Remise du Prix
de la Fondation Olivier Lecerf

 Cérémonie de remise du Prix Olivier Lecerf 2019
Pour un management humaniste

Lundi 27 septembre 2021
Palais de l’Institut
Grande salle des séances

 

La Fondation Olivier Lecerf s’est donné pour but d’honorer et de faire connaître des réalisations, des travaux ou des ouvrages qui s’inscrivent dans la tradition de l’humanisme entrepreneurial illustré par Olivier Lecerf. En attribuant chaque année le Prix Olivier Lecerf, elle distingue une personne pour son action et ses travaux – conférences ou ouvrages – qui portent haut l’approche humaniste du management des entreprises. Le lauréat du Prix Olivier Lecerf, décidé par l’Académie sur proposition de sa section Économie politique, Statistique et Finances, reçoit une médaille et un diplôme et, en son honneur, l’Académie organise un colloque autour des thèmes qu’il a développés dans son action ou son ouvrage.

En 2019, le lauréat Vincent Montagne, Président du groupe Média-Participations et du Syndicat national de l’édition, a souhaité que la remise du Prix, qui s’est déroulée le 27 septembre 2021 à l’Institut de France, soit suivie d’une table ronde dédiée à la manière dont les industries culturelles et créatives contribuent à nous humaniser, en invitant, dans leur diversité, Etienne de Montety, Bertrand Piccard, Philippe Francq et Alain Ducasse,  à en témoigner.

Présentation du lauréat et remise du prix Olivier Lecerf à Vincent Montagne

 Jean-Claude Casanova
membre de l’Académie des sciences morales et politiques

 

Nous sommes réunis pour la remise du Prix 2019 de la Fondation Olivier Lecerf.

Bertrand Collomb avait créé cette fondation, il en avait organisé le financement.

Il l’avait instituée à l’Académie des sciences morales et politiques.

Avec lui, mes très honorés confrères de la section Économie politique, Statistiques et Finances de cette Académie ont établi le mode de sélection du récipiendaire.

Cette fondation porte le nom d’Olivier Lecerf qui fut le prédécesseur de Bertrand Collomb à la tête d’une vieille et grande entreprise française : Les ciments Lafarge.

Le prix 2019 de cette fondation a été attribué à Monsieur Vincent Montagne ; il aurait dû lui être remis en 2020. Pour les raisons que vous savez, nous n’avons pu tenir de réunions de mars 2020 à juin 2021.

J’ai le regret de dire que c’est la dernière fois que ce prix est attribué, cette fondation disparaît, faute de financement.

Les ciments Lafarge se sont intégrés dans un groupe international dont le siège est en Suisse.

Avant d’en venir au récipiendaire donc du dernier prix, vous me permettrez de dire quelques mots en hommage à Olivier Lecerf et à Bertrand Collomb.

L’un et l’autre ont porté Lafarge à son plus haut niveau, l’un et l’autre ont joué un grand rôle dans l’industrie et l’économie françaises, ils étaient l’un et l’autre chrétiens et catholiques, très attentifs à ce que leurs actions dans l’économie et dans la cité soient éclairées et guidées par les principes moraux et civiques qui découlent du christianisme.

Je dis les choses comme elles sont et comme je crois qu’elles devraient être dites.

Je ne suis pas sûr, comme disait Descartes, qu’il faille avancer masqué. Olivier Lecerf avait dit : « il faut mettre l’homme au cœur de l’entreprise ». Cela veut dire que l’entreprise n’est pas une fin. Mais un moyen. Et qu’il faut juger les hommes qui dirigent les entreprises autant par les résultats économiques des entreprises que par les résultats moraux et civiques qu’ils ont obtenus à travers la gestion des entreprises en rendant, dans l’entreprise et hors de l’entreprise, les hommes et les femmes plus libres, plus responsables, plus solidaires, plus charitables, plus justes, plus tolérants, en un mot plus vertueux.  L’intitulé du prix parle d’ « humanisme entrepreneurial » et de la « conception humaniste du management de l’entreprise ». On m’accordera que la définition que je propose et dont je suis sûr qu’elle correspondait à l’intention de Bertrand Collomb et à la pensée d’Olivier Lecerf, que j’ai bien connus l’un et l’autre, n’est pas contradictoire avec ces termes un peu vagues que les catholiques d’aujourd’hui utilisent par timidité ou pour ne pas offenser. Comme je crois que les fidèles des autres religions ou les moralistes qui ne sont pas religieux partagent pour l’essentiel ces principes moraux, mieux vaudrait que les catholiques disent ce sur quoi ils fondent ces principes.

Olivier Lecerf (né en 1929, disparu en 2006) pensait ainsi comme son prédécesseur Marcel Demonque, et dans ma jeunesse à Ajaccio, j’ai connu Madame de Lafarge du Teil qui avait épousé le docteur Aristidi di Barbazza ; elle pensait ainsi comme son père et son grand-père qui, l’un et l’autre fermement paternalistes et catholiques dans l’Ardèche de la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, créèrent les premières cités ouvrières, développèrent une grande entreprise nationale dont Demonque, Lecerf et Collomb firent une entreprise mondiale. Lecerf et Collomb, en plus, jouèrent un grand rôle dans les organisations patronales, le président Gattaz qui ne peut être des nôtres aujourd’hui peut en témoigner, ils furent des conseillers écoutés du monde de l’entreprise et du monde politique. Olivier Lecerf choisit Bertrand Collomb pour diriger Lafarge en Amérique, jeune corpsard que j’avais connu en 1974 au cabinet de René Haby où l’avait placé André Giraud, patron à l’époque de tous les corpsards. Lecerf avait recruté Collomb à Lafarge pour ses qualités d’ingénieur, pour ses qualités humaines et pour ses convictions religieuses et morales.

Par admiration pour Lecerf, par gratitude, sentiment moins répandu qu’on ne croit, Collomb voulait que ce prix perpétue le souvenir de Lecerf et gratifie, encourage ceux qui s’inspirent des mêmes valeurs.

Le successeur de Bertrand Collomb à notre Académie dira l’an prochain les mérites et les talents de Bertrand Collomb. Je me bornerai simplement à dire que ce prix comptait beaucoup à ses yeux, non seulement pour le choix du récipiendaire auquel il était attentif mais par l’organisation même de cette cérémonie qui devait être plus de réflexion et d’éducation que de célébration.

Monsieur Vincent Montagne est auvergnat, donc compatriote de Blaise Pascal ; il comprend mieux qu’un autre que ce que l’on est importe plus que ce que l’on paraît, que les grandeurs d’état, les valeurs que l’on illustre comptent plus que les positions que l’on occupe, grandeurs d’établissement. On doit aux grandeurs d’établissement et aux rangs, la politesse. On doit aux grandeurs d’état, le respect et l’admiration.

En prenant la direction du groupe que son père Rémy Montagne avait fondé en 1981 et en le développant, il a servi et sert avec succès des fins très hautes. Il a transformé une petite entreprise à partir de la publication Famille chrétienne en une grande entreprise européenne : Média participations. Cette entreprise de presse et d’édition informe, distrait, éduque, en un mot élève et unit les hommes et les femmes qu’elle emploie et les hommes et les femmes auxquels elle vend ses publications de diverses formes : journaux, bandes dessinées, livres, produits audiovisuels. Sa grandeur, dites vous en citant Saint-Exupéry, comme pour tout métier, consiste à « unir des hommes ».

Celui qui la dirige a volé de succès en succès. Ce livre, Média-Participations : 30 ans, que je tiens devant vous entre mes mains, en témoigne.

Puis-je ajouter que Vincent Montagne ne se borne pas à diriger cette grande entreprise, multiforme et diverse, le troisième groupe d’édition français, le premier groupe belge : il préside le Syndicat national de l’édition depuis 2012.

Pour ces raisons, notre jury a décidé de lui attribuer le prix Olivier Lecerf. Vincent Montagne possède les mêmes qualités et les mêmes convictions qu’eurent Olivier Lecerf et Bertrand Collomb, nous souhaitons qu’il poursuive sa tâche éducative et émancipatrice. Je le remercie d’avoir bien voulu organiser pour nous le colloque sur les activités culturelles qui va s’ouvrir dans un instant.

Nous formons des vœux pour ses entreprises futures et en lui remettant ce prix, je vous demande de l’applaudir.

 

Colloque
Comment les industries culturelles et créatives nous humanisent

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