Séance consacrée à la transition énergétique avec Patrick Pouyanné et Denis Ranque

La séance du 11 septembre 2023 était consacrée à une question d’actualité : la transition énergétique avec deux communicants:

  • Patrick Pouyanné, PDG de Total Energies
  • Denis Ranque, Président de l’Académie des technologies et ancien PDG d’Airbus

Hommages

Le président Jean-Claude Trichet a prononcé des hommages aux académiciens disparus cet été :

Alain BESANÇON

Hommage à Alain Besançon

Hommage à Marcel Boiteux

Marcel BOITEUX
Basil Markesinis
Jacques-Yvan Morin

Hommage aux correspondants Basil Markesinis et Jacques-Yvan Morin

Synthèse de la séance

Patrick Pouyanné a rappelé tout d’abord les trois piliers qu’une politique énergétique se doit de respecter : l’énergie doit être disponible – avec la contrainte majeure qu’elle ne peut pas être stockée -, abordable en terme économique et durable en terme écologique. En 2022, 80% de l’énergie mondiale consommée provient des énergies fossiles – parmi lesquelles le pétrole, dont on consomme 300 millions de barils par jour, représente environ 30%. La demande en énergie n’a cessé d’augmenter du fait de l’augmentation de la population et va encore croître du fait de l’augmentation de la demande des pays émergents dont la population a pour l’instant une consommation 8 fois moins importante que la nôtre. Outre le fait que des investissements dans un système d’énergie décarbonée sont nécessaires, il est également important de continuer à investir dans la production pétrolière faute de quoi elle perdra 3 à 4% de sa capacité de production par an.
Par ailleurs, le changement climatique est un phénomène global. Si l’Europe et les États-Unis ont une responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre avec respectivement 350 millions de tonnes et 400 millions de tonnes d’émissions historiques, il est impératif aujourd’hui que des pays comme la Chine et l’Inde, qui émettent 40% des émissions mondiales de CO2, participent pleinement à un consensus tel que celui que l’Accord de Paris a tenté de faire émerger en 2015. Par ailleurs, une des mesures les plus efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique serait d’arrêter la déforestation de la planète. Se pose alors la question de savoir où est la bonne gouvernance mondiale capable de faire respecter une telle mesure ?

Réécoutez l’intervention de Patrick Pouyanné

Denis Ranque a indiqué que si l’on souhaitait atteindre l’objectif du Net Zéro en 2050 cela impliquait de sortir quasiment intégralement des énergies fossiles. Pour cela deux voies sont possibles : la biomasse qui est neutre en carbone mais qui est en quantité limitée et l’électricité décarbonée (renouvelables et nucléaire). Toutefois, la technologie ne peut pas tout et un changement des comportements, voire des valeurs, individuels et collectifs, est indispensable comme l’a rappelé le rapport sur la « Sobriété » publié par l’Académie des technologies en mai 2023. La révolution énergétique est donc une question porteuse de conflits de valeur entre l’objectif climatique et le bien-être actuel. C’est par ailleurs une question éminemment politique et géopolitique, comme l’attestent les tensions franco-allemandes : par le traité de Lisbonne, la France a transféré à l’Europe les règles de la politique énergétique. De ce fait, alors qu’elle est l’un des pays les moins émetteurs de CO2 (chaque Français émettant deux fois mois de CO2 que son voisin allemand), elle subit des pénalités et des sanctions pour non-respect du mix énergétique imposé. La transition énergétique est donc loin d’être un simple sujet technique et technologique mais soulève de nombreuses questions d’ordre moral et politique.

Réécoutez l’intervention de Denis Ranque

Réécoutez la conférence

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