Groupe de travail présidé par M. Bernard d’Espagnat, membre de l’Académie,
et coordonné par M. Jean Staune, fondateur et secrétaire général de l’UIP
Texte liminaire
Les découvertes scientifiques du XXe siècle ébranlent aujourd’hui sérieusement les assises conceptuelles, non seulement de l’humanisme des Erasme et des Budé mais également de l’ontologie des Galilée, Descartes et Newton. Ces deux sources nous demeurent indispensables, mais ne peuvent rester “en l’état”. Un grand effort de quête de cohérence est nécessaire.
Que la tâche soit démesurée n’est pas une raison pour radicalement s’en détourner. Le groupe de travail sur les implications philosophiques de la science contemporaine est une structure légère, flexible, et qui n’a pas pour ambition l’établissement de conclusions. Il vise à nous permettre de mieux discerner, dans tout le spectre des questions, lesquelles sont les plus pertinentes au vu du savoir d’à présent, et il tentera d’apprécier sous quels angles leur abord est le plus fécond. Il y a, en particulier, un sujet de réflexion dont l’intérêt philosophique est considérable et que, d’ores et déjà, le groupe est qualifié pour aborder. C’est le fait que la science nous oblige à réexaminer nos notions de base (substance, temps, causalité…) et nous force par là à relativiser, dans les matières fondamentales, l’attirail des concepts utilisés par le “bon sens” (et parfois par les philosophes!). Cette nécessité apparaît en particulier en deux domaines, celui de la relativité générale (exemple: statut du temps) et celui de la mécanique quantique (objet, causalité). Elle renouvelle certaines questions, telles celle du réalisme: ne pouvant plus être “naïf”, celui-ci doit-il rester “fort”, quitte à se faire pythagoricien, einsteinien, métaphysique? Ou faut-il se tourner vers une conception à la Poincaré (la science est, avant tout, synthèse de notre expérience)? Ou existe-t-il d’autres voies encore? Nos premières réunions seront consacrées, à l’astrophysique d’abord, aux problèmes d’interprétation de la mécanique quantique ensuite, et les questions ci-dessus mentionnées en formeront, tout naturellement, la toile de fond.
Le groupe, tel qu’il est, paraît également qualifié pour examiner un autre grand thème, qui, lui, avoisine ceux de l’humanisme et touche aux inquiétudes qu’inspire le devenir de celui-ci. Il s’agit du statut de la personne humaine. L’approche de cette question ne peut évidemment qu’être assez différente de celle du thème précédent et, certainement, en ce qui la concerne, des apports extérieurs et de nouveaux influx – y compris de scientifiques – s’avèreront vite nécessaires. Il n’empêche que, dans le fond, les deux problématiques ont des liens, et l’on peut penser qu’à l’occasion des échanges de vues certains de ceux-ci ne tarderont pas à se dégager.
Ont participé aux travaux : Jean-Michel Alimi (astrophysicien à l’Observatoire de Meudon), Jacques Arsac (professeur émérite, informaticien, correspondant de l’Académie des Sciences), Michel Bitbol (membre du CREA, philosophe des sciences), Éric Bois (astronome à l’Observatoire de Bordeaux), Jean Bricmont (physicien, Université catholique de Louvain), Anne Dambricourt (chercheur au CNRS, paléo-anthropologue), Lucien Israël (cancérologue, membre de l’Académie), Jean Kovalevsky (astronome, membre de l’Académie des Sciences), Jean-François Lambert (maître de conférences, directeur-adjoint du Laboratoire de psychologie environnementale, Paris V), Dominique Laplane (neurologue, professeur émérite),Guy Lazorthes (médecin neurologue, membre de l’Académie des Sciences), François Lurçat (physicien, professeur émérite), Jean Mesnard (membre de l’Académie), Thierry de Montbrial (directeur général de l’IFRI, professeur à l’Ecole polytechnique et au CNAM, membre de l’Académie), Bassarab Nicolescu (physicien, chercheur au CNRS), Pierre Perrier (ingénieur de l’Aéronotique, correspondant ed l’Académie des Sciences), Jean Petitot (philosophe des sciences, directeur du CREA), Jacques Ricard (biophysicien, professeur à ParisVII); Jacques Vauthier (mathématicien, professeur à l’Université Paris VI), Hervé Zwirn (ingénieur civil des télécommunications, philosophe des sciences, chercheur à l’IHPST).
PREMIER RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL
(mis en ligne le 20 février 2001)
Le chaos, le temps, le principe anthropique
- Introduction, par Bernard d’Espagnat, membre de l’Académie
- Le chaos
- François Lurçat, Le chaos et l’Occident
- Éric Bois, De quelques enjeux philosophiques du phénomène du chaos
- Débat
- Temps et relativité générale
- Jean Kovalevsky, membre de l’Institut, La notion de temps
- Éric Bois, À propos du temps. Quelques notes suite à l’exposé de Jean Kovalevsky
- Gérard Petit, Relativité et mesure du temps
- Débat
- Le principe anthropique
- Trinh Xuan Thuan, La place de l’homme dans l’univers
- Débat
DEUXIÈME RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL
(mis en ligne le 20 février 2002)
Les interprétations de la physique quantique
- Physique et réalité, une introduction à la question, par Bernard d’Espagnat
- Faut-il parler de “niveaux de réalité” ?
- François Lurçat, Régions ontologiques en physique quantique
- Bassarab Nicolescu, Niveaux de réalité
- Débat
- Jean Bricmont, La non-localité et le modèle de Bohm
- Michel Bitbol, Bohm et ses principes ampliatifs de sélection théorique
- Hervé Zwirn, Mécanique quantique et connaissance du réel
- Débat d’ensemble
TROISIÈME RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL
(mis en ligne le 12 novembre 2003)
Complexité, vie, conscience
- Bernard d’Espagnat, Introduction
- Jacques Ricard, Complexité, émergence, information et causalité dans les systèmes biologiques
- Lucien Israël, Le cancer: un programme de survie cellulaire hérité des bactéries et déclenché par les agressions environnementales
- Pierre Perrier, Modélisation et complexité
- Jacques Arsac, L’informatique pose la question du sens
- Thierry de Montbrial, Evénements et temps quasi-leibnitzien
- Hervé Zwirn, La conscience est-elle un processus algorithmique ?
- Jean-François Lambert, Cerveau et conscience: bilan et perspectives
- Dominique Laplane, La pensée sans langage
Débat
Addendum - Guy Lazorthes, Connais-toi toi-même. Actualité de l’injonction de Socrate
Débat