La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse

Avant-propos de Raymond Barre et Pierre Messmer

Paris, 2007, Éditions du Seuil

Publié avec le soutien
de la Fondation Cino et Simone del Duca
de l’Institut de France

A la veille d’échéances cruciales pour la France, des voix s’élèvent en provenance de l’Académie des sciences morales et politiques pour saisir l’opinion publique d’un problème majeur et mal connu : La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse.

Autant que celle de ses gouvernants successifs, c’est la responsabilité de la collectivité nationale qui est engagée.

Qu’il s’agisse de l’emploi, de la formation, de la solidarité entre les générations, de la dette publique, les politiques nationales, malgré les bonnes intentions, se sont révélées peu efficaces et’ injustes envers tout ou partie de la jeunesse.

Les cosignataires de cet appel à la lucidité et au civisme sont deux anciens Premiers ministres, Raymond Barre et Pierre Messmer; trois autres membres de l’Académie des sciences morales et politiques, Michel Albert, Marcel Boiteux et Gabriel de Broglie ; et trois éminents experts, Christian de Boissieu, Jean-Michel Charpin et Jean-Philippe Cotis.

Présentation du rapport par Marcel Boiteux

La situation économique de la France n’est pas bonne, son équilibre social est menacé, les décisions courageuses et le remboursement de la dette publique sont remis à plus tard – et ce sont les jeunes qui vont en souffrir de plus en plus.

Dire cela il y a un an n’était pas tellement original. Le dire aujourd’hui l’est encore moins si l’on en reste aux déclarations et approximations dont la presse nous abreuve.

Mais, à l’instigation de notre secrétaire perpétuel et avec l’appui financier de la fondation del Duca, le parti fut pris dès l’origine de nos travaux d’étayer nos propos sur des analyses scientifiques. Nous avons fait appel pour cela au CEPREMAP (centre pour la recherche économique et ses applications) – dont le directeur est Daniel Cohen. Après examen, il a été décidé que nous appuyerions nos réflexions sur des équipes ad hoc de chercheurs du CEPREMAP axées respectivement sur le marché du travail, le système éducatif, divers aspects de la vie des jeunes, les menaces économiques et financières qui pèsent sur eux.

***

J’en viens maintenant à notre rapport lui-même, dont le CEPREMAP a également fourni les rapporteurs.

A la base un constat : la société française est inquiète et désenchantée. Elle pense très généralement que les jeunes générations auront moins de chance que celles qui les ont précédées. D’où d’ores et déjà le désarroi, l’inquiétude de nombreux jeunes et, trop souvent, leurs réactions de violence.

L’analyse se présente en trois chapitres concernant respectivement le marché du travail, le système éducatif, le déséquilibre des rapports entre les générations. Dans le bref délai qui m’est imparti, je ne pourrai donner de ces chapitres qu’une idée rapide et sans nuance.

Premier point, le fait est que les conditions d’insertion des jeunes sur le marché du travail se sont considérablement détériorées depuis vingt ans. Dans un contexte de chômage accru, les jeunes – dont la formation est restée trop longtemps coupée du monde du travail – souffrent beaucoup plus qu’autrefois de leur état de débutant. C’est sur eux que pèsent les exigences croissantes de flexibilité du marché, dès lors que les travailleurs en place voient leurs emplois très fortement protégés. Plus forte s’avère cette protection des emplois – et non des travailleurs – plus forte est l’instabilité pesant sur les jeunes qui n’ont pas encore accédé aux emplois protégés. D’où une dualité pernicieuse entre les « inclus » et les « exclus ».

Ce dualisme du marché du travail coexiste avec un dualisme tout aussi pernicieux du système éducatif, entre les sélectionnés et les laissés pour compte.

Après la seconde guerre mondiale, l’école, puis l’université se sont ouvertes à une partie de plus en plus large de la population. Le nombre des bacheliers – ou tout au moins des lauréats – a doublé au cours des vingt dernières années, celui des étudiants s’est accru de 60 %. Mais cette ouverture a engendré autant de désillusions qu’elle avait suscité d’espoir. De réformes avortées en réformes échouées, notre système éducatif peine durablement à s’adapter à un enseignement de masse. L’égalité des chances n’a pas progressé ; elle a même régressé pour les « Très Grandes Ecoles ». Hors les grandes Ecoles, seules les filières professionnelles font l’objet d’une certaine sélection, de sorte que ce sont les refusés de ces filières qui viennent en masse rejoindre les vraies vocations dans les formations générales. Et là, ces laissés pour compte n’ont aucun avenir après qu’avoir perdu leur temps, ils subiront quand-même une sélection, celle de l’échec. Ainsi se heurte-t-on aux tabous de la gratuité, du refus de la sélection, du manque d’autonomie des universités qui les paralyse face aux réformes indispensables.

Mais les choses, heureusement, évoluent par la bande. C’est ainsi que l’Université créé des écoles en son sein qui, pas à pas, discrètement, contournent les tabous.

Enfin, troisième chapitre, un déséquilibre croissant s’établit entre les générations.

Avec l’allongement des études et les difficultés d’insertion sur le marché du travail, les jeunes restent dépendants de leur famille beaucoup plus longtemps qu’autrefois et le déroulement du schéma traditionnel « formation-emploi-foyer » est complètement perturbé. Le système des aides aux études, qui repose principalement en France sur des allègements fiscaux pour les parents, contribue à freiner l’émancipation des jeunes.

Or c’est sur les épaules de cette jeunesse mal émancipée que va porter bientôt le poids des retraites généreuses de leurs aînés, et le service d’une dette publique explosive. Si encore cette dette servait à préparer l’avenir, peut-être serait-elle moins menaçante. Mais les budgets de recherche sont insuffisants et nos cerveaux les plus brillants sont recrutés de plus en plus par les universités et les firmes étrangères.

***

J’ajouterai deux remarques essentielles à ce trop bref résumé.

La première c’est que, comme dans tout travail sérieux, nos assertions font l’objet systématique de références à des ouvrages ou articles de chercheurs, qui établissent leur portée scientifique.

La deuxième c’est que nous nous sommes interdits, après le diagnostic, de proposer des médications qui auraient donné à notre rapport l’allure d’un programme de gouvernement. Ce n’eût pas été convenable. Mais chaque chapitre est systématiquement étayé de comparaisons avec l’étranger, lesquelles suffisent à suggérer que nos problèmes ont trouvé ailleurs des solutions.

Reste à espérer, pour terminer, que notre pays, lui aussi, saura enfin retrouver le chemin des vraies réformes pour se mettre en état de s’adapter toujours plus vite à un monde toujours changeant.

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Notes documentaires N°254 / janvier 2007

NOTES DOCUMENTAIRES est un produt du département Ressources d’informations du Service d’information du Gouvernement. Il présente, chaque mois, un certain nombre de fiches de lecture sur des ouvrages à caractère politique, socio-économique et culturel apportant un éclairage sur les mouvements d’idées en ce début de XXIe siècle.

Quelques échos
  • Barre et Messmer à la rescousse,
    Patrick Bonazza, © Le Point 11/01/07 – N°1791 – Page 72 –

« Ce qui maintient notre jeunesse entre deux mondes, c’est surtout notre insuffisante culture de la réforme. » « C’est la France qui est elle-même en cause, plutôt que tel ou tel gouvernement, telle ou telle majorité qu’il serait vain d’accuser unilatéralement. » Le jugement que portent Raymond Barre et Pierre Messmer, qui ont animé un petit groupe de travail de l’Académie des sciences morales et politiques, est effarant. Puisque la France est en cause, comment en effet peut-on porter remède au mal qui ronge sa jeunesse, à moins de quitter le pays  ?

Bien sûr, l’étude, intitulée « La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse », publiée au Seuil, ne sombre pas dans l’antipatriotisme. Mais l’on voit bien où les auteurs veulent en venir. Héritiers proches ou lointains du gaullisme, ils ne se reconnaissent ni dans le gouvernement Jospin ni dans l’actuel. On reconnaît bien là l’esprit d’indépendance du professeur Barre.

Pour le reste, l’étude est un diagnostic circonstancié des maux dont souffre la jeunesse. Tout y passe. Le chômage et la précarité, qui affectent les moins de 25 ans en priorité. L’éducation, qui condamne davantage aujourd’hui qu’hier les jeunes issus des milieux populaires. Le prix des logements qui les contraint à vivre chez leurs parents.

Bref, cette étude est un roman noir. Qui n’a qu’un seul but : exhorter le pays à modifier radicalement ses comportements, quel que soit le vainqueur de la prochaine présidentielle. Un acte de foi, en somme.

 

  • Les jeunes victimes du modèle français,
    par Eric Le Boucher, LE MONDE, article paru dans l’édition du 14.01.07

C’est un événement : l’Académie des sciences morales et politiques croit nécessaire de publier un livre cri d’alarme : La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse (éditions du Seuil). Il n’y a que très peu de précédents dans l’histoire de France d’une telle mobilisation des cinquante habits verts, éminences nationales de la philosophie, du droit, de l’économie, de l’histoire. Le document est solennel, avec une préface signée par deux anciens premiers ministres, Raymond Barre et Pierre Messmer. Le travail a été coordonné par le chancelier Gabriel de Broglie, le secrétaire perpétuel Michel Albert, et présidé par Marcel Boiteux. Le livre accusateur a été fait à partir de contributions nombreuses, demandées aux meilleurs spécialistes, qui sont publiées parallèlement par le Cepremap (éditions de l’Ecole normale supérieure).

Si la France est inquiète, pessimiste, désemparée, en révolte, c’est parce qu’elle traite mal ses enfants, expliquent les nobles vieillards. Défaillance éducative, chômage massif, précarité et dette pénalisent la jeunesse et, comme « l’angoisse des parents grandit avec le désarroi des enfants », la France connaît « une singulière inaptitude à se projeter positivement dans l’avenir« .

Le livre a un autre intérêt que d’être un violent coup de sabre donné aux gouvernements actuel et passés depuis vingt ans. Synthétisant les études récentes sur les défauts du modèle français, il parvient à étayer une conclusion simple d’une portée générale : la France fait mal à force de vouloir bien faire. L’échec est celui de la politique des bons sentiments. Les effets pervers des politiques sociales ou éducatives, conduites pourtant avec la meilleure volonté, submergent leurs effets positifs.

Le mécanisme est schématiquement celui-ci : en protégeant telle catégorie, le système expose les autres. Puis en protégeant alors telle autre, il expose encore plus fortement celles laissées en dehors, et ainsi de suite, jusqu’à un réduit de laissés-pour-compte qui sont exclus de tout. La France sociale qui se veut égalitaire est devenue ainsi une machine à exclusion. Voilà pourquoi les jeunes sont mal traités, plus particulièrement les jeunes sans qualification et plus encore ceux des banlieues. Prenons deux exemples pour le comprendre.

Le marché du travail. Les faits sont apparus en pleine lumière avec la crise du contrat première embauche (CPE) au printemps 2006 : le chômage des jeunes en France est parmi les plus élevés des pays de l’OCDE et, lorsqu’ils parviennent enfin à décrocher un job, il s’agit à 87 % d’un contrat temporaire (40 % au Danemark). On peut émettre une explication : la flexibilité nécessaire dans le capitalisme actuel passe par les jeunes, mais ceux-ci, ayant passé 30 ans et ayant trouvé un contrat à durée indéterminée (CDI), bénéficient à leur tour de garanties fortes. Plutôt que de précariser tous les salariés, la France a fait le choix de conserver ces garanties fortes intactes, mais il faut remonter une longue « file d’attente » au départ de la vie. Cette politique est pénible certes, mais elle permet au total de contenir le mal. C’est le choix français délibéré d’un marché de l’emploi dual : très dur au départ, doux ensuite.

Passons sur le côté égoïste d’un tel choix qui demande aux jeunes d’absorber seuls le choc de la précarité. Passons aussi sur le creusement des niveaux de vie entre générations qu’il provoque. Constatons que, la mondialisation s’imposant, l’accès à l’emploi en CDI devient de plus en plus tardif et difficile, et qu’entre-temps la dualité « accroît la dispersion des destins selon l’origine scolaire » : les moins qualifiés sont les plus pénalisés, au point que certains n’accèdent jamais au CDI rêvé. Voilà comment la France, à vouloir « protéger » les emplois existants, creuse les inégalités et crée des exclus à vie. Les académiciens soulignent qu’il existe d’autres choix possibles, comme en Allemagne ou en Europe du Nord.

Deuxième exemple : l’éducation, où l’on retrouve un autre dualisme. Comme les autres pays, la France a fortement accru l’accès à l’enseignement supérieur tout en voulant protéger sa spécificité : la sélection. Ainsi allait-on donner à tous les fils d’ouvriers les diplômes qui étaient réservés aux fils de bourgeois, l’élitisme républicain allait assurer l’égalité de chances. Mais, d’une part, cette sélection jette dehors 150 000 jeunes par an, que l’école abandonne sans aucune formation, d’autre part, le nombre d’élèves des grandes écoles n’a guère été augmenté et c’est l’université qui a dû, seule, sans moyens, absorber le choc du nombre. Elle n’a pas pu et pas su. Dès lors, comme parallèlement, les entreprises sont devenues plus sélectives, le diplôme ne garantit plus l’obtention d’un poste de cadre, et beaucoup de bacheliers doivent accepter des emplois non qualifiés. D’où un sentiment terrible de déclassement.

N’y échappent que les enfants accompagnés culturellement et financièrement par leur famille. Et voilà, à l’inverse de la volonté de départ, comment les jeunes ont perdu de l’autonomie par rapport à leurs parents et comment l’enseignement est devenu une machine à reproduire les inégalités.

Ces deux échecs français ne condamnent ni la possibilité d’une protection sociale des salariés ni la nécessité de généraliser l’accès à l’enseignement supérieur, concluent les académiciens. Ils soulignent combien les bons sentiments font de mauvaises politiques s’ils ne sont pas armés de profondes réformes d’adaptation menées jusqu’au bout.

 

  • La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse,
    par Raymond Barre et Pierre Messmer
    Le Figaro | Débats & Opinions, publié le 18 janvier 2007

Raymond Barre et Pierre Messmer sont anciens premiers ministres. Le groupe de travail, placé sous la présidence de Marcel Boiteux, réunissait, outre les deux auteurs, Michel Albert, Gabriel de Broglie, membres de l’Académie, Christian de Boissieu, Jean-Michel Charpin et Jean-Philippe Cotis.

La société française est inquiète. Inquiète pour ses enfants, inquiète pour son avenir. Le malaise des jeunes est devenu un thème courant. Depuis un an, l’Académie des sciences morales et politiques a entrepris un travail de fond sur cette question dont elle publie aujourd’hui les conclusions dans un essai au titre sans appel : La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse (Éditions du Seuil). Ce livre est le fruit de réflexions fondées sur les travaux scientifiques de chercheurs de la Rue d’Ulm, rassemblés autour du professeur Daniel Cohen. Ce n’est pas l’esprit partisan qui nous conduit aujourd’hui à prendre la plume ensemble pour la première fois. C’est la gravité de faits irréfutables que nous avons constatés. Optimistes et déclinistes pourront bien s’affronter pour savoir si le verre est à moitié plein ou à moitié vide ; le fait est qu’il se vide. La France n’est sans doute pas encore au bord du gouffre, mais il est plus que jamais urgent de prendre conscience des erreurs qui l’y mènent.

Pour protéger les emplois, les Français ont accepté d’en exclure de nombreux jeunes. Aujourd’hui, 1 sur 4 n’a pas décroché d’emploi stable trois ans après la fin de sa formation ; on en comptait 1 sur 10 en 1982. Les politiques suivies – rigidification du droit du travail et « partage de l’emploi » – ont eu pour effet de créer des barrières presque infranchissables entre les titulaires des emplois protégés – privés aussi bien que publics – et ceux qui en sont exclus : les 20-30 ans, mais aussi les 50-65 ans.

Car l’emploi, contrairement au pain, ne se partage pas ; il se multiplie par le travail. L’accès à l’emploi se fait dorénavant sur le mode de la « file d’attente », comme dans tout système de pénurie organisée. La France consacre pourtant plus de dépenses que ses voisins aux dispositifs d’aides à l’emploi des jeunes. Mais ces mesures ne seront jamais que des palliatifs si le droit du travail n’est pas réformé. Les pays scandinaves, en favorisant une protection des personnes et non des emplois, ont prouvé qu’il était possible de modifier de manière efficace les institutions du marché du travail sans renoncer pour autant à la garantie de sécurité à laquelle aspirent les salariés.

Le dualisme du marché du travail se double de celui, tout aussi pernicieux, du système éducatif. L’école et l’université se sont ouvertes massivement. Mais cette ouverture a engendré autant de désillusions qu’elle avait suscité d’espoirs. D’élitiste qu’elle était et d’égalitaire qu’elle devait devenir, notre école est devenue plus injuste. L’égalité des chances n’a pas progressé. Elle a même régressé pour les plus grandes écoles. Les fils d’ouvriers et d’employés représentaient 25 % des admis à Polytechnique il y a 50 ans ; ils sont 1 % aujourd’hui. En dehors des cursus d’excellence, seules les filières professionnelles font l’objet d’une certaine sélection et d’une certaine réussite. Ceux qui ne peuvent y entrer viennent s’échouer en masse dans les formations générales des universités. Et là, après avoir perdu leur temps, ils subissent quand même une sélection : celle de l’échec. Les tabous de la gratuité, du refus de la sélection et le manque d’autonomie des universités rendent l’enseignement supérieur difficilement réformable, sauf par contournement ou à la marge grâce à la création de filières spécialisées, due aux initiatives heureuses de certaines équipes pédagogiques.

Les jeunes restent beaucoup plus longtemps dépendants de leur famille du fait de l’allongement des études et des difficultés d’insertion. Et c’est sur eux que pèsera bientôt le poids croissant des retraites de leurs aînés, et le service d’une dette publique exponentielle. Si encore cette dette servait à préparer l’avenir !

Mais les financements publics de la recherche — qui représentent la moitié de son budget — ont fortement régressé. Dans un monde mû par le progrès rapide des technologies, ce relatif désinvestissement est désastreux.

Les exemples étrangers montrent qu’il n’y a pas de fatalité à une telle situation. Ce n’est pas la mondialisation qui aggrave à ce point les dualismes de notre société ; ce sont nos propres idées reçues. Alors, tant pis pour les jeunes ? Sans nul doute, si nos concitoyens et ceux qui aspirent à les gouverner décident, dans les mois qui viennent, de continuer à privilégier les positions acquises et à repousser les indispensables adaptations aux défis internationaux que nous devons relever.

 

  • France, prends garde de perdre ta jeunesse
    par Jean Boissonnat
    Ouest France, Editorial, 18-01-2007

En cette année électorale, les discours sur la jeunesse vont fleurir sur tous les horizons politiques. En général, ils combinent la démagogie avec l’hypocrisie. Démagogiques, les refrains sur les vertus universelles du jeune âge. Hypocrites, les pleurnicheries sur les handicaps propres aux jeunes générations. La jeunesse française, en ce début de siècle, mérite plus de lucidité et de franchise.

Il faut louer, ici, l’ouvrage que publie l’Académie des sciences morales et politiques sous le titre La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse(éditions du Seuil). Le collège des auteurs est prestigieux autour de Raymond Barre et Pierre Messmer avec, notamment, Gabriel de Broglie, Michel Albert et Marcel Boiteux. Ces personnalités reconnues auraient pu nous servir un document conventionnel. Ce n’est pas le cas. S’appuyant sur des études récentes et rigoureuses, elles démontrent clairement que la jeunesse française n’est pas victime de « l’air du temps », mais de l’inconscience et de l’égoïsme des générations qui l’ont précédée, c’est-à-dire de nous-mêmes.

Les auteurs fondent leur démonstration en analysant les structures du marché du travail, celles de notre système éducatif et le mode de redistribution de la richesse nationale.

Pour faire bref, tout se passe, dans notre pays, comme si l’on avait préservé une relative (très relative) stabilité et sécurité de l’emploi pour les personnes d’âge adulte, en sacrifiant les conditions d’entrée des jeunes sur le marché du travail. Chez nous, le taux de chômage des jeunes est deux fois plus élevé que celui des adultes ; il est le double de ce qu’il est en moyenne dans l’ensemble des pays développés de l’OCDE. En France, 87 % des contrats de travail des jeunes sont des contrats précaires, deux fois plus que dans un pays comme le Danemark. Et ce n’est pas du tout en jetant, en dehors du marché du travail, les personnes de plus de 55 ans (la France détient le record en ce domaine) que l’on améliore l’accès des jeunes à la vie professionnelle.

L’école en procès

Le mauvais fonctionnement de notre système éducatif est, naturellement, l’une des principales causes de ces débuts désolants des jeunes sur le marché de l’emploi. Et cela, malgré l’ampleur des ressources financières consacrées à l’éducation. On a confondu, chez nous, démocratisation de l’enseignement et éducation de masse. La proportion des élèves, atteignant la classe terminale, a doublé en dix ans (36 % en 1984, 70 % en 1994) sans que cela améliore leur entrée sur le marché du travail. Nos grandes écoles forment, certes, des élites de qualité, mais dans des proportions de plus en plus faibles. Quand les universités américaines les plus prestigieuses quadruplaient leurs effectifs, les grandes écoles françaises ne les augmentaient que de 15 %. Pendant ce temps, on enfournait la masse des étudiants dans des universités sans système de sélection autre que par l’échec dont une grande partie des élèves sortaient sans diplôme. Parmi ceux qui finissaient par en obtenir un, beaucoup se résignaient à occuper des emplois sans qualification. Manque d’autonomie des établissements, mauvaise articulation avec la vie des entreprises, excès de corporatisme apparaissent comme autant de vices du système français.

La redistribution des richesses nationales par l’État et par les organismes sociaux n’arrange rien. Compte tenu de l’ampleur des déficits publics (qui sont passés, en un quart de siècle, du quart de la production nationale aux deux tiers de celle-ci), cette redistribution s’analyse d’abord comme un transfert des adultes vers les jeunes qui devront payer les intérêts et rembourser les dettes. Une seule réforme, encore insuffisante, mais significative, a été engagée, celle des retraites, avec l’allongement de la durée des cotisations.

Aucun de tous ces problèmes n’est insoluble, comme le prouvent de nombreux exemples à l’étranger. Si la France ne veut pas perdre sa jeunesse, elle doit cesser de la flatter ; il lui faut se réformer elle-même pour que cette jeunesse ne la quitte pas.

 

  • Messmer et Barre au chevet des jeunes,
    M.B., Le Républicain Lorrain | Culture, 20 01 2007.

La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse (Seuil) souligne les dysfonctionnements de notre société incapable d’ouvrir des horizons à une jeunesse « passée de l’espoir à l’inquiétude, voire à l’anxiété devant l’avenir ». Deux anciens Premiers ministres de la Ve République qui prennent la plume pour cosigner un « appel à la lucidité et au civisme », voilà qui n’est pas si fréquent. Mais parce que la mission de l’Académie des sciences morales et politiques consiste à « éclairer l’opinion et les pouvoirs publics sur les grandes questions de société », Pierre Messmer et Raymond Barre n’ont guère hésité à se jeter à l’eau pour « attirer l’attention sur un problème fondamental » : « La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse », témoignent en chœur les deux ex-locataires de Matignon dans l’ouvrage éponyme, édité au Seuil. Pour avoir participé aux travaux préparatoires à ce rapport, ils adoptent ce cri d’alarme qui met en relief « le désarroi, l’anxiété, la colère de nombreux jeunes face à leur avenir ». Les origines sociales ont beau tempérer ce noir tableau, « un fossé de plus en plus profond se creuse entre les conditions d’existence des générations précédentes et celles des jeunes d’aujourd’hui ». La faute à « une société de plus en plus duale, segmentée, dans laquelle, pour ne pas remettre en cause la situation des uns, on néglige le sort des autres ». La difficile insertion professionnelle des jeunes constitue une des principales raisons du « grand désenchantement ». Les dispositifs favorisant l’emploi précaire n’y changent rien, ni les politiques de cessation anticipée d’activité. Des comparaisons avec d’autres pays font apparaître que « partout où l’activité des seniors est forte, celle des jeunes l’est aussi ». Pour les auteurs du rapport, les « très coûteuses » politiques d’accompagnement sont de « simples palliatifs » aux « performances mitigées ». Et elles ratent leur cible quand il conviendrait de « protéger les individus, pas les emplois ». Notre système d’éducation est également pointé du doigt. « Sa démocratisation a abouti à un renforcement sans précédent des tensions aux deux bouts de la hiérarchie scolaire » et « ses filières universitaires sont trop peu sélectives, trop peu différenciées et professionnelles ». Il ne peut « résorber une fraction devenue irréductible d’échec scolaire », alors que « le marché du travail est dur pour les non-qualifiés ». Et c’est pourtant sur les épaules des jeunes que reposeront dans un proche avenir « le coût de l’inactivité des seniors, la dette publique et le laxisme budgétaire » choisis par nos gouvernants. A méditer à l’approche des présidentielles.

 

  • Un rapport alarmant sur la jeunesse,
    Mathilde DAMGÉ,
    La Croix du 24 01 2007

L’Académie des sciences morales et politiques prend l’opinion publique à témoin des difficultés des jeunes face à l’avenir.

En pleine campagne électorale, l’Académie des sciences morales et politiques élève la voix dans un rapport sur l’avenir de la jeunesse. Le ton est alarmant : « La France prépare mal l’avenir de la jeunesse », préviennent les Sages. Constituée de 50 personnalités intellectuelles et publiques, l’Académie aime à soulever des thèmes nouveaux ou qu’elle juge peu abordés par le grand public. Le rapport qu’elle présentait hier est signé de deux anciens premiers ministres, Raymond Barre et Pierre Messmer, ainsi que d’autres noms prestigieux : Christian de Boissieu, président délégué du Conseil d’analyse économique, Jean-Michel Charpin, ancien commissaire au plan ou Jean-Philippe Cotis, chef économiste de l’OCDE.

Il s’appuie sur les travaux du Cepremap, le Centre pour la recherche économique et ses applications, dirigé par Daniel Cohen, par ailleurs directeur du département d’économie de l’École normale supérieure :

« Violence des casseurs, montée du suicide, retrait de la vie politique et associative, consommation de psychotropes... », le constat n’encourage pas à l’optimisme. On observe, insistent les auteurs, « une vague de pessimisme sans précédent depuis les années 1960 ». La faute au chômage d’abord, qui ne s’est jamais situé en dessous de 18 % depuis vingt-cinq ans pour la tranche d’âge 18-25 ans.

La faute aussi, et l’argument est plus original, à certains effets pervers de l’évolution du système scolaire. Le rejet des métiers dits manuels, le renforcement de la ségrégation entre bacheliers et non-bacheliers, entre bons et moins bons lycéens, ou encore entre élèves des grandes écoles et étudiants des facultés sont autant de facteurs qui contribuent à scinder la population entre « ceux qui sont adaptés au monde moderne », une minorité, et les autres.

Autre difficulté à laquelle les jeunes sont confrontés : alors que d’autres pays favorisent l’indépendance financière de ceux-ci grâce à des systèmes de bourses ou de prêts, la France s’appuie sur la solidarité familiale, solidarité aussi inégale que le niveau des familles en question. Ainsi se dessine une ultime injustice : la fracture entre ceux que les chercheurs appellent les « héritiers », et les « non-héritiers ». Les premiers, qui représenteraient 30 à 40 % de chaque classe d’âge, « bénéficient d’un soutien familial tant socio-culturel que financier ». Les autres « ne reçoivent que des montants limités ». Ainsi, les riches restent riches, et les pauvres s’appauvrissent.

 

  • De l’espoir à l’anxiété
    par Jean-Pierre Rioux
    Sud Ouest | Débats, paru le 5 février 2007.

« La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse » : le titre est sage mais le texte décoiffe. Ses préfaciers, Raymond Barre et Pierre Messmer, ne passent pas pour des excités pas plus que les experts et les chercheurs qui l’ont nourri, venus de l’Académie des sciences morales et politiques, de la Sorbonne et de l’École normale. Il s’agit pourtant bien d’un procès, d’un cri d’alarme. La conclusion fait mal, très mal : « C’est la France elle-même qui est en cause », dit-elle, plutôt que telle ou telle majorité, si sa jeunesse est passée depuis les années 1980 de l’espoir à l’inquiétude et même à l’anxiété ; si celle-ci est la première victime de nos dysfonctionnements politiques, économiques et sociaux, de nos impuissances publiques, de nos corporatismes, de notre « intouchable protection de tant de droits acquis aux aînés et inaccessibles aux autres ». Si elle est hypothéquée et sacrifiée. Ce cri en rejoint d’autres de même force : « Les parents dépensent, les enfants trinqueront » (Claude Imbert), « Les jeunes Victimes du modèle français » (Eric Le Boucher ), « Les jeunes ne paieront pas » (Bernard Spitz) ou « France, prends garde de perdre ta jeunesse » (Jean Boissonnat). Rude conjonction de pessimismes, quelques mois après les émeutes de banlieues et la crise du CPE.

L’acte d’accusation a trois chapitres, brefs, implacables. Un : nos jeunes sont les premières victimes de l’état si segmenté de notre marché du travail, où ils se faufilent de façon chaotique. Ils sont plus chômeurs que les autres parce que débutants. Deux : ils pâtissent de plus en plus du dualisme du système d’éducation, où l’égalité des chances n’a pas progressé, où l’exclusion prolifère, où le savoir, la formation et l’emploi se contredisent trop souvent.

Trois : ils vont être contraints de financer toute leur vie un déséquilibre entre les générations qui ne peut que s’aggraver. Un, donc : nos jeunes, mal formés, souvent indécis, désorientés, peu soucieux aussi de formation continuée, « trinquent » parce qu’ils sont à l’avant-garde de la « flexibilité » à la française, celle où « la mobilité est concentrée quasi exclusivement dans la phase d’insertion, la stabilité et la protection primant ensuite ». Ils sont longtemps cantonnés sur un marché spécifique, celui des stages, de l’emploi précaire ou de l’attente de la première embauche : en 2001 déjà, 70 % d’entre eux n’atteignaient le havre du CDI que trois ans après leur obtention d’un diplôme et 40 % des non-diplômés restaient chômeurs. On dira, et Jacques Marseille le fait sans d’ailleurs apaiser tout à fait nos craintes, qu’après tout, deux tiers d’entre eux arriveront un jour à une vie active moins précarisée. Mais d’ici là, qu’auront-ils goûté et acquis de la vie, quelle famille, quel toit, quelle émancipation, quels projets ? De plus, la France reste la championne du contrat précaire, du transfert mal distribué, de l’aide sociale qui avantage les parents installés plutôt que les jeunes désemparés, des bourses faibles et des prêts à forts intérêts, des indemnisations du chômage qui aident l’individu mais ne protègent pas l’emploi. Elle paye de plus en plus cher l’idée fausse, de gauche comme de droite, selon laquelle la cessation d’activité des seniors donnerait de l’emploi aux juniors.

Deuxième point de friction, bien connu mais relaté ici très crûment : la démocratisation de l’enseignement secondaire et supérieur n’a pas offert des chances de réussite égales pour tous et elle a aggravé les tensions aux deux bouts de la chaîne éducative : à l’amont, des illettrés et des sans-diplôme handicapés à vie ; à l’aval, une élite des grandes écoles toujours aussi compétente mais socialement toujours plus squelettique (les fils d’employés et d’ouvriers représentaient 25 % des admis à Polytechnique il y a cinquante ans ; ils sont 1 % aujourd’hui), les premiers cycles-parkings à l’université, la fixité du zonage ZEP-ZUP, la rigidité de la carte scolaire, la sélection par l’échec, le déni de l’entreprise, le refus du travail manuel, les apprentissages en capilotade, l’incapacité à multiplier les filières différenciées et sélectives qui seules conduisent à l’emploi, la menace sur la recherche-développement qui, à terme, va disqualifier le pays et tarir un peu plus l’emploi. Enfin, hardiment, le livre fait comprendre pourquoi les jeunes ne s’affranchissent plus, ou si mal, d’une dépendance qui les enchaîne aux aînés et leur fera bientôt traîner seuls le boulet de la dette publique.

La fin est terrible. Pourquoi nous refusons-nous à user des remèdes éprouvés dans d’autres pays ? Avons-nous si peu la culture de la réforme, de l’expérimentation, de l’évaluation, de la négociation collective que nous ne puissions pas espérer sortir nos enfants du gué où nous les avons embourbés ? À tout le moins, « un immense effort de pédagogie civique et d’intelligence du monde nouveau où nous entrons s’impose d’urgence » Certes.

Regardons-nous donc bien dans la glace. Et vous, mesdames et messieurs les Candidats, qu’en dites-vous ?

 

  • Pensez aux jeunes !
    La Tribune, paru le 16 février 2007

Quel pays laissera-t-on à nos enfants ? Cette question doit bien sûr occuper l’esprit de nos décideurs, politiques ou économiques. Or, à ce jour, le constat n’est guère positif. « La difficulté d’emploi des jeunes et les échecs de la démocratisation scolaire sont indissociables. C’est de ce terreau que se nourrit le malaise de la jeunesse », constatent dans leur avant-propos Pierre Messmer et Raymond Barre. « Victimes de l’état du marché du travail », les jeunes paient le prix d’un système éducatif dual où est à l’œuvre un « puissant phénomène de séparartion sociale ». Bref, l’égalité des chances n’est plus qu’un vœu pieu dans notre pays. La jeunesse est l’avenir d’une nation, et on se félicite à juste titre de voir la natalité française battre aujord’hui des records. Encore faut-il se donner les moyens de préparer un avenir digne de ce nom à cette jeunesse.

La France du nouveau siècle

 

sous la direction de
Thierry de Montbrial

 

Avant-propos

L’Académie des sciences morales et politiques est l’une des cinq académies qui constituent l’Institut de France. Selon une tradition bien établie, son président est entièrement responsable de l’organisation du travail de la Compagnie pendant la durée de son mandat. Ayant été élu pour l’année 2001, j’ai ainsi proposé à mes confrères de procéder à un vaste tour d’horizon de la France au début du XXIe siècle, en faisant appel à un ensemble de personnalités très expérimentées. La plupart de leurs contributions sont rassemblées dans ce livre, accompagnées de deux textes de synthèse que j’ai rédigés. Un second volume, publié séparément, regroupe cinq communications sur les thèmes complémentaires de la démographie et de la protection sociale, présentées lors d’un colloque à la Fondation Singer-Polignac, pour lequel nous sommes particulièrement redevables au chancelier honoraire de l’Institut, M. Édouard Bonnefous.

Le lecteur constatera que nous n’avons pas cherché l’exhaustivité. C’est ainsi que, en dépit de mes fonctions de directeur de l’Institut français des relations internationales, j’ai écarté de ce tour d’horizon la politique étrangère et la défense. Je suis en effet convaincu que les capacités d’action d’un pays à l’extérieur sont avant tout fonction de l’état de ses ressources humaines, morales et économiques. C’est donc délibérément que ce travail collectif met l’accent sur les principales réformes internes dont la France a besoin.

Thierry de Montbrial

Sommaire

IntroductionLa France du nouveau siècle, par Thierry de
Montbrial

Première partie — Points de vue extérieurs

Félix ROHATYN — L’état de la France vu des États-Unis

Henrik UTERWEDDE — L’état de la France vu d’Allemagne

Mgr Jean-Louis TAURAN — Les relations Église-État en France : de la séparation imposée à l’apaisement négocié

Deuxième partie — Les bastions de la République

René RÉMOND — La France d’un siècle à l’autre : continuité et ruptures

Pierre ROSANVALLON — Fondements et problèmes de l’« illibéralisme » français

Jean-Pierre CHEVÈNEMENT — Pourquoi la France ne doit pas disparaître

Jean-Denis BREDIN — La France et les droits de l’homme

Jean-Marie ZEMB — La racine langagière du génie français

Michel ZINK — Les humanités et la formation de l’esprit

Dominique LECOURT — L’idée française de la science

Dominique WOLTON — L’identité culturelle française face à la mondialisation de la communication

Alain-Gérard SLAMA. — Le débat intellectuel dans la France contemporaine

Jean-Claude CASANOVA — L’Université française du XIXe au XXIe siècle

Pierre JOXE — L’efficacité de l’État

Michel ALBERT — Le système fiscal français

Troisième partie — Réformer

Hervé GAYMARD — Engagement politique et Nation

Dominique PERBEN — La fonction publique

Jean-Marc VARAUT — La révolution judiciaire

Jean-Marie COLOMBANI — La France et la Corse

Serge FENEUILLE — Vous serez tous des savants

Jean-Pierre BOISIVON — L’efficacité de l’école exige-t-elle toujours plus de moyens ?

Denis GAUTIER-SAUVAGNAC — Débrider le dialogue social

Bernard BRUNHES — Partenaires et acteurs du contrat social : crise française et perspectives européennes

Nicole NOTAT — Les relations sociales en France : le nouveau contexte, le rôle des différents acteurs, les perspectives

Jean-Pierre DELALANDE — Violence, société et humanisme

Claude BÉBÉAR — Mondialisation : émigration-immigration

Jean DRUCKER — La télévision est un enjeu économique et culturel

François TERRÉ — Juillet 1901 – juillet 2001 : repenser une loi centenaire

Quatrième partie — La France des entrepreneurs

Louis SCHWEITZER — Le cas Renault

Bertrand COLLOMB — Entreprise, humanisme et mondialisation

André LEVY-LANG — Nouvelles technologies, innovation et jeunes pousses

Michel PÉBEREAU — Le système financier français dans le marché mondial

Jean-François DEHECQ — Le triangle entreprise, État, Europe

ConclusionQuel avenir pour la France ? par Thierry de
Montbrial