Le vendredi 23 mai, Bernard Stirn, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, Jean-David Levitte, vice-président, et Olivier Houdé, membre et auteur du rapport sur « La culture générale aujourd’hui : une question d’éducation et de pédagogie » (Cycle d’études soutenu en 2023-24 par la Fondation Simone et Cino Del Duca de l’Institut de France) ont remis officiellement ce rapport de 100 pages dont 10 recommandations à la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Élisabeth Borne.
Très attentive à ce travail, réalisé par notre compagnie avec le concours des quatre autres académies de l’Institut de France, la ministre d’Etat s’est montrée favorable à sa diffusion au sein de l’Education nationale afin qu’il soit tenu compte de ses recommandations dans les actions en cours pour améliorer l’école, qu’il s’agisse des programmes, de l’évaluation des acquis des élèves (via un nouveau baromètre de la culture générale) ou de la formation et de l’incitation des professeurs à coopérer pédagogiquement pour réinstaurer un enseignement transversal de culture générale.
Par ce Cycle d’études Del Duca et la remise de ce rapport aux autorités éducatives du pays, l’Académie des sciences morales et politiques est au cœur de ses missions de réflexion et d’action.
Créée en 1975, la Fondation Simone et Cino Del Duca fête cette année ses cinquante ans. À cette occasion, le secrétaire perpétuel Bernard Stirn s’est exprimé sous la coupole le jeudi 15 mai dernier pour saluer l’engagement de Cino et Simone Del Duca et remercier la Fondation pour le soutien qu’elle apporte aux travaux de l’Académie.
Discours prononcé par Bernard Stirn lors de la séance anniversaire de la Fondation Simone et Cino Del Duca (15 mai 2025)
Si chère à Cino et Simone Del Duca, la liberté de la presse est au cœur des valeurs qui inspirent les réflexions, les travaux et les projets de l’Académie des sciences morales et politiques. Dans le monde d’aujourd’hui, la proclamation de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme conserve toute son actualité et réclame toujours la vigilance : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». En application de ces principes, notre académie ferait volontiers sienne la réaction de Chateaubriand à l’ordonnance du 25 juillet 1830 qui suspendait la liberté de la presse, telle qu’il la rapporte dans les Mémoires d’outre-tombe : « La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c’est la parole à l’état de foudre ; c’est l’électricité sociale. Pouvez-vous faire qu’elle n’existe pas ? Plus vous prétendrez la comprimer, plus l’explosion sera violente. Il vous faut donc vous résoudre à vivre avec elle, comme vous vivez avec la machine à vapeur ». La formule pourrait s’appliquer de nos jours à l’audiovisuel, au numérique, aux moteurs d’intelligence artificielle.
L’attachement partagé à la liberté de la presse rend naturels les liens très étroits qui se sont établis entre la Fondation Del Duca et l’Académie des sciences morales et politiques. La Fondation soutient les publications de l’Académie, elle lui ouvre ses locaux, elle contribue à la bonne réalisation de nombre de ses activités. Plus encore, elle permet à l’Académie d’organiser, selon un cycle pluriannuel, une réflexion approfondie sur des questions d’ordre économique et social qui touchent la société contemporaine. Les travaux se déroulent sur deux ou trois ans. Ils associent des membres de l’Académie et des personnalités extérieures et débouchent sur une publication.
Les thèmes retenus dans ce cadre par l’Académie illustrent les interrogations et les préoccupations que notre société inspire. Menée de 2005 à 2007, une étude intitulée La France prépare mal sa jeunesse a été publiée avec une préface cosignée par Pierre Messmer et Raymond Barre. De 2008 à 2010, l’Académie a réfléchi sur Les inégalités et le sentiment de justice en France. Un travail considérable sur Guerre et société, mené sous la conduite de notre regretté confrère Jean Baechler, s’est traduit, de 2011 à 2015, par quatre grands colloques internationaux, treize journées d’études et la publication de plusieurs ouvrages. Chantal Delsol a animé de 2016 à 2018 un cycle sur Dissidence et pardon politique en Europe centrale. Daniel Andler a ensuite dirigé les études sur Technologies émergentes et sagesse collective. La réflexion conduite par Olivier Houdé sur la Culture générale vient de s’achever par la publication d’un riche rapport qui sera remis la semaine prochaine à Mme la ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Chantal Delsol, Daniel Andler et Olivier Houdé sont parmi nous ce soir. Sous la responsabilité d’Hervé Gaymard, un nouveau cycle, consacré à l’Avenir de la démocratie, vient de s’ouvrir. Alors que la fin du XXème siècle avait été marquée par un optimisme sans doute trop confiant sur les progrès constants des libertés, notre académie est conduite à s’interroger aujourd’hui sur les difficultés rencontrées par les démocraties les plus solidement établies, sur la mise en cause même du modèle de démocratie libérale et sur l’affirmation de régimes qui revendiquent d’autres inspirations.
Par leur durée, suffisamment longue pour réunir les informations nécessaires à l’approfondissement des analyses, par leur ouverture sur l’extérieur, par les publications qui les accompagnent, ces cycles stimulants aident notre académie à remplir pleinement sa mission. Aussi l’Académie des sciences morales et politiques est-elle heureuse d’exprimer à la fondation Simone et Cino Del Duca, à l’occasion de son cinquantième anniversaire, toute sa reconnaissance et son sincère attachement.
Bernard STIRN a déposé l’ouvrage suivant en séance du 12 mai 2025 :
Le droit administratif de Léon Aucoc de Vivian Laugier, (LGDJ, collection Bibliothèque de droit public, 2025, 448 p.).
Texte prononcé en séance
La thèse soutenue par Vivian Laugier, sous la direction de la professeure Pascale Gonod, vient d’être publiée sous le titre Le droit administratif de Léon Aucoc, dans la collection de la Bibliothèque de droit public que dirige note confrère Yves Gaudemet.
Cette excellente thèse analyse de manière solide et convaincante les apports de la pensée de Léon Aucoc à la construction du droit administratif dans la seconde moitié du XIXème siècle. Attentif à l’organisation administrative, Léon Aucoc, aurait selon Vivian Laugier, été l’inventeur du mot « déconcentration ». Il a contribué à l’affirmation de l’obligation pour l’administration d’inscrire son action dans le respect du droit. Attaché à l’histoire et au droit comparé, il a présidé la Société de législation comparée et il a été un pionnier dans la systématisation de droit administratif, qu’il conçoit comme une véritable science, liée aux autres sciences sociales.
Au-delà de la qualité de ses analyses juridiques, la thèse de Vivian Laugier permet de faire revivre une personnalité peut-être éclipsée par celle d ‘Edouard Laferrière et quelque peu oubliée, dont le parcours est le reflet d’une époque et qui a joué un rôle important pour notre académie comme pour l’Institut.
Né en 1828 à Paris, dans une famille de la bourgeoisie commerçante, Léon Aucoc a été élève de l’éphémère Ecole d’administration créée par le IIème République. Il rejoint en 1851 le Conseil d’Etat. Guy Braibant a écrit qu’il est alors « entré en droit administratif comme on entre en religion ». Au cours d’une belle carrière sous le Second Empire et les débuts de la République, il occupe, en particulier, les fonctions de commissaire du gouvernement de 1864 à 1869 puis celles de président de la section des travaux publics, de 1872 à 1879. A cette date, et bien qu’il n’ait pas été personnellement concerné par l’épuration républicaine, il décide de démissionner par solidarité avec ceux de ses collègues qui se trouvent alors écartés du Conseil en raison de leurs opinions politiques. Il rejoint la compagnie des chemins de fer du Midi, qu’il présidera et dont il sera administrateur jusqu’à son décès en 1910.
Parallèlement à ses activités administratives, Léon Aucoc a beaucoup enseigné et publié. Son cours à l’Ecole des Ponts et Chaussées est à l’origine d’un ouvrage de référence, qui fait l’objet de trois éditions successives, intitulé Conférences sur l’administration et le droit administratif. Il prend part en 1871 à la création de l’Ecole libre des sciences politiques. Ses nombreux articles sont d’une grande richesse.
Elu en 1877 dans notre académie, qu’il a présidée en 1890, Léon Aucoc s’est pleinement investi dans ses travaux et dans l’organisation de l’Institut. Alors que cela était loin d’être reconnu par tous à la fin du XIXème siècle, il a su convaincre que l’Institut de France dispose d’une personnalité juridique distincte de celle de l’Etat et d’une nature particulière. Il a dénoué les complications que suscitait la mise en œuvre de la donation de Chantilly faite par le duc d’Aumale le 3 décembre 1886. Il a rassemblé l’ensemble des lois, statuts et règlements applicables depuis les origines aux académies et à l’Institut. En rappelant ces points, la thèse de Vivian Laugier cite un extrait du discours prononcé par Léon Aucoc lors de son élection à la présidence de notre académie, qui soulignait ainsi son attachement à celle-ci : « Appartenir à l’Académie, c’est vraiment une carrière qui s’ajoute aux autres, qui leur donne plus d’éclat pendant l’activité, qui enlève l’amertume des retraites prématurées et qui assure aux retraites que l’âge commande ou légitime la douceur d’un repos laborieux ». Sans constituer le cœur d’une thèse centrée sur le droit administratif de l’époque, les liens avec notre académie de Léon Aucoc y sont ainsi très bien évoqués. C’est aussi une raison pour que cette thèse me paraisse mériter de retenir l’attention de celle-ci.
Le secrétaire perpétuel Bernard Stirn et le vice-président de l’Académie Jean-David Levitte ont accueilli à l’Académie l’ambassadrice de Jordanie en France, son excellence Leena Al Hadeed, à l’occasion du tournage de l’émission « Echoes of Jordan in the Heart of Paris » pour la télévision publique jordanienne.
Ils ont répondu aux questions des journalistes jordaniens Randa Karadsheh et Hazem Jameel Ali Rahahleh de la télévision publique du royaume hachémite à l’occasion de leur déplacement à Paris et ont pu leur faire découvrir l’Institut de France, son histoire et son fonctionnement, ainsi que notre Académie dont est membre associé depuis 2008 S.A.R. le prince El Hassan Bin Talal, oncle de S.A.R. le roi Abdallah II.
A l’occasion de la fin des travaux de rénovation du siège de la Chambre des notaires de Paris, Bernard Stirn participait, ce mardi 8 avril 2025, avec le correspondant de l’Académie Jean Tarrade, à une réception organisée par le président de la chambre Pierre Tarrade en présence du Garde des Sceaux Gérald Darmanin. Notre Académie noue des liens étroits avec la profession notariale dans le cadre de la Fondation Solon de l’Académie qui organise chaque année, depuis 2013, un concours de légistique à destination des étudiants à l’initiative de la chambre des notaires de Dordogne.
Ce lundi 31 mars était organisé un colloque en hommage au général (2 S) de corps aérien Michel Forget, correspondant de l’Académie élu le 26 octobre 1998 dans la section générale, et décédé en 2020. La conférence s’est tenue, à l’initiative de Benoit Lopez, maître de conférence, et en présence du président Jean-Robert Pitte, du secrétaire perpétuel Bernard Stirn, des académiciens Jean-Claude Casanova, André Vacheron, Haïm Korsia, Yves Gaudemet et Lucien Bély, d’Emmanuel Maury, correspondant de l’Académie qui occupe la place laissée vacante par le décès du Général Forget, du Général Le Saint et d’une quinzaine d’élèves officiers à l’École de l’air et de l’espace de Salon de Provence.
Né le 4 mai 1927, il a fait une carrière complète d’officier pilote de chasse. Il a notamment commandé la première opération extérieure mettant en œuvre des avions de combat à réaction modernes et, de 1979 à 1983, a été à la tête de la Force aérienne tactique (FATac). Mis en congé du personnel navigant en 1986, il quitte le service actif pour se consacrer à des études sur la défense, la stratégie et le fait aérien. Il est l’auteur de 6 ouvrages, parmi lesquels on retiendra Puissance aérienne et stratégies (2001), Notre défense dans un monde en crise (2006), Nos forces aériennes en OPEX : un demi-siècle d’interventions extérieures (2013) et Nos armées au temps de la Ve République (2016). À l’Académie, il présidait depuis 2007 le jury du Prix Edmond Freville – Pierre Messmer, couronnant des ouvrages consacrés à la stratégie militaire.
La France face aux enjeux de l’aviation militaire Hommage au général Michel Forget
Présentation de la Conférence: La pensée du général Forget s’est déployée dans de nombreux domaines et sa contribution offre un terreau remarquable pour concevoir l’avenir des forces armées en général et singulièrement celui des forces aérospatiales. À ce titre, plusieurs disciplines et champs de la recherche scientifique peuvent en tirer parti tant pour le rôle clé que le général a connu dans les débats sur la pensée stratégique française que pour la diversité des sujets qu’il a abordée. Dans cette logique trois disciplines au confluent de ses réflexions et despréoccupations de l’Académie ont été retenues : l’histoire, la science politique et le droit.
Le Général Michel Forget
Un itinéraire militaire et intellectuel
Afin d’expliciter l’originalité de la pensée et du positionnement pour l’armée de l’air et de l’espace des écrits du général Forget il convient de revenir sur quelques jalons de son parcours. Ce dernier prend la plume principalement à partir de 1983 avec ses premières contributions à la Revue Défense Nationale et à la suite d’une carrière d’active qu’il achèvera comme général de corps aérien. La richesse de son parcours ayant indéniablement joué un rôle dans la cristallisation de certaines de ses idées et largement irrigué les analyses qu’il produira il convient d’y revenir brièvement à travers quelques dates clés. Il intègre l’École de l’air le 28 octobre 1946, comme élève-officier du corps des officiers de l’air (promotion Antoine de Saint-Exupéry), et sera un peu moins d’une décennie plus tard promu capitaine le 1er janvier 1955. Il est alors nommé commandant en second de l’Escadron II/4 La Fayette puis en décembre de la même année il prendra le commandement de !’Escadron 1/4 Dauphiné toujours à Bremgarten. En janvier 1958, il est affecté en Algérie comme second du poste de commandement Air 10/540 à Batna avant dès l’année suivante de rejoindre l’État major interarmées commandé par le général Challe à Alger. Pendant son séjour, il totalisera 673 heures de vol en 345 missions de maintien de l’ordre sur plusieurs types d’avions et obtiendra la croix de la Valeur militaire avec palme. Il a donc une expérience de première main de ces territoires et du rôle qu’y a joué l’armée française jusqu’à son départ en 1960 pour la BA 102 de Dijon où il devient chef des opérations de la 2e Escadre de chasse, volant sur le tout nouveau Mirage IIIC.
Les élèves-officiers de l’Ecole de l’Air et de l’Espace (qu’a fréquentée le Général Forget) étaient présents ce lundi. Au premier plan : Benoit LOPEZ et Jean-Patrice LE SAINT
Dans un autre registre, sa pensée stratégique se développera également à l’occasion de l’année qu’il passe de 1968 à 1969 comme chef du bureau « Prospective et études » de l ‘État-major de l’ Armée de l’air (1968-1969). Par la suite, son poste comme chef du cabinet militaire du ministre de la Défense, Yvon Bourges, durant un peu plus d’un an lui aura probablement donné un regard particulier sur les grands enjeux de la politique de défense française. Pour ne prendre qu’un exemple, le Président Valéry Giscard d’Estaing a voulu donner une impulsion nouvelle à la politique de défense à la faveur de la loi de programmation militaire 1977-1982. Celle-ci fut adoptée en juin 1976, et va aboutir à une augmentation des crédits d’équipement des armées. En tant que chef du cabinet militaire du Ministre il a ainsi été un témoin privilégié de la mécanique des arbitrages financiers et de la rédaction de l’exposé des motifs et la loi.
La fin de sa carrière sera marquée par plusieurs commandements aux enjeux stratégiques conséquents. De novembre 1977 à février 1978, il prend ainsi les fonctions de commandant interarmées des forces françaises engagées dans l’opération Lamantin en Mauritanie. Élevé ensuite au rang et à l’appellation de général de corps aérien en novembre 1978, il exercera le commandement de la FATAC 1ère RA de février 1979 à mai 1983.
Enfin en 1998 il est élu correspondant de l’Académie des Sciences morales et politiques, au sein de la section générale, au fauteuil de l’historien américain Nicholas Wahl.
Dans sa pensée, le général Forget traduit d’abord un attachement à décrire la dimension aérienne dans les conflits armés. Cependant on ne saurait le cantonner à un rôle de grand témoin. Au contraire, il n’hésitera pas à aborder la place de la France sur la scène internationale et sa politique de défense au fil de ses écrits. Quelques exemples permettent de souligner le rôle qu’il a su jouer dans les grands débats des dernières décennies. Ainsi, dans les années 1980, il dénoncera dans « Vaincre … les illusions » l’idée de sanctuarisation élargie pourtant initialement reprise par Valéry Giscard D’Estaing. L’idée était alors d’étendre la garantie nucléaire stratégique française à tout ou partie de l’Europe occidentale. Si le Président finira par revenir sur sa position au profit d’une approche nationale, ce débat refait surface aujourd’hui avec le potentiel renforcement d’une Europe de la Défense.
De même, à la fin du XXe siècle, la publication de deux documents de références : Le livre blanc sur la Défense en 1994 et le concept d’emploi des forces de 1997 vont traiter des enjeux militaires futurs pour le continent. À cette occasion ces productions officielles jugeaient peu vraisemblable le retour d’un conflit de haute intensité en Europe. Outre la résonnance toute particulière que trouve cette question aujourd’hui avec l’Ukraine on signalera surtout qu’en 1998, dans son article « Capacités de nos forces et sixième scénario », le Général Forget proposera un discours critique sur ce sujet. Ce dernier en partant du cas de 1938, alertera sur la difficulté et surtout la lenteur d’une remontée en puissance de l’outil militaire laquelle implique à la fois une augmentation de l’équipement, mais aussi la formation des soldats.
Dans la continuité, il exprimera dans son livre « Nos forces aériennes en Opex, un demi-siècle d’opérations extérieures» l’insuffisante prise en compte pour les opérations extérieures des expériences passées. Il fustigera notamment l’occultation imposée de l’expérience algérienne et du plan Challe, dont il a naturellement été l’un des artisans.
Benoit LOPEZ et Jean-Patrice LE SAINTGuillaume MULLER et Yves AUFFRET
La conférence s’est tenue en plusieurs temps :
Ouverture par le Général de brigade aérienne Jean-Patrice Le Saint, directeur du Centre d’études stratégiques aérospatiales
Le général Forget et la Guerre d’Algérie(15 min)
Par le capitaine Guillaume Muller, enseignant-chercheur au Centre de recherche de l’École de l’Air
Le général Forget, les armées françaises et la Ve République (15 min)
Par le capitaine Yves Auffret, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École Militaire
Le général Forget, la guerre électronique et l’ambition du législateur pour 2030(15 min)
Par M. Benoît Lopez, maître de conférences détaché au Centre de recherche de l’École de l’Air
Jean-Patrice LE SAINTYves AUFFRETGuillaume MULLER
Bibliographie indicative autour des thématiques de la conférence :
Ouvrages:
Guerre froide et guerre d’Algérie (préface de Pierre Messmer), Économica, 2002.
Nos forces aériennes en Opex, un demi-siècle d’opérations extérieures, Économica, 2013 ; 195 pages
Nos Armées au temps de la Ve République, Économica, 2016.
Articles:
« Le changement dans la troisième dimension », Défense nationale n° 455, juin 1985, p. 31-40
« Vaincre … les illusions», Défense nationale n° 458, octobre 1985, p. 11-26.
« La dissuasion: un concept galvaudé», Défense nationale n° 570, décembre 1995, p. 7-13.
« Capacités de nos forces et sixième scénario», Défense Nationale, juillet 1998, p. 30-37.
«Laguerre électronique dans les unités de combat de l’Armée de l’air, 1950-1980 » in La Guerre électronique en France au XXe siècle (actes de colloque}, Comité pour l’histoire de l’armement,
Association Guerrelec, Centre d’études d’histoire de la Défense, 2000, p. 73-83.
Bernard Arnault, élu le 2 décembre 2024, au fauteuil 1 de la section Économie politique, Statistique et Finances, laissé vacant par le décès de Denis Kessler, a été accueilli en séance par le Secrétaire perpétuel Bernard Stirn ce lundi 17 mars 2025. Le Président Jean-Robert Pitte lui a remis la médaille de l’Académie en signe de bienvenue. L’élection de Bernard Arnault a été approuvée par décret du président de la République en date du 7 février 2025.
Carole Talon-Hugon, élue le 9 décembre 2024, au fauteuil 2 de la section Philosophie, laissé vacant par le décès d’Alain Besançon, a été accueillie à son tour en séance par le Secrétaire perpétuel. La médaille de l’Académie lui a aussi été remise par le Président Jean-Robert Pitte. L’élection de Carole Talon-Hugon a été approuvée par décret du président de la République en date du 7 février 2025.
Bernard Stirn a déposé l’ouvrage suivant en séance du 3 mars 2025 :
Gouverner l’avenir de Clément Tonon (Éditions Tallandier, 2025, 224 p.).
Texte prononcé en séance
Le livre que Clément Tonon vient de publier aux Editions Tallandier Gouverner l’avenir, avec comme sous-titre Retrouver le sens du temps long en politique, me paraît mériter de retenir l’attention de notre académie. Il s’agit du premier et prometteur ouvrage d’un jeune auteur, maître des requêtes au Conseil d’Etat, et par ailleurs élu local en Dordogne, qui a occupé de 2022 à 2024 des fonctions de conseiller auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion territoires, Christophe Béchu. D’un style alerte, ce livre expose une réflexion fort intéressante sur le besoin et sur les possibilités pour l’action publique de retrouver la capacité à s’inscrire dans le temps long.
Clément Tonon part du constat que le rapport de l’action publique au temps s’est dégradé, « sous le triple mouvement de la disparition du passé, de la dictature du présent et de la crise de l’avenir ». Il rappelle que Tocqueville écrivait : « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ». L’information en continu et les réseaux sociaux aggravent la pression de l’immédiat. En imposant d’agir dans l’urgence, la succession des crises a encore accru la perte du sens du temps long. Le risque existe d’une « prison algorithmique » dont les divers populismes se nourrissent. Il y a lieu de s’inquiéter d’une évolution qui conduit à naviguer à vue, sans vision d’ensemble. L’auteur parle d’ « un grand déboussolement ».
Mais loin d’être un constat désabusé, le livre de Clément Tonon invite à écarter tout fatalité et il ouvre des voies pour retrouver les ressorts d’une meilleure prise en compte du temps. Montrant combien la recherche et la réflexion politiques sont nécessaires pour sortir de la « dictature de l’instant », il met en lumière les moyens, bien supérieurs aux nôtres, que nos partenaires déploient pour les stimuler, en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne. Il met en valeur l’importance de l’action publique sur les sujets majeurs, l’éducation, le climat et la biodiversité, la politique de puissance et la stratégie internationale. A partir de son expérience au cabinet du ministre de la transition écologique, il insiste sur « l’irruption de la nature en politique » et souligne que l’adaptation au changement climatique relève aujourd’hui de la compétence régalienne de l’Etat.
Sachant allier approche théorique et exemples concrets, cet ouvrage montre au total qu’il est possible de cesser de suivre la voie d’un Etat qui « réglemente et dépense trop » pour aller vers un Etat qui sache à la fois construire une stratégie dans la longue durée et la mettre en œuvre par des actions menées « sur-mesure, dans le temps et l’espace ».
Au total, c’est bien la solidité de la démocratie qui est en cause au travers de la capacité à assurer aux acteurs publics un meilleur rapport au temps. « Les démocraties doivent inventer un modèle qui concilie réussite écologique, innovation technologique et logique de puissance, sans renier leurs valeurs » écrit Clément Tonon. Son livre apporte des éclairages précieux et stimulants pour notre académie au moment où elle engage ses propres réflexions sur l’avenir de la démocratie.
Bernard Stirn a déposé l’ouvrage suivant en séance du 10 février 2025 :
Albert Schweitzer de Mathieu Arnold (Éditions Fayard, 2025, 512 p.).
Transcription générée automatiquement
Merci Monsieur le Président. Je reprends la parole au plus vite que vous ne pensez pour déposer sur le bureau de l’académie une biographie d’Albert Schweitzer qui vient d’être publiée aux éditions Fayard et et qui est écrite par Matthieu Arnold qui est un professeur d’histoire à la faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg. Ce livre m’a je veux dire beaucoup intéressé et m’a beaucoup appris sur la vie d’Albert Schweitzer qui est né à Gunsbach en Alsace en mille-huit-cent-soixante-quinze et qui est mort quatre-vingt-dix ans plus tard en mille-neuf-cent-soixante-cinq au Gabon. Il était notre confrère puisqu’il fut élu dans notre académie en mille-neuf-cent-cinquante-et-un un an avant de recevoir le prix Nobel de la paix. Le livre de Matthieu Arnold retrace sa vie exceptionnelle et montre que si elle comporte de multiples facettes, elle s’ordonne autour de la grande passion de la médecine humanitaire en Afrique.
Albert Schweitzer est sans conteste un homme aux multiples facettes, il est né dans l’Alsace allemande en mille huit cent soixante-quinze et il n’a retrouvé la nationalité française qui était celle de sa famille avant la guerre de mille huit cent soixante-dix qu’après mille neuf cent dix-huit Et d’ailleurs on a j’ai appris dans le livre que comme beaucoup d’alsaciens, il a été suspecté de sympathie allemande pendant la première guerre mondiale et il a été de ce fait interné par les autorités françaises durant la dernière année de la guerre. Albert Schweitzer est d’abord un théologien, un philosophe et un musicien. Il est docteur en philosophie et docteur en théologie et à ce titre il enseigne à l’université de Strasbourg tout en prononçant régulièrement des sermons lors de cérémonie du culte protestant. Il est aussi un organisme virtuose, ses premières publications portent sur la vie de Jésus sur Saint Paul et sur Jean-Sébastien Bach dont il est l’un des plus fins connaisseurs et chose que j’ignorais je dois dire absolument c’est seulement à trente ans à trente ans qu’il commence des études de médecine afin de répondre à l’appel qu’il ressent d’une activité humanitaire en Afrique et il va faire tout le cursus médical entre trente et près de quarante ans avant de partir en Afrique.
Une fois diplômé en médecine, il part pour un premier séjour à Lambaréné en mille-neuf-cent-treize mais la guerre le conduit à revenir en Europe et c’est à partir de mille-neuf-cent-vingt-quatre après d’intense préparatifs qu’il retourne à Lambaréné. Désormais sa vie est tout entière consacrée au progrès de la médecine en Afrique. Il organise les soins construit et développe un hôpital anime un réseau pour lequel il s’est attiré les moyens et les compétences. Il est à la fois médecin, directeur d’établissement et architecte en chef des travaux de construction et d’aménagement de l’hôpital. En même temps qu’il permet de spectaculaires progrès dans la lutte contre les épidémies et la pratique de la chirurgie, il devient un personnage de légende qui est comme un sorcier blanc et un philosophe de la jungle.
Il poursuit d’ailleurs son oeuvre philosophique marquée par sa foi protestante et son idéal humaniste. Le respect de la vie est au coeur de sa pensée. Ses publications sont nombreuses telles philosophie de la civilisation et à l’orée de la forêt vierge. Il prononce de multiples conférences et sa renommée est considérable peut-être plus encore dans l’ensemble du monde qu’en France même. Stefan Zweig écrit je le cite, il rayonne de la sérénité de celui qui se sait sur le droit chemin.
Aux États-Unis, le magazine Life le qualifie en mille-neuf-cent-quarante-cinq de plus grand homme du monde. Gilbert Seizbon écrit en mille-neuf-cent-cinquante-deux sa pièce immédiatement adaptée au cinéma, il est minuit docteur Schweitzer. À la mort d’Albert Schweitzer, Martin Luther King télégraphie, je le cite avec lui disparaît l’une des plus brillantes étoiles du firmament humain. Par souci de la paix Albert Schweitzer s’engage après la seconde guerre mondiale dans le combat contre les armes nucléaires, sa vie, son extraordinaire aventure s’inscrivent dans un contexte à la fois scientifique et géopolitique très différent du monde actuel. Mais le livre le beau livre de Mathieu Arnold permet de retrouver son souvenir et ce souvenir est particulièrement bienvenu pour notre académie au moment où elle va accueillir un autre grand médecin humanitaire agit dans l’Afrique d’aujourd’hui le docteur Denis Mugwege lui aussi prix nobel de la paix.
Ce prix biennal créé en 1977 est décerné « à l’auteur d’un ouvrage juridique de valeur ou à l’auteur d’une action ou d’une œuvre civique méritoire ».
Le jury
Le jury est composé des membres de la section Législation, Droit public et Jurisprudence.
Les lauréats
2019 – Benjamin Lloret pour sa thèse, La protection internationale des minorités. Le regard de la doctrine française de l’entre-deux-guerres, soutenue le 18 mai 2018 à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas.
2017 – Olivier Jouanjan pour son ouvrage Justifier l’injustifiable. L’ordre du discours juridique nazi, Paris (PUF), 2017.
2015 – Athanasia Petropoulou pour son ouvrage Liberté et sécurité. Les mesures antiterroristes et la Cour européenne des Droits de l’Homme, Paris (Pedone), 2014.
2013 – Michel Troper et Dominique Chagnollaud (sous la direction de), Traité international de droit constitutionnel. Théorie de la Constitution, Paris (Dalloz), 2012, 3 tomes.
2011 – Brunessen Bertrand, pour sa thèse de doctorat Le juge de l’Union européenne, juge administratif, soutenue le 19 juin 2010 (Paris II).
2009 – prix non attribué.
2007 – François Givord, Claude Giverdon et Pierre Capoulade pour leur ouvrage La copropriété, Paris (Dalloz), 2006.
2005 – Béhibro K. Guy Claude Kouakou pour sa thèse de doctorat en droit Le contentieux de la fonction publique internationale. Contribution à l’étude du régime juridique des commissions de recours et d’appel de l’agence intergouvernementale de la francophonie, soutenue le 15 juin 2004 à l’Université René Descartes-Paris V.
2003 – Claire Bouglé – Le Roux, pour sa thèse de doctorat La cour de cassation et le code pénal de 1810. Le principe de légalité à l’épreuve de la jurisprudence (1811 – 1863), soutenue le 5 janvier 2002 à l’Université de Rennes-I
2001 – Roger -A. Lhombreaud, Mémoires et destin , fin d’une adolescence en temps de guerre, Paris (XXIe siècle – Gutenberg), 2000.
1999 – Matthieu Reeb pour l’édition du Recueil des sentences du Tribunal arbitral du sport, Berne (Stæmpfli), 1998.
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