Discours de Jean-Robert Pitte
Fête nationale taïwanaise à Paris

Discours de Jean-Robert Pitte
Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques

À l’occasion de la Fête nationale taïwanaise

Bureau de Représentation de Taïpé en France
Mercredi  5 octobre 2022

 

Texte du discours

 

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Messieurs les Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences,
Chère consœur, chers confrères,
Chers amis Taïwanais,
Mesdames, Messieurs,

C’est avec plaisir que je prends la parole à la suite de mon ami l’ambassadeur, S.E. François Chihchung Wu, en ce jour de Fête nationale de la République de Chine (Taïwan) afin d’apporter un témoignage d’amitié et de soutien au peuple taïwanais qui mène un courageux et juste combat pour demeurer indépendant et démocratique.

Si je m’exprime ici devant vous, c’est parce que depuis six ans je co-préside, avec le Ministre taïwanais de la Culture, le jury de la Fondation culturelle franco-taïwanaise qui est abritée à l’Institut de France par l’Académie des Sciences morales et politiques dont j’ai encore pour quelques mois l’honneur d’être le Secrétaire perpétuel. C’est mon prédécesseur dont la mémoire nous est très chère, l’ancien Premier ministre Pierre Messmer, Secrétaire perpétuel de l’académie de 1995 à 1998, qui eût l’idée et, j’oserais dire, l’audace en 1996 d’accepter d’abriter au sein de notre académie la Fondation culturelle franco-taïwanaise. Par ce geste, il affirmait haut et fort l’esprit de liberté qui nous anime : nous sommes au service de notre pays et de ses dirigeants pour les aider à prendre de sages décisions, tant dans le domaine de sa vie politique, économique, sociale et culturelle intérieure, que dans celui des relations internationales. En faisant vivre cette fondation qui relève de notre seule initiative, nous avons conscience d’accomplir un geste politique : nous affirmons haut et fort le droit à l’existence de la République de Chine Taïwan dans le concert des nations. Cela ne nous empêche pas d’entretenir des relations avec votre grand voisin, avec ses intellectuels et ses académiciens et, si l’occasion se présente, de leur dire notre manière de concevoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Une délégation de quatre membres de l’Académie des sciences morales et politiques s’est rendue le mois dernier à Taïwan, à l’invitation de votre gouvernement, afin de siéger au sein du jury des prix de la Fondation. Nous avons séjourné quelques jours dans votre merveilleux pays et avons engrangé une foule d’impressions et de souvenirs exceptionnels. Je m’exprime au nom de ma consœur Marianne Bastid-Bruguière et de mes confrères Pierre Delvolvé et Daniel Andler et puis vous dire que nous admirons votre pays et ses habitants : la beauté de vos paysages qui vous ont fait nommer jadis Formose, votre sens de l’accueil, votre urbanité, votre gastronomie sont exceptionnels. Votre économie est admirable par la qualité de ses productions agricoles, industrielles et par son secteur des services. Vous représentez une version de la civilisation chinoise ouverte sur le monde, sur le dialogue entre les pays, les économies et les cultures. Il est difficile de l’interroger, mais je pense que Confucius doit être fier de vous là où il se trouve.

Dans cet Extrême-Orient complexe, vous êtes uniques sur le plan politique : votre détermination est sans faille, les menaces qui pèsent sur vous ont décuplé votre énergie pour y faire face le cas échéant, non seulement sur le plan militaire, mais aussi par votre économie et votre habile diplomatie alors que vous êtes, hélas, de manière inadmissible, au ban des grandes institutions internationales. Il est du devoir de la France et de toutes les démocraties de défendre l’existence de Taïwan et, malgré les rodomontades des dirigeants de votre voisin, de s’opposer à une réunification dont votre peuple ne veut absolument pas. Votre démocratie est exemplaire et apaisée. Vous êtes un exemple pour les Français qui sont assez volontiers donneurs de leçons en matière de démocratie, mais qui ne votent guère et préfèrent descendre dans la rue pour exprimer leurs points de vue, alors que chez vous le taux de participation atteint lors de vos dernières élections présidentielles de 2020 avoisinait les 75% et que les manifestations de rue sont autorisées, mais paisibles. Face à l’adversité, vous avez développé votre sérénité et un optimisme qui force l’admiration. Puisse Goethe avoir raison qui écrit (Les maximes et réflexions) « À quoi bon veiller longtemps, batailler avec le monde ? La sérénité et la droiture seules finiront par te donner l’avantage » , maxime que je compléterai par une autre de notre père fondateur de l’Académie des Sciences morales et politiques François Guizot : « Le monde appartient aux optimistes, les pessimistes ne sont que des spectateurs. »

Longue vie à Taïwan, nous avons besoin de vous, de votre sens de la liberté, de votre créativité, de votre sérénité et de votre joie de vivre.

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