Communication de Michel Pébereau
Réflexions sur la nécessité de mieux gérer les finances publiques en France

Conférence du lundi 25 septembre 2023 de Michel Pébereau, inspecteur général des finances honoraire, ancien PDG du groupe BNP Paribas

Thème de la conférence : Réflexions sur la nécessité de mieux gérer les finances publiques en France

Synthèse de la séance

Les problèmes de gestion de finances publiques ne sont pas nouveaux en France. Déficits et dettes sont presque aussi vieux que le Royaume de France. Ils débouchent sur les États généraux de 1789 et la banqueroute des 2/3 qui solde en 1796 les dettes de l’Ancien régime et de la révolution. Après plus d’un siècle de stabilité monétaire grâce au franc Germinal, les deux guerres mondiales bouleversent radicalement la situation des finances publiques : elles hissent la dette publique à plus de 150% du PIB, déclenchent une inflation et des dévaluations massives qui font perdre toute valeur à notre monnaie et à notre dette en franc. La mise en ordre du général De Gaulle en 1958 fait disparaître les déficits publics et ses deux successeurs limitent notre dette à 20% du PIB en 1980. Mais François Mitterrand installe un déficit structurel dont les relances keynésiennes augmenteront périodiquement l’ordre de grandeur et que plus personne n’essaiera de faire disparaître. Aujourd’hui, après près de 80 années de paix, notre dette dépasse 100% du PIB en 2020. Tous les pays ont des dettes publiques, mais celles des pays avancés sont plus élevées que les autres et le niveau et les perspectives de la nôtre sont parmi les plus préoccupants. Pour continuer à refinancer notre dette dans de bonnes conditions, il nous faut démontrer que nous pouvons et nous voulons la réduire. Cela suppose une révision générale des dépenses de chacune de nos administrations publiques qui prendra du temps. Or, nous avons une véritable addiction à la dépense publique.

Ces déficits et cette dette considérable qui s’élève à 111% en 2022 présentent de multiples inconvénients : un appauvrissement de l’État dont la situation patrimoniale se détériore, un coût annuel avec la charge que représentent les intérêts dont les taux sont en train de remonter – la charge de la dette va passer de 38,6 milliards en 2023 à 74,4 milliards en 2027 –, une iniquité vis-à-vis des générations futures qui auront à supporter les charges d’emprunt, une détérioration de la balance des paiements courants, et un affaiblissement de notre leadership européen.

L’origine de ces déficits structurels ne réside pas dans une insuffisance de prélèvements obligatoires mais dans le niveau de nos dépenses publiques, qui n’ont cessé d’augmenter depuis 1981. Avant même la crise du COVID, la France se trouvait plus de 8 points au-dessus de la moyenne de l’OCDE. En 2022, les dépenses publiques représentaient 58,3% du PIB. Chacune des grandes catégories de l’administration publique, la protection sociale, les collectivités locales et l’État contribue à cette dérive de nos dépenses publiques. La situation la plus criticable est celle de nos administrations de protection sociale : 33,3% du PIB est consacré à cette protection. C’est un choix de société qui permet de réduire plus que les autres les inégalités mais qui font s’élever les dépenses en 2019 à 763 milliards d’euros – la vieillesse et la maladie représentant 75% du total. L’un des chantiers les plus efficaces serait la réduction du mille-feuille des collectivités locales. Une réduction significative des effectifs d’agents publics démontrerait aux investisseurs la volonté de nos autorités de s’attaquer vraiment à notre problème structurel d’addiction à la dépense publique pour faire disparaître nos déficits.

Verbatim du conférencier

Réécoutez la conférence

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.