Gabriel de BROGLIE

(né le 21 avril 1931, à Versailles)

G. O.       C.    C. 

Élu, le 24 mars 1997, dans la section générale,
au fauteuil laissé vacant par le décès de François Puaux

Fauteuil n°6

Chancelier de l’Institut de France du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2017

Membre de l’Académie française

Président d’honneur de La Renaissance Française


En quelques motsCarrière – ŒuvresTravaux Académiques – Discours et conférences


En quelques mots

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours ressenti le français comme une fibre de mon être. L’amusement de mes jeux d’enfant, l’impression de mes premières lectures, la force de mes premiers sentiments n’ont jamais été séparés de la découverte des mots et des phrases qui les traduisaient. Langue maternelle, mais davantage langue d’enfance, langue d’adolescence, langue de maturité. Et aussi langue gardienne, langue heureuse, langue laborieuse. Une grande partie de mes plaisirs et une plus grande partie de mon travail ont consisté à vivre des ressources du langage, à recevoir et à émettre ses paroles, à observer leur plénitude, leur précision et leur beauté, m’en nourrir comme d’un aliment nécessaire et désiré. Je n’ai jamais lu un livre sans chercher à savoir comment cela était fait, de quelle encre et par quel travail. Je n’ai jamais écrit une page sans solliciter le secours de la langue. Fibre de mon être, perception de mes sens, paysage de mon activité : j’ai vécu du français comme on respire le bon air.

A partir d’un moment que je ne puis préciser, j’ai fait plus que respirer, j’ai humé. Le souffle de l’émotion a enveloppé notre échange. J’ai éprouvé pour le français un sentiment profond et intime qui n’était pas l’amour avec ses déceptions, ni la passion dévorante, mais l’émerveillement. On aime le mouvement du ciel, le courant des rivières, la poussée de la sève, le battement du sang et l’harmonie des visages. C’est ainsi que j’ai aimé ma langue. J’ai vécu avec le français comme on se réchauffe d’affection. Et je tâche de mobiliser les forces vives du français.

(Gabriel de Broglie)

Carrière

Né le 21 avril 1931 à Versailles. Études au collège des oratoriens à Pontoise. Institut d’études politiques de Paris et École nationale d’administration (promotion Tocqueville 1960). Il commence sa carrière comme attaché à l’ambassade de France en Italie (1955-1958) et entre au Conseil d’État où il est tour à tour auditeur (1960-1967), maître des requêtes (1967), conseiller d’Etat (1985) et, depuis 1999, conseiller d’État honoraire.

Au cours de cette période, il a été membre de plusieurs cabinets ministériels : jurisconsulte du ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles, André Malraux (1962-1966), conseiller juridique du secrétariat général du comité interministériel (SGCI) pour les questions de coopération économique européenne (1964-1967), conseiller technique au cabinet du ministre des Affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney (1966-1968), au cabinet du ministre d’Etat chargé des Affaires sociales, Maurice Schumann (1968), au cabinet du Premier ministre, Maurice Couve de Murville (1968-1969) puis à celui du ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles, Edmond Michelet (1970). Il a enfin été directeur de cabinet du ministre chargé des Affaires culturelles par intérim, M. André Bettencourt (1970-1971).

Gabriel de Broglie a parallèlement occupé des charges d’enseignement de 1964 à 1971 : maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris (1964-1971), à l’École des hautes études commerciales (1962-1964), à l’École nationale d’administration (1963-1966), chargé de cours à l’École de l’aviation civile.

Gabriel de Broglie s’est particulièrement illustré au sein de l’audiovisuel public auquel il a consacré dix-huit ans de sa carrière. Après avoir été directeur général adjoint de l’Office de radiodiffusion télévision française (ORTF) et président du conseil de surveillance de Vidéogrammes de France (1971-1974), il devient Directeur général de Radio France (1975-1979) et président de l’Université radiophonique et télévisuelle internationale (URTI) (1976-1987) ; il est ensuite président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), (1979-1981) puis membre de la Haute Autorité de l’audiovisuel, nommé par le Président du Sénat, Alain Poher (1982-1986). En 1986, il est nommé membre de la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) par le Président du Sénat. Élu président de cet organisme, il le dirige jusqu’en 1989.

Comme historien, il publie biographies et études sur l’orléanisme et le XXe siècle. Comme essayiste, il donne des témoignages sur ses activités, le Conseil d’État, la télévision, la langue française. Il participe, depuis 1981, aux différentes instances de la langue française : vice-président du Haut Comité de la langue française (1981-1982), membre du Conseil supérieur de la langue française (1984-1986), et président de la Commission générale de terminologie et de néologie (1996-2006). Passionnément bibliophile, il préside, depuis 1980, la Société des bibliophiles françois, est administrateur de la Bibliothèque nationale de français (depuis 1995) et a été élu, en 2003, membre du Roxburghe Club de Londres.

Les ouvrages de Gabriel de Broglie ont été couronnés par l’Académie française, par le prix des Écrivains combattants, par le prix Vauban, par le premier Grand Prix Gobert pour Madame de Genlis, et par le prix des Ambassadeurs pour Guizot.

Il a été élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1997 et à l’Académie française le 22 mars 2001 sur le fauteuil d’Alain Peyrefitte (11fauteuil), puis a été élu Chancelier de l’Institut de France de 2006 à 2017. Le 14 mars 2019, il a été intronisé Président d’honneur de La Renaissance Française, où il a succédé à Simone Veil.

Œuvres

  • 1972 – Le Général de Valence ou l’Insouciance et la Gloire, 1973 – prix des écrivains combattants du cercle de l’union et prix Broquette-Gonin de l’Académie française
  • 1974 – Le Conseil d’Etat (en collaboration, sous la direction de Louis Fougère)
  • 1977 – Ségur sans cérémonie ou la Gaîté libertine
  • 1979 – Histoire politique de la Revue des Deux-Mondes de 1829 à 1979, 1979 – couronné par l’Académie française
  • 1981 – L’Orléanisme ou la Ressource libérale de la France, 1981 – couronné par l’Académie française
  • 1982 – Une image vaut dix mille mots. Essai sur la télévision
  • 1985 – Madame de Genlis, 1985 – grand prix Gobert de l’Académie française
  • 1987 – Le français pour qu’il vive, 1987 – prix du rayonnement de la langue française de l’Académie française, prix Vauban
  • 1990 – Guizot, 1991 – prix des ambassadeurs
  • 1990 – Nouvelles orientations à l’Est, nouveau choix pour l’Europe (sous la direction de)
  • 1991 – La Vraie Madame Gervaisais (introduction et présentation)
  • 1991 – Les crises à l’Est : le sort d’un empire (sous la direction)
  • 1992 – Les relations actuelles entre la France et les Etats-Unis (sous la direction)
  • 1994 – Nouveaux équilibres dans la zone du Pacifique Nord (sous la direction)
  • 1995 – Le XIXe siècle. L’éclat et le déclin de la France
  • 1996 – L’élargissement de l’Union européenne (sous la direction)
  • 1999 – Le Facteur religieux dans les conflits du Moyen-Orient
  • 2000 – Mac Mahon
  • 2001 – Le droit d’auteur et l’Internet (sous la direction)
  • 2011 – La Monarchie de Juillet
  • 2015 – L’environnement et ses métamorphoses (en codirection avec Catherine Bréchignac et Mireille Delmas-Marty)
  • 2017 – Le Dictionnaire de l’Académie française : langue, littérature, société (en codirection avec Hélène Carrère d’Encausse, Giovanni Dotoli et Mario Selvaggio)
  • 2017 – Impardonnable 20e siècle

Travaux académiques

Notice
  • Notice sur la vie et les travaux de François Puaux, séance du 1er décembre 1998.
Séance solennelle
Séances hebdomadaires
Groupes de travail
  • Gabriel de Broglie a présidé un groupe de travail au sein de l’Académie. Il a rendu un rapport sur “Le droit d’auteur et l’internet”.
Discours, conférences et allocutions