduit par Daniel Andler entre 2019 et 2022. Les résultats de ces travaux font l’objet de colloques et de publications régulières.

Conseil

L’Académie a été sollicitée fréquemment par les pouvoirs publics pour les conseiller sur des sujets de société. Très fréquente jusqu’en 1914, cette pratique est devenue plus rare par la suite, en raison de la professionnalisation de la vie publique et de la multiplication des think tanks et des commissions d’experts sollicités par les ministères. Toutefois, l’Académie continue à exercer un magistère moral et continue de saisir, quand le besoin s’en fait sentir, les pouvoirs publics. Elle le fait principalement sous forme d’avis et de motions délibérés et votés en comité secret. Parmi les plus récents, citons ceux du 26 mars 2012 sur l’énergie nucléaire en France, du 21 janvier 2013 sur le projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe ou du 20 mars 2017 sur l’enseignement de l’économie au lycée.

Prix et médailles

En distribuant chaque année des prix et récompenses, l’Académie répond à l’exigence de ses donateurs de distinguer des recherches et des ouvrages publiés sur les thèmes relevant de ses compétences et de distinguer des personnalités à l’action et à l’oeuvre remarquables.

Fondations

L’Académie abrite des fondations dont l’objet correspond aux domaines d’expertise de ses membres et concourt au bien de l’homme et de la vie en société par des études, des prix et des actions diversifiées.

Avis et validation

L’Académie rend des avis sur les élections dans les grands établissements d’enseignement et de recherche (École pratique des hautes études, École des hautes études en sciences sociales, Conservatoire national des arts et métiers). Elle veille également à la gestion de la Casa de Velázquez (Madrid) et de l’École française de Rome. Elle désigne des membres de droit dans divers organismes nationaux (Conseil national de l’évaluation…).