[10 février 2020] Gabriel Le Bras, l’homme et l’oeuvre

Journée d’étude organisée par le Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSoR) de l’ÉHESS

Grande Salle des Séances – Palais de l’Institut

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Gabriel Le Bras (1891-1970) fut un membre éminent de l’Académie des sciences morales et politiques (1962-1970). Son nom est fréquemment cité lorsqu’il s’agit d’histoire ou de politique des sciences sociales au vingtième siècle. Cependant, son parcours intellectuel et académique demeure méconnu : figure de référence de la sociologie de la pratique religieuse, l’ampleur de son autorité institutionnelle est restée largement discrète, et presque insaisissable.

Professeur d’histoire du droit canonique durant près de cinquante ans, à Strasbourg, puis à Paris, il joua dès 1944 un rôle décisif au sein du comité directeur du CNRS, en participant à la création du Centre d’Études sociologiques en 1946, comme à celui du Centre de politique étrangère du côté de la Fondation nationale des Sciences politiques ; surtout, il fut, en 1947-1948, avec Lucien Febvre, en tant que président de la Ve section de l’École pratique des hautes études (ÉPHE), le véritable parrain d’une VIe section de « sciences économiques et sociales » aux origines mêmes de ce qui allait devenir plus tard l’École des hautes études en sciences sociales (ÉHESS). Au total, ce parcours compose un genre de ministère invisible, où le droit, la science religieuse et la science sociale marchent en cadence, sinon main dans la main. La cohérence et la complémentarité institutionnelle ne résistent toutefois pas au temps et aux rapports de forces disciplinaires, ce qui explique pourquoi la mémoire savante de Le Bras est, en quelque sorte, segmentée, à la charnière du droit, de l’ecclésiologie, de la sociologie et des sciences politiques. Ce n’est pas le cas en revanche de ses archives, dont l’intégrité et la complétude ont pu être préservées de manière exceptionnelle. 

La journée d’étude accueillie à l’Institut de France sous les auspices de l’Académie des sciences morales et politiques, le lundi 10 février 2020 (9h30-17h), prend place dans un dispositif de travail établi entre différentes institutions d’enseignement et de recherche intéressées par l’histoire des sciences sociales sur la base des archives intellectuelles : Archives nationales, École nationale des chartes, École normale supérieure de la rue d’Ulm, École pratique des hautes études, et École des hautes études en sciences sociales. Au fil de réunions de travail régulières aux Archives nationales, les chercheurs impliqués dans ces travaux explorent systématiquement le fonds Le Bras, d’une importance considérable non seulement pour l’histoire du droit romain et du droit canon (spécialités de départ de Le Bras), mais aussi pour la sociologie des religions, ainsi que pour l’ensemble des institutions d’enseignement et de recherche françaises des années 1930-1960 dont Le Bras assura en quelque sorte le « ministère », sans parler des questions de culte en tant que conseiller au Ministère des affaires étrangères (1945-1970).

Une deuxième journée d’étude est prévue aux Archives nationales le mercredi 10 juin 2020. Les contributions à ces journées ont vocation à être publiées dans un ouvrage qui permettra de livrer un point d’ensemble sur Le Bras, son œuvre et ses activités institutionnelles.