Séance du lundi 1er juillet 2002
par le Général Jean-René Bachelet
En cette deuxième année du nouveau siècle, nous célébrons le bicentenaire de Saint-Cyr.
Saint-Cyr, grande école de formation des officiers de l’armée de terre, emblématique du service de la France par les armes ; Saint-Cyr, casoar et gants blancs, frisson patriotique le 14 juillet au long des Champs Elysées, parfum de gloire, culte du sacrifice; frisson, parfum, culte, surannés pour certains, à l’image du plumet rouge et blanc qui orne les shakos et du pantalon garance ; pour d’autres, manifestation de vertus pérennes, oubliées parfois ici, cultivées là, en perspective de temps difficiles ; pour le plus grand nombre sans doute, indifférence, quelquefois curiosité.
Deux siècles d’histoire, c’est bien long, du soleil d’Austerlitz à l’éclair apocalyptique d’Hiroshima et plus encore peut-être à la toile électronique et à l’émergence incertaine d’une civilisation planétaire.
Pourtant, la chaîne des générations n’est pas innombrable si l’on considère – hypothèse d’école – une suite ininterrompue dans une filiation de Saint-cyriens qui courrait des origines à nos jours : de l’élève-officier en scolarité aujourd’hui dans les landes de Coëtquidan à son ancêtre de 1803, on compterait environ huit individus ; son grand-père aurait commencé sa carrière à travers les terribles épreuves nationales et les déchirements de la Deuxième Guerre Mondiale pour la poursuivre dans les soubresauts de la décolonisation ; son arrière-grand-père aurait été l’un des acteurs des affrontements titanesques de la Grande Guerre et, avec une probabilité supérieure à 50 %, l’une des innombrables victimes des hécatombes de ce quasi-suicide de l’Europe par quoi commence le XXe siècle ; le grand-père de celui-ci aurait été capitaine, peut-être à Sedan, qui ouvre en 1870, par un désastre, le chapitre tragique des guerres franco-allemandes ; et le grand-père de ce dernier, après avoir rejoint Fontainebleau avec les premiers élèves de l’Ecole spéciale militaire en 1803, aurait, s’il eût survécu, pris sa part de lauriers et d’épreuves dans l’épopée napoléonienne, sur tous les champs de bataille d’Europe, d’Iéna à Wagram, de la Moskowa à Waterloo.
Sublime continuité, pas seulement théorique, puisque la tradition saint-cyrienne se nourrit, aujourd’hui autant qu’hier, de cet héritage de gloire et de sacrifices.
Sublime continuité, certes, mais qui se heurte désormais à un hiatus qu’illustrent les chiffres : depuis 1962 jusqu’à nos jours, donc en 40 ans, cinq Saint-cyriens sont « morts pour la France » sur environ 7800 officiers formés durant cette période, quand, dans l’histoire de Saint-Cyr, plus de 10 000 ont fait le sacrifice de leur vie sur 62 000, et ce, sans discontinuité. Il serait malvenu de le déplorer puisque cela traduit que, depuis lors, et pour la première fois de son histoire, la France a vécu durablement en paix. Toutefois, ces chiffres sont révélateurs : au regard des deux siècles passés, qui sont ceux de la France contemporaine et de la modernité, nous sommes, depuis bientôt un demi-siècle, entrés dans une ère nouvelle.
Cette ère nouvelle est d’ailleurs avant tout celle de la société civile : les courbes de l’espérance de vie et de la mortalité infantile sont marquées par la même formidable discontinuité l’évolution technologique s’inscrit dans une exponentielle ; des valeurs longtemps largement communes à la société civile et à l’institution militaire telles le dévouement au bien public l’emportant sur les inclinations individuelles, le primat de l’esprit de sacrifice sur le culte du plaisir, le sens hiérarchique et l’esprit de discipline prenant le pas sur le libre-arbitre, le travail et la disponibilité sur le goût des loisirs, l’amour de la patrie sur l’universalisme ou les préférences communautaires, tout cela a cédé la place, dans la même période, au minimum au libre-service des valeurs, parfois à leur inversion, quand la société militaire s’inscrit toujours dans le même référentiel.
Clairement, nous sommes là dans un processus de rupture historique sans précèdent. C’est dire si l’évocation du bicentenaire de Saint-Cyr se prête à une réflexion sur les fondements mêmes du métier des armes au service de la France ; pour cela, cette, réflexion doit d’abord s’exercer sur l’héritage, qui contraste si fortement avec les données d’aujourd’hui, alors même qu’il reste une source d’inspiration.
Lorsque Bonaparte, par la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) prescrit « qu’il sera établi dans une des places fortes de la République, une Ecole spéciale militaire (ESM) destinée à enseigner à une portion des élèves sortis des lycées les éléments de la guerre », il vise à encadrer une nouveauté historique : la nation en armes.
Cette innovation s’inscrit pourtant dans une continuité millénaire : celle qui fait du guerrier, puis du soldat, l’un des piliers de la société et de l’Etat. Dans le monde antique, selon l’adage latin, il est « beau et doux de mourir pour la patrie » l’Etat moderne se fonde par la force des armes et, quelles que soient les horreurs de la guerre, toujours ressentie comme l’un des fléaux de l’humanité, la légitimité de sa pratique ne fait pas débat ; l’Eglise, porteuse de l’idéal évangélique, sublime le chevalier, «défenseur de la veuve et de l’orphelin» ni l’humanisme de la Renaissance, ni l’équilibre de l’âge classique, ni le rationalisme du Siècle des lumières ne modifient cette perspective ; Descartes écrit le « Discours de la méthode » au cours du siège de Maastricht dont il est l’un des acteurs, et Voltaire voit dans le Grand Frédéric, chef de guerre s’il en est, le modèle du souverain éclairé.
Puis survient la Révolution française et, à Valmy, le jeune Goethe voit s’ouvrir « une nouvelle page de l’histoire du monde » bientôt Hegel croira discerner dans la guerre « l’accoucheuse de l’histoire », avec Napoléon comme démiurge.
Celui-ci donne à l’Ecole spéciale militaire nouvellement créée, d’abord à Fontainebleau, puis à Saint-Cyr en 1808, une devise qu’elle a gardée jusqu’à nos jours : « Ils s’instruisent pour vaincre ». Ainsi, d’emblée, le Premier consul, en digne fils du siècle des Lumières, marque-t-il sa création du sceau de la rationalité.
Encore faut-il préciser. Le colonel Titeux, auteur à la fin du XIXe siècle d’un ouvrage de référence sur l’histoire de Saint-Cyr, écrit : « les instructions si précises de Napoléon à son ministre (7 mars 1809) montrent clairement que ce que l’empereur demandait à son école militaire, ce n’était pas des officiers instruits, capables de devenir plus tard des hommes de commandement, mais uniquement de bons officiers subalternes, familiarisés avec tous les détails du métier, rompus aux fatigues et capables de s’imposer immédiatement à leurs soldats, au feu comme dans les marches ».
Dans le même temps, l’empereur écrit son épopée avec le sang des hommes. « Notre but alors, écrit le Général de Brack [1], c’était la gloire. Il était vaste, ce but, comme l’époque immense à laquelle vivait notre jeunesse, et cette ambition était promise à une carrière si chanceuse, où chaque jour la mort et la gloire pesaient également dans la balance ».
Et Musset, dans La confession d’un enfant du siècle: « c’était l’air de ce ciel sans taches, où brillaient tant de gloires, où resplendissait tant d’acier, que les enfants respiraient alors. Ils savaient bien qu’ils étaient destinés aux hécatombes ; mais ils croyaient Murat invulnérable, et on avait vu passer l’empereur sur un pont où sifflaient tant de balles, qu’on ne savait s’il pouvait mourir. Et quand même on aurait dû mourir, qu’était-ce que cela ? La mort elle-même était si belle alors, si grande, si magnifique dans sa pourpre fumante ! Elle ressemblait si bien à l’espérance, elle fauchait de si verts épis, qu’elle en était devenue jeune, et qu’on ne croyait plus à la vieillesse ».
Cet état d’esprit allait marquer Saint-Cyr d’une marque indélébile. Par une ruse de l’histoire, l’héritage napoléonien ne serait pas celui de la rationalité du fils du siècle des Lumières, mais bien la marque romantique, la gloire, la bravoure, l’audace folle, le mépris de la mort, le sacrifice, rejoignant en cela le vieux fond français féodal.
Le folklore saint-cyrien s’y alimentera d’un mépris séculaire de la « pompe » – la formation intellectuelle et théorique – au bénéfice de la « mili ».
La geste aussi, et, quelques décennies plus tard, Sidi-Brahim durant la conquête de l’Algérie, Camerone au cours de la campagne du Mexique, Bazeilles en 1870, faits d’armes, certes glorieux, mais marqués par l’anéantissement d’une troupe ayant combattu jusqu’à la mort, resteront jusqu’à nos jours comme des références mythiques, à la fois morales et festives, pour les Chasseurs, la Légion Etrangère et les Troupes de marine. De même, au XXè siècle, Saint-Cyr célébrera ses héros fauchés dans l’élan de leur jeunesse généreuse, en la personne, notamment, du capitaine de Bournazel, du lieutenant Pol Lapeyre ou du lieutenant Tom Morel.
Jusqu’en 1870, l’épopée napoléonienne fascinera de ses éclats, en dépit des aléas politiques – on aura prêté serment à huit drapeaux différents en un demi-siècle – et sur des champs de bataille exotiques où, à partir de 1830, la conquête de l’Algérie, puis, sous le Second Empire, l’expédition du Mexique, la campagne de Crimée, la guerre d’indépendance de l’Italie, ouvriront des espaces aux rêves d’aventure, de gloire et de sacrifice.
Le réveil sera brutal : le désastre de 1870 a valeur d’électrochoc ; on découvre dans une défaite humiliante que la bravoure ne fait pas tout.
C’est que le vainqueur prussien, tirant au long de plus d’un demi-siècle les enseignements de son propre écrasement par Napoléon, à Iéna en 1806, avait appliqué à l’art militaire toutes les ressources de l’esprit, avec Clausewitz pour théoricien et Moltke en praticien. Dans le même temps, comme l’écrit le général Trochu en 18792, « nos institutions militaires… restèrent un demi-siècle dans l’indifférence, peut-être même dans l’ignorance de ce menaçant travail, dans la contemplation de la légende, dans l’application obstinée des méthodes vieillies de la tradition [2] ».
Le sursaut, entretenu peu ou prou sur un nouveau quasi demi-siècle, sera celui de la nation toute entière et de son armée. Il est d’abord celui de l’intelligence : création de l’Ecole de Guerre, transformation profonde de l’enseignement et du régime de Saint-Cyr avec notamment l’œuvre du général Hanrion qui commande l’école de 1871 à 1880 et lui imprime profondément sa marque, faite de sagesse et de détermination.
Mais ce sursaut est aussi celui du cœur. L’amour de la patrie meurtrie est alors porté à l’incandescence ; il trouve à s’exprimer dans la préparation résolue de la revanche, mais aussi dans la constitution de l’empire colonial, vécue comme l’œuvre civilisatrice d’une France à la vocation universelle, avec, notamment, Gallieni ou Lyautey comme figures emblématiques, ou Psichari comme chantre inspiré.
La vocation de l’officier s’élargit aussi dans un rôle social, accompagnant en cela l’établissement de la conscription obligatoire et universelle en 1905 ; Lyautey s’en fait le promoteur dans un ouvrage [3] qui connaît un grand retentissement ; dans le même temps, des officiers, tels Albert de Mun, Saint-cyrien de la promotion 1860-1862, tirant les leçons des tragiques événements de la commune de Paris, œuvrent pour le rapprochement des classes sociales ; c’est la création du Sillon qui préfigure en France le christianisme social du XXe siècle.
Saint-Cyr participe très largement au renouveau et de Gaulle, Saint-cyrien de la promotion 1909-1912, pourra écrire plus tard : « l’armée était alors la plus belle chose du monde ».
Le mouvement est si profond que les graves crises nationales du début du siècle, pourtant porteuses de ferments de dissociation entre la France et son armée, telles l’affaire Dreyfus, celle des congrégations – l’armée reçoit alors mission d’expulser les ordres religieux – celle encore des fiches, n’en infléchissent pas véritablement le cours, si ce n’est une baisse significative, mais temporaire, des vocations saint-cyriennes dans ces années-là.
Le sursaut de l’intelligence n’est pas non plus sans faille ; car, dans le même temps, celui du cœur ressuscite les vieux démons ; ainsi l’armée française entrera-t-elle en guerre avec une doctrine de l’offensive à outrance qui fait fi de l’accroissement considérable de la puissance de feu permise par les évolutions technologiques.
Mais, en 1914, l’heure de la revanche, si ardemment et longtemps espérée, a sonné la trentaine de Saint-cyriens des promotions Montmirail et Croix du Drapeau qui paient de leur vie le serment qu’ils avaient fait de monter au premier assaut en casoar et gants blancs, ne savent pas alors, pas plus que l’ensemble des belligérants, qu’ils ouvrent véritablement une ère nouvelle ; on entrait dans la guerre, on s’y était préparé, dans l’esprit des temps anciens : la guerre était la « continuation de la politique par d’autres moyens [4] » ; nul n’avait alors perçu que la révolution industrielle, conjointement avec l’exacerbation des nationalismes et avec les effets pervers du rationalisme clausewitzien (« celui qui ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur un adversaire si celui-ci n’agit pas de même [5] »), avait changé la nature de la guerre. Nous étions alors entrés dans une logique de guerre totale, qui deviendrait inexpiable un quart de siècle plus tard face aux abominations nazies, et dont, au-delà des apparences, nous ne sommes pas sortis aujourd’hui ; et cela en rupture avec l’héritage des siècles antérieurs, depuis l’apparition des premières armées permanentes au XVe siècle.
Dans cette lutte titanesque, les Saint-cyriens allaient payer, comme jamais auparavant et jamais depuis lors, le prix du sang ; ainsi, parmi les 1763 jeunes officiers des trois promotions jetées simultanément dans la fournaise en 1914, 970, soit plus d’un sur deux, tombent-ils « au champ d’honneur ».
L’heure de la victoire, le 11 novembre 1918, est marquée par une funeste ambiguïté : le prestige de l’armée, de ses unités d’élite, de ses généraux vainqueurs, de Saint-Cyr, est sans égal ; mais les terribles hécatombes consenties ont généré dans l’opinion un pacifisme profond (« plus jamais ça »), dans le même temps où vont manquer pour la génération à venir tant de jeunes talents fauchés au printemps de leur vie.
Aussi, lorsque face à la violence déchaînée de cette régression de civilisation qu’est l’aventure nazie, il est patent, en 1939, qu’il n’est que la force pour s’y opposer – on redécouvrira cette évidence aujourd’hui sous d’autres formes -, le ressort est-il cassé. Les Saint-cyriens de la promotion Marne et Verdun, sortis en 1939, démentent, par le sacrifice de 102 d’entre eux pour 391 à l’effectif, le mythe mensonger d’une armée qui ne se serait pas battue. Pour autant, le désastre est sans égal depuis la guerre de Cent Ans ; il frappe au cœur des fondements mêmes de la nation et de son expression emblématique qu’est l’armée ; au nom du même amour de la patrie asservie et de l’éthique militaire, on sera légitimiste derrière les glorieux vainqueurs d’antan, Pétain ou Weygand, on se ressaisira des « tronçons du glaive » derrière de Gaulle ou Leclerc, on allumera et on entretiendra la flamme de la Résistance intérieure avec Frenay et les généraux Frère ou Delestraint, tous Saint-cyriens de diverses générations ; on vivra des affrontements fratricides à Dakar, au Levant et en Afrique du Nord.
Grâce soit rendue à de Gaulle, qui incarne l’image séculaire d’une France fidèle à ses valeurs comme à son destin et qui impose la vision d’une parenthèse de légitimité de l’Etat français, à Leclerc, qui fait renouer l’armée française avec l’épopée, à Juin, qui restaure le renom militaire français auprès des alliés, à de Lattre qui réalise en 1944-1945 l’amalgame des forces issues de l’armée d’Afrique, des Français libres, de la Résistance et des classes nouvelles, à tous ceux enfin qui, tel Tom Morel, figure emblématique du jeune Saint-cyrien, chef du maquis des Glières dans la première bataille de la Résistance en mars 1944, sont porteurs de l’honneur de nos armes et du nom français dans la nuit de l’occupation et jusque dans l’enfer des camps ! Par eux, tous Saint-cyriens et voués au service de la France par les armes, la France est aux côtés des vainqueurs le 8 mai 1945, restaurée, au moins formellement, dans son statut de grande puissance parmi les alliés.
Mais pourquoi faut-il qu’à peine les plaies très profondes sont couturées en surface, la défense de l’empire, en Indochine d’abord, en Algérie ensuite, en ouvre de nouvelles ? L’Indochine devient le théâtre d’une expression renouvelée des mythes fondateurs : l’aventure, l’héroïsme, le sacrifice, se cristallisent sur la R.C. 4, à Caobang, à Dien-Bien-Phu, au-delà des fulgurances éphémères du « roi Jean [6] » ; le lieutenant Bernard de Lattre, tragiquement disparu en 1951 est l’une des figures emblématiques du nouveau Saint-cyrien, pur produit d’une école de Saint-Cyr, recréée par son père à Coëtquidan, dans l’amalgame de la jeunesse de France venue de tous horizons et dans une conception dynamique, sportive, ouverte et non-conformiste de la formation. Rien ne manque à la tragédie, pas même le sentiment d’abandon, fruit d’une désaffection de l’opinion, à la fois recrue d’épreuves et travaillée en profondeur par l’affrontement idéologique qui oppose le monde libre à l’empire soviétique.
L’Algérie sera le dernier carré. Cette fois, l’armée vaincra, coûte que coûte ; les promotions de Saint-Cyr qui s’y engouffrent année après année, avec la jeunesse de France qui constitue, par ses contingents, l’immense majorité des effectifs, s’y engagent corps et âme. Au-delà des débats récurrents, passionnels, souvent superficiels, injustes et partiaux sur la torture, quand écrira-t-on la réalité des cruels dilemmes auxquels sont alors exposés les officiers, notamment les plus jeunes ? Quand montrera-t-on qu’on a là le plus récent avatar, pour l’armée française, de la logique de guerre totale qui est celle dans laquelle s’est enfoncé le XXe siècle ? Logique à juste titre stigmatisée lorsqu’elle a pu se traduire, ici et là, par des déviances inacceptables au regard de nos valeurs de civilisation, mais bénéficiant d’une étonnante indulgence, si ce n’est complaisance, lorsqu’elle s’exprime, hier, dans l’apocalypse nucléaire effective, aujourd’hui dans la transformation à distance, en lumière et chaleur, de centaines et de milliers d’innocents.
Toujours est-il que si la victoire militaire est bien là au terme de huit années d’engagements qui voient se succéder la totalité des 4 234 Saint-cyriens recrutés et formés dans la période et 243 des leurs y laisser leur vie, c’est une victoire à la Pyrrhus, car l’âme même est atteinte au plus profond par l’affaire algérienne, jusqu’à la faute majeure des soldats perdus de la sédition de 1961. Sans doute fallait-il alors la haute figure historique du général de Gaulle pour transcender une telle épreuve ; c’est à quoi désormais l’armée française allait s’atteler à partir de 1962, avec, comme toujours, Saint-Cyr aux avant-postes, dans la vision inspirée du même de Gaulle recherchant pour la France le premier rang dans le contexte d’un monde bipolaire sous menace d’anéantissement nucléaire.
Mais nous entrons là dans l’ère nouvelle identifiée initialement. Jusque-là, au cours d’un siècle et demi d’une histoire de France chaotique et tumultueuse, au-delà et en dépit des chaos et des tumultes, l’ESM de Saint-Cyr est marquée par l’exceptionnelle continuité de son inspiration à la faveur du renouvellement périodique des mythes fondateurs à l’épreuve des faits : le culte de la bravoure, la générosité sans limites dans le don de soi jusqu’au sacrifice de la vie, l’attrait du panache et de la gloire, fût-ce au prix d’erreurs tragiques, tout cela en référence à une image sublimée, quasi-mystique, d’une France porteuse de valeurs universelles qui donne sens à l’action et qui vaut bien que l’on se donne à elle corps et âme.
En cela, longtemps, jusqu’à la Grande Guerre, Saint-Cyr n’est pas, le plus souvent, en décalage avec la société de son temps ; elle en épouse les mouvements profonds ; mais les hécatombes de la Première Guerre mondiale, les fractures des années 40, l’idéologisation des conflits, l’évolution des modes de vie introduisent en revanche des éléments de dissociation de plus en plus marqués, si ce n’est lorsque l’évidence des périls devient telle que l’armée soit à nouveau perçue comme l’ultime recours.
Qui pourrait nier qu’aujourd’hui un tel héritage paraît s’inscrire très largement à rebours de l’air du temps ? Telle est désormais la question.
Embrasser en un tout les 40 dernières années peut sembler hasardeux. Cette période n’est-elle pas celle de toutes les ruptures ? Rupture culturelle qui nous fait entrer, après mai 68, dans le libre-service des valeurs ; rupture économique qui voit, après le premier choc pétrolier, s’installer un sous-emploi chronique et de profondes remises en cause dans le tissu productif et sociologique, contrastant fortement avec les temps de croissance et d’euphorie des années 60 ; rupture technologique avec l’entrée dans « l’ère de l’information » au tournant des années 80 ; rupture géopolitique, marquée, dans les années 90, par la fin du monde bipolaire, le leadership en tous domaines d’une unique hyperpuissance et les phénomènes de mondialisation. Encore faudrait-il mentionner la construction continue d’une Europe de plus en plus solidaire et, symétriquement, la remise en cause de la capacité, pour la France, à conduire une politique planétaire en toute autonomie.
Pour les armées, rupture tout aussi considérable, véritablement historique, avec en 1996, la fin du service militaire obligatoire et la professionnalisation ; avec le retour à une logique d’emploi dans la gestion de crises multiformes à travers le monde, le plus souvent dans un cadre international, après l’étrange parenthèse de trois décennies d’une « drôle de paix » à l’ombre de la dissuasion nucléaire face au péril soviétique ; avec des évolutions technologiques, enfin, qui introduisent une véritable révolution dans les systèmes d’armes et dans leur emploi.
Pourtant, c’est bien au regard de l’ensemble de cette période d’inflexion majeure de l’histoire que doit se conduire une nécessaire réflexion sur les finalités de Saint-Cyr et sur le sens même du métier des armes, à la fois pour ceux qui en font profession et pour la nation dont ils sont les délégataires.
En effet, à partir de 1962, pour la première fois depuis des lustres, le recrutement et la formation de jeunes officiers à Saint-Cyr ne sont plus soumis à l’urgente priorité d’avoir à renouveler l’encadrement de base de la troupe, jusque-là d’emblée soumis à l’épreuve du feu, comme cela avait été le cas depuis plus d’un demi-siècle, dans une similitude frappante avec l’époque napoléonienne fondatrice.
Il apparaît alors que si la période initiatique d’encadrement de la troupe au contact s’impose de toute nécessité – cela avait été l’un des enseignements du désastre de 1870, partagé par toutes les armées du monde – la véritable finalité de Saint-Cyr est bien de constituer l’indispensable vivier qui fournira plus tard l’encadrement de haut niveau dans le vaste champ de compétences que requiert la complexité des armées modernes.
La dialectique bi-séculaire de « la pompe » et de la « mili » s’en trouve profondément reformulée et ce thème reste d’une brûlante actualité.
A l’instar du système français des « grandes écoles » qui recrute et forme l’essentiel de ceux qui ont vocation à constituer les cadres supérieurs de la nation dans tous les domaines d’activités, Saint-Cyr doit donc recruter dans le même vivier et former à un niveau équivalent. Ainsi voit-on les traditionnelles « corniches » s’aligner, dès 1964, puis se confondre aujourd’hui, avec les classes préparatoires aux grandes écoles ; ainsi, en 1982, la scolarité passe-t-elle à trois ans, avec un diplôme d’ingénieur comme sanction pour les scientifiques ; ainsi, désormais, comme cela se fait ailleurs, ouvre-t-on des recrutements complémentaires à l’université et vise-t-on l’obtention d’un master en fin de scolarité.
Certains voient là une banalisation du métier d’officier, les uns pour le déplorer, les autres pour s’en réjouir.
Or, si banalisation il devait y avoir, ce serait une grave erreur.
En effet, de fait, la finalité de Saint-Cyr est marquée par une dualité : certes les élèves doivent constituer le vivier des cadres supérieurs évoqués précédemment ; mais, outre que ces cadres supérieurs seront aussi des chefs militaires – ce qui n’est pas sans conséquence sur les capacités à développer – le Saint-cyrien sera d’abord un lieutenant, puis un capitaine. Ceci implique qu’en parallèle à d’indispensables compétences techniques, il devra aussi être un meneur d’hommes pour des situations extrêmes, avec tout ce que cela suppose de charisme et de caractère mais aussi de courage, d’abnégation et de dévouement dans un juste équilibre entre des capacités intellectuelles, physiques et morales.
Dès lors, autant et plus que jamais, Saint-Cyr vise à développer, non seulement un savoir, mais aussi un savoir-être.
C’est pourquoi l’héritage mis en évidence initialement, pour autant qu’il ne soit pas vécu comme un enfermement stérile, reste une puissante source d’inspiration pour le développement de ce savoir-être.
Survient alors l’objection : le monde a radicalement changé la France ne se connaît plus d’ennemi au sens classique du terme ; d’ailleurs, la guerre, si guerre il y a, est devenue aujourd’hui résolument technologique ; et puis, depuis la chute du mur de Berlin et depuis le 11 septembre 2001, ne voit-on pas que l’action militaire d’antan, conçue comme celle de la force militaire au service de la nation pour des luttes à mort, doive céder la place à des capacités de police internationale ?
Cette objection pose, là comme ailleurs dans notre société « post moderne », la question du sens. Il faut y répondre. Remarquons d’abord qu’il serait hautement improbable qu’on envisage la question en ces termes en Inde, en Chine, en Iran, en Turquie ou en Israël et même aux Etats-Unis ; c’est dire si nous devons nous défier des effets de perspective, dans l’espace et dans le temps.
Cette précaution prise, nul ne peut disconvenir que là où, après la chute du mur de Berlin, certains voyaient s’ouvrir, avec « la fin de l’histoire », une ère nouvelle où « il n’y aurait plus jamais de guerre », ont explosé, de fait, des violences longtemps contenues dans le monde bipolaire. On a redécouvert cette étrangeté tragique de la condition humaine qu’est la violence, injustice suprême portée à l’encontre d’autrui, de sa dignité, de son intégrité, de sa vie, individuellement et collectivement ; on a redécouvert du même coup qu’il est des seuils à partir desquels, face à cette violence, le dialogue et les pressions diplomatiques sont inopérants et que seule la force est appropriée, une force nécessaire et légitime. Une force qui soit la force, c’est-à-dire capacité de prendre l’ascendant sur le violent, donc capacité de coercition, donc, si nécessaire, d’infliger la destruction et la mort, sauf à être condamnée à l’impuissance, comme nous l’ont appris les errements tragiques des opérations d’interposition des années 90, notamment en Bosnie ; mais une force qui ne soit pas elle-même pure violence, à moins de trahir ce qui demeure aujourd’hui véritablement l’ultime valeur fondatrice et fédératrice du monde occidental : l’universalité de l’être humain, le respect qui est dû à sa dignité et à sa vie, valeurs formalisées aujourd’hui dans les droits de l’homme ; donc une force juste, appropriée et maîtrisée.
En cela, on redécouvrait de fait un héritage multi-séculaire qui trouve sa source dès le Ve siècle lorsque, face à l’invasion des Vandales, Saint-Augustin, évêque d’Hippone, est confronté à la même problématique ; cet héritage se formalisera plus tard au Moyen-age, dans le « jus ad bellum » et le « jus in bello », dont notre actuel droit des conflits armés n’est jamais que la traduction moderne.
Remarquons à ce stade le caractère pervers d’une conception manichéenne de la force qui prévaut souvent aujourd’hui, notamment outre-Atlantique : l’action militaire se placerait dans l’alternative entre une action quasi-désarmée, dans le cadre « d’opérations de paix » qui seraient le fait de l’ONU, et une action nécessairement paroxysmique qui serait la guerre, la vraie, inexpiable, efficiente et dévastatrice, fût-elle réputée désormais chirurgicale. Or, dans un cas comme dans l’autre, on trahit la cause même que l’on veut défendre, dans le premier par défaut, dans le second par excès. Clairement, on a là l’expression contemporaine de la logique de guerre totale qui est celle du XXe siècle, en rupture avec l’héritage des siècles précédents.
De fait, face à la violence, l’action militaire est une ; c’est l’expression d’une capacité de mise en œuvre de la force, tout étant question de dosage dans l’emploi de cette force, mais adaptée et maîtrisée.
Au-delà des concepts, il revient à l’armée de mettre en œuvre cette même force ; loin d’être fauteuse de guerre, l’armée apparaît ainsi pour ce qu’elle est : une invention de la civilisation pour faire pièce à la violence, car, comme l’écrivait Bernanos, « pour un soldat de moins, on a cent tueurs de plus ».
Telle s’affirme alors la véritable spécificité militaire : ce n’est pas la propension au sacrifice, si longtemps mise en avant, mais bien le fait de détenir la redoutable capacité de mettre en œuvre la force, comme définie précédemment, fût-ce, il est vrai, au risque de sa vie.
Ce constat est véritablement générique. En découle l’ensemble des vertus, des us et des coutumes militaires, marqués, non pas par la désuétude, mais bien par une indispensable pérennité à la mesure des situations extrêmes et complexes auxquelles expose, par nature, l’action militaire : dévouement sans limites, abnégation, force morale, primat du sens collectif sur les inclinations individuelles, fraternité d’armes sans laquelle une nécessaire discipline est vaine, éthique forte de maîtrise des comportements.
Quant au chef, l’officier, le voilà projeté, à tous les niveaux, dans des situations d’une extrême complexité où il lui faut trouver, souvent dans l’urgence et, au-delà des ordres et des règlements, en puisant dans son fonds propre, dans ses capacités de discernement et de décision, la solution à des exigences antagonistes, la traduire en ordres, obtenir de ses hommes le meilleur d’eux-mêmes, payer d’exemple, en bref commander.
« Homme de guerre mais « soldat de la paix », spécialiste rompu aux techniques les plus élaborées mais jardinier des âmes et des cœurs, tour à tour diplomate averti et acteur résolu de l’emploi de la force, homme de réflexion et homme d’action, chef à l’autorité sans faille mais serviteur du bien commun, militaire soumis à des codes spécifiques mais citoyen de son temps, patriote ouvert sur l’universel [7] », ainsi se dessine le cahier des charges pour la formation du Saint-cyrien.
Encore cette armée et ses chefs, de par l’extravagance même de leur mission, doivent-ils trouver inspiration et légitimité. La pratique systématique des interventions dans un cadre international et au sein de coalitions pourrait donner à penser que la légitimité serait, par exemple, procurée par l’ONU et que l’inspiration découlerait tout naturellement de la charte de cette organisation et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Or, l’homme est ainsi fait, que dans les situations ultimes, celles qui sollicitent son être tout entier, seule une référence incarnée est susceptible de le hausser au-delà de lui-même. On peut s’en étonner, certains le déploreront, mais c’est un fait d’expérience : pour quoi meurt-on si nécessaire, lorsque l’on est soldat ? Encore et toujours pour sa patrie, et, s’agissant du soldat français, pour la France. Cette affirmation est marquée au sceau de l’évidence, par exemple, pour nos camarades américains ou britanniques. Ce constat n’est pas contradictoire avec l’exigence d’avoir à agir au sein de coalitions ni avec l’ambition d’œuvrer pour de plus grandes solidarités européennes.
C’est, aujourd’hui comme hier, le service de la France qui donne sens et légitimité à notre action. En Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, en Afrique, partout où nous appellent nos missions, c’est la France que nous servons. De surcroît, cette référence doit nous mettre à l’abri des dérives chauvines et nationalistes dès lors que l’on prend conscience que notre « vouloir vivre ensemble », selon l’expression de Renan pour définir la nation, exprime les valeurs universelles mêmes qui inspirent notre engagement ; elles figurent dans le préambule de notre constitution ; elles sont résumées dans la devise de la République. Fort d’une telle inspiration, le soldat français a vocation à promouvoir une conception de l’action militaire qui rompe avec la logique de guerre totale qui s’est imposée au XXe siècle jusqu’à l’absurde ; une conception qui s’inscrive dans les voies militaires de l’humanisme tracées notamment par Gallieni ou Lyautey, dans le lointain héritage de Vauban ou du maréchal de Saxe.
Mais cette référence à la France serait vaine si elle était purement mythique et si l’armée se concevait comme une citadelle refuge des valeurs d’antan, en rupture avec la société environnante. En effet, l’armée n’est jamais que la délégataire de la nation, elle y puise ses ressources humaines et financières, elle y recueille sa légitimité. Il est vrai, on l’a vu, que les valeurs cultivées dans l’armée de toute nécessité contrastent souvent avec les grandes tendances sociologiques d’aujourd’hui ; il est vrai aussi que l’identité française elle-même est soumise à de fortes tensions entre les replis communautaristes et les dilutions dans le vaste monde, que ce soit vers plus d’Europe ou dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation.
A l’heure où la conscription n’établit plus un lien organique entre l’armée et la société, il est donc d’une impérieuse nécessité que s’entretienne entre elles un courant d’échanges permanent, dans une connaissance et reconnaissance mutuelles.
L’armée participe fortement d’un indispensable lien social ; elle est emblématique de notre « vouloir vivre ensemble » qui se définit notamment au-delà des considérations de peuple, de race ou de religion, dans une conception commune de l’homme et de sa destinée, et dans une aspiration collective à la liberté. Au-delà des apparences, et des différences à assumer – mais ne sommes-nous pas dans une société qui, plus qu’hier, accepte les différences ? – l’opinion y est réceptive, dans la mesure où l’antimilitarisme du siècle passé fait aujourd’hui figure de curiosité historique et où elle aspire bien souvent à une revivification du lien social et des repères collectifs. Tel est particulièrement le cas avec l’éducation nationale, cet autre pilier de la communauté nationale.
Saint-Cyr participe aujourd’hui très largement de ces échanges, dans son recrutement, dans l’organisation même de sa scolarité et dans les activités de ses promotions. Dans ce cadre, sa spécificité s’y affirme en cohérence avec la spécificité du métier des armes, sans que cela soit contradictoire avec une nécessaire ouverture.
La formation qui y est dispensée doit, en effet, couvrir un large registre de savoirs et de savoir-faire à la mesure de la complexité des situations auxquelles seront exposés les futurs officiers, bientôt projetés au cœur de conflits multiformes à divers niveaux d’intensité : compétences pluridisciplinaires, intelligence des situations, capacités de jugement et de discernement.
Toutefois, cette formation serait vaine, si elle ne développait pas simultanément, aujourd’hui autant sinon plus qu’hier, un savoir-être : celui du soldat, impavide et résolu dans les plus extrêmes difficultés, maître de sa force, prodigue de ses efforts, généreux et fraternel ; celui du chef, fédérateur des énergies, homme de caractère et de décision, s’imposant par l’exemple de sa force d’âme ; en bref, le savoir-être de l’officier, totalement dévoué au service public et porteur des valeurs d’une communauté nationale qui se reconnaît en lui et dont il a conscience d’exprimer le meilleur pour les temps difficiles.
Face à la violence du monde, qui ne voit que nous avons là l’impérieuse condition du développement des capacités mêmes que nos concitoyens attendent de son armée et de ses chefs ? C’est pourquoi, au-delà des ruptures et des incertitudes du temps présent, s’impose la pérennité du « savoir-être » saint-cyrien.
L’histoire de Saint-Cyr s’inscrit ainsi entre deux fractures de l’histoire de France et de l’histoire du monde ; la première, paroxysmique, fut celle de la Révolution française ; celle de ce temps, moins radicale en apparence, est peut-être plus profonde. L’entre deux fut le plus souvent orchestré par le fracas des armes, bien loin des aspirations fondatrices du siècle des Lumières. Témoin inspiré de la fracture initiale, Chateaubriand écrit, dans les Mémoires d’outre-tombe : « je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves ; j’ai plongé dans leurs eaux troublées, m’éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue ».
Pour nous, les eaux sont à nouveau tumultueuses, mais nous nous éloignerons sans regret des errements funestes d’un siècle de fer, de feu et de sang. Il reste à cultiver l’espérance, celle de l’édification d’un monde meilleur à la faveur d’un humanisme renouvelé.
Dans cette édification, le soldat, avec le Saint-cyrien comme figure emblématique, a son rôle à jouer, lui dont la condition n’est jamais que l’expression de la grandeur tragique de la condition humaine.
Pour cela, qui mieux que le général de Gaulle a pu exprimer ce que doit être notre espérance ? A Oxford, le 25 novembre 1941, il invitait le monde libre, alors dans des abîmes de détresse, à « construire un ordre tel que la liberté, la sécurité, la dignité de chacun soient exaltées et garanties au point de lui paraître plus désirables que n’importe quels avantages offerts par son effacement. On ne voit pas d’autre moyen d’assurer en définitive le triomphe de l’esprit sur la matière. Car, en dernier ressort, c’est bien de cela qu’il s’agit ».
[1] Général de Brack – Avant-postes de cavalerie légère.
[2] Général Trochu – L’armée française en 1979.
[3] Général Lyautey – Le rôle social de l’officier.
[4] Clausewitz – De la guerre.
[5] Clausewitz – De la guerre.
[6] Surnom donné au général de Lattre.
[7] J-R. Bachelet – « Un sens au métier des armes » – Revue Etudes février 2002.