Après la vague de l’épidémie de Covid-19
André Vacheron
Vice-Président de l’Académie des sciences morales et politiques
Président Honoraire de l’Académie nationale de médecine
mercredi 13 mai 2020
L’alerte est-elle passée ? A l’heure du déconfinement, peut-on espérer une décrue progressive et durable de la maladie ou observera-t-on des répliques saturant à nouveau les services de réanimation de nos hôpitaux ? Geneviève Chêne, directrice générale de l’Agence nationale de santé publique (Santé publique France) estime qu’il est trop tôt pour prédire la dynamique de l’épidémie. Mon confrère de l’Académie nationale de médecine, l’épidémiologiste Antoine Flahault qui dirige l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, estime qu’une épidémie ne disparaît que par l’acquisition par la population d’une « immunité grégaire ou collective » et qu’il faudrait un taux de 50 à 66% de personnes infectées, puis immunisées contre le virus pour éteindre la pandémie. Nous en sommes bien loin. D’après les estimations de l’Institut Pasteur, moins de 6% des Français auraient été infectés. En pratique, plus la maladie est contagieuse, plus la proportion des personnes immunisées contre le virus doit être élevée pour bloquer la résurgence de l’épidémie. D’où l’importance de la découverte d’un vaccin efficace et fabricable à grande échelle. Si dans l’immédiat, l’épidémie peut marquer une pause, ce qui semble se réaliser en Chine, les freins sanitaires et météorologiques (chaleur ?) sont éphémères et des résurgences saisonnières sont possibles quand ils sont relâchés. Il est donc nécessaire de prolonger les mesures barrières durant les prochains mois. Le masque et la distanciation doivent rester la norme dans les transports, les entreprises, les magasins et les écoles (en dehors des maternelles).
Voir aussi Restaurer la souveraineté sanitaire de la France