David Djaïz et Xavier Desjardins, La Révolution obligée. Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des États-Unis, 2024

Bernard STIRN a déposé l’ouvrage suivant en séance du 18 mars 2024 :

La Révolution obligée. Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des États-Unis de David Djaïz et Xavier Desjardins (Allary Éditions, 2024, 304 p.)

Présentation en séance

Texte prononcé en séance

« Notre académie connait déjà David Djaïz, ancien élève de l’Eole normale supérieure, inspecteur des finances, à qui elle a décerné un prix pour son livre Slow démocratie. Son nouvel ouvrage, écrit avec Xavier Desjardins, professeur de géographie à Sorbonne Université, apporte une très intéressante réflexion sur les enjeux et les modalités de la transformation écologique, qualifiée de « révolution obligée ». 

Le livre part du constat que, sans être des modèles en matière de respect de l’environnement, en particulier de neutralité carbone,  la Chine et les Etats-Unis se sont engagés dans cette révolution avec les atouts qui leur sont propres, en s’appuyant sur les points forts de leur modèle économique et  politique. La Chine s’assure du contrôle, sur son sol et à l’extérieur de son territoire, notamment en Afrique, des matières premières dont dépend la transformation écologique. Elle maîtrise ainsi 60% de la production mondiale de lithium. Se projetant comme atelier écologique du monde, elle développe de nouvelles routes écologiques de la soie tout en renforçant à l’intérieur de ses frontières son contrôle sur sa propre population par une sorte de « totalitarisme vert ». Aux Etats-Unis, d’ambitieux programmes de recherche se conjuguent avec de vastes projets industriels, fortement soutenus par l’Etat. Une « réindustrialisation verte » se déploie de la sorte à grande échelle. Cette approche, expliquent David Djaïz et Xavier Desjardins, « vise à la fois à reconstruire la classe moyenne américaine, à relancer certains territoires sinistrés par la désindustrialisation et à renforcer les secteurs de pointe de l’économie verte de demain ». 

Face à ces deux modèles, le pacte vert européen fait encore pâle figure. Reposant sur des taxes, des quotas, des réglementations, il a tout d’un colosse au pied d’argile, qui manque d’ambition industrielle et n’exerce pas d’effet d’entraînement. Ecrites avant la crise agricole des dernières semaines, des pages laissent entrevoir les tensions qui s’exacerbent dans le monde rural. Aussi les deux auteurs appellent-il à la construction d’un véritable modèle européen. Constatant que la révolution écologique « sera une gigantesque machine à redistribuer les cartes », ils soulignent l’importance des mécanismes de solidarité, indispensables pour accompagner les plus fragiles. A partir de nombreux exemples concrets, ils montrent l’intérêt d’une démarche contractuelle, par filière comme par territoire, et invitent à une décentralisation qui permette davantage de souplesse et de créativité dans la mise en œuvre des objectifs définis aux échelons européen et national. Ils préconisent enfin la mise au point de nouveaux outils de mesure des enjeux écologiques et des résultats obtenus en ce domaine. Leur ouvrage ouvre un chemin permettant à nos nations démocratiques de prendre véritablement en main, dans le cadre européen,  une transformation qui est de toute façon inéluctable. Aussi m’a-t-il paru mériter de retenir l’attention de notre académie. «