Séance ordinaire du lundi 4 janvier 2021
« Santé et Société », sous la présidence d’André Vacheron
Président de l’Académie des sciences morales et politiques
Ouverture du programme de l’année 2021 « Santé et Société »
par le Président André Vacheron
Monsieur le Chancelier,
Monsieur le Chancelier honoraire,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
mes Chères Consœurs, mes Chers Confrères,
En introduisant notre séance, je tiens à vous adresser mes chaleureux remerciements pour m’avoir fait l’honneur de me porter à la présidence de notre compagnie et je ferai de mon mieux pour ne pas vous décevoir comme je l’ai fait en 2005, lors de ma présidence de l’Académie de Médecine.
Je tiens aussi à féliciter Pierre Delvolvé pour la sagesse dont il a fait preuve durant sa présidence « gâchée » par le Coronavirus et à remercier Jean-Robert Pitte pour la confiance qu’il m’a toujours accordée.
Pourquoi ai-je choisi ce thème de communications et de débats « Santé et Société », pour l’année 2021 ?
Je l’ai choisi pour plusieurs raisons :
- Depuis plus de 50 ans, mon métier est celui de médecin et je l’exerce toujours. J’ai appris l’importance de la relation médecin-malade en appliquant cette définition de Georges Duhamel : « La médecine est une confiance qui va vers une conscience ».
- Deuxième raison : depuis l’épidémie de COVID, la santé apparaît en première position dans les préoccupations des Français. Dans son dernier baromètre, l’institut CSA constate qu’en fin d’année 2020, elle domine largement toutes les inquiétudes : 44% des Français estiment que le risque sanitaire est le sujet prioritaire devant le pouvoir d’achat (30%), l’insécurité (27%), l’environnement (26%) et l’emploi (20%). Cependant, pour les jeunes de 18-24 ans, l’emploi est le premier sujet préoccupant (40%) devant la santé (37%).
- La santé nous concerne tous, jeunes et vieux, elle est le pivot de nos existences. Elle conditionne la qualité de notre vie quotidienne et nos projets d’avenir.
- Les déterminants sociaux pèsent lourdement sur elle. Les plus démunis ont non seulement des conditions de vie qui les exposent particulièrement à certaines pathologies, à une mortalité prématurée mais ils rencontrent également de nombreux obstacles financiers, administratifs, matériels et même psychologiques dans l’accès aux soins.
- Le travail enfin, joue un rôle majeur dans la qualité de la santé, certains emplois exposent les travailleurs à des facteurs de risque importants, tels que les troubles musculo-squelettiques en constante augmentation dans le bâtiment, et les troubles psychologiques. Mais les horaires prolongés, le stress, les comportements à risque comme le tabagisme pèsent eux sur la santé des cadres.
Illustre chirurgien de la douleur de la première moitié du 20ème siècle, René Leriche écrivait : « La santé, c’est la vie dans le silence des organes ». En 1946, dans le préambule de sa constitution, l’OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.
A l’heure actuelle, à côté de la médecine de soins, la santé publique a contribué largement à l’allongement de la durée de la vie : l’espérance de vie atteint actuellement 80 ans chez les hommes et dépasse 85 ans chez les femmes, elle est plus élevée dans notre compagnie… L’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 11,5 ans pour les femmes et de 10,4 ans pour les hommes.
La santé publique s’est engagée dans la lutte contre l’obésité et le diabète par l’amélioration de l’alimentation de nos concitoyens, dans la lutte contre les addictions notamment contre le tabagisme, dans le dépistage des pathologies sévères comme les cancers, dans la prévention des maladies infectieuses par les vaccinations, dans l’amélioration de l’environnement, dans la lutte contre les pollutions, dans la prise en charge des handicaps et du vieillissement.
Devenue un véritable enjeu politique, la santé impose d’importants choix de société et ne peut pas être réduite à des approches purement comptables, trop souvent ciblées sur le fameux « trou » de la Sécurité Sociale. Les acteurs de la santé, médecins, chirurgiens, radiologues, infirmières ne doivent pas oublier les principes de l’autonomie et du consentement des patients. La technologie et la rationalisation de l’offre de soins ne doivent pas nuire à leurs qualités et à leur humanisme. Comme l’a écrit mon confrère et ami Jean-François Mattei, il faut accompagner la science par un surplus de conscience. Le fonctionnement des hôpitaux doit devenir plus coopératif, plus démocratique et plus efficient.
Notre programme ne pourra pas répondre à toutes les questions d’actualité et d’avenir, soulevées par la santé mais nos intervenants nous apporteront, j’en suis certain, beaucoup d’informations et susciteront beaucoup de réflexions.
Je vous remercie pour votre attention.
