Communication de Gérard-François DUMONT « La terre est-elle surpeuplée ? »

Communication du lundi 24 novembre de Gérard-François Dumont, Professeur émérite à Sorbonne Université, ancien recteur

Thème de la communication : La terre est-elle surpeuplée ?

 Synthèse de la séance

G.F. Dumont commence en rappelant tout d’abord l’ancienneté de la peur du surpeuplement : bien avant l’apparition des mots « surpeuplé » et « surpeuplement » au tournant du XXᵉ siècle, Platon, Giovanni Botero, Francis Bacon ou encore le lettré chinois Hong-Liang-Ki s’inquiètent déjà d’un excès d’hommes par rapport aux ressources. À la fin du XVIIIᵉ siècle, Malthus formalise cette crainte avec son « principe de population », puis, aux XXᵉ et XXIᵉ siècles, de nombreux auteurs, scientifiques ou auteurs d’œuvres de fiction (P. Ehrlich, Cousteau, Soleil vert, etc.) annoncent famines, crises et catastrophes écologiques dues à la croissance démographique, jusqu’à l’« Avertissement à l’Humanité » signé par des milliers de chercheurs en 2017.

G.F. Dumont montre ensuite que la forte hausse de la population mondiale ne vient pas d’une explosion de la fécondité, restée longtemps stable puis en baisse, mais de la transition démographique qui se caractérise par une chute spectaculaire de la mortalité, alors que – dans un premier temps – la natalité reste forte et l’allongement de l’espérance de vie grâce aux progrès sanitaires, médicaux et alimentaires. Cette dynamique a entraîné un nombre élevé de naissances pendant plusieurs décennies, avant que la fécondité ne recule et que la croissance démographique ne ralentisse nettement.

L’analyse des liens entre peuplement, développement et ressources ne permet pas de conclure à un surpeuplement : ni les pays très denses ni les pays très peu denses ne sont systématiquement défavorisés en termes de développement humain. Tout dépend plutôt des institutions, de la gouvernance, du capital humain et de l’innovation. Les peurs d’épuisement généralisé des ressources (telles celles du rapport du Club de Rome qui incitait à faire une « Halte à la croissance ») se sont révélées exagérées, car une ressource n’existe vraiment que par la capacité humaine à l’exploiter : progrès techniques, énergies renouvelables, meilleure efficacité et recyclage transforment et renouvellent les ressources disponibles.

Enfin, les projections démographiques (ONU) indiquent une décélération, voire à terme un possible dépeuplement, dans un contexte d’ « hiver démographique » dans de nombreux pays. L’idée d’un surpeuplement global est donc infondée : ce qui importe est moins le nombre d’habitants que la manière dont les sociétés gèrent leurs territoires, leurs ressources et leurs politiques. La géographie des populations est cette branche de la géographie qui permet de prendre la juste mesure des populations sur leurs territoires, tant sur un plan quantitatif que qualitatif, c’est-à-dire de comprendre la manière dont elles habitent ce territoire et ainsi d’éclairer sur les politiques et les actions souhaitables pour les sociétés.

À l’issue de sa communication Gérard-François Dumont a répondu aux observations et aux questions que lui ont adressées E. Roussel, P.A. Chiappori, G. Alajouanine, J. de Larosière, L. Ravel, J. Tirole, D. Senequier, J.C. Trichet, A. Vacheron, P.M. Menger, M. Pébereau, H. Gaymard.

 Verbatim du communicant

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