Laurent Stefanini :
La Corse en France : 250 ans d’adhésion consentie

 

La Corse en France : 250 ans d’adhésion consentie

par Laurent Stefanini[1]

Monsieur le Président,

Monsieur le Chancelier,

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

Monsieur le Vice-président,

Mes chers confrères et amis,

Permettez-moi d’abord de remercier le président Soutou de m’avoir proposé de vous parler aujourd’hui d’un sujet que mon nom et mes origines pouvaient cautionner : « La Corse en France, 250 ans d’adhésion consentie ».

Voilà longtemps que, pour des raisons personnelles, je souhaitais réfléchir aux liens entre la France et l’une de ses parties, insulaire et excentrée, la Corse. Né dans le département de la Seine, fils d’un Stefanini né à Paris, je ne suis corse que par un seul fil, mon grand-père paternel, né au nord d’Ajaccio en 1877, voilà 142 ans, sous la présidence finissante du maréchal de Mac-Mahon. Or il ne se passe pas de semaine sans que mon patronyme ne conduise nombre de mes interlocuteurs professionnels ou amicaux à m’interroger sur la Corse, la beauté de l’île, la rudesse de ses habitants, leurs traditions, leur culture et surtout les difficultés de son administration, pour finir souvent par un jugement plutôt négatif et critique. La Corse est vue comme partie intégrante de la République mais avec une nuance d’étrangeté.

D’où cette communication que j’ai intitulée « La Corse en France » et qui a toute sa place dans notre année consacrée à « L’action extérieure de la France ». Nous allons parler aujourd’hui d’une périphérie de la France, aux limites de l’« extérieur », de l’une de ses « marches » au sens juridique et médiéval du terme ; la France a d’autres marches, plus lointaines encore, dans le monde entier, avec ses Outre-mer.

Le président de la République l’a relevé dans son discours de Bastia du 7 février 2018 :

« Je souhaite donc que, conscient du fait que la Corse n’est ni la Nouvelle-Calédonie ni ma Picardie natale, nous puissions trouver le chemin qui permette au mieux de répondre aux spécificités en restant dans le cadre de la République et d’agir efficacement . »

Et comme je suis diplomate, historien de goût et juriste de formation, c’est à une approche morale et politique de l’histoire de la Corse en France que je me livrerai, sorte de commémoration toute personnelle des 250 ans du début de son rattachement.

Je vais tenter de répondre à deux questions : Comment la Corse a-t-elle rejoint la France ? Pourquoi 250 ans plus tard, son autonomie dans la République est encore en chantier ?

Et je le ferai en quatre parties : les origines de l’adhésion, les embardées de la Révolution et du Premier Empire, cent cinquante ans de départementalisation paisible, cinquante ans de recherche tâtonnante d’un statut particulier.

 

Les origines de l’adhésion

Lorsque le traité de Versailles du 15 mai 1768 transfère de la République de Gênes à la France « l’administration de la Souveraineté » de la Corse, pour reprendre une expression d’un ambassadeur de Gênes à Paris, le marquis Christophe Spinola, la France n’est pas une inconnue dans l’île.

Faisant partie du patrimoine de Saint-Pierre depuis l’époque carolingienne, dépendante de la Couronne d’Aragon en 1297, génoise depuis 1358, la Corse fut brièvement sous souveraineté française à l’époque d’Henri II, de 1553 à 1559. Le traité du Cateau-Cambrésis du 3 avril 1559 y met fin, comme à la dernière des guerres d’Italie de la Renaissance, mais laisse à la cour de France un intérêt pour la Corse, soutenu par de grandes familles au service des rois, tels les Ornano. Il est donc normal qu’au XVIIIe siècle, de nouveau fréquemment engagée en Italie à la suite de la succession d’Espagne puis de la succession Farnèse, la France s’intéresse à l’île, d’autant que la présence britannique ne cesse de croître en Méditerranée au cours du siècle.

La France soutient donc la République de Gênes confrontée à une rébellion de plus en plus organisée de ses sujets corses et mène cinq interventions militaires, plus ou moins réussies, plus ou moins durables, au cours du XVIIIe siècle.

Le comte de Boissieu débarque le premier avec trois mille hommes le 8 février 1738 pour se faire battre quelques semaines plus tard à Borgo, près de Bastia, et être remplacé par le marquis de Maillebois qui rejoint le Milanais en septembre 1741 pour participer à la guerre de succession d’Autriche.

La seconde intervention dure de mai 1748 à novembre 1753.

La troisième, pendant la guerre de Sept Ans, suit de peu la proclamation de Pascal Paoli comme général de la nation corse le 14 juillet 1755. Elle dure d’août 1756 à mars 1759. La menace anglaise s’éloignant, les troupes françaises gagnent ensuite de plus utiles théâtres d’opération.

La quatrième intervention est le fruit du traité de Compiègne du 6 août 1764, conclu à la demande insistante de la République de Gênes totalement débordée et ne parvenant pas à maintenir l’ordre après dix ans de pouvoir paoliste à l’intérieur du pays. Les troupes françaises commandées pour la première fois par le comte de Marbeuf, qui dominera les 22 ans à venir en Corse, sont au demeurant plus une « force d’interposition » comme l’on dirait aujourd’hui, destinée à sauver une souveraineté génoise bien chancelante.

L’article 1er du traité de Compiègne prévoit que cinq places seront occupées par les troupes françaises : Ajaccio, Bastia, Calvi, l’Algajola et Saint-Florent. L’article 2 du traité ajoute que « les troupes ne seront pas destinées à faire la guerre mais uniquement à garder les places nommées dans l’article précédent… ».

Sur le terrain, pendant quatre ans, les relations entre les forces françaises occupant certaines parties de l’île et le gouvernement, siégeant à Corte, de Pascal Paoli, « supremus dux regni Corsicæ », « Duc », « Duce » ou « Doge suprême du Royaume de Corse » sont cordiales, ayant les apparences d’une « alliance de fait franco-corse » pour reprendre l’expression de Charles Tuffelli[2], alliance de fait sur le dos de Gênes, qui inquiète la Grande-Bretagne mais permet à la France de nouer des liens de proximité avec les notables corses et les familles d’influence des grandes villes portuaires, à commencer par Ajaccio et Bastia.

L’étape suivante, essentielle, sera le traité de Versailles du 15 mai 1768 entre la France et Gênes, dont le titre est « traité de conservation de l’Isle de Corse à la République de Gênes » et qui ne fait que systématiser et étendre à l’ensemble de l’île les règles du traité de Compiègne de 1764. La souveraineté de l’île est conservée à la sérénissime République mais l’ « exercice de la souveraineté » est « cédé au roi » (article 3).

La cinquième et dernière intervention militaire, qui débute à l’été 1768 est donc d’une autre nature et d’une autre ampleur que les précédentes. Il ne m’appartient pas de faire l’histoire de cette conquête militaire de près d’un an, dure, laborieuse, compliquée, mais de retenir simplement que les troupes françaises remportent une victoire décisive le 9 mai 1769 au Ponte-Novo. Les combats se poursuivent un bon mois et le 13 juin 1769 Paoli quitte la Corse pour Livourne puis la Grande-Bretagne où il débarque le 18 septembre.

Pendant ce temps, Marbeuf, tout en participant aux combats, poursuit sa politique de conquête pacifique et de ralliement des élites et des notables corses. De leur côté, les responsables corses raisonnables, frappés par quarante ans de guerres civile et étrangère aspirent à la paix et prennent conscience que l’indépendance corse n’est pas viable dans le monde de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et qu’à défaut de se maintenir dans la dépendance d’un fragile petit État italien, financièrement puissant mais mal administré comme la République de Gênes, qui traite l’île en colonie d’exploitation sans y assurer la paix civile ni l’ordre public, il vaut mieux se placer sous la protection d’une grande puissance. Dans la Méditerranée occidentale de 1770, il y en a deux, la France et l’Angleterre.La première a pour elle d’être plus proche, d’en bien connaître le territoire depuis longtemps et d’être clairement déterminée, elle l’a montré pendant la campagne de 1768-1769, à ne pas laisser échapper cette île stratégiquement essentielle au large des côtes italiennes.

En attendant, ce sera donnant-donnant, entre partenaires : la nation corse renonce à sa liberté et à son indépendance ; en contrepartie, elle attend de la France protection, promotion et développement économique et humain.

*

Versailles choisit d’interpréter de façon extensive le traité de 1768, de pratiquer une forme de politique des « réunions » comme dans l’Alsace de 1680 et de faire de la Corse une manière de pays d’État à l’égal de la Bretagne, de la Provence, du Languedoc, de la Bourgogne et de l’Artois. Cela permet une meilleure représentation et association des populations, divisées classiquement en trois ordres : clergé, noblesse et tiers état. Cela permet sans doute aussi d’être plus respectueux de la souveraineté nominale conservée de la République de Gênes. De fait, l’île sous souveraineté déléguée du roi de France de 1769 à 1789 bénéficie du maintien de ses circonscriptions administratives, comme de ses « statuti civili e criminali » hérités de l’époque génoise et qui, réunis avec les édits royaux, donnent naissance au Code corse. Mais Versailles refusera toujours de considérer l’île comme un royaume à part entière, laissant le roi d’Espagne Charles III continuer à se titrer roi de Corse en succession des rois d’Aragon, et la République de Gênes porter toujours une couronne fermée sur ses armes en tant que souveraine du royaume de Corse.

On notera une autre particularité de la Corse sous l’Ancien Régime. Les enfants de la noblesse pouvaient non seulement accéder aux collèges militaires, Autun ou Brienne, entre autres (et la famille Bonaparte saura en faire large usage) mais ils avaient aussi accès au Collège Mazarin ou des Quatre-Nations, devenu notre cher Institut de France, comme le règlement de 1781 signé du duc de Nivernais le précise. La Corse (et la Lorraine) sont alors « traitées comme Artois, Cambrésis, Flandre, Alsace, Strasbourg et pays d’Allemagne sous la domination du roi, Franche Comté, États Ecclésiastiques [Avignon et Comtat Venaissin], Bugey, Bresse, Gex et Roussillon[3] ».

Marbeuf suscite alors sur instruction de Versailles la création d’une assemblée élue, les États de Corse ou « Consulte générale », qui regroupent plus de cent députés de toute l’île et seront réunis huit fois en vingt ans et, pour la première fois, le 15 septembre 1770 à Bastia, dans l’église de la Conception, rue Saint-Nicolas.

Dès le lendemain, un comité permanent est constitué, présidé par Mgr Ange-Edouard Stefanini, évêque de Sagone, le plus politique des évêques de Corse. De ce point de vue, les États de Corse suivent la pratique des autres États provinciaux français où le premier ordre a la place prééminente : le Président né des États de Bourgogne est l’évêque d’Autun, celui des États de Languedoc, l’archevêque de Narbonne et les États de Bretagne, qui tournent dans la province, sont présidés par l’évêque du lieu où se tient la session, le plus souvent Rennes.

La première session des États de Corse (dont les procès-verbaux ont été publiés dans le Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de la Corse en 1897) ne chôme pas et en douze séances, presque quotidiennes, du 15 au 27 septembre 1770, traite de tous les sujets d’intérêt commun sous la coprésidence avisée de M. de Marbeuf et de Mgr Stefanini : administration de la justice, observation du « Statut corse », pouvoir des podestats, confection du terrier général, fixation des prix du sel, droits d’importation et d’exportation des marchandises, construction des chemins, « cultivation » (et « réunion au domaine de Sa Majesté des terrains qui seront restés incultes pendant trois années consécutives »), répartition et paiement des 120 000 livres de « subvention » due par l’île à Sa Majesté pour la période d’octobre 1769 à octobre 1770 – en quelque sorte, la France, qui devait régler 200 000 livres par an pendant 10 ans à la République de Gênes, selon l’article 2 « séparé et secret » du traité du 5 mai 1768, se paie en partie sur la province – plantation de châtaigniers, statut des étrangers, « destruction des bandits », demandes particulières des pièves[4] et des provinces qui ont été amenées à envoyer des délégations auprès de la Consulte générale.

Avant de se séparer et de clore leur première session, les États de Corse décident, à leur dernière séance du 27 septembre 1770 « l’offrande d’une médaille et la députation de trois glorieux sujets pour la présenter à Sa Majesté ». Il s’agit, pour les trois membres choisis, un par ordre, de « faire parvenir au pied du trône du meilleur des rois, l’hommage respectueux des sentiments dont [les États] sont animés » et de « consacrer un monument durable en retraçant à la postérité l’époque de la félicité de la nation » ainsi que « l’attachement, la fidélité et la reconnaissance de ses habitants ».

Seront désignés pour cette mission importante qui, dans l’esprit de Marbeuf, doit consacrer le ralliement des Corses à la solution française :

  • Mgr Ange-Édouard Stefanini, évêque de Sagone, pour le premier ordre ;
  • Antoine Massei, député noble de Bastia ;
  • Laurent Giubega, de Calvi, pour représenter le tiers état.

Le départ de la mission à Paris et à Versailles de la délégation des États de Corse prendra du temps mais la présentation au roi se tiendra le 17 mars 1771.

Je m’y arrête un instant.

Mgr Stefanini y porta la parole et il le fit en italien, « langue de la nation qu’il représentait, même s’il connaissait la langue française » comme l’écrit F.-O. Renucci dans sa Storia di Corsica[5] où se trouve le texte intégral de l’allocution de l’évêque de Sagone.

Cette adresse au roi au nom des États est flatteuse de ton comme il se doit pour un hommage mais elle établit clairement un rapport politique de partenariat : la nation corse renonce à sa liberté et à son indépendance car elle attend beaucoup de l’État auquel elle livre sa destinée et s’associe d’une certaine manière volontairement. Permettez-moi de vous en choisir quelques extraits :

Sire,

Plus les hommes ont de détermination et de courage et plus – s’ils ont fait un jour le sacrifice de leur liberté – seront-ils dans leur soumission et dans leur fidélité, inébranlables et loyaux. La nation corse a donné, par les siècles passés, des preuves lumineuses de sa constance et de sa valeur. Elle se fera une gloire, dans les siècles à venir, de consacrer ces deux belles qualités au service de son souverain bien aimé et de la nation la plus grande, la plus vaillante et la plus civilisée de l’Univers… […] Mais quel hommage pourra jamais offrir à Votre Majesté un pays qui fut jusqu’à présent cible d’épouvantables malheurs ? C’est celui d’une profonde et immense gratitude à Votre égard pour avoir fait cesser les maux qui pesaient sur lui et remplacé les tempêtes d’une guerre dévastatrice par le sourire de la paix. Que ne vous doit-il pas, Ô Sire, pour avoir clarifié ses intérêts, le dirigeant vers l’agriculture, le commerce, l’industrie et les sciences, sources inextinguibles de prospérité ? …

La Corse est appelée avec l’aide de la France à rivaliser, pour le bien du pays, avec les provinces les plus florissantes de l’État et Mgr Stefanini conclut : « Tels sont, Sire, les vœux des trois ordres d’une nation qui, devenue Vôtre, n’a rien à envier en fidélité et en zèle aux autres sujets de plus longue date de Votre Majesté ».

Le ministre de la Guerre, M. de Monteynard, invite ensuite la délégation à déjeuner et souligne tous les avantages que la Corse tirera de son association à la France. Laurent Giubega n’en semble pas parfaitement convaincu et souligne que la Corse perd cependant le « premier des avantages, celui d’être une nation indépendant[6] ».

Pendant 17 ans, jusqu’en 1789, le gouvernement royal continue, en s’appuyant sur les notables, une politique prudente d’organisation de l’île et de développement économique en particulier des manufactures. Toutefois, les moyens manquant et les infrastructures restant insuffisantes, le bilan, en 1789, est d’autant plus mitigé que Versailles respecte le maintien de la souveraineté génoise et que depuis 1783 la France, en paix victorieuse avec l’Angleterre, s’intéresse moins à l’île. Après avoir hésité, Versailles décide de convoquer aussi dans l’île des représentants aux États généraux et Charles de la Galissonière, commandant en chef en Corse depuis la mort de Marbeuf en 1786, le fait tardivement le 22 mars 1789.

Ce sont ces députés de la Corse aux États généraux puis à l’Assemblée nationale, à commencer par le plus actif d’entre eux, Christophe Saliceti, avocat et assesseur au tribunal de Sartène, qui conduisent au rattachement définitif, en droit français, de la Corse à la France le 30 novembre 1789 : « L’Assemblée nationale décrète que l’île de Corse fait partie de l’Empire français, ses habitants seront régis par la même constitution que les autres Français. » Quelques semaines auparavant, la commune de Bastia, le 5 novembre 1789, avait adressé une supplique à ses députés à Paris : « pour notre sûreté et pour que nous soyons français à jamais, ce qui est notre unique vœu, il nous faut un décret de la nation sur une demande faite par vous, Messieurs, qui êtes nos représentants librement et légalement élus ». Elle faisait écho à une autre adresse, du 31 octobre 1789 d’ « un grand nombre de citoyens de la ville d’Ajaccio », expédiée à l’Assemblée nationale :

Le vœu général du peuple corse, exprimé librement dans ses cahiers, est d’être réuni à la nation française devenue libre et toute sa crainte est d’être remis sous le joug des Génois ou de continuer d’être gouverné militairement, comme il l’a été jusqu’à ce jour.

Ce décret fondateur en droit français du 30 novembre 1789 n’a pas manqué de laisser perplexe le Roi et son gouvernement qui vont attendre le 3 février 1790 pour le publier par lettres patentes. Entretemps, le marquis Spinola, ambassadeur de la République de Gênes, proteste par un mémoire remis le 25 décembre 1789 au ministre des Affaires étrangères, Montmorin Saint-Hérem, qui se conclut en des termes clairs : « la République, pleine de confiance dans la bonne foi et la justice de Sa Majesté, qui connaît combien l’inviolabilité des traités importe au bonheur et à la sûreté des nations… espère qu’elle maintiendra toutes les conditions exprimées dans le traité, auquel on ne peut déroger sans consentement réciproque des parties contractantes ». En fait, c’est un dédommagement qu’ambitionne la République de Gênes et le chiffre conséquent de 34 à 35 millions de livres est évoqué. Elle n’aura en définitive ni reconnaissance de ses droits résiduels ni compensation et la Corse est ainsi le premier territoire rattaché unilatéralement de par la volonté de sa population à l’ « Empire français ». Le terme n’est d’ailleurs pas choisi par hasard. Ce n’est pas à la France ou au royaume de France proprement dits qu’est rattachée la Corse, c’est à un ensemble plus vaste et plus diffus. D’autres suivront rapidement, à commencer par Avignon et le Comtat Venaissin. L’on peut dire en droit international que c’est avec l’annexion de la République de Gênes, devenue République ligurienne en juin 1797, au dit Empire français en juin 1805 puis au royaume de Piémont-Sardaigne en juin 1814, que tout droit de souveraineté extérieure sur la Corse s’est éteint. Aucun État étranger n’a plus revendiqué la Corse depuis 1815 à l’exception brève et sans conséquence durable de l’Italie fasciste à la fin des années trente.

 

Les embardées de la Révolution et du Premier Empire

Ainsi la Corse sera-t-elle l’un des quatre-vingt-trois premiers départements français, dès l’origine (lettres patentes du 4 mars 1790), bien avant le Vaucluse, les Alpes-Maritimes, la Savoie ou la Haute-Savoie.

Une nouvelle séance, de l’Assemblée constituante le 22 avril 1790 est consacrée à la Corse à l’occasion de l’accueil de députés extraordinaires venus de l’île et dirigés par Pascal Paoli rentré d’Angleterre peu auparavant. Escorté par La Fayette, reçu partout, y compris par le Roi, Paoli aura, devant la Constituante, ce jeudi 22 avril 1790 des paroles définitives qu’il ne faut pas oublier. Je cite :

La Corse libre nous députe vers vous pour vous rendre grâce de l’avoir affranchie. Le despotisme nous avait accablés mais nous osons le dire, il ne nous avait pas soumis ; votre justice seule nous a conquis et c’est à votre générosité que nous rendons les armes […]. Toute l’Europe admire vos travaux, toute la France vous remercie de vos lois mais il n’est point de département qui les admire plus, qui en sente mieux le prix que la Corse […]. Nous étions une nation faible, un État borné ; devenus Français, nous sommes une nation puissante, nous avons la force d’un grand empire, nous jouissons de tous ses avantages ; il devient le garant de notre tranquillité et nous sommes pour lui un port de défense et de commerce.

Enfin, Paoli conclut :

Messieurs, ce jour est le plus heureux et le plus beau de ma vie. Je l’ai passée à rechercher la liberté et j’en vois ici le plus noble spectacle ; j’ai quitté ma patrie asservie ; je la retrouve libre ; je n’ai plus rien à désirer.

Quittant Paris, « le père de la patrie » retrouve la Corse après 21 ans d’exil en débarquant à Bastia le 7 juillet 1790. Le département est alors organisé, Bastia choisi comme chef-lieu, Pascal Paoli en est élu président et Christophe Saliceti en devient le procureur général syndic, prédécesseur des préfets créés sous le Consulat.

La situation va rapidement se tendre en 1791 et à la suite de l’adoption de la constitution civile du clergé, condamnée par le pape Pie VI, voisin, qui en profite pour rappeler les droits souverains millénaires du Saint-Siège sur l’île. Refus du serment constitutionnel, arrivée de prêtres réfractaires et d’émigrés qui, passant facilement de Toscane et des États romains dans l’île, nourrissent instabilité et violence que Paoli ne parvient pas à calmer, même s’il transfère en septembre 1791 le chef-lieu de Bastia, qui lui est hostile, à Corte son fief.

Les élections à l’Assemblée législative en 1792, l’entrée en guerre contre les puissances européennes, l’abolition de la monarchie, l’exécution du roi un 21 janvier 1793 et les excès du comité de salut public vont profondément diviser les élus corses. Une minorité, solidement républicaine, dont les Bonaparte, est contrainte à l’exil ; la majorité, autour de Paoli et Charles Pozzo di Borgo, se jette dans les bras de la Grande-Bretagne qui utilise sa flotte et ses troupes évacuées de Toulon pour conquérir l’île. Une Consulte nationale réunie à Corte à l’initiative de Paoli et Pozzo di Borgo du 10 au 21 juin 1794 adopte une nouvelle constitution qui fait de la Corse un royaume dont Georges III d’Angleterre est souverain et Sir Gilbert Elliot le vice-roi. Sans avoir jamais vraiment pris dans l’île, le royaume anglo-corse disparaîtra moins de deux ans plus tard, au printemps 1796, dans les premières semaines de la campagne d’Italie, dont le commandant en chef, le jeune général Bonaparte, est un Corse et ce n’est pas un hasard. Sir Gilbert Elliot en tirera la leçon en une formule cinglante : « Corsica is a barren island inhabited by an indomitable people » (« La Corse est une île stérile habitée par un peuple indomptable »). La Grande-Bretagne, même conduite à occuper brièvement l’île au printemps 1814, n’y prétendra plus. Pour l’anecdote, elle n’en conservera qu’un petit corps de volontaires, les « Royal Corsican Rangers », présents sur tous les champs de bataille méditerranéens, en particulier espagnols et commandés, à partir de 1800, par un major appelé à un avenir de geôlier, Sir Hudson Lowe.

La restauration républicaine en 1796 se fait en conservant les deux départements qui avaient été établis le 1er juillet 1793 au moment des troubles civils et de la sécession paoliste. Ces deux départements, du Liamone (chef-lieu Ajaccio) et du Golo (chef-lieu Bastia), existeront jusqu’au sénatus-consulte du 19 avril 1811 qui restaurera le département unique de la Corse. André-François Miot de Mélito, ancien ministre plénipotentiaire en Toscane, sera envoyé en Corse par Bonaparte qui écrira à un proche, le général Gentili : « Vivez en bonne entente avec lui. Il faut que la Corse soit une bonne fois française. » Son action habile, sachant rétablir quelques particularismes locaux, en particulier en droit successoral, suivie du régime d’exception imposé jusqu’en 1814 par les généraux Morand puis Berthier, permettront à la Corse d’être arrimée à la France en 1815.

 

Cent cinquante ans de départementalisation paisible

Suivent cent cinquante ans d’histoire sans histoire et d’intégration progressive de l’île à la France. Le vingtième département devient une collectivité locale comme les autres sans bénéficier de régime particulier, tout en étant jusque dans les années soixante moins développé que la moyenne française, moins aidé. La Corse, c’est la métropole, et toutes les cartes de France le montrent, mais ce n’est pas le « continent ». À quoi tiennent ces 150 ans de paix civile ?

D’abord, à ce que l’expansion coloniale de la France, en Afrique du Nord en particulier, en Algérie, départementalisée assez tôt au XIXe siècle, fait de la Corse une manière de centre géographique, sinon de centre de gravité de la France de l’époque. Notre pays est plus au sud alors. Il glissera vers le nord après l’élection du Général de Gaulle, lillois, en 1958 et le processus bruxellois d’intégration européenne.

Les Corses trouvent dans les colonies un débouché naturel, à l’extérieur de l’île, certes, mais dans la grande France de l’époque, à la fois une ouverture au monde et la sécurité d’un environnement connu. L’expansion coloniale française au XIXe siècle doit beaucoup militairement et administrativement aux Corses. En 1934, les Corses représentent 0,75 % de la population française mais 20 % des cadres militaires et fonctionnaires des colonies et protectorats. Comme le reconnaîtra le président de la République à Bastia le 7 février 2018 : « dans notre Histoire façonnée à coups d’empire – les deux napoléoniens et l’empire colonial – , les Corses ont incarné la grandeur de la France ».

Ensuite, la classe politique française a su habilement utiliser le système clanique et clientéliste propre aux petits pays pauvres méditerranéens, que l’on retrouve en Sicile, à Malte, à Chypre ou au Liban. Ce fut le cas sous le Second Empire bien sûr, mais tout autant sous la Troisième République où de grands élus corses, Adolphe Landry, César Campinchi ou François Piétri comptent dans la vie politique nationale, à gauche comme à droite.

Enfin, l’image de la Corse est globalement positive grâce à des écrivains s’intéressant à l’île, en premier lieu Prosper Mérimée, ou à des artistes de renommée internationale comme Tino Rossi.

De fait, la Corse sera le premier département métropolitain libéré, un an avant ceux du continent. Cette libération prendra un mois entre le 9 septembre et le 4 octobre 1943. C’est grâce à une insurrection venue de la base, des mouvements de résistance et de la population corse que cette libération est possible contre la volonté initiale des Alliés qui avaient d’autres priorités. La Corse s’est alors montrée fidèle au serment de Bastia devant le monument aux morts du 4 décembre 1938 : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français », qui avait répondu à un discours provocateur de Mussolini : « Corsica, Savoia, Tunisia, a noi ! »

*

Comment cette évolution positive vers une intégration réussie et paisible dans l’ensemble français s’est-elle grippée à partir des années 1960 ? J’y vois plusieurs causes.

D’abord, l’entrée de la Corse dans la modernité, avec le développement du tourisme, l’amélioration des liaisons maritimes et aériennes, a troublé toute une population rurale, périphérique et pauvre. Elle a le sentiment d’en être exclue et se crispe sur son identité et ses traditions. La Corse se trouve alors coupée, sur l’île même, entre ceux qui réussissent et ceux qui se sentent déclassés à la façon des « gilets jaunes ».

Ensuite, il y a le sentiment d’avoir été longtemps négligée par la France et mal récompensée de ses sacrifices et de sa loyauté.

Ghjiseppu Lavezzi, dans son récent ouvrage Corse, vertiges de l’honneur [7], souligne l’importance de la « tragédie insulaire » que fut la Première Guerre mondiale : « une effroyable saignée démographique de 14 000 jeunes Corses morts au front ». L’économie agro-pastorale éternelle du pays est définitivement désorganisée. La Corse devient alors « un pays de veuves » ajoute le professeur Michel Vergé-Franceschi.

Enfin, la décolonisation a bien évidemment l’effet contraire de l’expansion coloniale.

Non seulement les perspectives d’émigration durable ou temporaire se tarissent, mais les Corses voient s’installer parmi eux 17 000 rapatriés d’Algérie qui bénéficient d’aides publiques importantes, – en particulier de la SOMIVAC, Société pour la mise en valeur de la Corse, créée par l’État en 1957 –, et suscitent la jalousie. Au demeurant, l’esprit des années 1960 et 1970 est à la contestation tiers-mondiste de la prépondérance occidentale et à la floraison des mouvements de libération nationale.

Si les premières manifestations nationalistes datent du début des années 1960 et du projet d’implanter en Balagne, à l’Argentella, un site d’essais nucléaires qui sera finalement installé à Hao et à Muruora, c’est en 1967 qu’est créée l’action régionaliste corse (ARC) autour d’Edmond Simeoni.

Ce n’est donc pas une surprise si la cassure, qui peut être datée des 21-22 août 1975, vient de l’occupation et de l’évacuation de la cave d’Aléria, une cave appartenant à un viticulteur d’origine pied-noir suspecté d’être mêlé au scandale des vins frelatés. L’évacuation de la cave viticole fait deux morts parmi les forces de l’ordre et un blessé grave parmi les manifestants.

Ce drame donne naissance à des mouvements clandestins dont le FLNC qui entretiennent une insécurité endémique et dont l’action culmine avec l’assassinat du préfet Claude Érignac le 6 février 1998. Comme le dira le président Macron en inaugurant la place Claude Érignac à Ajaccio le 6 février 2018 : « Il aura fallu cet odieux attentat pour que nous comprenions combien ce qui nous unit est plus fort, plus durable que ce qui nous divise ; la République n’a pas cédé, elle a tenu bon face à la provocation ultime. Et la Corse n’a pas sombré, elle a résisté à la spirale de violences dans laquelle voulaient l’entraîner ces apôtres du crime ».

 

Cinquante ans de recherche tâtonnante d’un statut particulier

La réponse de la République, d’abord institutionnelle, continue à rechercher progressivement, et non sans hésitation pour la Corse, une réelle autonomie.

Alors qu’elle faisait partie en 1960 de la circonscription d’action régionale « Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse », elle devient une région en 1970, dotée de deux départements, Corse-du-Sud et Haute-Corse, au 1er janvier 1976.

À partir de 1982 des statuts particuliers de la Corse sont successivement élaborés, quatre en trente-cinq ans : le premier, défini par les lois du 2 mars et du 30 juillet 1982 portant statut particulier de la Corse, prévoit principalement la création d’une Assemblée de Corse élue au suffrage universel à la proportionnelle intégrale et de deux conseils consultatifs, l’un pour la culture, l’éducation et le cadre de vie; l’autre économique et social.

Les difficultés de fonctionnement de l’Assemblée de Corse aboutiront à un deuxième statut, par la loi du 13 mai 1991 portant création de la collectivité territoriale de Corse qui fait de la Corse une région sui generis dotée toujours de l’Assemblée de Corse mais également d’un conseil exécutif distinct de l’organe délibérant et pouvant être démis par une motion de défiance. On relève que le projet de loi de 1991 reconnaissait l’existence du « peuple corse, composante du peuple français » mais que cette disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel.

Le troisième statut est issu du processus de Matignon, lancé en 1999. Il a abouti à la loi du 22 janvier 2002 relative à la Corse qui élargit de façon conséquente les compétences et les moyens de la collectivité territoriale de Corse. En revanche, deux autres attentes exprimées par les élus corses sont déçues : le pouvoir d’adaptation des lois nationales aux réalités de la Corse est rejeté par le Conseil constitutionnel ; la proposition de fusion de la collectivité territoriale de Corse et des deux départements, soumise à référendum localement le 6 juillet 2003, est refusée par 51 % des votants.

Le quatrième statut vient des articles 30 et suivants de la loi NOTRe sur la nouvelle organisation territoriale de la République du 7 août 2015. Est créée à compter du 1er janvier 2018 la collectivité de Corse qui se substitue à la collectivité territoriale de Corse existante depuis 1991 et aux deux conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Cette collectivité de Corse agit par le biais de l’Assemblée de Corse et du conseil exécutif de la collectivité de Corse, dispose de compétences étendues et s’administre librement dans les conditions fixées par la loi. À noter que, pour l’État en Corse il existe encore deux préfectures disposant de services propres et que Madame Josiane Chevalier est préfète de Corse, préfète de la Corse-du-Sud.

Comme le dira le président de la République dans son discours de Bastia du 7 février 2018 :

La Corse dispose […] d’une collectivité unique avec de larges et fortes compétences, les plus importantes de toutes les collectivités de France métropolitaine. Et je dois le dire, Monsieur le Président, vous avez aujourd’hui des responsabilités, des leviers que nul autre avant vous n’a pu connaître : sur les déchets, l’environnement, l’aménagement, l’urbanisme, le logement, le développement économique, la formation professionnelle, les mobilités, la Collectivité de Corse est compétente.

Le premier enjeu pour tous les pouvoirs publics nationaux et locaux, aujourd’hui, est de mettre sur pied et de faire fonctionner ce système original et décentralisé.

L’élection à la proportionnelle de la collectivité de Corse, contrairement aux conseils départementaux, qui étaient comme ailleurs élus par canton, a conduit comme chacun sait à une majorité nationaliste dans les instances de l’île. Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, appartient au parti indépendantiste Corsica Libera et Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif est autonomiste du parti Inseme per a Corsica.

La tâche d’organisation n’est pas facile et, aujourd’hui, une île de 333 000 habitants avec deux agglomérations, Ajaccio et Bastia, a 19 intercommunalités. L’organigramme de la collectivité de Corse, 53 directions et 8 offices, n’est toujours pas stabilisé. État, Assemblée et Conseil exécutif doivent travailler ensemble en partenaires responsables pour trouver des solutions sur mesure.

Dans ce même discours de Bastia du 7 février 2018, le président de la République a également confié une responsabilité particulière à la Corse : « La Corse […] tient une place centrale dans la vision qui est la mienne de la politique méditerranéenne de la France. […] Si notre île métropolitaine a un atout formidable, c’est d’être ce poste avancé de la Méditerranée et c’est cela qu’il faut considérer dans cette mer qui a vu notre civilisation naître et s’étendre. »

Enfin ajoutons que cette singularité corse et cette dévolution spécifique de pouvoirs particuliers justifient que la Corse soit mentionnée en tant que telle dans la Constitution et le projet de loi constitutionnelle que le Premier ministre a présenté le 4 avril 2018 prévoit d’insérer un alinéa nouveau à l’article 72 de la Constitution.

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Alors que retenir de cette rapide fresque de 250 ans d’histoire de la Corse en France ?

En premier lieu, que les Corses se reconnaissent toujours en une communauté particulière, une nation selon certains, un peuple selon d’autres, malgré tous les bouleversements récents qui conduisent nombre d’entre eux à quitter l’île et, réciproquement, beaucoup de continentaux ou d’étrangers à y passer ou à s’y installer. La notion de résidence sur l’île est l’une des questions pendantes actuellement.

En second lieu, que la personnalité de la Corse est singulière.

L’ambassadeur Louis Dominici a publié en 2010 un intéressant essai sur L’identité des Corses[8]. Quels sont les fondements de cette identité ? D’abord l’espace : cette île superbe est à la périphérie de la France sur une manière de ligne de front, à mi-chemin entre « continent » et « outre-mer » ; ensuite la langue, toujours très largement parlée, qui unit et qui sépare. L’une des revendications les plus constantes des nationalistes est la co-officialité du Français et du Corse ; enfin, des traits de caractère propres, le goût individualiste de la liberté et un sens exacerbé et susceptible de l’honneur qui pousse à rejeter l’humiliation et peut conduire à des actions violentes et irréfléchies pour empêcher qu’elle survienne ou pour en obtenir réparation. L’orgueil corse se braque face au mépris.

Il reste que le sentiment et la fierté d’être Français de la grande majorité des Corses sont évidents et montrés avec éclat ces deux derniers siècles. Voilà pourquoi j’ai sous-titré mon propos « 250 ans d’adhésion consentie », adhésion consentie des deux côtés car la France a volontairement beaucoup apporté à la Corse et aux Corses et parce que la Corse et les Corses n’ont pas à espérer de sort plus enviable que d’appartenir à l’ensemble français dont ils représentent un élément constitutif original. D’une certaine manière, la Corse est d’autant plus française que la France est grande et rayonne en Méditerranée et dans le monde.

Au fond, les demandes et les espérances exprimées par Mgr Stefanini devant le roi Louis XV en 1771 ou par Pascal Paoli devant l’Assemblée nationale en 1790 ont été satisfaites et la République continue toujours à y veiller.

 

[1] Laurent Stefanini est ambassadeur de France à Monaco. Il a été délégué permanent de la France auprès de l’Unesco (2016-2019). Il a auparavant été ambassadeur chargé des affaires environnementales et chef du protocole de la République française (2010-2016).

[2] La justification de la Corse française, Marseille, Éditions Autres temps, 2007.

[3] « Instruction pour être admis élève au collège Mazarin », Paris, P.G. Simon imprimeur du Parlement, 1781.

[4] Subdivisions d’un évêché, regroupant plusieurs paroisses, remontant au Haut Moyen Âge.

[5] Tome I, p. 118 et sq., Bastia, Tipografia Fabiani, 1833.

[6] F.O. Renucci, I, p. 121.

[7] Ghjiseppu Lavezzi, Corse, vertiges de l’honneur, Bruxelles, Nevitaca, collection « L’âme des peuples », 2018.

[8] De l’identité des Corses. Essai, s.l., Journal de la Corse, 2010.