Communication de Jean-François RICARD « Justice et terrorisme : une institution admise : regard sur le Parquet National antiterroriste »

Communication du lundi 24 juin 2024 de Jean-François Ricard, Ancien chef du Parquet National Antiterroriste, Conseiller spécial du Garde des Sceaux en charge de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée

Thème de la communication : Justice et terrorisme : une institution admise : regard sur le Parquet National antiterroriste (PNAT)

Synthèse de la séance

Le président Bruno Cotte ouvre la séance en rappelant que de 1963 à 1981, la Cour de sûreté de l’État a connu des affaires judiciaires revêtant une qualification terroriste (affaires corses, basques, Front de Libération de la Bretagne). Supprimée par une loi du 4 août 1981, cette cour ne fut pas remplacée et la dispersion des affaires terroristes entre les différentes juridictions du territoire national montra très vite ses limites. C’est aussi l’époque d’une série de violents attentats (attentats de la rue Marbeuf, rue des Rosiers, Orly, Action Directe…). C’est dans ce contexte que fut élaborée la loi du 9 septembre 1986 centralisant le traitement des infractions qualifiées de terroriste comme étant « en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Cette loi, toujours en vigueur, a été modifiée et complétée jusqu’à la création en 2019 du Parquet National Antiterroriste.

La fréquentation quotidienne du terrorisme, les images terribles auxquelles on est soumis et les périls bien réels pour nos démocraties pourraient inciter à la noirceur et faire le choix de certaines raideurs. Au contraire : le respect du droit, sans la moindre concession, et le contradictoire doivent interroger à chaque instant le juge et le procureur en charge de ces contentieux et constituer des remparts contre la tentation d’envisager de moyens non conformes à l’éthique du magistrat.

La lutte antiterroriste consiste avant tout en une réponse à une menace. Elle peut s’exercer dans l’activité de la justice pénale, mais elle doit également prévenir, en détectant et réprimant un crime en préparation.

Si le terrorisme jihadiste reste aujourd’hui une préoccupation majeure en France, il n’en a pas toujours été ainsi. Le premier dossier judiciaire de terrorisme de type jihadiste a été ouvert à la fin 1993. À l’époque, il se caractérise par des réseaux en place à travers l’Europe afin de profiter de la manne incroyable des arsenaux de l’ex-Europe de l’Est, une dispersion des acteurs dans toute la France et une mise en relation des acteurs sur un mode horizontal. De 1996 à 2006, une nouvelle vague apparaît dont les acteurs ont connu des scènes de guerre, multiplié les déplacements internationaux, notamment dans le Londonistan, et ont pour certains un très bon niveau universitaire. Une autre vague apparaît à partir de 2004, en lien direct avec la guerre en Irak : ce sont de jeunes hommes, peu formés religieusement mais marqués par une adhésion très forte et la volonté d’agir et de mourir en martyr. La période 2007-2012 correspond à une période de repli qui ne signifie pas inactivité. Il en résulte une implantation massive de l’idéologie jihadiste et la volonté de se dissocier totalement de notre société jugée impie et ne permettant pas de vivre sa religion. Tous les éléments sont alors réunis pour connaître la période 2012-2019.

Si la menace projetée depuis l’étranger vers la France est toujours actuelle, c’est surtout la mouvance endogène aujourd’hui qui est la principale menace. Ce sont nos principes républicains et démocratiques qui sont rejetés : la liberté d’expression, la laïcité et l’égalité entre les hommes et les femmes en particulier. C’est parce que les enseignants ont la charge de transmettre ces valeurs qu’ils ont été ciblés. Deux types de terroristes se distinguent : des individus perturbés, peu formés idéologiquement ou religieusement, dans une situation de mal-être profond ; des jeunes sans difficulté existentielle marquée mais agissant par une sorte de mimétisme.

Qu’en est-il du juge pénal face au terrorisme ? La Cour de sûreté de l’État symbolisait le face à face entre l’État, qui représentait la société tout entière, et des groupes menant des actions s’apparentant à du terrorisme. Le juge, comme la victime, n’avait qu’une place très secondaire. Après sa suppression en 1981 et les vagues d’attentats qui frappèrent la France de 1981 à 1986, la grande loi du 9 septembre 1986 a permis de refuser tout nouveau recours à une justice d’exception mais aussi toute banalisation de l’action judiciaire, qui avait entraîné les échecs des années 1981 à 1986. C’est une conception très pragmatique qui a primé et qui a permis que la gestion du crime terroriste se détache de la seule atteinte à la sûreté de l’État. Le législateur définit le terrorisme comme une criminalité spécifique en le dissociant des atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation, au moment même où le terrorisme jihadiste, qui vise la société entière, se met en place. Le législateur a donc rendu possible d’aborder cette nouvelle page du terrorisme en dotant le juge des outils indispensables.

Le Parquet National Antiterroriste se compose d’une section en charge du terrorisme, composée de 17 membres ; d’une autre pour l’exécution et l’application des peines (4 membres) et enfin d’une section compétente en matière de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre (5 membres). Depuis 2012, le contentieux jihadiste représente l’essentiel du contentieux terroriste (42 attentats jihadistes ont été commis en France depuis 2012, tuant 273 personnes). Si certains contentieux historiques, notamment corse et turco-kurde, ont encore une existence, l’émergence du contentieux de l’ultra-droite ne saurait être négligée.

Juger les deux attentats les plus meurtriers ayant frappé la France (ceux du 13 novembre 2015 à Saint-Denis et Paris et du 14 juillet 2016 à Nice) posait d’immenses défis : il fallait juger de la manière la plus respectueuse des droits, mais éviter de donner une tribune aux accusés ; donner aux parties civiles toute leur place mais ne pas oublier la vocation première du procès pénal qui consiste à prouver une culpabilité ; œuvrer à la manifestation publique de la vérité et requérir la juste peine. La seconde problématique pour le PNAT était, dès sa constitution, de définir, face à un événement tragique, l’exact périmètre de sa compétence.

L’autre grand défi de ces dernières années a été de juger les crimes contre l’humanité. Entre 2014 et 2018, seulement deux affaires ont été jugées en lien avec le génocide des Tutsis au Rwanda. Depuis la fin 2021, ce sont 6 procès qui se sont tenus, concernant le Rwanda mais aussi le Liberia – procès historique à plusieurs titres au cours duquel notamment la justice française a reconnu pour la première fois le viol comme un crime contre l’humanité – et 3 hauts responsables du régime syrien, illustrant ce choix de lutter contre l’impunité de ces crimes.

Verbatim du communicant

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Rencontre avec Angela VIVANCO MARTINEZ, ministre à la Cour suprême du Chili

Le secrétaire perpétuel Bernard Stirn a reçu, ce matin, Angela Francisca Vivanco Martínez, ministre à la Cour suprême du Chili, en visite officielle à Paris et accompagnée de Constanza Andrea Reyes Cerro, directrice-adjointe de la juridiction.

La ministre était présente au titre de sa présidence de la Commission du langage clair du pouvoir judiciaire du Chili, instance créée en 2015 et dont l’objectif est de promouvoir la simplification du langage juridique au sein du pouvoir judiciaire pour faciliter la compréhension de l’information contenue dans les décisions judiciaires. Cette initiative vise à permettre aux justiciables de mieux comprendre les décisions qui les concernent.

Bernard Stirn, qui a présidé la section du Contentieux du Conseil d’État, et la ministre, ont ainsi pu échanger, dans le cadre de ces travaux, sur les outils permettant une plus grande démocratisation de l’accès à la justice en permettant aux citoyens de mieux se saisir des décisions judiciaires pour défendre leurs droits.

Ouverture des candidatures pour participer à l’émission J’aime à dire sur France 4

Vous avez entre 14 et 30 ans ? Vous avez un message à faire passer ? Il vous est dorénavant possible de déposer votre candidature pour participer à la saison 2 de l’émission J’aime à dire !

Seul ou en groupe, en format débat ou individuel, filmez vous en trois minutes maximum sur le thème suivant : « Possible ou impossible ? ». Les candidats retenus viendront s’exprimer sur le plateau de J’aime à dire et devront convaincre Isabelle Carré et Abd Al Malik, les parrains de l’émission diffusée sur France 4.

Le dispositif J’aime à Dire est porté par France Télévisions et soutenu par la Fondation pour l’Écriture abritée par notre Académie. Les participants sont accompagnés par l’association Graine d’Orateurs 93.

Les candidats de la première saison ont présenté, l’an dernier, leur déclamation sous la coupole de l’Institut devant Pierre Brunel. L’académicien a pu leur prodiguer ses conseils avant le grand oral devant les caméras.

Communication de Cécile DANGLES et de Véronique SOUSSET sur la peine d’emprisonnement : « quel sens lui donner ? quel parcours vers la réinsertion ? »

Communication du lundi 17 juin 2024 de :

  • Cécile Dangles, Vice-présidente Juge de l’application des peines au tribunal judiciaire de Lille, actuellement en poste au Contrôle général des lieux de privation de liberté ;
  • Véronique Sousset, Directrice interrégionale adjointe des services pénitentiaires de Strasbourg

Thème de la communication : Regards croisés sur la peine d’emprisonnement : quel sens lui donner ? Le parcours vers la réinsertion ?

Synthèse de la séance

Le président Bruno Cotte ouvre la séance en soulignant combien l’équilibre est souvent difficile à trouver entre ceux pour qui le salut réside dans l’augmentation du quantum des peines, l’insaturation de peines planchers, la rétention de sûreté ; et ceux pour qui les permissions de sortie, la libération conditionnelle constituent des moyens utiles et adaptés pour préparer une sortie qui interviendra un jour. Puis, il donne la parole tout d’abord à Cécile Dangles pour éclairer ce qu’est l’application des peines dans notre système de droit pénal, avant d’entrer en prison avec Véronique Sousset.

Cécile DANGLES

L’application des peines est un nouveau procès. Le procès pénal, au cours duquel est débattu en même temps de la culpabilité et de la peine, ne met pas un terme au processus judiciaire. Une fois la peine fixée par le juge du tribunal correctionnel ou la cour d’assises, commence le travail du juge de l’application des peines (JAP). Depuis 1945, l’idée d’une exécution individualisée de la peine s’est imposée. Il s’agit de tenir compte des efforts accomplis par le condamné pour adapter les modalités d’exécution de la peine d’emprisonnement. La mise en application de la peine est résolument tournée vers l’avenir, elle impose de multiples réajustements, un tissage de liens et de partenariats.

La conférence de consensus sur la prévention de la récidive en 2013 a constitué un tournant pour le monde judiciaire : pour la première fois une méthode novatrice, fondée sur des études scientifiques, dressait un état des connaissances et proposait des recommandations, en reposant la question du sens et des finalités de la peine et en considérant que la sanction pénale, pour garantir efficacement la sécurité de tous, doit viser en priorité l’insertion des personnes ayant commis une infraction. Elle proposait notamment la peine de probation et une politique de limitation de l’incarcération.

L’article 707 du code de procédure pénale, qui est le credo du JAP, indique que la prison n’est pas une fin en soi et que la préparation à la sortie doit s’imaginer dès l’entrée.

Le rôle du JAP est de donner de la valeur aux efforts fournis, de les souligner et de les valoriser. L’administration pénitentiaire ne pourrait pas assurer l’ordre et la sécurité des établissements si les personnes détenues n’avaient aucune perspective. Les outils du JAP sont nombreux : réductions de peines qui valident les efforts d’engagement dans des soins ou des activités ; permissions de sortie ; libération conditionnelle qui peut être demandée à mi-peine ; travail d’intérêt général ou jours-amende. Juger c’est décider. Le juge qui refuse tout se protège lui-même mais n’assure pas la protection de la société. Les études criminologiques montrent la nécessité de prévoir des étapes dans la préparation de la sortie en s’ajustant à la réalité de la personne et à ses besoins. Le travail du juge et de ses partenaires est de s’inscrire dans un parcours d’exécution de la peine.

Mais le juge ne peut rien seul. Il doit pouvoir compter sur l’éclairage de partenaires institutionnels mais aussi sur les associations, les foyers, les structures de soins, les mairies ou les entreprises. En ce sens, la délinquance est l’affaire de tous.

Véronique SOUSSET

Véronique Sousset prend ensuite la parole en rappelant que l’ambition est de faire du temps de l’incarcération un temps utile pour les détenus et pour la société car la réinsertion sociale est un gage de sécurité publique. La question est donc celle du sens de la peine et du parcours en prison.
De l’image de l’hôtel 4 étoiles à celle du cachot, la perception ordinaire de la prison est souvent empreinte de clichés, éloignés de la réalité. Parce qu’elle est un monde clos qui recèle une part de la violence de la société, la prison cristallise les craintes et les attentes. C’est l’institution qui est sommée de réussir là où d’autres ont échoué.

La loi du 22 juin 1987 posait pour la première fois, la définition du service public pénitentiaire et ces deux missions : la garde et la réinsertion. Un code pénitentiaire composé de 7 livres et 1 650 articles est entré en vigueur le 1er mai 2022.
Poser la question du sens de la peine c’est se poser celle du sens de la prison.

Malgré le paradoxe apparent, l’enfermement doit préparer le retour à la vie libre et les hauts murs d’enceinte des prisons doivent être une frontière solide et perméable. Le nombre de détenus a atteint un niveau record au 1er mai 2024 avec 77 647 personnes incarcérées pour 61 000 places, cette situation de surpopulation contraignant 3 400 détenus à dormir sur un matelas au sol. La densité carcérale globale s’établit à 126% mais atteint 150% dans les maisons d’arrêt où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines (inférieures ou égale à 2 ans). Contrairement aux maisons centrales ou aux centres de détention, il n’y a pas de numerus clausus en maison d’arrêt. Cette surpopulation, jamais connue en temps de paix, est en augmentation : en 3 ans, il y a eu plus de 17 000 détenus supplémentaires. Cette réalité des conditions d’enfermement peut venir mettre à mal l’ambition de la prison qui est de concilier l’enfermement et la réinsertion. Les conditions de détention dignes et respectueuses sont une exigence humaniste et républicaine et participent à la bonne exécution de la peine.

D’autres services publics interviennent en prison pour lui donner un sens : le service hospitalier, de l’éducation nationale, des collectivités ou des travaux pour des concessionnaires privés. Les formations professionnelles contribuent aussi à la socialisation, désormais proposées et financées par les conseils régionaux. Les liens avec l’extérieur sont assurés. Enfin, le sens de la prison est aussi très dépendant de l’architecture et des conditions de détention. De la prison construite sur le modèle du panoptique de Bentham à la fin du XIXè siècle, aux nouvelles structures comme les SAS (structures d’accompagnement vers la sortie) conçues pour s’intégrer dans l’environnement urbain, l’éventail est large.

Il y a donc non pas une mais des prisons dont la finalité, au-delà de la mission de garde et de garantie de l’effectivité de la peine, est de préparer la réinsertion dans le souci constant de reposer les bases du contrat social. Le parcours vers la réinsertion est un chemin souvent escarpé. La sortie aménagée, opposée à la sortie sèche, est le rempart le plus efficace contre la récidive

Comme il n’y a de peine utile que de peine juste, le temps passé en prison doit préparer l’avenir.

Verbatim des communicantes

Téléchargez le verbatim de la communication de Cécile Dangles
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Création de la Fondation abritée « À chaque jeune sa voie – Académie des sciences morales et politiques »

Le secrétaire perpétuel Bernard Stirn a procédé à la signature, ce mercredi 12 juin 2024, de la convention de création de la nouvelle Fondation « A chaque jeune sa voie – Académie des sciences morales et politiques » qui succède à l’ancienne fondation C’Possible.

Fondée par l’ancien vice-président du groupe L’Oréal François Vachey (à gauche de la photo) et par l’avocat Philippe Raymond (co-fondateur), son objectif est de « favoriser l’insertion des élèves de l’enseignement professionnel et technologique dans la société » en concourant « au rapprochement entre les lycées professionnels et les entreprises ainsi qu’à la recherche de nouvelles pratiques pédagogiques spécifiquement adaptées à ces jeunes ».

La signature de la convention s’est tenue, en sus des fondateurs, en présence d’Anne Carvallo, professeur honoraire de philosophie, de Philippe Sénéchal, professeur des universités et de Martin Chodron de Courcel, professeur de philosophie.

Communication de Laurent RIDEL sur la « France pénitentiaire »

Communication du lundi 10 juin 2024 de Laurent Ridel, Inspecteur général de la justice, ancien directeur de l’administration pénitentiaire au ministère de la justice

Thème de la communication : Regard sur la France pénitentiaire

Synthèse de la séance

La prison est une institution sociale qui doit être assumée par la société. Elle n’est pas, par essence, bonne ou mauvaise. Elle est ce que la société en fait, en fonction des moyens attribués, des règles de fonctionnement définies et des objectifs assignés. Elle n’est pas à la marge de la société mais au cœur de celle-ci et contribue à préserver le contrat social et le pacte républicain.
L’administration pénitentiaire suit aujourd’hui plus de 260 000 personnes dont un peu moins de 78 000 sont incarcérées. Les autres (soit 180 000), appelés probationnaires, purgent leurs peines restrictives de liberté en milieu libre. Ces 260 000 personnes sont prises en charge par 103 Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation et 187 établissements pénitentiaires. Les personnes détenues sont pour une majorité écrasante des hommes (96%), relativement jeune (35 ans en moyenne). C’est une population fortement précarisée et fragilisée sur le plan familial et professionnel, au sein de laquelle les addictions et les problématiques psychiatriques sont sur-représentées. Les détenus sont en majorité de nationalité française. Si la durée du séjour a tendance à s’allonger (autour de 12 mois actuellement), les durées de détention sont très contrastées en fonction des peines prononcées. Le taux de détention en France s’établit autour de 110 pour 100 000 habitants – ce qui situe la France dans la moyenne du Conseil de l’Europe – mais contrairement à ses voisins, ce taux est en augmentation sensible ; tandis que le taux de probation français est de 265 pour 100 000 habitants, soit le deuxième taux le plus élevé en Europe de l’Ouest après l’Angleterre. La combinaison de ces taux permet de battre en brèche l’idée que la justice pénale en France serait laxiste. Le niveau de réponse pénale est parmi l’un des plus élevé d’Europe.

La difficulté éprouvée par la société française à assumer avec sérénité ses prisons, en tant qu’institution nécessaire à la préservation de l’équilibre social, peut se lire dans l’opposition entre le populisme pénal qui voit dans le délinquant une personne irrécupérable et l’angélisme pénal qui voit dans la prison un lieu d’arbitraire et le creuset de la récidive.

L’administration pénitentiaire est l’une des administrations qui a le plus évolué en l’espace d’une génération, notamment dans son rapport au droit. La prison était il y a encore quelques décennies quasiment en dehors du droit. Les détenus ont désormais des droits qu’ils peuvent faire valoir de façon très concrète. Par ailleurs, les métiers pénitentiaires se sont diversifiés et enrichis, reflétant les nouvelles missions confiées à cette administration. Une réforme statutaire permet aussi de rendre ce secteur plus attractif, l’enjeu de recrutement consistant un immense défi pour l’administration pénitentiaire avec le départ à la retraite de toute une génération de fonctionnaires et l’ouverture de plus de 50 établissements avec le plan 15 000 places de prison, annoncé par le président Macron.

Si la prise en charge de personnes détenues radicalisées a toujours existé, il existe aujourd’hui deux différences notables : le nombre élevé d’incarcérations en un temps réduit et le caractère prosélyte de cette population. En 2020, on comptait plus de 500 terroristes islamistes en prison, et 1000 détenus de droit commun radicalisés. Le modèle français de prévention de la radicalisation est aujourd’hui reconnu au niveau européen. Cette stratégie ambitieuse et pragmatique s’est appuyée sur 3 piliers : garantir en détention le respect des droits de personnes détenues, la mise en place d’une politique de lutte contre la radicalisation, la création du Service National du Renseignement Pénitentiaire.

L’encellulement individuel, posé par la loi en 1875, a été solennellement réaffirmé par la loi « présomption d’innocence » du 15 juin 2000. Toutefois cette notion, très française, n’est toujours pas appliquée et un 6ème moratoire a été voté en 2022. La situation de surpopulation carcérale est un véritable fléau structurel qui contribue à dégrader les conditions de détention, à compromettre le sens et l’efficacité des peines et à aggraver la violence en prison. La politique visant à favoriser les mesures de probation ne s’est pas traduite par une baisse de la population carcérale, en vertu du phénomène qualifié d’« extension du filet pénal ».

Au vu des coûts humains mais aussi économiques (la construction d’une place de prison coûte entre 300 et 400 000 € et le coût de fonctionnement de la journée de détention est de 120 €), il est impératif qu’une réflexion apaisée et constructive soit engagée par l’ensemble des acteurs. Il est indispensable de sortir de cette facilité consistant à faire de l’emprisonnement la réponse simpliste aux problématiques complexes que d’autres institutions ont échoué à traiter.

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Communication de François SAINT-PIERRE : « Regard d’un avocat sur la justice pénale en 2024 »

Communication du lundi 3 juin 2024 de François Saint-Pierre, avocat au barreau de Lyon

Thème de la communication : Regard d’un avocat sur la justice pénale en 2024

Synthèse de la séance

Tacite, dans les Annales, assignait aux avocats une mission exigeante mais cruciale : « empêcher qu’un accusé soit livré à la force », autrement dit à l’arbitraire. Il posait là les prémices de ce que l’on appelle aujourd’hui « le procès équitable », concept moderne, né de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qui a suscité de profondes évolutions de l’organisation judiciaire, des procédures mais aussi de notre système légal. En quelques années, notre droit, d’essence purement législative depuis la Révolution et le 1er Empire, s’est métamorphosé en droit jurisprudentiel, prétorien.

Plus encore que par le passé, les juges exercent désormais une fonction majeure : non seulement celle de « dire le droit » mais aussi de le créer, de l’inventer. À une condition : que les avocats remplissent leur office en posant des questions de droit, des questions pertinentes auxquelles les juges doivent répondre, ne pouvant se les poser d’initiative. Cette importance de la place du droit dans les salles d’audience est l’une des évolutions majeures du procès pénal depuis les années 2010.

L’indépendance de la justice face au pouvoir politique est la garantie que les juges se prononceront avec objectivité sur les faits en cause et la responsabilité de l’accusé et de la qualité juridique. Le droit est un discours juridique autonome, distinct du discours politique, avec un lexique, une méthodologie et des règles qui lui sont propres.

En 2010, Mireille Delmas-Marty avait écrit dans Libertés et sûreté dans un monde dangereux que notre conception classique de l’État de droit était minée, non seulement par le terrorisme et le gangstérisme, mais aussi par les réponses politiques privilégiant les impératifs sécuritaires au préjudice des libertés et de la sûreté. La suite lui a donné raison. De 2015 à 2021, des événements de nature très différente ont précipité et condensé ce que l’on peut appeler la crise de l’État de droit : les attentats terroristes de Paris de janvier et novembre 2015, de Nice en 2016, le mouvement social des gilets jaunes en 2018 et 2019 et enfin la pandémie du coronavirus et le confinement général de la population en 2020 et 2021. Notre État de droit a alors régressé. Le pire est à craindre pour l’avenir. Aujourd’hui, deux des principaux partis politiques français (le Rassemblement National et Les Républicains) réclament le retrait de la France de la Convention européenne des droits de l’homme, ou du moins la suppression du droit de recours individuel des personnes devant la Cour européenne, en réaction à l’essor du droit européen et à sa diffusion dans les droits nationaux. Les conséquences d’un tel choix politique seraient majeures sur nos systèmes juridiques et judiciaires en France.

Notre monde judiciaire a profondément évolué ces dernières années. En 1981, le 9 octobre, furent adoptés le même jour la loi d’abolition de la peine de mort et le décret d’ouverture du droit de recours individuel devant la Cour européenne des droits de l’homme. Dans les années 1980, une commission, présidée par M. Delmas-Marty, dans laquelle siégèrent Bruno Cotte et d’autres grands juristes, fut mandatée pour imaginer un nouveau système de « mise en état des affaires pénales » afin d’abandonner l’ancien système hérité du code d’instruction criminelle napoléonien pour un nouveau système de nature accusatoire. Le gouvernement y renonça dès octobre 1990, conservant le système de l’instruction judiciaire, et le faisant évoluer avec plus d’une trentaine de lois de réforme du code de procédure pénale. Jean-Marc Sauvé estimait ici-même que le code de procédure pénale avait été rendu illisible par l’accumulation de ces modifications législatives. En 2004, Dominique Perben, garde des sceaux, porta une loi (du 9 mars) qui fit date en inaugurant les JIRS (Juridictions interrégionales spécialisées dans la répression de la criminalité organisée et le terrorisme) dotées de pouvoirs d’instruction plus intrusifs et performants. C’est également cette loi qui introduisit la pratique du plaider coupable qui s’est aujourd’hui banalisée.

Aujourd’hui, le juge d’instruction n’est plus le magistrat le plus puissant de France. Ce sont les procureurs de la République. Cette nouvelle arborescence de la justice pénale présente quelques graves défauts de conception : le fait de pouvoir conduire des investigations sans ouverture d’information judiciaire fait que les personnes concernées (victimes ou suspectées) sont privées de tout statut juridique et donc démunies de tout droit de défense ; le second défaut est que le statut des procureurs et des magistrats du ministère public n’a pas été mis au niveau pour jouer ce nouveau rôle.

En 2010, l’innovation de la question prioritaire de constitutionnalité a provoqué l’éclosion d’un nouveau champ juridique. En 14 ans, ce sont plus de 1 100 décisions qui ont été rendues par les juges du Conseil constitutionnel, construisant une jurisprudence créatrice, comme sur la réforme de la garde à vue par exemple. En 2011, quatre arrêts du 15 avril opérèrent une révolution jurisprudentielle à bas bruit de la Cour de cassation, inversant l’ordre juridique classique par rapport à la CEDH.

Par temps de crise, les libertés publiques peuvent s’effriter soudainement et l’État de droit céder la place à des états d’urgence. Les règles d’un État de droit sont fragiles et leur transgression est aisée, si l’on n’y prend garde, chacun dans ses fonctions respectives.

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Accueil du nouveau correspondant Jean TARRADE

De gauche à droite sur la photo : Jean Tarrade, Lucrezia Reichlin et Jaime Antúnez Aldunate

Jean TARRADE, né en 1948 à Saint-Jory-de-Chalais, a été élu le 29 avril 2024 correspondant à la cinquième place de la section Législation, Droit public et Jurisprudence. Il a été accueilli à l’Académie en séance ce lundi 3 juin 2024. Il succède à Rodolfo SACCO.

Notaire honoraire, il a successivement occupé les fonctions de président de la Chambre des notaires du Paris, de président du Conseil supérieur du notariat et a présidé le Conseil des Notariats de l’Union européenne.

Discours d’accueil d’Yves GAUDEMET, prononcé par Pierre DELVOLVÉ en son absence

Pierre Delvolvé (au centre), accompagné de Jean-Claude Casanova (à gauche), de François Saint-Pierre (à droite) et du fils de Jean Tarrade, Pierre Tarrade, à l’arrière plan.
Yves GAUDEMET

Il était temps… Sauf erreur de ma part, notre Compagnie à ce jour n’avait jamais accueilli de notaire. Et pourtant le notariat est au cœur de nos institutions ; et Maître Tarrade est d’abord – mais pas seulement j’y reviendrai – un grand notaire.

1/ Un grand notaire….

Je vais laisser parler ici ceux qui, au tournant de la Révolution, ont confirmé le notariat, attributaire du sceau de l’État et investi, avant la lettre, d’un véritable service public de la sécurité juridique.

Peu avant de se séparer, le 30 septembre 1791, l’Assemblée constituante prenait deux mesures, apparemment en sens inverse mais commandées en réalité par une même logique : la suppression des ordres d’avocat et la réorganisation du notariat. À cette dernière, trois séances furent consacrées, sur le rapport de Le Chapelier (avocat lui-même) au nom du comité de constitution.

Le rapport de Le Chapelier pose d’emblée la question de l’utilité du maintien du notariat au moment où l’ensemble des institutions judiciaires de l’Ancien Régime et notamment les ordres d’avocat sont supprimés ; et il conclut qu’il faut à la société des certificateurs de contrats, des officiers qui leur impriment ce caractère d’authenticité sans lequel la loi ne peut les reconnaître ni assurer les droits qui en héritent ». Il faut au citoyen « un moyen de constater son droit au moment même où il l’acquiert ; il est du devoir, il est intérêt de la société de les lui procurer. Or ce moyen existe seulement dans l’intervention de la société, à la formation même du contrat, par la présence d’un officier revêtu d’un caractère légal qui le rend propre à constater la vérité de la convention, le temps de sa rédaction, enfin d’en devenir le certificateur ».

« Nous avons donc pensé, Messieurs, que les notaires n’étaient pas seulement nécessaires comme rédacteurs des conventions ; qu’ils étaient indispensables comme certificateurs de la vérité et de la date des contrats ».

Ce sont ces principes qui seront inscrits dans la loi du 25 ventôse An XI – véritable charte du notariat en 12 articles (on savait écrire le droit à l’époque) -, et dont le rapporteur au Tribunat, Favart ouvre son rapport par la formule qui sera inscrite sur le sceau des notaires : « le notaire exercice ici une partie de l’autorité publique ; ce qu’il écrit fait la loi des parties ; lex est quod notamus ».

Ainsi investi d’une sorte de service public de la sécurité juridique, le notariat s’est organisé en conséquence et constitue même un modèle pour l’ensemble des professions réglementées.

Et Maître Jean Tarrade, quelques 40 années durant, a pris part à ce service public, à tous les niveaux, et jusqu’à la présidence et au cumul des présidences du Notariat français, du Notariat européen, du Notariat latin, et d’autres encore…

2/ Mais le président Jean Tarrade n’est pas seulement un grand notaire, une figure remarquable et remarquée de la Profession ; il est un grand juriste et, ajouterais-je, un juriste bien de son temps, prenant part à tous les débats, présent surtout les fronts, attentif à toutes les réformes – et elles n’ont pas manqué ces derniers temps – pour les apprécier, les modérer et les accompagner ; et cela chaque fois que sont en cause, non pas tant les intérêts propres du Notariat mais les intérêts de la société confiés à celui-ci, comme le disait si bien Le Chapelier.

Il est régulièrement associé, es qualité ou à titre personnel, aux réflexions de la Chancellerie sur l’évolution de plusieurs aspects du droit privé, notamment à l’occasion du bicentenaire du Code civil, ou encore aux travaux de révision de la directive sur la qualification professionnelle en Europe.

Particulièrement, il sera l’interlocuteur naturel des pouvoirs publics, puisqu’alors Président du Conseil supérieur du notariat, au moment de l’élaboration de la loi du 5 aout 2015 dite « loi Macron », laquelle, emportée par le grand mouvement de la concurrence, conduit à ce résultat contre nature d’inscrire la profession notariale dans le code de commerce.

Qu’en eût pensé Le Chapelier !

En tous les cas, on peut penser qu’il eût approuvé l’attitude du président Tarrade, toute de modération, de disponibilité mais attachée à rappeler les principes fondateurs du système français.

Jean Tarrade œuvrera encore régulièrement à la diffusion ou au rétablissement du modèle français ; plus performant à tous égards que le système anglo-saxon, ou plutôt l’absence d’un tel système dans les pays de common law et le recours au mécanisme des assurances nourrissant elles-mêmes un abandon contentieux. Il accomplit à ce titre plusieurs missions d’assistance, notamment auprès des autorités polonaises, tchèques, hongroises pour la restauration de la fonction notariale après la chute du mur de Berlin.

Et il est remarquable et particulièrement heureux que Jean Tarrade succède ainsi à notre regretté confrère Roberto Sacco, immense juriste, maitre incontesté du droit comparé, résistant de la première heure dans la division alpine italienne Val Chisone avant de devenir, dans le monde entier, le grand professeur de droit civil que l’on sait, et qui resta fidèle à nos séances jusqu’à ce qu’il nous quitte, presque centenaire.

C’est notamment notre confrère François Terré qui avait souhaité sa présence parmi nous. Nous l’accompagnerons demain pour un dernier adieu.

C’est avec François Terré en pensée que nous sommes heureux de vous accueillir aujourd’hui dans notre Compagnie, cher Président Tarrade.

Yves GAUDEMET, 3 juin 2024

Discours prononcé par Jean TARRADE, correspondant élu le 29 avril 2024 à la place de Rodolfo SACCO

Accueil de la nouvelle correspondante Lucrezia REICHLIN

De gauche à droite sur la photo : Jean Tarrade, Lucrezia Reichlin et Jaime Antúnez Aldunate

Lucrezia Reichlin, née le 14 août 1954 à Rome, a été élue le 13 mai 2024 correspondante à la troisième place de la section Économie politique, Statistiques et Finances. Elle a été accueillie par Jean-Claude Casanova. Elle succède à Horst Albach.

Professeur d’économie à la London Business School, Lucrezia Reichlin a commencé sa carrière en tant qu’universitaire en effectuant des recherches en économétrie. Elle s’est spécialisée dans l’analyse du cycle économique et dans la modélisation. Au fil des années, elle a élargi ses champs de recherche à la politique monétaire, à l’union monétaire européenne, à l’inflation et, plus récemment, au changement climatique.
Ancienne directrice générale de la recherche à la Banque centrale européenne, elle a été l’une des chevilles ouvrières de la création de l’International Sustainability Standards Board (ISSB).

Discours d’accueil de Jean-Claude CASANOVA

Discours prononcé par Lucrezia REICHLIN, correspondante élu le 13 mai 2024 à la place de Rodolfo SACCO

In memoriam François TERRÉ

François TERRÉ s’est éteint le 27 mai dernier.

Lors de la séance du 3 juin 2024, le président Bruno COTTE a prononcé une allocution en sa mémoire et fait observer une minute de recueillement.

Discours prononcé par le Président de l’Académie des sciences morales et politiques Bruno Cotte

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre confrère François TERRÉ, éminent juriste, survenu le 27 mai dernier. Âgé de 93 ans, François TERRÉ laisse derrière lui un héritage intellectuel substantiel et une empreinte durable sur la discipline juridique
Né le 23 juillet 1930 à Paris, François TERRÉ a très tôt montré un intérêt marqué pour le droit. Après des études brillantes à l’Université de Paris, où il obtint son doctorat en droit, il devint avocat à la cour d’appel de Paris avant d’entamer une carrière académique et professionnelle qui allait transformer le paysage juridique français.
Après avoir été chargé de cours à la faculté de droit de Strasbourg de 1955 à 1957, il a été reçu à l’agrégation de droit privé et a enseigné dans les facultés de Phnom Penh, de Lille, de Nanterre, enfin de Paris II pendant plusieurs décennies. Sa pédagogie rigoureuse et éclairée a formé des générations d’étudiants dont beaucoup d’entre eux sont devenus à leur tour des juristes de renom et, qu’ils soient français ou étrangers, lui sont restés fidèles.
Il a publié de nombreux ouvrages et articles qui sont aujourd’hui des références incontournables dans le domaine du droit civil et de la théorie générale du droit. Ses contributions incluent notamment ses travaux sur la responsabilité civile, les obligations et le droit des contrats.
Reconnu par ses pairs, il a présidé l’Association française de philosophie du droit depuis 1983 et a dirigé les Archives de philosophie du droit
La reconnaissance de ses compétences a toutefois dépassé la seule sphère juridique. Il a œuvré pour l’indépendance et l’excellence de la justice française en assurant les fonctions de conseiller technique au cabinet de Jean Foyer, ministre de la Coopération puis Garde des Sceaux de 1960 à 1962 et de 1962 à 1967. Il y œuvrait aux côtés, notamment, de Pierre ARPAILLANGE et de Pierre MAZEAUD et il aimait évoquer cette période. Il a alors participé aux travaux de la commission de réforme du code de procédure civile.
Elu le 11 décembre 1995 au sein de notre compagnie dans la section Législation, Droit public et Jurisprudence, au fauteuil laissé vacant par le décès de Suzanne BASTID, il a été un membre actif de notre Académie qu’il a présidée. Il a contribué à porter la réflexion juridique au cœur de nos travaux, en témoigne sa commémoration du bicentenaire du code civil lors d’une séance solennelle le 15 mars 2004.
François TERRÉ a également été à l’origine du concours SOLON qui remet un prix de légistique « Droit écrit, bien écrit » depuis plus de 10 ans. Solon, l’un des 7 Sages de la Grèce antique est resté célèbre 2 600 ans après pour la qualité des lois dont il avait doté Athènes. Aujourd’hui, en 2024, nous avons encore à apprendre de lui …
Souhaitons que le souvenir de notre confrère perdure à son tour dans le temps. François TERRÉ était un homme de valeurs, profondément attaché à la rigueur intellectuelle et à une éthique exigeante. Ses collègues et ses étudiants se souviendront de lui comme d’un homme d’une grande bienveillance, gai, pétri d’humour, parfois déroutant …Sa disparition laisse une profonde émotion dans le monde académique et au-delà.
À sa famille,
A ses amis, je pense tout particulièrement à Pierre MAZEAUD et à Jean TULARD, A ses proches, ses collègues universitaires, nombreux au sein de notre Section « DROIT »,
A ses nombreux anciens élèves, nous adressons nos sincères condoléances : oui nous partageons leur douleur.
L’héritage de François TERRÉ continuera de vivre à travers ceux qu’il a inspirés et les innombrables esprits qu’il a marqués.
François TERRE était commandeur de la légion d’honneur, distinction rare dans le monde universitaire.
Bruno Cotte, Président de l’Académie des sciences morales et politiques
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