Identité et métamorphose
Xavier Darcos
membre de l’Académie des sciences morales et politiques
membre de l’Académie française
chancelier de l’Institut de France
Photographies : © Sylvain Lhermie -Rectorat de Paris
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les illustrations visuelles de celle-ci.
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Pour la dernière conférence-débat de cette quatrième édition du programme « Des Académiciens en Sorbonne », quatre cents lycéens et leurs professeurs se sont donné rendez-vous dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne pour écouter Xavier Darcos leur parler du couple « Identité et métamorphose » en donnant à la relation entre ces termes toute la puissance de leur vibration dans la mythologie, dans l’art et la littérature, mais aussi dans la réalité dont chacun d’entre nous fait l’expérience.
Les lycéens et leurs professeurs étaient venus, pour l’académie de Paris, des lycées Janson-de-Sailly et Buffon ainsi que du collège Jules Romain ; pour l’académie de Versailles, des lycées Louis Jouvet de Taverny, Talma de Brunoy et Louis de Broglie de Marly-le-Roi. Et pour l’académie de Créteil, ils étaient venus des lycées Wallon d’Aubervilliers, Marcelin Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, Léon Blum de Créteil, Marx Dormoy de Champigny-sur-Marne, du micro-lycée Sénart de Moissy-Cramayel ainsi que du collège Roger Martin du Gard d’Épinay.
La séance a été ouverte par Jean-François Barle, DASEN chargé des lycées et de la liaison avec l’enseignement supérieur de l’académie de Paris, et par Bernard Stirn, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques.
Identité et métamorphose sont a priori deux notions que tout oppose : quand la première établit une permanence et une certitude, l’autre renvoie à la mutation et à l’incertitude. Or, l’un est inséparable de l’autre et, en ce monde, il est sage de se tenir dans un équilibre dynamique entre les deux.
Xavier Darcos a invité les lycéens à cheminer en sa compagnie entre les grands auteurs de notre tradition – Pascal, Ovide, Montaigne, Platon – dans une promenade humaniste qui a convoqué l’histoire des idées, les langues anciennes pour mieux déchiffrer le sens des mots, et qui a évoqué de nombreux mythes (Narcisse, Pygmalion, Io, Daphné, Orphée) et oeuvres d’art pour montrer qu’au rebours de l’idée reçue qui affirme la stabilité de l’identité, celle-ci ne peut se saisir que dans la métamorphose parce qu’elle est tout entière mobilité, changement, fluctuation.
La métamorphose est donc au coeur de la réflexion sur l’identité, depuis les contes de fées jusqu’au roman d’apprentissage (Bildungsroman). On ne saurait d’ailleurs penser le rêve, l’art et le roman sans la métamorphose. C’est que celle-ci est une réalité naturelle, physiologique (la chenille devient papillon) et psychologique, ce pourquoi des auteurs s’en sont occupés, comme Kafka, Lewis Carroll, Shakespeare, ou Ionesco (à travers la rhinocérite qui incarne le risque extrême d’une métamorphose régressive dans Le Rhinocéros). Il n’est pas jusqu’au calendrier des sociétés anciennes et modernes qui n’ait de temps rituel dédié à la métamorphose – des saturnales et lupercales jusqu’au Carnaval où l’on joue au renversement de l’ordre établi et des identités (homme / animal).
Pythagore – contemporain de Bouddha -, nous aide à penser le fait que tout est métamorphose et que celle-ci est respect de toute forme de vie. Victor Hugo lui-même (voir son poème Pauca meae) est allé vers ce pan-animisme : tout est animé. Réfléchir aux liens entre identité et métamorphose nous invite donc à une méditation qui refuse tout ce qui figé et qui rappelle un des soubassements théoriques communs à ces penseurs et écrivains : la vie est une sorte de mouvement perpétuel dont seul l’artiste peut ressaisir l’unité (voir Proust). Voilà pourquoi, accepter la mutabilité est sage et permet d’atteindre à la perception du grand tout dans lequel l’homme est inclus.
Texte de la conférence
Illustrations visuelles
À l’issue de sa conférence, Xavier Darcos a engagé un dialogue intense avec les lycéens. Sur un ton très personnel, mêlant l’anecdote et l’érudition, il a répondu à leurs nombreuses questions : Quel a été son cheminement pour arriver à cette réflexion ? Peut-on se transformer si on ne lit pas de littérature ? Est-il raisonnable de considérer l’identité de quelqu’un comme la somme de ses multiples métamorphoses ? Ne dit-on pas que l’imbécile est celui qui ne change jamais d’avis ? Cette réflexion sur identité et métamorphose permet-elle d’éclairer la parole de Pascal disant que « le plus grand malheur de l’homme vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » ? La mort peut-elle être considérée comme un mouvement ? N’y a-t-il pas des choses qui ne changent pas et qu’il ne serait pas bon de changer ? N’y a-t-il pas, dans le roman (chez Dostoïevski) ou dans le conte voltairien (Pangloss), des êtres qui se refusent au changement ?
Revoir sur la chaîne de l’Académie :
la conférence de Xavier Darcos et son échange avec les lycéens
son interview à l’issue de la séance : Brève conversation avec Xavier Darcos
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