L’histoire socio-politique du développement durable

Séance du lundi 14 janvier 2002

par M. Christian Garnier

 

 

Dans quelques mois, à Johannesburg, le Sommet mondial du développement durable (Rio+10) viendra faire le point sur l’état de la mise en œuvre du fameux Agenda 21 en quarante chapitres [1] adopté lors de la Conférence de Rio-de-Janeiro [2] en juin 1992. L’Union européenne vient quant à elle d’adopter sa stratégie de développement durable, et la France, pour faire bonne figure, réécrit fébrilement la sienne. Une première version avait bien été adoptée fin 1996 et présentée officiellement aux Nations-Unies [3] quelques mois plus tard. Mais ce document n’a malheureusement guère été suivi d’effet : né sous le gouvernement de Monsieur Juppé et baptisé sous le gouvernement de Monsieur Jospin, il a en outre souffert de vaines chicanes subalternes au sein même du ministère de l’époque en charge de l’environnement, sans compter les inévitables résistances imputables à un engagement international ouvrant la porte à des réformes profondes pour le pays, impliquant de vastes intérêts économiques, politiques, et sociaux.

Il paraît donc grand temps de prendre quelque recul et de proposer des pistes de lecture pour tenter de se retrouver dans l’écheveau des voies qui mènent sinon à Rome et au Paradis, du moins au développement durable.

Le propos que l’on se propose de développer est le fruit d’une réflexion entamée voici une trentaine d’années, alors qu’il s’agissait d’expliquer à des publics variés, et d’abord un public universitaire français de futurs praticiens, architectes, ingénieurs, administrateurs, ce que pouvait recouvrir la notion d’environnement, et le pourquoi de sa nécessaire “ invention ”.

Au delà de la volonté d’esquisser les limites d’un champ en cours de constitution, question déjà fort complexe, il s’agissait de tenter de saisir comment, au milieu des années soixante, une poignée d’acteurs d’horizons très divers s’étaient emparés de ce terme, quelques années avant les “ événements ” de 1968  et aussi, de comprendre en quoi le succès rapide de l’environnement participait tout naturellement du grand brassage des idées, des valeurs, des rapports sociaux et du politique qui allait s’ensuivre, et irriguer la période des années soixante-dix. Curieusement, ce succès commençait alors à s’imposer en dépit d’une méfiance et d’un ostracisme prononcés d’une bonne partie de l’intelligentsia nationale.

La fin des années cinquante et le début des années soixante fût en France celle d’une inquiétude montante — fruit d’une très longue histoire — provoquée par la destruction mondiale et accélérée des espèces et des milieux naturels, d’une part, et par un accroissement général des pollutions de l’air et de l’eau, d’autre part, accroissement qui se traduisait par une intensification, une extension géographique, et par une multiplication des formes d’agression, consécutive à l’explosion de la chimie de synthèse. Pour la question du patrimoine naturel, ce furent dans notre pays de grandes figures scientifiques aujourd’hui disparues telles que Roger HEIM [4], François BOURLIERE [5], Jean DORST [6] ou Théodore MONOD [7], qui s’en firent les hérauts, auxquels succédèrent dans les années soixante-dix d’autres scientifiques éminents comme Roger DAJOZ, Pierre AGUESSE, Claude DELAMARE DEBOUTTEVILLE, Philippe LEBRETON, François RAMADE, ou Jean-Claude LEFEUVRE [8], ainsi que diverses personnalités parfois plus contestées, mais dont le rôle médiatique a été important, comme Jacques-Yves COUSTEAU.

Comme on le verra plus loin, cette inquiétude pour la nature vint en synergie avec d’autres pour produire ce qu’on a souvent nommé la crise de l’environnement. Abordée de cette manière, la question de la nature se transformait en question de protection de la nature, donc de gestion, et finalement en termes politiques. Comprendre l’intérêt de s’occuper de la nature et, plus largement, de l’environnement, examiner les moyens d’une “ bonne ” gestion (en bon père de famille, comme on dit parfois en droit), conduisait inéluctablement à se pencher sur les politiques,et les institutions existantes ou à créer si nécessaire. De même, il fallait s’interroger sur les différentes disciplines scientifiques, et les différents domaines de savoir-faire — techniques, artistiques, managériaux ou autres — susceptibles de contribuer à l’élaboration des connaissances et à l’innovation dans le champ en cause.

A côté d’un travail de défrichage sommaire sur les champs disciplinaires impliqués, l’auteur s’est donc livré à un lent récolement de données éparses sur l’histoire des politiques et institutions qui semblaient s’inscrire dans le champ environnemental, vu depuis la sphère occidentale, et plus particulièrement de la France depuis la royauté. Cette approche pragmatique possède un triple intérêt : elle permet de proposer un mode de délimitation de ce champ, une structuration par grands domaines, et , in fine, une lecture à la fois diachronique et synchronique de la construction des outils politiques et institutionnels qui ont été progressivement mis en place, en faisant ressortir des convergences, des oppositions ou des différences qui éclairent singulièrement la réalité actuelle.

 

Retour sur un débat sémantique inachevé : nature, écologie, milieu, environnement, etc., dans l’histoire

 

Avant d’entrer dans la chronologie de l’enchaînement des institutions et des événements marquants, un bref rappel sémiologique n’est sans doute pas superflu.

 

La nature

 

Sur de terrain difficile, sillonné en tous sens par les philosophes et les théologiens depuis que ces disciplines ont commencé à se constituer, il est prudent de ne point trop s’aventurer, pour celui qui n’est point un habitué de leurs joutes. Mieux vaut se réfugier derrière les compétences des spécialistes. François GUERY, François DAGOGNET et Emmanuel RENAULT s’en chargent savamment dans le récent Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences. On y retrouve naturellement Aristote et l’opposition qu’il fait entre la “ techne ”, inachevée par essence, qui reviendra plus tard sous le vocable d’art, et d’artifice, d’une part, et la “ phusis ”, la nature, l’intérieur, caractérisée par sa complétude, son union, d’autre part. A partir de là, un tourbillon d’affrontements de conceptions n’a cessé de se développer, avec des phases où la nature s’est assez largement effacée au profit d’un anthropocentrisme triomphant fondé sur l’essor des techniques.

Dans son ouvrage “ L’écologie et son histoire ”, remarquable œuvre de synthèse et d’érudition, Jean-Marc DROUIN (pp.167 et suiv.) précise même que “ sa polysémie est telle que le même auteur l’emploie souvent dans des sens différents ”. Il rappelle les deux significations retenues par Kant dans La critique de la raison pure : premièrement, “ l’enchaînement des déterminations d’une chose ”, enchaînement auquel se réfère en langage commun “ la nature des choses ” (leur essence), et deuxièmement “ l’ensemble des phénomènes, en tant que ceux-ci… s’enchaînent universellement ”, soit, en langage trivial, “ les lois de la nature ”. {Résultant} d’une nécessité interne… en l’homme même, {la nature} échappe au vouloir humain [9]”.

Aujourd’hui, d’un point de vue plus terre à terre, derrière le vocable de “ nature ” utilisé à tous propos dans le contexte d’une problématique environnementale, se cache une pluralité de sens. Chez les scientifiques de la nature ou de la terre, il peut s’agir aussi bien des éléments naturels, des milieux dits naturels soumis à une pression anthropique considérée comme relativement faible, ou bien des lois de la nature (physiques, chimiques, biologiques, écologiques). Lucien Febvre [10], qui utilise d’ailleurs alternativement les mot de milieu et de nature, écrit déjà en 1922 [11] : “ la nature qui agit sur l’homme,… la nature qui intervient dans l’existence des sociétés humaines pour la conditionner, ce n’est pas une nature vierge… c’est une nature déjà profondément “ agie ”, profondément modifiée et transformée par l’homme ”. Ce n’est donc pas la nature mythique du vulgum, tantôt idyllique, tantôt angoissante et maléfique.

Pour les non-spécialistes, le qualificatif de naturel s’applique pratiquement à tout espace visuellement dominé par la présence d’éléments végétaux disposé de manière apparemment spontanée, sinon à tout élément végétal ou animal. En outre, le degré de “ naturalité ” ressentie varie en fonction de paramètres individuels ou propres aux groupes sociaux. La “ nature ” est donc surtout associée au vivant, et aux éléments, aux forces naturelles… comme elle l’était déjà dans l’Antiquité !

 

L’écologie, jusqu’aux années 50 [12]

 

Jean-Marc DROUIN, déjà cité, use d’une image [13] que l’on est volontiers tenté de reprendre : “ Nous admettrons que l’écologie possède une préhistoire ”. Si l’on examine les écrits de divers auteurs qui ont abordé ce sujet, l’écologie n’a pas manqué de géniteurs sur ses fonds baptismaux.

Cité par Michel BARIDON, dans son anthologie consacrée aux jardins [14](, A.-G. GORDON, dans “A history of botanical science [15]” considère que Théophraste… élève de Platon et d’Aristote… a posé les problèmes essentiels qui concernent la morphologie, l’anatomie, la physiologie et l’écologie ”.

Robert DELORT et François WALTER, dans une autre remarquable somme récemment parue, Histoire de l’environnement européen, et Jacques LE GOFF dans la préface de l’ouvrage, rappellent eux aussi les filiations de l’Antiquité (pp. 59-60)

DROUIN retrace longuement l’évolution des idées, depuis le traité du corpus hippocratique “ Des airs, des eaux et des lieux ”, et le Critias de Platon, (analysés également par d’autres auteurs).

Beaucoup plus tard, mentionné par Michel BARIDON, les travaux de MATTIOLI comporteront non seulement la description des plantes, mais également “ leur mode de vie en représentant le paysage où on les rencontraient le plus fréquemment ”, et le “ De plantis libri XVI ” publié en 1583 par son contemporain CESALPINO, qui “ donna une liste de mille cinq cents plantes en indiquant leur mode de nutrition, c’est à dire leur rapport à l’environnement ”.

Les grands naturalistes des XVIIIème et XIXème siècles sont régulièrement cités comme ayant inspiré la construction de l’écologie comme discipline scientifique, et il est courant d’entendre que l’écologie n’est finalement que l’héritière de l’histoire naturelle des Buffon, Linné, Lacepède, Lamarck, Cuvier,… point de vue critiqué par Pascal ACOT dans son article [16] du Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences. Carl von Linné pose néanmoins “ l’idée d’une économie de la nature, comme le rappelle Dominique DRON, comme ensemble des “ fonctions réciproques et fins communes des êtres naturels ”, considérée comme une preuve de l’existence de Dieu [17]” — causalité divine qui fait qualifier Pascal ACOT de fossé épistémologique la distance entre l’écologie considérée de ce point de vue, et l’écologie abordée sous un angle que nous qualifierons de purement rationaliste, et ce qui ouvre un tout autre débat.

Dominique DRON, dans le résumé qu’elle fait de la généalogie de la science écologique [18], attire également l’attention sur la présence dans cette filiation, de Liebig qui, préparant l’avenir de la chimie en agriculture, construit la théorie du facteur limitant, soulignant ainsi la présence des agronomes et des chimistes — sans parler des forestiers.

Le terme écologie est promu [19] par Ernst Hæckel, zoologiste allemand, en 1866 [20]. Il la définit comme “ la science complète des relations de l’organisme avec le monde extérieur environnant, dans lequel nous pouvons compter, dans un sens plus large, toutes les conditions d’existence ”. DELORT et WALTER indiquent qu’une “ édition ultérieure {d’Hæckel} fournit des précisions sur la distribution géographique des organismes,…sur l’économie de la nature,… c’est-à-dire sur les relations mutuelles de tous le organismes vivants en un seul et même lieu, leur adaptation au milieu…, leur transformation par la lutte pour la vie ”. Il voit donc dans l’écologie “ la somme de toutes les relations amicales ou antagonistes d’un animal ou d’une plante avec son milieu organique ou inorganique, y compris les autres êtres vivants, l’ensemble de toutes les relations complexes considérées par Darwin comme les conditions de lutte pour la vie [21]”. Roger DAJOZ [22], auteur du premier traité français du genre dans l’Après-guerre, souligne l’étymologie du terme, oïkos la maison, l’habitat, et logos, le discours, la science, ce que résume l’expression “ science de l’habitat ”.

Bien que déjà Darwin [23] ait clairement pointé, comme le rappelle DAJOZ [24], “ quels rapports complexes relient entre eux des plantes et des animaux fort éloignés dans l’échelle de la nature ”, et qu’une première définition ait été posée, de la biocénose d’abord, par Mœbius en 1877 [25], puis du climax, par Cowles (1899) puis Clements (1916), ce ne sera qu’en 1935 avec les écosystèmes, définis par Tansley, que l’écologie des systèmes commencera à prendre corps. Peu d’auteurs s’étant penchés sur cette histoire semblent avoir noté le fait, et encore moins pris conscience de l’importance du basculement que cela a représenté pour l’écologie — ni des déchirements à venir entre naturalistes, on le verra plus loin.

ACOT insiste sur pour sa part sur le rôle initial déterminant d’Alexander von Humboldt comme fondateur de la géobotanique avec son souci des “ groupements ” et des “ communautés ”, inscrit dans son Essai sur la géographie des plantes, en 1805. Darwin conforta cette vision par l’observation du monde animal et de ses milieux au cours du célèbre voyage sur le Beagle [26].

A la fin du XIXème et au début du XXème siècles, ce sont donc les scientifiques de l’écologie végétale, et leurs cousins géographes (tous plus ou moins connaisseurs de la géographie physique et plus ou moins biogéographes jusqu’aux années cinquante) qui ont probablement portés les premiers une bonne part de cette approche. Et c’est autour du changement de siècle que semble se situer la séparation entre la géobotanique chorologique et la géobotanique écologique [27].

La première moitié du XXème siècle a vu se développer plutôt lentement la mise en place des concepts avec Grinnell et Elton (niche, 1917,1927), Vernadsky (biosphère, 1923), Tansley (écosystème, 1935), …, et l’élaboration des lois de la démo-écologie et de l’auto-écologie, avec Lotka (1925), Volterra (1926), Verhulst (1938), Lindemann (théorie de l’écosystème, 1941; minimum, 1942) [28]…. En effet, “ en 1927, Charles Elton, un des maîtres de l’écologie animale {écrit} : l’écologie, un nouveau nom pour un très vieux sujet. Cela signifie simplement histoire naturelle scientifique [29]”. A cette époque, où, pour les naturalistes français, il n’était guère d’écologie que végétale, la question était donc bien de s’intéresser à la biologie des espèces dans ses relations avec le milieu biophysique, de fait à son auto-écologie.

Pour éclairer l’analyse de la période contemporaine dans notre pays, on peut considérer à présent le degré de pénétration de ces développements scientifiques au travers de l’utilisation des mots milieu et environnement et des acceptions attachées à cette terminologie.

 

Milieu et environnement avant la « révolution » des années 60

 

Elisée Reclus, qui publie en 1869 La terre, description de phénomènes de la vie du globe, est souvent considéré comme le fondateur de la géographie française. Il y parle de “ l’action de l’homme…{qui} contribue tantôt à dégrader la nature, tantôt à la transfigurer ”, n’utilisant pas encore le terme de milieu qui est manifestement ici le sens donné à la “ nature ”.

Jacques LE GOFF, insiste à juste raison sur le rôle de cette école française, et notamment de Vidal de la Blache [30], qui a mis en avant les “ notions de milieu (milieu naturel, milieu humain, milieu social) et de paysage [31]”, inspirant Marc Bloch [32] (paysages agraires) et Lucien Febvre, fondateurs des Annales. Ce dernier a “ mis en valeur les interactions entre les sociétés humaines et le milieu dans son livre pionnier, La terre et l’évolution humaine [33] ”. Certains de ces géographes n’hésiteront d’ailleurs pas utiliser le terme d’écologie humaine pour qualifier cette vision relationnelle.

Pour DELORT et WALTER, “ environnement renvoie au rapport à la nature et au cadre de vie.… A la source de ses usages, on trouve une seule et même notion fondamentale… celle que reprenant un vieux mot français {en usage au XIIIème siècle}, ont défini les auteurs anglais du XIXème siècle (Carlisle en 1825, Spencer en 1855). Le mot anglais environment désigne ce qui est autour d’un être vivant. Dès 1866 Hæckel parlait de l’umgebende Aussenwelt (monde extérieur environnant) d’où découle la Umwelt de l’allemand. On retrouve les mêmes nuances {en espagnol, italien et russe}. Le français a longtemps employé dans ce sens le mot “ milieu ” et continue à l’employer ”. A ce milieu circulaire, externe,… s’oppose le “ milieu interne ”, défini à la suite de Claude Bernard (1878) par la biologie, la physiologie ”. Sur la réintroduction récente du terme en France, comme on va le voir plus loin, nous nous écartons en revanche de ces auteurs.

Son usage avant la guerre dans le monde anglo-saxon semble encore passablement éloigné du sens que l’on tend à lui donner plus tard. A titre d’exemple, dans sa définition des écosystèmes, Tansley en 1935 n’hésite pas utiliser le mot pour désigner l’ensemble des facteurs physiques (on dirait aujourd’hui abiotiques) qui agissent sur les organismes vivants [34], acception très réductrice et partielle pour notre vision actuelle.

 

L’histoire contemporaine de l’environnement et du développement durable

 

Pour ce qui est de la France, jusqu’en 1965-1966, le mot environnement est resté cantonné à quelques usages sporadiques, avec en général le sens que l’on trouve dans le Larousse illustré de 1948 pour le mot “ environner ” : mettre autour, être autour, vivre habituellement auprès de . L’environnement n’y figure pas. Le Petit Robert se saisissant plus tard du mot, écrira pour sa part “ action d’environner ”, comme le faisait déjà le Littré entre les deux guerres.

Du côté de l’écologie, jamais bien loin du terme environnement de nos jours, Pascal ACOT écrit [35] : “ Dans les années cinquante, de nombreuses zones d’ombre subsistaient en biocénotique, notamment quant au plan des causes réelles des fluctuations populationnelles et des mécanismes d’occupation des niches ”. De fait, la synécologie, n’a vraiment trouvé droit de cité dans les sciences naturelles que de manière très récente, au cours des années soixante. Dans le même sens, DELORT et WALTER écrivent dans leur introduction, “ ce n’est guère avant les années soixante-soixante-dix du XXème siècle que les sociétés occidentales sont capables de se penser en tant qu’écosystèmes ”.… parce “ que les techniques agressives pouvaient aussi rompre les équilibres écologiques fondamentaux ” (le propos prenant le sens des équilibres en écologie, c’est à dire dynamiques).

Ces analyses viennent confirmer notre impression — qui est celle des plus actifs fauteurs de la promotion initiale du mot environnement en France lors du démarrage de leur action —, à savoir que l’écologie scientifique, tirée alors hors des laboratoires par les protecteurs de la nature et leurs rares associations, peinait encore à s’extraire de la gangue matricielle de l’auto-écologie des espèces. Pour affirmer la dimension majeure de l’approche écosystémique, tandis qu’ils s’employaient à rédiger d’une main une définition de l’environnement dont ils pressentaient la constitution comme champ, les responsables du tout jeune Centre Interdisciplinaire de Socio-écologie [36] furent obligés de formaliser eux-mêmes une définition de l’écologie plus moderne que celle généralement retenue en France. Soucieux de rigueur, ils demandèrent à Jean Dorst, Jean-Paul Harroy et Paul Duvigneaud, spécialistes alors les plus en vue de l’écologie générale francophone, de bien vouloir corriger leur copie, ce qu’ils acceptèrent sans doute avec un certain amusement, et aussi avec beaucoup d’intérêt pour la démarche.

Une curieuse lacune marque les publications traitant de l’histoire de l’environnement de la période qui s’ouvre à l’écologie moderne. Elles évoquent assez fréquemment dans le registre des crises et catastrophes ayant favorisé la prise de conscience environnementaliste, l’ouvrage de Rachel Carson, Printemps silencieux, publié en 1963, lequel dressait un inquiétant panorama de la pollution par les pesticides et de leurs effets sur la faune sauvage et sur les humains. Il est surprenant qu’aucun de ces documents ne mentionne, sauf erreur, les phénomènes de concentration biologique des résidus dans les chaînes alimentaires, question qui a beaucoup préoccupé les consommateurs à diverses époques. Le terme d’écotoxicologie [37] est également ignoré, alors qu’il représente une composante croissante de l’écologie appliquée.

Si “ les origines de l’écologie sont donc pluridisciplinaires ”, comme le dit Pascal ACOT, que dire de l’environnement dans l’acception alors proposée ! Le souci était de prendre en compte le milieu biophysique dans lequel évolue l’espèce humaine, mais aussi l’ensemble des autres êtres vivants, à la lumière de la crise dénoncée depuis un certain temps, parfois depuis le milieu du siècle précédent dans certains cas. Et compte tenu du climat intellectuel de cette période de l’avant-Mai 1968, impliquant une réflexion politique, l’ambition était d’embrasser un vaste ensemble de dimensions, au delà de l’écologie : l’économique, le social, l’esthétique, ainsi que le droit, la recherche, l’organisation administrative, la participation du public, le civisme des populations et la responsabilité des décideurs… Le fond idéologique était assez clair, puisque le CIS faisait partie de ceux qui appelaient, comme Théodore Monod ou Jean Rostand à leur manière, à un nouvel humanisme, message qu’exprimait notamment un tract de lancement dans les universités assez largement diffusé à Paris à partir de 1965. Entre autres choses, si personne ne parlait encore de contrat naturel [38], dans l’esprit des Heim, Monod, Dorst, ou Bourlière, il s’agissait bien de réconcilier l’homme et la nature, car “ protéger la nature c’est protéger l’homme [39]”. On peut d’ailleurs noter que s’est tenu en novembre 1963 un important colloque à Bruxelles sur le thème Nature, ressources naturelles et société appelant en introduction à “ une science nouvelle… des ressources naturelles et de la protection de la nature…{unissant} l’écologie naturelle et l’écologie humaine [40]”.

Toutefois, pour le CIS, si la question du patrimoine naturel, des pollutions, et de leur devenir était une question essentielle, l’espace tout entier était au centre de ses préoccupations, et singulièrement l’espace artificiel par excellence qu’est la ville. Il appelait donc aussi à un urbanisme humanisé, au moment où paraissaient ou allaient paraître les ouvrages de Lewis Mumford et de Jane Jacobs aux Etats-Unis. C’était aussi la période où surgissaient des formes urbaines radicalement nouvelles et où commençait tout juste à s’engager en France une critique de l’urbanisme d’après-guerre, autour de la rénovation urbaine, des grands ensembles (la “ sarcellite ”), de la planification et du mode de la croissance urbaine (par exemple avec la préparation du premier schéma directeur de la région parisienne adopté en 1965 sous la houlette de Paul Delouvrier).

Il découvrait aussi que, peu de temps après lui, un autre courant tenant boutique à la Grande masse des Beaux-Arts, et issu des peintres et plasticiens, s’emparait aussi du mot environnement, avec un autre concept. Ce courant faisait en partie écho à la préoccupation esthétique et paysagère des précédents, et se trouvait lui aussi en plein essor aux Etats-Unis, sous la bannière de l’“ environmental art [41]”.

Plusieurs éléments marquants méritent d’être relevés, dont quelques-uns restent, jusqu’ici, semble-t-il, absents des analyses publiées.

Premier élément, l’environnement a été finalement préféré au terme de milieu, celui de cadre de vie ayant été rapidement mis de côté comme beaucoup trop réducteur, malgré son intérêt — manque de vision à long terme, absence de dimension systémique apparente… Il s’agissait d’intégrer la perspective nouvelle de l’écologie moderne, celle de la dynamique des systèmes complexes, aux réactions souvent différées ou difficiles à prévoir, perspective qui ne paraissait pas vraiment participer de la notion de milieu [42]. Le succès connu par le mot environnement, après une période de flou sémantique qui a eu quelque peine à s’effacer, a correspondu à un besoin, au delà de l’effet de mode d’un néologisme anglo-saxon : besoin de conceptualiser (outil pour la réflexion, pour penser la question) et besoin de structurer une réponse politique à cette même question, autorisant une action. Beaucoup d’acteurs ont eu la possibilité d’élargir leurs problématiques, bien au delà des valses d’étiquettes sur la porte des laboratoires, des bureaux d’études ou des administrations, et nonobstant l’inflation des discours politiciens sur le sujet.

Deuxième élément, la question de l’environnement est certes d’abord apparue comme l’expression d’un sentiment de crise face à des mutations qui ne semblaient plus du tout maîtrisées, en raison de leur vitesse et de leur dimension, et que l’auteur qualifiait en 1965 de mutation spatio-temporelle [43]. Mais ses promoteurs étaient mus également par une croyance dans un progrès humain, matériel et intellectuel, voire spirituel, et en la possibilité non seulement de redresser une situation dégradée, mais aussi de produire des environnements nouveaux ou transformés de qualité. Ils n’étaient donc pas accablés par le pessimisme de certains penseurs néanmoins assez proches, comme Bernard Charbonneau ou Alfred Sauvy. Il s’inscrivait clairement dans une certaine forme de modernité qui ne serait fondée ni sur l’idéologie de la table rase, ni sur celle de l’amnésie, mais plutôt sur la recherche d’une innovation capable de se glisser dans un monde complexe, conflictuel, et souvent fragile.

Troisième élément : l’environnement n’est alors pas très bien reçu par certains naturalistes qui restent attachés aux “ milieux ”, et encore plus fraîchement par les protecteurs de la nature qui craignent — non sans quelque raison — de voir leurs préoccupations noyées dans un fatras d’autres considérations, et l’intérêt pour “ leur ” sujet passer au second plan. C’est d’ailleurs ce qui s’est un peu passé dans la décennie 1980-1990.

Quatrième élément, l’environnement n’a pas été non plus bien reçu par le plus clair de l’intelligentsia française, préoccupée de social. Dans son ouvrage “ Au delà de la nature, l’environnement ”, Bernard KALAORA tire un commentaire éclairant du colloque “ Révolution, nature, environnement ” initié par le service de la recherche du ministère de l’environnement [44] à l’occasion du Bicentenaire. “ Les historiens ont souligné la difficile reconnaissance de l’environnement comme question faisant sens dans la société française. En effet  pendant la Révolution française, l’idée de protection du milieu et de maintien du d’une nature sauvage est une idée contre-révolutionnaire. …Pour les révolutionnaires, la nature n’a d’existence que comme représentation d’un paysage composé… quant aux écosystèmes, ils représentent les forces du mal. Les historiens ont révélé les raisons socio-historiques du refoulement… {de la} nature ensauvagée et {du} milieu non maîtrisé par l’homme…contraire de l’histoire,…l’anti-humanisme par excellence. Il faudra d’autres révolutions (mentales et scientifique) pour …{modifier} nos représentations paysagères de la nature ”, écrit en 1998 ce sociologue, éminent spécialiste de l’histoire de la forêt et du paysage en France. Le chapitre d’Isabelle RICHEFORT, Politiques révolutionnaires de la nature, paru trois années auparavant [45], relatait déjà en palimpseste le même point de vue : il y est essentiellement question de rendement agricole, de grands travaux de domestication de la nature (assèchement des marais, lutte contre les inondations) et d’équipement (routes et canaux), d’exploitation des ressources (eaux, forêts) par l’industrie naissante, dans la perspective que l’on connaît à Buffon.

Cinquième élément, parmi de nombreuses sources d’inspiration se situant dans la même période des années soixante, il ne faut pas perdre de vue la critique montante de l’analyse économique traditionnelle. Esquissée dans la thèse de Jean-Philippe BARDE [46] sur La situation relative de l’éthique et de l’économique — achevée en 1969 —, elle est abondamment développée dans la partie historique de son livre Economie et politique de l’environnement [47]. Sans nécessairement remonter à Linné et son “ économie de la nature ” et sa vision de l’utilité, à Marx, Engels, Mill ou aux économistes allemands de la Raubwirtschaft, c’est surtout depuis la période de la Reconstruction que l’on a pu voir un certain nombre d’économistes aborder la question, avec quelques figures tutélaires comme François Perroux ou Bertrand de Jouvenel, avec sa revue Futuribles, puis Claude Gruson, promoteur des Comptes du patrimoine naturel. Après la comptabilité des flux financiers générés par l’exploitation de certaines ressources naturelles, voire environnementales — valeur des paysages… —, est apparue l’esquisse d’une comptabilité patrimoniale, et progressivement nous sommes entrés dans diverses évaluations de “ coûts et déséconomies externes [48]”, autrefois évoquées comme “ effets latéraux et conséquences lointaines [49]”.

Bien sûr de multiples aspects du contexte historique foisonnant sont à examiner, considérants politiques (décolonisation), économiques (croissance soutenue), sociaux (amélioration matérielle des conditions de vie, développement des loisirs), intellectuels, sur fond d’un essor de la vie culturelle, de la critique philosophique, des sciences, et des techniques (médecine, transports, automobile, espace…).

Quelques points doivent encore être mentionnés. Il ne faudrait pas confondre l’environnement, à la fois réalité matérielle et culturelle, et les questions qui se posent à propos de l’environnement. Dans cet ordre d’idées, même si écologie et environnement ont des histoires récentes extrêmement intriquées, il conviendrait aussi d’en bien dissocier les natures : l’environnement est un objet de la connaissance, un champ à explorer sous divers angles, et l’écologie scientifique est une discipline, ou une méta-discipline, qui permet, de défricher ce champ, certes dans une position privilégiée, mais néanmoins parmi beaucoup d’autres. Ce point de vue qui semble, péniblement, mais à peu près complètement entériné maintenant, du côté des sphères concernées, a encore du mal à s’imposer, même en milieu universitaire à haut niveau, en dehors des initiés.

Pour aller rapidement dans le reste de l’histoire contemporaine de l’environnement, il est clair que divers acteurs, assez peu nombreux au demeurant, personnalités scientifiques, associations, institutions et organisations diverses, ont pris une part active dans le développement des idées environnementalistes sur le plan national. Parmi les porteurs institutionnels, il faut évidemment souligner le rôle central joué par Serge Antoine et quelques autres membres — tels Philippe Saint-Marc- de la DATAR, la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale, appuyée sur le Service de conservation de la nature du Muséum. Pour les autres personnalités, au delà des scientifiques naturalistes mentionnés en préambule, on compte des penseurs comme Jacques Ellul, ou des industriels comme l’académicien Louis Armand, et nombre de protecteurs de la nature.

Après le lancement du Premier programme pour l’environnement par Jacques Chaban-Delmas en 1970, et la mise en place du ministère en charge de ces questions, début 1971, la tournure des choses va changer. Le ministère entame sa carrière, la FFSPN va grandir et muer, les associations vont se multiplier, et de très nombreux nouveaux acteurs vont émerger. La montée spectaculaire du nombre de publications dans le domaine va se poursuivre jusqu’à nos jours [50].

Quant au développement durable, qui est présenté classiquement comme l’équilibre entre les trois pôles environnemental (ou écologique), social et économique, il est lui aussi le fruit d’une assez longue construction qui commence à être assez bien retracée dans la littérature. On peut presque dire que sa naissance est un peu consubstantielle de celle proposée initialement pour l’environnement, soucieuse de se saisir de ces trois dimensions.

Après l’étape importante qu’a représenté la tenue à l’Unesco en 1968 de la Conférence intergouvernementale d’experts sur les bases scientifiques de l’utilisation rationnelle et de la conservation des ressources naturelles de la biosphère, le développement durable a fait l’objet d’une première tentative de mise en forme plus politique en 1971, sous le vocable d’éco-développement. Cela s’est passé dans le cadre de la préparation de la première conférence mondiale des Nations-Unies sur l’environnement qui devait se tenir à Stockholm l’année suivante, à l’initiative de la Suède; contribuait notamment au groupe de réflexion Charles Correa, Samir Amin, Ignacy Sachs, Serge Antoine et Marc Nerfin. Leur travail se situait dans la ligne des prédécesseurs tels que Barbara Ward, et de l’International institute for environment and development. En fait, la conférence en préparation faisait l’objet d’intenses négociations, en particulier en direction des pays du sud. Outre les thèmes incontournables des ressources naturelles et des pollutions, trois autres grands axes furent retenus, qui recadrent bien la situation: le développement, naturellement, mais aussi les établissements humains (les agglomérations urbaines), et les dimensions socio-culturelles des politiques d’environnement. L’histoire veut que le terme d’éco-développement ait été retiré du vocabulaire des instances onusiennes sous la pression très insistante de Mr Kissinger, les Etats-Unis ne voulant pas accepter une terminologie aussi par marquée par l’empreinte de son histoire environnementale.

Organisme placé auprès de l’UNESCO, l’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources [51], dont l’intitulé même comporte une référence à l’économie, a été la première à inscrire l’expression de sustainable development dans un document officiel, la Stratégie mondiale de la conservation, adoptée en 1980. Mais c’est, comme on le sait, la Commission des Nations Unies pour l’environnement et le développement [52] présidée par Madame Brundtland qui a véritablement défini et instauré l’usage du terme dans son acception présente, avant qu’il ne soit en quelque sorte sacralisé par la Conférence de Rio-de-Janeiro sur l’environnement et le développement de 1992, dont on a évoqué les suites actuelles en préambule.

Entre temps, après l’environnement (en 1971) et l’écologie (en 1976), le développement durable a été inscrit à son tour en droit français, et intégré au niveau des objectifs des instances communautaires. Ce sont d’abord la loi sur l’aménagement et le développement durable du territoire, puis les contrats de plan Etat-Régions, puis plus récemment, la loi solidarité et renouvellement urbain qui ont formalisé cette évolution. Au niveau local, nombre de collectivités et d’acteurs économiques, par exemple avec les Agendas 21 communaux ou les plans de gestion durable forestière, sont entrés dans les démarches de ce type. Le concept gagne du terrain, et les pratiques aussi, peu à peu. Plus que d’un objectif, il s’agit en fait d’un processus de construction collectif, partenarial, de l’avenir.

 

Conclusion : un changement de comportements qui passe par un changement de valeurs

 

La traduction en français du sustainable development a un temps hésité entre plusieurs qualificatifs : durable, soutenable, responsable… Aucun de ces termes n’est exactement l’équivalent de l’anglais. Le principe de responsabilité, vis à vis de la collectivité, de son futur, n’est-il pas récurrent dans toute l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement, où il est même question de morale de la responsabilité, collective et prospective ?

Toutefois, on peut s’interroger sur une démarche qui se contenterait d’un simple appel à la conscience individuelle. Il s’agit d’une modification des comportements qui intéresse aussi les décideurs politiques, les hauts fonctionnaires, les financiers, les fonds de pension et les entrepreneurs… Elle touche également aux modes et décision dans les organisations et les institutions, en premier lieu dans le secteur politique, public et collectif : Etats, administrations, organisations professionnelles, syndicats, associations…, ce qui ne veut pas dire que cela change les spécificités de chacun.

Qui dit changements de perspective, de comportement, et de préparation des décisions dit aussi nécessairement changements des systèmes de valeurs.

En cela, on peut considérer que le développement durable comporte une forte dimension culturelle, comme l’avait pressenti le processus de Stockholm en 1971-72. On peut sans doute avancer qu’un des enjeux du développement durable est la construction permanente, collective et réellement démocratiques des nouveaux systèmes de valeurs cohérents avec les grands objectifs que les Nations-Unies ont adoptés.

Cela pose finalement la question de la poursuite de l’œuvre déjà entamée pour la construction d’une possible communauté de valeurs universelles, déjà esquissée dans la Charte des nations unies, la Déclaration des droits de l’homme, et la Déclaration de Rio, dans un monde qui ne tende pas vers l’uniformisation, la banalisation, l’effacement de spécificités — spécificités signifiantes et honorables, qui ne masquent pas de simples particularismes égoïstes ou des agissements contraire aux principes déjà universellement reconnus.

Mais à côté de considérations éthiques, la dimension culturelle porte en germe une autre potentialité. Dans un monde où les sociétés, les groupes sociaux, et les individus se posent peut-être parfois plus qu’hier la question de la figure de l’avenir, ne pourrait-on accoler à l’épithète du développement durable, celui de désirable, comme cela a été proposé en 1992 à la Conférence de Barcelone sur l’environnement des villes méditerranéennes, en un lieu symbolique : la Méditerranée, foyer primordial de civilisation. Plutôt qu’une vision d’un développement durable réduite à un projet sous contraintes — contraintes certes incontournables :limitation des rejets de déchets de toute nature, lutte contre l’effet de serre…— , un développement durable et désirable supposant des aspirations, des choix partagés, des innovations au service de la société, et des satisfactions, ne pourrait-il pas mieux mobiliser l’intérêt individuel et collectif, le désir de création, l’envie d’avancer vers l’avenir en tendant la main aux générations futures ?

Texte des débats ayant suivi la communication

 


[1] Qu’on peut traduire par “ programme d’action pour le XXIème siècle ”.

[2] Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, qui fit suite à la première Conférence mondiale sur l’environnement, organisée sous les mêmes auspices en juin 1972 à Stockholm, sur une initiative du gouvernement suédois prise en 1969.

[3] A la Commission des Nations Unies pour l’environnement et le développement (CNUED-UNCSED) chargé du suivi des engagements des Etats.

[4] Ancien membre de l’Institut et directeur du Muséum national d’histoire naturelle.

[5] Professeur de médecine, ancien président de l’UICN, de la SNPN et de la Société internationale d’écologie.

[6] ancien membre de l’Institut et directeur du Muséum national d’histoire naturelle.

[7] ancien membre de l’Institut et directeur du Muséum national d’histoire naturelle.

[8] tous professeurs d’écologie, dont trois furent présidents et un vice-président de la FFSPN (Fédération française des sociétés de protection de la natiure), devenue la fédération France Nature Environnement (Fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement – FNE).

[9] pour les trois acceptions du mot nature pour les naturalistes, voir DELORT et WALTER.

[10] cité par Jean-Marc DROUIN, “ L’écologie et son histoire ”, p.179

[11] La terre et l’évolution humaine : introduction géographique à l’histoire, La renaissance du livre, Paris, 1922, cité par G. GUILLE-ESCURET

[12] Pour ne pas compliquer par trop cet exposé, nous ne mentionnerons que pour mémoire la reprise par une branche de la sociologie connue sous le nom d’Ecole de Chicago des concepts de l’écologie naturaliste sous le vocable d’écologie urbaine , dont les héritiers français plus ou moins directs se sont trouvés parmi les disciples d’Henri LEFEBVRE et de Paul-Henri CHOMBART DE LAUWE.

[13] ibid, p.11

[14] page 41, édition de 1999

[15] Academic press, 1981

[16] page 317 du Dictionnaire, 1999

[17] dans Environnement et choix politiques, 1995, page 15

[18] ibidem, page 16

[19] promu, et non pas “ inventé ”, si l’on en croit le QUID ?, édition 2002 (Robert Laffont), pour lequel le terme est connu en 1852 en Grande-Bretagne.

[20] Generelle Morphologie der Organismen, 1866, cité par R. DAJOZ en introduction de son Précis d’écologie, Dunod, 1970, le premier du genre dans la France de l’Après-guerre.

[21] Dominique Simonnet, L’écologisme, Que sais-je ? PUF, 1979

[22] ibid., note 16.

[23] dans De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle, 1859

[24] ibid., page 3

[25] Karl August Möbius, Die Auster und die Austernwirtschaft, 1877, Berlin  spécialiste de biologie marine  Acot, page 318 du Dictionnaire, ibid

[26] 1832-1836  dans Gérard MOLINA, article sur la biogéographie, page 121 du Dictionnaire, ibid

[27] distinction introduite en 1895 par Eugenius Warming, suivi par F. E. Clements  selon MOLINA, ibid

[28] François RAMADE, Elément d’écologie fondamentale, Mac Graw Hill, 1ère édition, 1984, réédité Ediscience.

[29] Drouin, ibid., page 34

[30] Principes de géographie humaine, Colin, 1922

[31] préface, op. cit., page 6

[32] Les caractères originaux de l’histoire rurale française, 1931

[33] 1922, rédité en 1970

[34] DELORT et WALTER, ibid. page 115

[35] dans le Dictionnaire, ibid.

[36] association de la loi de 1901, fondée le 21 mars 1964 avec un petit groupe de camarades universitaires, étudiants de formations très diverses, avec l’objectif de promouvoir une pensée et une action environnementaliste très large. C’est le fondateur du CIS- l’homme et son environnement, qui lancera l’idée, peut-être le premier, et en tous cas l’initiative qui conduira à la création de la FFSPN, devenue FNE.

[37] Comme le rappelle François RAMADE dans son traité d’Ecotoxicologie (Masson,1977 et 1979), cette branche de l’écologie s’est initialement développée en marge des pollutions nucléaires, notamment aux USA.

[38] Michel SERRES, Le contrat naturel, François Bourin éditeur, 1990

[39] Expression, sans doute reprise d’un autre, utilisée par l’auteur en surtitre d’un article publié en juillet 1960 dans l’hebdomadaire protestant Réforme, Les parcs nationaux en France , après l’adoption de la loi du 22/7/60.

[40] XXXème semaine sociale universitaire de l’Université libre de Bruxelles, Editions de l’Institut de sociologie.; allocution d’ouverture du Pr Arthur Doucy.

[41] L’Encyclopedia universalis a pour ces raisons conservé le terme de milieu, et consacré dans un premier temps son article Environnement uniquement à l’entrée artistique! ce n’est que près de dix ans après la création du Ministère de l’environnement qu’elle a rétabli la balance.

[42] A l’époque, où la sociologie était par ailleurs en plein développement,pour beaucoup le milieu était trop exclusivemment référée au social.

[43] Socio-écologie : vers une nouvelle discipline de synthèse? document ronéoté du CIS, 1965-66  le terme de socio-écologie a été préféré au vocable peu usité mais ancien de mésologie, pour des raisons parallèles au choix de l’environnement.

[44] le SRETIE, service de la recherche, des études et du traitement de l’information en environnement.

[45] Nature, environnement, paysage, l’héritage du XVIIIème siècle, ouvrage collectif, L’Harmattan, 1995

[46] Lequel joua un rôle substantiel dans la création et la réflexion du CIS.

[47] PUF, L’économiste, 1992.

[48] voir par exemple Michel COHEN DE LARA et Dominique DRON, Economie et environnement dans les décisions publiques La Documentation française, 1998.

[49] Bertrand de Jouvenel, dans Le Monde du 25 août 1965, cité dans la thèse de J.-P. BARDE, page 251.

[50] La bibliographie chronologique donnée dans La planète terre entre nos mains en fournit un bon aperçu.

[51] Organisation crée en 1948, dans laquelle les gouvernements sont représentés avec les grandes organisations nationales agréées.

[52] aujourd’hui Commission pour le développement durable.