In memoriam John Rogister

John Rogister s’est éteint le 7 septembre 2022.

Lors de la séance du 12 septembre, le président Rémi Brague a prononcé une allocution en sa mémoire et fait observer une minute de recueillement.

 

Mes chers confrères,

Nous avons perdu un historien de la France, un grand francophile et excellent francophone : John Rogister s’est éteint le 7 septembre dernier. Notre compagnie l’avait élu le 16 juin 2003 à la place de corrrespondant laissée vacante par le décès de Gordon Wright dans la section Histoire et Géographie.

Né le 26 mars 1941 à Solihull en Grande Bretagne, il avait fait ses études aux Universités de Birmingham et d’Oxford, où il avait obtenu son doctorat en 1972. Il avait commencé, en 1967, et poursuivi sa carrière universitaire à Durham, où il introduisit au fil des ans les premiers cours sur l’histoire de la France moderne et contemporaine. Ses recherches ont porté tout particulièrement sur le rôle du Parlement de Paris comme grand corps de l’Etat sous l’Ancien Régime. Dans son ouvrage, Louis XV and the Parlement of Paris, 1737-1755, et dans de nombreux articles, il avait remis en cause l’interprétation classique des conflits entre Louis XV et les parlements en se servant en grande partie d’une documentation entièrement inédite.A partir d’archives familiales en France et en Italie, il avait publié la correspondance historique, scientifique, et littéraire de deux érudits, La correspondance inédite du président Charles de Brosses et de l’abbé Antonio Niccolini  en 2016, une importante contribution à l’histoire de la « République des Lettres ».

Il a été professeur invité ou associé en France, à Paris-X Nanterre et à l’Ecole pratique des hautes études, à Montpellier-3 Paul Valery, à Lyon-2, ainsi qu’au Collège de France. Il a également enseigné en Italie  à l’Ecole normale supérieure de Pise et à l’Université La Sapienza de Rome. Il a également joué un grand rôle dans le cadre de la Commission internationale pour l’Histoire des Assemblées d’Etats, qu’il a présidée de 1990 à 2000, et fondé sa revue bilingue, Parlements, Etats & Représentation. Il s’est en particulier occupé de l’œuvre de l’un de ses premiers membres, l’historien et homme politique roumain Georges Bratianu (1898-1953), dont le rôle fut considérable. Il s’est aussi intéressé aux efforts de lord Lansdowne, artisan de l’Entente cordiale de 1904, en faveur d’une paix négociée avec l’Allemagne en 1917-1918, donnant un premier article sur ce sujet à la Revue d’histoire diplomatique de la Société d’histoire diplomatique, dont il était un membre éminent.

Il était membre de la Royal Historical Society et de la Society of Antiquaries,  membre honoraire du Conseil franco-britannique, un organisme inter-gouvernemental important, et Commandeur de l’ordre national du Mérite. En 2019, il avait encore contribué aux travaux de l’Académie lors de l’année de présidence de Georges-Henri Soutou sur « L’action extérieure de la France » en prononçant une communication intitulée : « Grande-Bretagne – France : alliance possible, entente difficile », un sujet aussi actuel qu’éternel.

2 commentaires sur « In memoriam John Rogister »

  • Nous avons appris avec beaucoup de tristesse le décès de notre collègue et ami John Rogister. Nous avons collaboré avec lui pour des colloques franco-britanniques dans le domaine de l’histoire et de l’anthropologie en France et en Grande Bretagne. Esprit brillant, cultivé, curieux il a contribué à développer les relations franco-britanniques. Nos adressons nos condoléances à sa famille.
    Georges Augustins, Professeur émérite, Paris Nanterre
    Anne Vergati, directeur de recherche CNRS

    • Merci de vos condoléances que nous chercherons à transmettre à sa famille par l’intermédiaire de membres de l’Académie qui étaient très proches de John Rogister.

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