Raymond Barre

Raymond BARRE

(né le 12 avril 1924 à Saint-Denis, La Réunion ; décédé le 25 août 2007 à Paris)

Élu, le 26 février 2001, dans la section Histoire et Géographie,
au fauteuil laissé vacant par le décès d’Alain Peyrefitte

Fauteuil n°1

 


Carrière          Œuvres          Travaux Académiques

Discours et conférences         L’épée d’académicien


 

 

Carrière

 

A l’issue études brillantes au lycée Lecomte de Lisle à Saint-Denis de La Réunion, Raymond Barre travaille, en 1942, après la libération de l’ile, au service de presse et d’information du gouverneur Capagarry. Mobilisé en mars 1944, il reçoit une instruction militaire à Madagascar. Il est libéré du service à la fin de 1945, sans avoir participé aux opérations d’Extrême-Orient. Arrivé à Paris deux mois plus tard, il s’inscrit à la Faculté de droit et à l’Institut d’études politiques, où il rencontre François Perroux, qui l’initie à l’analyse économique quantitative et aux techniques de la comptabilité nationale. Il subit aussi l’influence de Jean-Jacques Chevallier, André Piatier et Raymond Aron.

En décembre 1949, il soutient sa thèse de doctorat sur « la période dans l’analyse économique. Une approche à l’étude du temps ». Reçu l’année suivante à l’agrégation des sciences économiques, il commence sa carrière comme professeur à la Faculté de droit et de sciences économiques à Caen puis, en 1951, à celle de Tunis.

Il entame parallèlement une carrière politique étant, de 1959 à 1962, le chef de cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l’Industrie du gouvernement de Michel Debré. Jean-Marcel Jeanneney ayant quitté le ministère en janvier 1962, Raymond Barre reprend son enseignement à la Fondation nationale des Sciences politiques à Paris où il dirige le Service de recherches sur l’activité économique. Il exerce également, en 1966, la fonction de membre du Conseil du Centre d’études des revenus et des coûts au sein du Commissariat général au Plan.

En 1967, le général De Gaulle le nomme à la Commission des Communautés européennes, dont il devient vice-président. En tant que Commissaire responsable des Affaires économiques et financières, il élabore, en 1969, un plan de stabilité monétaire en Europe visant à renforcer la coordination des politiques économiques et instituer un soutien monétaire mutuel ˆ court terme. La même année, lors du Sommet de La Haye, les six États de la CEE se donnent pour objectif l’union économique et monétaire : le plan Barre sert alors de travail préparatoire. Ainsi la nécessité d’une union économique et monétaire européenne devient évidente. En 1970, ce plan est adopté par le Conseil des Ministres même s’il n’est pas appliqué exactement de la manière prévue. Concrètement, il donne lieu la même année à la création par les banques centrales d’un mécanisme de soutien monétaire et au rapport Werner, dans lequel, pour la première fois, est proposée la création d’une organisation communautaire supranationale. En 1971, on en arrive ainsi à un accord qui stipule qu’à l’horizon 1980, il devra exister un « ensemble monétaire individualisé ». Ce projet ne se concrétise pas du fait de la crise des années 1970. Après 1968, Raymond Barre joue un grand rôle, avec Jean-Marcel Jeanneney, dans la décision du Général de ne pas dévaluer le franc.

À son retour de Bruxelles en 1973, Raymond Barre est chargé par Jospeh Fontanet d’élaborer un projet de réforme destiné à mieux articuler enseignement secondaire et enseignement supérieur. Georges Pompidou songe à lui pour le poste de commissaire au Plan, mais son décès empêche la nomination.

En 1976, Raymond Barre est nommé ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement de Jacques Chirac. À la suite de la démission de ce dernier (août 1976) en pleine crise économique et financière, il devient, pour presque cinq années, Premier ministre, fonction qu’il cumule avec celle de ministre de l’Économie et des Finances de 1976 à 1978. Surnommé le « meilleur économiste de France », il prend alors une série de mesures de lutte contre la crise en affirmant sa volonté de donner la priorité au rétablissement des grands équilibres et à l’assainissement de l’économie française. D’aprs lui, la relance de l’activité et le recul du chômage ne sauraient s’obtenir qu’au prix d’une indispensable maîtrise préalable de l’inflation et de la monnaie.

Élu Député UDF de la 4ème circonscription du Rhône aux élections législatives de 1978, Raymond Barre sera régulièrement réélu député (1986, 1988, 1993 et 1997). Il devient, dans les années 1980, l’un des hommes politiques français les plus populaires, mais échoue toutefois, en 1988, à passer le premier tour de l’élection présidentielle, en recueillant 16,55 % des voix.

Raymond Barre s’est forgé l’image d’un homme politique déterminé et atypique, à l’écart des logiques partisanes du « microcosme ».

Maire de Lyon de 1995 à 2001, Raymond Barre développe l’idée d’un « grand Sud-Est européen » dans lequel la région Rhône-Alpes, et Lyon particulièrement, est appelée à jouer le rôle principal.

Il a renoncé à toute fonction politique en 2002.

 

 

Œuvres

 

  • 1955 – Économie politique
  • Plan pour l’Europe, la communauté européenne, Presses universitaires de Nancy
  • 1984 – Réflexions pour demain, Hachette
  • 1988 – Économie politique, 2 tomes, PUF (réédition avec Frédéric Teulon)
  • 1988 – Au tournant du siècle, Plon
  • 2001 – Questions de confiance, Flammarion

 

 

Travaux académiques

 

Notice
  • Notice sur la vie et les travaux d’Alain Peyrefitte ; séance du 30 avril 2002.

 

Séance ordinaire

 

 

Discours et conférences

 

  • Allocution prononcée lors de la réception organisée lors de la publication des Œuvres Économiques complètes d’Auguste et de Léon Walras (La Sorbonne, 21 juin 2005)
  • Faits et Arguments, numéro exceptionnel, mars 2002.
  • La chaîne Histoire a diffusé en octobre 2001 une série de quatre entretiens avec Raymond Barre dans la collection « Mémoire vivante » dirigée par Jean-Michel Djian.

 

 

L’épée d’académicien

 

                                                 

Le pommeau est en argent. Sur la fusée, une croix en or, sur fond de sodalite qui est recouverte de cristal de roche. Cette croix est à la fois la Croix de saint Étienne, roi de Hongrie, et la Croix de Lorraine. Elle est un hommage à ma femme, qui m’accompagne depuis 48 ans à travers les succès et les épreuves, et un hommage au Général de Gaulle qui, dès juin 1940, a suscité ma fidélité.

Sur la garde, le blason de mon île natale, l’île de la Réunion, qui remonte à la Compagnie des Indes, dont la fière devise est Florebo quocumque ferat, ainsi qu’un lion, qui symbolise la ville de Lyon. Ce lion est campé sur une corne d’abondance qui exprime les trésors d’affection que ma mère a dispensés sur mes sœurs et sur moi

En haut du fourreau, sont gravés dans l’argent quelques vers du poème de Paul Valéry, Palme, que peut méditer avec fruit l’universitaire :

Patience, patience
Patience, dans l’Azur !
Pareille à celui qui pense
Et dont l’âme se dépense
À s’accroître de ses dons.

De l’autre côté de la fusée, une feuille de chêne en or, sur fond de jaspe rouge, recouverte de cristal de roche, symbolise les années que j’ai passées à Matignon, au cours desquelles la solidité du chêne n’était pas inutile.

Le bouton est un masque de la Comedia dell’Arte, symbolisant Venise, la Sérénissime, dont je ne cesse de découvrir depuis 40 ans les paysages et les trésors artistiques, sans parler des couchers de soleil sur le Grand Canal !

Raymond Barre