Séance du lundi 23 janvier 2012
par Pierre Gadonneix,
Président du conseil mondial de l’énergie
Introduction
Mme la Présidente de l’Académie des Sciences Morales et Politiques,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie,
Mesdames et Messieurs
Chers ami(e)s,
Bonjour.
Je suis très honoré d’être aujourd’hui invité à m’exprimer devant une si haute assemblée et je tiens à vous en remercier chaleureusement.
Je suis heureux aussi de saisir cette occasion de partager avec vous aujourd’hui ma vision des grands enjeux mondiaux sur les ressources mondiales en énergie, en regard des défis que nous devons collectivement relever, au premier rang desquels figure l’impératif du développement durable des économies mondiales. L’année 2011 qui vient de s’écouler, nous en a rappelé douloureusement l’urgence.
En effet, l’année 2011 a commencé par le printemps arabe dont le premier anniversaire a été célébré en Tunisie le 14 janvier dernier. Ce printemps arabe démontre la détermination des peuples à accéder à de nouvelles formes de liberté et à la démocratie, ainsi qu’à une croissance économique renforcée et mieux partagée. Les révolutions arabes ont eu et continuent d’avoir des répercussions sur la volatilité du prix du pétrole. Elles ont fait prendre conscience au monde entier de l’impact des incertitudes géopolitiques sur les marchés des énergies, et, partant, sur la sécurité d’approvisionnement en énergie de la croissance économique mondiale.
Le 11 mars dernier, un tremblement de terre puis un gigantesque tsunami ont provoqué un accident nucléaire à la centrale de Fukushima Daïchi au Japon, rappelant ainsi de façon dramatique à tous les pays du monde qu’aucune technologie énergétique n’est absolument sûre et que la sûreté des énergies, au premier rang desquels la sûreté nucléaire doit faire l’objet d’une gouvernance mondiale. Cet accident a également démontré à la communauté internationale que l’acceptabilité des énergies est capitale pour concevoir les fondements d’un développement durable.
En décembre 2011, les négociations internationales sur le climat à Durban ont abouti à une impasse, l’Europe étant pratiquement seule, avec une poignée d’autres pays, prête à s’engager dès maintenant sur une trajectoire de plus forte contrainte pour maîtriser ses émissions de CO2. Le monde entier, confronté à la difficulté de résoudre conjointement la crise économique et la crise climatique, doit mettre en œuvre rapidement les solutions qui existent dès aujourd’hui pour décarboner l’énergie, et, partant, la croissance.
En France, tous ces événements ont eu un écho particulier, réinterrogeant notamment la façon dont la France, avec son mix énergétique, envisage de relever les défis de la croissance économique, de la protection du climat et de l’acceptabilité, après une longue période de consensus. Aux lendemains de l’accident de Fukushima, le Premier Ministre a demandé un audit de sûreté de notre parc de centrales nucléaire. Peu après le Ministre de l’Industrie mettait en place une commission de réflexion sur l’évolution à long terme de notre mix énergétique, la Commission « Energie 2050 », tandis que la Cour des Comptes était saisie d’une mission d’audit des couts du nucléaire en France. L’Autorité de sûreté Nucléaire (ASN) a remis son rapport il y a quelques semaines, la commission Energie 2050 et la Cour des Comptes rendront leurs conclusions à la fin du mois de janvier. Ces trois rapports devraient permettre de consolider une trajectoire raisonnable mais ambitieuse pour la France- j’y reviendrai.
Cette longue introduction m’a permis, j’espère, de mettre en lumière que malgré les vicissitudes et soubresauts apportés chaque année au contexte, les véritables grands enjeux des ressources énergétiques mondiales à long terme n’ont pas changé et forment un trilemme indissociable. Je vous les présenterai dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, je vous exposerai les ressources énergétiques et moyens dont nous disposons au niveau mondial pour répondre à ces enjeux, et ce qu’il reste à faire.
Pour finir, je présenterai les implications de ces réflexions sur le cas de notre pays, au regard notamment des débats et événements récents que je vous ai cités plus tôt et dans lesquels j’ai eu l’honneur d’être parfois impliqué.
Les grands enjeux du secteur énergétique mondial aujourd’hui
On distingue de façon consensuelle au niveau international sur le long terme trois grands enjeux mondiaux, qui n’ont pas changé ces quelques dix dernières années, et ne font même que s’accentuer: sécuriser l’approvisionnement de la croissance en énergie, lutter contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement, relever les défis de la pauvreté énergétique.
Le premier est de sécuriser l’approvisionnement de la croissance économique et du développement humain en énergie.
Les besoins en énergie croissent
En effet, la croissance de la demande en énergie, après avoir connu un essoufflement dû à la crise économique mondiale en 2009, a rebondi de 5% en 2010. Selon l’AIE, elle doit doubler d’ici 2050 même en intégrant des efforts de maîtrise de la demande deux fois plus importants que ceux qui ont été réalisés ces dernières décennies dans les pays de l’OCDE. Cette demande accrue concerne toutes les sources d’énergie, et notamment les sources permettant de produire de l’électricité car la croissance de la demande en électricité sera supérieure à la croissance de la demande en énergie :
-
La demande en pétrole va continuer de croître, démontrant à nouveau que sa demande est inélastique aux prix, tant que des secteurs comme le transport aérien et automobile, en croissance dans le monde, n’auront pas trouvé de solution alternative. Malgré un prix du baril passant de 80$ à $125 en 2011, et en dépit des incertitudes liées au printemps arabe, la croissance de la demande en pétrole s’est maintenue en 2011.
-
Presqu’oublié désormais en France, le charbon reste toutefois très présent encore dans le mix énergétique mondial, notamment aux Etats-Unis, en Chine et en Inde où il est indispensable à la production d’électricité et représente respectivement 50%, et 70% et 80% du mix électrique. Tant que le prix du CO2 n’incitera pas à décarboner l’énergie, le charbon restera très présent au niveau mondial.
-
Le gaz, notamment avec le développement des ressources non-conventionnelles, s’affirme de plus en plus comme une source clé d’énergie. Ainsi aux Etats-Unis (qui est maintenant en mesure d’exporter du gaz), au Brésil, et en Chine, le prix du gaz est-il désormais – et pour au moins encore 10 ans- déconnecté du prix du pétrole et devient très compétitif, autour de 4-5$/Mbtu aux Etats-Unis, soit deux fois moins cher qu’en Grande Bretagne (9$/Mbtu), presque trois fois moins cher qu’en Europe (11$/Mbtu en Europe) et qu’au Japon (14$/Mbtu). Toutefois, le gaz reste émetteur de CO2. Or, le CO2 étant, selon un consensus d’experts, valorisé autour de 50€/tonne d’ici 2050, cela impactera à l’avenir la compétitivité du gaz. Par ailleurs, la technologie de Capture et Stockage du CO2 (CSC), encore loin de la maturité, ne permet pas d’envisager que le gaz puisse dès à présent accéder durablement à une position dominante.
-
Par ailleurs, pour faire face à l’ampleur des besoins, le monde aura également besoin des sources d’énergie nucléaire, qui est un bon vecteur pour produire une électricité décarbonée. Pour preuve, une soixantaine de centrales nucléaires sont actuellement en construction dans le monde, essentiellement dans les pays émergents d’ailleurs où les besoins sont les plus grands. La Chine par exemple a un programme de construction de plus de vingt centrales actuellement.
-
En plus de ces sources traditionnelles d’énergie, et de l’hydraulique pour lequel il existe encore des potentiels considérables dans certaines régions du monde (notamment l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie), les « nouvelles » énergies renouvelables (l’éolien et le solaire, ainsi que la biomasse, sont dites « nouvelles » par comparaison avec l’hydraulique par exemple, première énergie renouvelable) vont devoir se développer rapidement pour contribuer, aux côtés des sources traditionnelles, à relever le défi de l’approvisionnement en énergie. L’Europe s’est dotée d’un objectif exigeant de 20% en matière de production à partir de renouvelables ; la Chine développe massivement l’énergie éolienne. Ces énergies sont vouées à prendre une part de plus en plus importante au mix mondial à condition que leur compétitivité s’accroisse et que les défis techniques de l’intermittence et du stockage trouvent des solutions.
-
Enfin, et surtout, répondre au défi de l’accroissement de la demande, passera inévitablement par des efforts de maîtrise de la demande en énergie, rendus possibles par des technologies mais également des cadres réglementaires plus incitatifs ou contraignants.
Des investissements massifs sont nécessaires
Or, pour répondre à cette croissance de la demande, les infrastructures de production et de transport actuelles ne suffiront pas et il sera indispensable de réaliser des investissements massifs dans toutes les énergies et dans les réseaux (ces derniers à hauteur de 40% des investissements du secteur électrique). Ainsi, le montant nécessaire pour réaliser ces investissements est de l’ordre de 1,4% du PIB mondial par an jusqu’à 2030, à l’heure où les ressources financières sont contraintes par la crise financière. Or il faut faire ces investissements à temps – c’est-à-dire maintenant pour des infrastructures qui produiront dans dix ans-, et au bon endroit…
-
En effet, si les besoins en investissements concernent tous les pays, il est remarquable que deux tiers d’entre eux auront lieu hors OCDE. Même si les Etats-Unis vont rester les seconds plus gros consommateurs d’énergie en 2035, la demande augmente sinon très lentement dans le reste de l’OCDE. La croissance de la demande en énergie se trouve donc ailleurs. Les pays émergents sont responsables à hauteur de 90% de la croissance de la population et à hauteur de 70% de la croissance économique. D’après l’AIE (WEO 2010), la Chine en 2035 devrait consommer à elle seule 70% d’énergie en plus que les Etats-Unis, second plus important consommateur d’énergie (même si leur consommation par habitant restera loin devant celle de la Chine). Mais la Chine n’est que le premier d’une longue liste de pays émergents, dont la croissance économique tirera les besoins en énergie. Ainsi, dès 2035, les rythmes de croissance de la consommation énergétique Indienne, indonésienne, moyen-orientale et brésilienne dépasseront ceux de la Chine.
-
Toutefois, bien qu’en moindre volume, des investissements seront nécessaires aussi dans pays développés. Ainsi en Europe, l’enjeu est de pérenniser et renouveler les infrastructures énergétiques existantes, devenues obsolètes. Ce sont plus de 1200 GW (12 fois le parc électrique Français) qui doivent être renouvelées d’ici 2035.
Je voudrais partager avec vous une conviction. Nous venons de le voir : les besoins en investissements sont massifs. Je veux vous dire aussi qu’ils sont urgents. La plupart des infrastructures nécessaires d’ici 2030 n’existe toujours pas aujourd’hui. Dans le secteur de l’énergie, où l’on met 10 ans à construire des centrales faites pour durer un demi siècle, c’est maintenant qu’il faut agir, au risque de manquer d’énergie.
Protéger l’environnement et le climat est le deuxième enjeu du secteur
L’urgence climatique
Il est établi par l’ensemble des experts internationaux qu’il faut faire tous nos efforts pour que le réchauffement climatique mondial reste en dessous d’une augmentation de 2°c d’ici 2050. Cela veut dire, compte tenu du stock d’émissions de CO2 déjà contenues dans l’atmosphère et des flux futurs d’émissions déjà prévisibles eu égard aux infrastructures existantes, qu’il faut prendre des mesures drastiques d’ici 2017 pour réduire les émissions de CO2 de nos nouvelles infrastructures et tant que faire ce peut, des infrastructures existantes. Pour les spécialistes c’est pratiquement déjà trop tard, et nous serions déjà sur une trajectoire à plus de 6°c.
Une exigence accrue d’acceptabilité
Par ailleurs, la protection de l’environnement dépasse la seule protection du climat. Elle inclut dans l’acception de tous, et cela a été renforcé depuis les événements de 2011, une amélioration essentielle de la sûreté de toutes les énergies et technologies. Le nucléaire, après Fukushima, est évidemment concerné au premier chef mais pas seulement. Les hydrocarbures non-conventionnelles, notamment après l’explosion de la plateforme BlueHorizon Deepwater en 2010 au large du Golfe du Mexique, et plus récemment avec l’émergence de questionnements sur les aspects environnementaux de l’exploitation des gaz de schiste qui ont conduit certains Etats aux Etats-Unis, dont l’Etat de New York et celui du Maryland, à faire un moratoire sur l’exploration- production de ces gaz, devront faire l’objet d’une vigilance accrue en matière de sûreté. Enfin, les énergies fossiles (suite aux milliers d’accidents dans les mines de charbon en Chine) et les renouvelables pour leurs impacts sur les paysages et la faune par exemple, seront aussi contraintes au renforcement de la prise en compte de la sûreté. Cela, évidemment, aura un coût.
Le troisième défi : lutter contre la pauvreté énergétique
La pauvreté énergétique appelée à croître
La semaine dernière, Ban Ki Moon, Secrétaire Général de l’ONU a convoqué un sommet sur ce sujet à Abu-Dhabi pour alerter les gouvernements de tous les pays et les leaders du secteur de l’urgence de mener de front la lutte contre le changement climatique, la lutte contre la pauvreté énergétique et la lutte pour le retour à la croissance économique. La population mondiale est de 7 milliards d’individus aujourd’hui et devrait atteindre les 9 milliards en 2050, essentiellement dans les pays en développement, qui consomment encore trois fois moins d’énergie par habitant que les pays de l’OCDE et où s’exprime de la façon la plus aigue la tragédie de la pauvreté énergétique. De fait, on compte encore en 2011 près de deux milliards d’habitants sans accès à une forme d’énergie moderne.
Un handicap pour le développement futur
Ce dont il faut prendre conscience, c’est que ces individus souffrent de l’exposition quotidienne aux émanations nocives des feux qu’ils allument à base de déchets et déjections animales pour se chauffer ou cuire leur nourriture, c’est aussi que ces personnes vivent dans le noir, dans l’insécurité, et en général sans accès ni aux soins médicaux, ni à l’éducation. De façon moins spectaculaire certes, mais aussi préoccupante, la pauvreté énergétique touche aussi nos régions : entre 50 et 125 millions de personnes seraient dans une situation de précarité énergétique même dans l’Union européenne, notamment avec l’essor des énergies propres, plus onéreuses.
Dès lors, comment ne pas laisser à la marge du développement une part de plus en plus grande de la population mondiale ? Au-delà de l’impératif d’ordre moral, lutter contre la pauvreté énergétique, c’est aussi une condition au développement économique mondial et à la protection de l’environnement. Symétriquement, suggérer de faire face au défi climatique et environnemental par la réduction de la consommation énergétique n’est pas non plus soutenable, car la croissance de la consommation énergétique est liée au développement économique et souvent, à la sortie de la misère de nombreux pays en développement.
***
Bien entendu, l’année 2011 ayant été aussi celle de la replongée dans la crise économique, et, pour l’Europe, celle de la crise de la dette et de sa monnaie, la tentation a été grande pour nombre d’entre nous, de suggérer qu’ en pleine crise, il vaudrait mieux renoncer à la protection de l’environnement, qui a un coût, pour consacrer tous nos moyens à sauver et restaurer la croissance, et lutter contre toutes les formes de précarité.
-
A mes yeux, cette proposition n’est pas soutenable. Il est indispensable de penser conjointement les trois enjeux, sinon, à terme, une fuite en avant dans les émissions de CO2 entraînera des bouleversements majeurs de notre écosystème qui auront un coût économique inchiffrable à ce jour (montée des eaux, pollution, épidémies, migrations etc.) et des conséquences définitives sur nos modes de vie.
-
Repousser l’action n’est pas non plus une bonne idée du point de vue économique : pour tout dollar non investi d’ici 2020 dans le secteur électrique pour le décarboner, ce sera de toute façon un montant supérieur qu’il faudra débourser après 2020 pour adapter l’économie et le monde aux effets du changement climatique.
-
A rebours, la protection de l’environnement et l’accès à l’énergie permettent de libérer des vecteurs de croissance à long terme ; je pense aux filières industrielles nouvelles à créer dans les domaines de l’efficacité énergétique, des renouvelables, du nucléaire. J’y reviendrai.
Face aux défis que je viens d’exposer, quels sont les moyens dont nous disposons ? Quelles sont les ressources énergétiques, financières, humaines et technologiques que nous pouvons mettre en œuvre ? Quels sont les moyens qui nous manquent et qu’il nous faut encore développer ? C’est ce que je propose de développer maintenant.
Les ressources énergétiques et technologiques, et les moyens humains à notre disposition
Nous avons plusieurs atouts, le premier d’entre eux étant que nous avons suffisamment de ressources pour préparer et gérer la transition énergétique
Le « peak oil » : un concept dont la pertinence s’éloigne, au fur et à mesure que les échéances de la déplétion des ressources sont repoussées.
Récemment, le boom des hydrocarbures non-conventionnelles, ces gaz et pétrole exploités par des techniques et dans des champs différents des champs et techniques traditionnels, ont permis de faire reculer encore davantage le terme de l’exploitation des hydrocarbures. Ces nouvelles ressources, pour autant qu’on sache en faire un usage modéré et sûr, nous laissent du temps pour préparer l’avenir, notamment préparer des solutions pour les secteurs qui ne disposent d’aucune alternative aux carburants fossiles comme l’aéronautique par exemple.
Ainsi à ce jour, pour les ressources non-renouvelables, il n’y a pas de pénurie au niveau global. Nous avons au moins pour encore deux cents ans de consommation actuelle puisque l’on découvre de nouvelles ressources non conventionnelles. On notera par exemple le doublement des réserves d’hydrocarbures aux Etats-Unis grâce aux gaz de schiste; et les développements majeurs au Canada, au Venezuela et Brésil d’autres sources de gaz ou pétrole non conventionnels, dans des sables, dans des sources sous-marines profondes, ou sous des couches de sel.
Par ailleurs, nous avons de l’uranium en suffisance, permettant de multiplier plusieurs fois la flotte mondiale actuelle de centrales nucléaires.
La vraie problématique est donc géopolitique
La répartition des ressources en énergies fossiles est inégale, essentiellement dans les mains de la Russie et de l’OPEP, et captée par certaines grandes puissances. Le Japon par exemple importe l’équivalent du tiers de la demande mondiale de GNL (100 bcm/300bcm) tandis que l’Europe est dépendante pour ses imports de gaz, de la Russie à hauteur de 60% (et jusqu’à 70% en 2020 peut-être). Cette dépendance se traduit dans les coûts d’accès à la ressource…
Nous avons également des technologies diversifiées pour exploiter nos ressources.
Discerner les maturités des technologies est crucial
Nous disposons aussi de nombreuses technologies de production, variées, mais pas toutes au même niveau de maturité ni de compétitivité, ce qui se traduit également dans les coûts. Aussi convient-il de faire preuve de vigilance, pour maîtriser les coûts, et savoir discerner :
-
d’une part les technologies économiquement matures qui peuvent être déployées dès à présent et qui ont des coûts moyens compris entre 60 et 100€/MWh comme l’éolien terrestre, l’hydraulique, le charbon super-critique, le nucléaire, les cycles combinés à gaz…
-
d’autre part des technologies non-matures, économiquement et/ou socialement et qui peuvent présenter des coûts de deux à dix fois supérieurs. Il en va ainsi du solaire photovoltaïque, qui, au Nord de la Loire a des coûts de l’ordre de 250€/MWh ( alors qu’en Californie, où il y a davantage d’ensoleillement, et une pointe de production qui concorde avec la pointe de consommation due aux besoins de la climatisation, on est sur des ordres de coûts proches de la compétitivité à 100€/Mwh), l’éolien off-shore à 170 €/MWh, le stockage, les smart grids, la capture et le stockage du CO2, le Gas-coal to liquids, les bio carburants de 2nde génération par exemple, pour lesquelles des efforts de R&D sont plus que jamais nécessaires afin de faire baisser les prix, et trouver des solutions aux inconvénients techniques notamment de l’intermittence de certaines ENR.
En plus de ces ressources et de ces technologies de production, le monde va devoir compter également sur des gisements importants d’efficacité énergétique, qui devrait à elle seule permettre de réduire de 40% les émissions globales de CO2 d’ici 2050. D’importants efforts sont à consentir tant au niveau des investissements dans des technologies économes, qu’au niveau des comportements et changements de modes de vie. Ils auront également un coût et il importera d’être vigilant pour choisir les technologies (isolation des combles perdues) et les mesures contraignantes (labels) les plus efficaces.
Nous devons toutefois faire face à de nombreuses incertitudes
Notre vigilance sur les coûts sera d’autant plus nécessaire que nous allons devoir avancer dans un contexte de grandes incertitudes. Ces incertitudes se situent à différents niveaux.
En premier lieu, la crise économique va rendre plus difficiles les investissements. Personne ne sait ni quand ni comment nous allons sortir de crise, et à quel coût.
L’incertitude porte également sur les négociations climatiques, dont les dernières, à Durban en Afrique du Sud se sont soldées par un échec du processus, le retrait de plusieurs grands pays comme le Canada, l’isolement de l’Europe, seule prête à adopter des mesures vertueuses mais très contraignantes, et coûteuses. Sans succès de ce processus, on ne peut pas s’attendre à voir émerger un vrai prix du CO2 et, partant, une vraie prise de décisions pour dé-carboner le système énergétique mondial. L’Europe est-elle prête à rester vertueuse certes, mais isolée, et pauvre ?
Les incertitudes géopolitiques sont croissantes, notamment dans le monde arabe, au Moyen-Orient, en Iran et en Afrique du Nord, elles continueront d’avoir des répercussions sur le prix des hydrocarbures et sa volatilité
Enfin, les incertitudes sur les technologies nouvelles, leur disponibilité, leurs maturités sociale et économique sont à la mesure des espoirs que nous nourrissons. Leurs coûts sont croissants au fur et à mesure de leur sophistication et de la prise en compte de critères plus exigeants de sûreté. Pour optimiser nos ressources et nos moyens dans un contexte incertain, nous avons besoin d’une gouvernance renouvelée.
Une gouvernance nationale renouvelée
Tous les pays font le constat que le marché seul ne suffira pas à relever le défi de la croissance durable et qu’une gouvernance nationale forte est nécessaire pour guider et inciter à investir sur les bonnes technologies.
On constate régulièrement les échecs du marché, comme par exemple : la demande de pétrole inélastique aux évolutions des prix, des cas de blackout en Californie, des prix négatifs en Allemagne lorsque la production intermittente est trop forte.
La main visible du politique est d’autant plus nécessaire que, dans l’industrie énergétique, les investissements sont très capitalistiques et s’effectuent sur des périodes de 3 à 15 ans. Les échéances de la politique énergétique sont plus longues que les échéances politiques dans les pays démocratiques. Il y a donc nécessité d’un consensus politique sur la politique énergétique.
Les investisseurs ont besoin d’un « signal » de long terme. Un cadre réglementaire est nécessaire pour créer un système énergétique résilient, diversifié, flexible sur le long terme. Ce cadre réglementaire doit donner des incitations fortes à investir, et une visibilité à long terme aux investisseurs, sur les objectifs poursuivis et les moyens choisis pour maîtriser la demande en énergies carbonées et non-renouvelables, et pour déployer des technologies en fonction de leur maturité économique et leurs émissions de CO2. Notamment, les politiques publiques devront être en mesure de favoriser des prix fondés sur la réalité des coûts des technologies, y compris les coûts implicites du CO2, de l’intermittence, de surcoût réseaux etc.
Une gouvernance internationale
Ces politiques publiques nationales devront s’inscrire dans le cadre d’une gouvernance internationale renforcée sur le climat, la lutte contre la pauvreté énergétique, la sûreté de toutes les énergies et les règles de commerce international. Cette gouvernance mondiale aura pour objectifs de :
-
Donner un prix explicite ou implicite au CO2 pour favoriser les énergies dé-carbonées
-
Etablir les règles du commerce favorables d’une part aux transferts de technologies propres vers les pays émergents afin qu’ils passent directement à une étape de leur développement avec des technologies propres ; d’autre part favorables à la préservation d’un équilibre acceptable, entre régions du monde, dans le développement des emplois liés aux nouvelles technologies
-
Renforcer la sûreté de toutes les énergies. Au Japon par exemple, l’Etat, les opérateurs et l’Autorité de sûreté ont perdu la confiance de l’opinion publique. Rétablir cette confiance impliquera certainement d’apporter la preuve d’une gouvernance renouvelée, plus forte et légitimée par la communauté internationale. Le secteur aéronautique a fait la preuve qu’une gouvernance mondiale de la sureté est possible et que c’est en outre un levier de développement du secteur. Le secteur de l’énergie pourra à l’avenir s’en inspirer.
Dans la perspective que je viens de tracer au niveau global, quelle analyse porter sur le débat actuel en France au sujet du mix énergétique et en particulier, de la part du nucléaire dans le mix ? C’est ce que je vous propose d’explorer ensemble à présent.
La problématique actuelle en France du choix de la poursuite du programme nucléaire et de la prolongation du parc de centrales: sûreté, rentabilité, opportunité ?
La sûreté des centrales, condition sine qua non, est confirmée par l’ASN et sera renforcée en permanence.
Les acteurs
L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) française a récemment démontré son indépendance et sa compétence en rendant son rapport sur la sûreté des centrales, par son analyse fouillé et sa critique sans indulgence, tel qu’il lui avait été commandé par le Premier Ministre au lendemain de l’accident à la centrale de Fukushima. Dans son rapport, elle confirme la sûreté du parc actuel mais conditionne son autorisation à poursuivre son exploitation à la réalisation d’investissements de renforcement de la sûreté pour prendre en compte le retour d’expérience de Fukushima. De son côté, l’opérateur a montré sa coopération et sa détermination à faire évoluer son parc vers toujours plus de sûreté. Nous avons la chance en France de disposer d’un réseau d’acteurs qui font de la sûreté une priorité.
Le parc
L’ensemble des mesures nouvelles demandées par l’ASN est justifié par un changement de « paradigme » de la sûreté, qui prend désormais en compte « l’improbable ». Le parc va donc être adapté sans qu’aucune fermeture de réacteur ni de centrale ne soit nécessaire, ni qu’aucun changement de design ou de technologie majeur n’intervienne. Cela démontre la grande qualité intrinsèque de notre parc sur le long terme.
La France dans le monde
Au regard de cette nouvelle, il convient de replacer la question du nucléaire en France dans un contexte international.
Le programme électronucléaire français est une réussite nationale reconnue dans le monde entier, qui a permis à la France, au moment des chocs pétroliers, de produire une électricité sans carbone et bon marché. Le programme nucléaire a fait l’objet d’un consensus fort à travers le pays pendant cinquante ans ; toute confiance étant accordée à l’ASN pour juger de la sûreté du parc.
Aussi la France dispose-t-elle d’atouts pour promouvoir une filière nucléaire sûre au niveau mondial. Elle l’a déjà fait en Grande Bretagne par exemple, où un consensus fort s’est établi pour promouvoir l’énergie nucléaire, mais en en confiant la réalisation à l’opérateur Français, reconnu.
Or, le nucléaire continue de se développer dans le monde après Fukushima. On compte 60 centrales en construction dans le monde, essentiellement en Asie (Chine, Inde), en Russie, Pologne, Afrique du Sud, Turquie etc. Ces pays seront à la recherche des meilleures pratiques et meilleurs acteurs pour les conseiller dans leurs programmes nucléaires. La France dispose de sérieux atouts… si elle continue elle-même de croire en cette énergie.
Les coûts du nucléaire existant, même en intégrant les surcoûts liés aux investissements de sûreté supplémentaire, restent très compétitifs.
Même s’ils semblent massifs, les surcoûts entraînés par les investissements nouveaux exigés par l’ASN, ne remettent en cause ni la pertinence économique du choix de prolonger les centrales, ni la rentabilité du parc nucléaire, ni la compétitivité du parc par rapport à des alternatives notamment renouvelables.
En termes d’investissements
La prolongation du parc nucléaire existant (40-50 Mds€ selon les estimations de l’opérateur EDF) coute a minima 5 fois moins que les investissements de substitution dans les ENR. En effet, si on choisissait de substituer les 63 GW de nucléaire par des éoliennes il faudrait investir un montant cinq fois plus élevé car les éoliennes fonctionnant un nombre d’heures limité, il faut, pour la même production finale, plus de puissance installée. De la même façon, si l’on substituait ces 63 GW par du solaire photovoltaïque, c’est un investissement de l’ordre de 16 fois celui nécessaire à la prolongation de la durée de vie et au renforcement de la sûreté du parc actuel qu’il faudrait prévoir. Par ailleurs, il est à noter que ces substitutions n’ont de valeur que théorique car concrètement, du fait de l’intermittence, on ne pourrait pas remplacer tout le parc nucléaire de base, par des énergies intermittentes ; elles sont utilisées ici à titre d’illustration des ordres de grandeur des investissements nécessaires pour chaque technologie.
Enfin, si on remplaçait le parc nucléaire par un mix à “moitié gaz et moitié ENR (1/3 terrestre, 1/3 offshore, 1/3 PV), le montant des investissements à réaliser serait de l’ordre de 400 Md€, soit huit fois l’estimation des investissements nécessaires à la prolongation du parc.
En termes de coûts complets
Même après les demandes supplémentaires de sûreté de l’ASN, le prix du nucléaire (actuellement de 42€/MWh selon le prix de l’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique- ARENH) va être renchéri d’environ 2 à 3€/Mwh seulement, ce qui portera le coût du nucléaire (pour les 58 réacteurs existants qui ont 26 ans de moyenne d’âge, ce qui est jeune par apport à une durée de vie observée à l’international de l’ordre de 50 à 60 ans) à 45- 46 €/Mwh. Donc, en-dessous de 50€/Mwh.
Or à ce coût, il n’y a pas de solution alternative non émettrice de CO2 plus compétitive que le prolongement de notre parc de centrales nucléaires (environ 60€/MWH pour le thermique, 70 pour l’éolien terrestre, 110-120€ pour l’éolien offshore et 200-300€ pour le solaire). Seul l’hydraulique serait plus compétitif mais nous ne disposons presque plus en France de potentiel inexploité.
Par ailleurs le surcoût lié à la gestion des déchets et au démantèlement (tel qu’il a été établi par le Rapport d’Audit de la Cour des comptes qui sera disponible fin janvier également) s’élèverait autour de 1 à 2 €/MWh en plus du coût actuel. Ce surcoût n’est pas non plus de nature à affecter non plus la compétitivité du parc actuel.
Ainsi, la prolongation du parc existant, moyennant la réalisation des investissements de sûreté complémentaires demandés par l’ASN, est la solution qui permet à la France d’avoir l’énergie la plus compétitive.
La prise en compte des impacts sur la balance commerciale et l’emploi vont dans le sens de la prolongation du parc
A l’analyse précédente, il convient d’ajouter que la prolongation du parc est une solution qui préserve notre balance commerciale. En cas d’arrêt du nucléaire, la France devrait importer du gaz pour faire produire de l’électricité dans des centrales thermiques, jusqu’à +25Mds € selon le rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques en fonction de la part du gaz en remplacement (OPECST – 15/11/2011) ; ou bien importer de l’électricité, ce qui revient au même en termes de coûts : jusqu’à +25Mds € selon le même rapport.
De la même façon, la prolongation du parc existant est la solution qui préserve et crée à long terme le plus d’emplois dans notre pays. En cas d’arrêt du nucléaire, les pertes d’emplois dans le secteur pourraient être considérables selon une étude du Cabinet Price Waterhouse Coopers en 2011: 125.000 directs, 100.000 indirects et 200.000 induits seraient menacés, soit un total de 425.000 sans compter les pertes liées à la moindre compétitivité de la France du fait du renchérissement du prix de l’énergie assimilable à un « choc pétrolier localisé sur la France » (bouclage économique et perte d’un point de PIB environ).
Ces emplois seraient perdus, quelle que soit par ailleurs la politique plus ou moins volontariste et créatrice d’emplois que le pays pourrait mener sur les filières renouvelables.
Enfin il faut également prendre conscience qu’en cas d’arrêt du nucléaire, le prix à payer pour l’environnement serait très élevé puisqu’en recourant au gaz, la France émettrait bien plus de CO2 qu’elle n’en émet aujourd’hui. Il faudrait alors prévoir un doublement des émissions de CO2/Kwh pour le secteur énergétique (de 90g/KWh à 210 voire 234g si 90% du parc était remplacé par des moyens thermiques).
Une opportunité pour faire émerger une véritable gouvernance mondiale de la sûreté nucléaire
Des enjeux humains et économiques
Je vois à cette gouvernance mondiale deux enjeux. Le premier est qu’en matière nucléaire, il n’y a pas de frontière valable ; la sûreté est mondiale ou ne l’est pas. La France, même si ses centrales sont jugées sûres, n’est pas à l’abri du danger si d’autres pays ont des centrales peu sûres. Aussi doit-elle redoubler d’efforts pour participer à l’amélioration en continue de la sûreté de toutes les centrales dans le monde. L’ASN et l’opérateur national EDF constituent deux atouts pour que la France soit un moteur et promeuve au niveau international ce renouveau de la gouvernance nucléaire. Le second est que le surcoût de la sûreté, s’il n’est appliqué qu’en France, ou en Europe, nous pénalisera en termes de compétitivité et deviendra inacceptable. Le surcoût de la sûreté ne peut être partagé que par tous.
Des moyens existent déjà
Renouveler la gouvernance du nucléaire et renforcer la sûreté mondiale est possible : des institutions existent déjà, comme l’association des opérateurs nucléaires, le WANO, ou bien des régulateurs comme le WENRA, ou bien encore des pays comme l’AIEA. Il convient d’une part de renforcer leurs pouvoirs respectifs afin qu’elles puissent imposer un certain nombre de bonnes pratiques tant aux autorités de sûreté nationales qu’aux opérateurs, comme par exemple les « revues de pairs » et des « standards basiques de sûreté », et d’autre part de coordonner davantage leurs actions respectives.
Des expériences pour nous inspirer
Des secteurs comme l’aéronautique mais également la pharmacie, ont su trouver les moyens de créer cette gouvernance commune, en favorisant la convergence des pratiques. Le secteur nucléaire a tous les atouts pour remporter également ce défi humain. Quel est dès lors la trajectoire optimale pour la France en termes de mix énergétique à 2050 ?
La Commission Energies 2050, qui évalue différents scenarios de mix énergétique à 2050, rendra ses conclusions d’ici la fin du mois. J’ai eu l’honneur d’y participer et je souhaite témoigner ici de la grande qualité du travail qui y a été élaboré. Il confirme ma vision de la trajectoire la plus optimale au regard de tous les scenarios qui ont été présentés à la commission.
Une trajectoire semble raisonnable, et permettre un consensus efficace entre tous les scenarios. Cette trajectoire connaît 2 temps :
De 2010 à 2030 d’abord
Il s’agit de conserver notre atout nucléaire jusqu’en 2030 pour garder toutes les options ouvertes jusqu’à l’émergence de technologies alternatives matures économiquement et conserver une marge de manœuvre pour affronter d’éventuels chocs externes et piloter les changements de long terme. Aussi il convient de s’appuyer sur le parc de centrales existantes dès lors qu’elles sont jugées sûres par l’Autorité de Sûreté, jusqu’à son optimum économique ; les autres technologies compétitives que j’ai évoquées tout à l’heure: charbon supercritique, cycle combiné à gaz ; tout en engageant de grands chantiers sur la MDE raisonnée, les réseaux, les filières renouvelables à forte valeur en adaptant les outils de soutien aux technologies proches de la maturité à l’amont comme à l’aval, notamment par le biais d’appels d’offres (Cf. les appels d’offre actuels sur les éoliennes off-shore en France). C’est dès à présent qu’il faut commencer à développer les filières technologiques sur les énergies nouvelles avant de les déployer massivement, c’est une condition pour qu’elles soient créatrices d’emplois.
Au-delà de 2030, 2040 – 2050
Le moment sera alors venu de remplacer le parc existant de centrales par de nouveaux moyens de production. Il sera alors légitime de s’interroger sur la pertinence de conserver, ou non, à même hauteur la part du nucléaire dans la production d’électricité (actuellement 75%), afin d’optimiser les trois objectifs de la politique énergétique. Une trajectoire modérée, privilégiera une part raisonnable de nucléaire renouvelé (génération 3 voire 4 si elle est mature), des moyens de productions renouvelables devenues alors économiquement matures (solaire, éoliennes on-shore, énergies de la mer…), de nouveaux moyens de maîtriser la demande en énergie, de stocker l’énergie et de décarboner le système (CCS), ainsi que les nouveaux réseaux (smart grids et super grids).
Cette trajectoire exige toutefois la réalisation d’une condition importante : un vrai consensus national comme on l’a connu dans les années 60 et 70 et comme le connaît la Grande-Bretagne aujourd’hui.
Conclusion
L’énergie, comme j’ai tenté de vous le démontrer au cours de cet exposé, est le fait de techniques, de matières premières, mais surtout du génie de l’Homme. Pour remporter les défis de demain, nous aurons besoin d’énergie, mais plus encore d’innovations humaines et sociales. C’est la raison pour laquelle dans le monde de l’énergie, le dialogue, la rencontre, les échanges d’expériences sont plus que jamais nécessaires. L’énergie, comme le climat avec les négociations internationales du COP (Conference of the Parties), a besoin de rendez vous réguliers, pour faire le point sur les défis et les avancées.
C’est la raison pour laquelle je suis heureux de présider le Conseil Mondial de l’Energie, qui contribue à sa juste mesure, à ce nécessaire dialogue à travers ses études et ses congrès, dont le prochain aura lieu à Daegu en Corée. Le CME soutient toutes les initiatives qui permettront de relever les défis d’une croissance durable et acceptable par tous.