Pierre Chaunu

Pierre CHAUNU

(né le 17 août 1923 à Belleville, Meuse ; décédé le 22 octobre 2009 à Caen, Calavados)

C.    C.

élu le 11 janvier 1982, dans la section Histoire et Géographie,
au fauteuil laissé vacant par le décès de Maurice Baumont

Fauteuil n°5

Président de l’Académie en 1993

 


En quelques mots          Carrière          Œuvres

Travaux Académiques          Discours et conférences


 

 

En quelques mots

 

Né en 1923, à la lisière du champ de bataille de Verdun, orphelin de mère presque à ma naissance, élevé dans un monde de vieillards, gorgé de souvenirs, je ne sépare pas le passé de l’avenir, le vertige de l’avant et celui de l’après. La vie est d’autant plus belle que je la sais menacée. écœuré par les effets tangibles de la sotte querelle, empêché par les circonstances d’être vraiment utile aux miens – la recherche médicale m’a toujours fasciné – je suis devenu historien. Je suis parvenu à me persuader qu’une connaissance plus étendue du passé pouvait servir, peut-être, à une avancée vers un moindre mal. J’ai cherché donc loin, avant, ailleurs et au dehors de ce qui avait été longtemps le champ étroitement politique et franco-français de notre  » Révolution « , mythifiée comme nombril du monde et récitée comme on entendait, dans ma jeunesse, braire l’âne du moulin à l’angle du chemin creux. Quand pointait la décolonisation sur une planète rétrécie, je me suis penché sur le désenclavement planétaire et sur les grands axes de trafics (Atlantique, Pacifique) à la recherche des lois des conjonctures anciennes. Je fonde le premier cantre dit d’histoire quantitative. Le front de la connaissance avance au tambour. Place au principe quantique de l’indétermination. Il y a tant de possibles que la seule logique qui résiste en histoire est celle de l’imprévisible. Et la vie et la mort et l’expression des rapports dramatiquement vécus à l’être et au destin. La vie et le destin ne se laissent pas enfermer dans une seule équation. L’historien, sur le tard, peut tout aussi bien être tenté par l’ontologie tâtonnante voire la théologie qui a fait ses classes. Les graphiques des naissances me paraissent plus sûrement annonciateurs que les tendances réunies du Dow Jones, du Nikkaï et du Cac 40 ; et les réflexions et représentations sur l’au-delà de la mort, plus opérationnelles que la lutte dite des classes et le cours du Brent à Rotterdam.

(Pierre Chaunu)

 

 

Carrière

 

Agrégé d’histoire et docteur ès lettres, M. Pierre Chaunu a commencé sa carrière comme professeur au lycée de Bar-le-Duc en 1947. Attiré par la recherche, il est, dès l’année suivante, membre de l’école des hautes études hispaniques. Il séjourne à Madrid et à Séville jusqu’en 1951. à son retour en France, il est professeur au lycée Michelet de Vanves (1951-1956).

C’est à l’Université qu’il poursuit sa carrière : chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris (1956), attaché de recherches au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.) entre 1956 et 1959, chargé d’enseignement à l’Université de Caen en 1959. Ayant achevé sa thèse monumentale sur Séville, il devient maître de conférence à l’Université de Caen. Il y est élu professeur titulaire dès 1962 et y enseigne jusqu’en 1971. Il y a fondé le Centre de recherches d’histoire quantitative en 1966. En 1971, il est élu professeur d’histoire moderne à l’Université Paris IV-Sorbonne où il enseigne jusqu’à sa retraite.

Dans l’Université, Pierre Chaunu a toujours défendu sa conception d’un enseignement de qualité. Il a participé de 1969 à 1989 aux instances chargées de surveiller le recrutement des enseignants (successivement Comité consultatif des Universités, Conseil supérieur des corps universitaires, Comité national des universités). Dans un même esprit, il fut Président de la Fédération des syndicats autonomes de l’enseignement supérieur de 1988 à 1990.

Pierre Chaunu a joué par ailleurs un rôle important au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), comme vice-Président de la Commission d’Histoire de 1957 à 1991 et comme membre du directoire et du Conseil scientifique de 1974 à 1982 et depuis 1988.

En raison de sa hauteur de vue, il a été désigné pour être membre du Haut Conseil à l’intégration et du Comité des sages sur la nationalité.

 

 

Œuvres

 

  • 1948 – Eugène Sue et la Seconde République.
  • 1949 – Histoire de l’Amérique latine ( 9e éd. 1976).
  • 1955-1960 – Séville et l’Atlantique (1504-1650), 12 volumes.
  • 1960-1966 – Les Philippines et le Pacifique des Ibériques, 2 volumes.
  • 1964 – L’Amérique et les Amériques de la préhistoire à nos jours.
  • 1965 – Las Grandes Lineas de la producion historica en America latina.
  • 1966 – La Civilisation de l’Europe classique.
  • 1969 – L’Expansion européenne du XIIIe et XVe siècle.
  • 1969 – Conquête et exploitation des nouveaux mondes.
  • 1971 – La Civilisation de l’Europe classique et de l’Europe des lumières.
  • 1973 – La Prépondérance espagnole d’Henri Hauser (édition et introduction).
  • 1973 – L’Espagne de Charles Quint, 2 volumes.
  • 1974 – Histoire, science sociale.
  • 1975 – Le Temps des réformes. La crise de la chrétienté, l’éclatement.
  • 1975 – De l’histoire à la prospective.
  • 1975 – La Mémoire de l’éternité.
  • 1975 – Le Refus de la vie, analyse historique du présent.
  • 1976 – Les Amériques, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles.
  • 1976 – La Peste blanche (en collaboration).
  • 1977 – L’Histoire économique et sociale de la France (1450-1650) (en collaboration).
  • 1977 – Séville et l’Amérique aux XVIe et XVIIe siècles (en collaboration).
  • 1977 – Lettre aux Eglises (en collaboration).
  • 1977 – Histoire économique et sociale du monde (en collaboration).
  • 1978 – La Mort à Paris.
  • 1978 – La Violence de Dieu.
  • 1978 – La Mémoire et le Sacré.
  • 1978 – Histoire quantitative, histoire sérielle.
  • 1978 – Le Sursis.
  • 1979 – La France ridée (en collaboration).
  • 1979 – Un futur sans avenir, histoire et population (en collaboration).
  • 1979 – Maiastra (en collaboration).
  • 1980 – Histoire et foi.
  • 1980 – Eglise, culture et société, Réforme et Contre-Réforme (1517-1620).
  • 1981 – Histoire et décadence.
  • 1982 – La France, histoire de la sensibilité des Français à la France.
  • 1982 – Ce que je crois.
  • 1982 – L’Europe des lumières.
  • 1983 – Combats pour l’histoire.
  • 1983 – Le Chemin des mages (dialogues avec Gérard Kuntz).
  • 1984 – Pour l’histoire.
  • 1984 – Le Temps des réformes, 2 volumes.
  • 1984 – L’Europe classique.
  • 1984 – L’Historien dans tous ses états.
  • 1985 – L’Historien en cet instant.
  • 1985 – Rétrohistoire.
  • 1986 – Au cœur religieux de l’histoire.
  • 1986 – L’Aventure de la Réforme.
  • 1986 – Une autre voie (en collaboration).
  • 1987 – La Liberté.
  • 1987 – Du Big Bang à l’enfant.
  • 1987 – Essais d’ego-histoire (en collaboration).
  • 1988 – L’Obscure Mémoire de la France.
  • 1988 – Apologie pour l’histoire.
  • 1989 – Le Grand Déclassement, à propos d’une commémoration.
  • 1990 – Trois millions d’années, quatre-vingts milliards de destins.
  • 1990 – Reflets et miroir de l’histoire.
  • 1990 – Dieu. Apologie.
  • 1991 – Colère contre colère.
  • 1992 – Brève histoire de Dieu.
  • 1992 – Introduction à la réédition des Traités réformateurs et des des Propos de table de Luther en 1520.
  • 1992 – L’Aventure de la Réforme, le monde de Jean Calvin (en collaboration).
  • 1993 – Colomb ou la Logique de l’imprévisible.
  • 1993 – Les Fondements de la paix.
  • 1994 – L’Axe du temps.
  • 1994 – L’Instant éclaté.
  • 1995 – Les Enjeux de la paix . Nous et les autres.
  • 1995 – L’Héritage.
  • 1996 – Baptême de Clovis, baptême de la France (en collaboration).
  • 1998 – Danse avec l’histoire.
  • 1998 – Le Basculement religieux de Paris au XVIIIe siècle (en collaboration).
  • 2000 – Charles Quint (en collaboration)
  • 2006 – Leçons pour la paix

Pierre Chaunu a également écrit plus de cent articles scientifiques dans des revues françaises et étrangères, ainsi que quatre-vingts préfaces. Depuis 1982, il tient une chronique régulière dans Le Figaro.

 

 

Travaux académiques

 

Notice
  • Notice sur la vie et les travaux de Maurice Baumont, séance du 18 octobre 1983.

 

Séances solennelles
  • La femme, Dieu, la religion. Hier et demain, dans Le XXIe siècle et les femmes, séance solennelle du 25 mai 1999.
  • Bartolome de Las Casas, F. de Vittoria et les Indiens, lecture lors de la séance solennelle consacrée aux droits de l’homme, le 7 mars 1989.

 

Séance ordinaire
  • De la patrie. Amour pérenne, amour mutant, dans Les vertus patriotiques, séance du 21 mai 1991.

 

Divers
  • « La science historique, tribunal de l’histoire vécue », dans Revue des sciences morales et politiques, 1992/4.
  • « Tout empire périra », dans Revue des sciences morales et politiques, 1993/4.
  • « L’œuvre d’art dans l’histoire de l’humanité », dans Alain Plantey (dir.), Le patrimoine culturel. Actes du colloque organisé par l’Académie des Sciences morales et politiques et l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à la Fondation Singer-Polignac le 13 juin 1996, Paris, 1996.

 

 

Discours et conférences