In memoriam Jean-François Lemaire

Jean-François Lemaire, correspondant de la section Histoire et Géographie, s’est éteint ce 3 septembre 2021 dans sa 92 ème année. Lors de la séance du 13 mai 2021, le Président André Vacheron a cédé la parole à Jean Tulard pour prononcer une allocution en sa mémoire avant de faire observer une minute de recueillement.

 

Janus bifrons, Jean-François Lemaire était à la fois docteur en médecine et docteur en histoire, Esculape et Clio. On doit au médecin d’excellents Que sais-je ? sur les accidents de la route, le tabagisme et la responsabilité médicale. De l’historien, on saluera la thèse sur Les blessés dans les armées napoléoniennes, soutenue en Sorbonne sous ma direction  en 1999 devant un jury qui comprenait Pierre Messmer. Il y révélait les effets dévastateurs du vent du boulet, un souffle plus destructeur que le boulet lui-même. Il y montrait les innovations de Larrey et notamment l’usage de l’ambulance. Cette thèse lui valut une charge de conférence à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sorbonne et le Prix Premier Empire de la Fondation Napoléon en 1999.

Dans d’autres travaux comme Jean-François Coste, premier médecin des armées (1997), Napoléon et la médecine (1992), La médecine napoléonienne (2003), le docteur Lemaire montrait que c’est l’époque napoléonienne qui fut à l’origine de l’essor de la médecine moderne : Bichat, Corvisart, Dupuytren, Laennec alors à ses débuts. Il mit fin – par la précision de ses démonstrations – au serpent de mer de l’empoisonnement de Napoléon à Sainte-Hélène. Le corps de l’Empereur ne portait aucun des signes les plus manifestes de ce type de décès. On trouvait déjà de l’arsenic dans des mèches de cheveux de l’Empereur coupées en 1805 ! L’empoisonneur était peu doué pour avoir un résultat : plus de quinze ans s’étaient écoulés ; Les Borgia ne l’auraient pas gardé aussi longtemps à leur service. La polémique ne survécut pas à l’humour caustique du docteur Lemaire.

Fin gourmet (il appartenait comme certains de nos confrères au Club des Cent), brillant conférencier, il savait aussi se montrer discret lorsqu’il assistait à nos séances. Il avait été élu le 23 juin 2008 correspondant de la section Histoire et Géographie. à la place de Pierre de La Condamine.

En cette année de Bicentenaire de Napoléon, c’est un excellent spécialiste de l’époque du Consulat et de l’Empire  ainsi qu’un remarquable médecin qui nous a quittés.

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