Colloque « Sans enfant par choix – Le phénomène childfree »

Colloque organisé par Chantal Delsol, Gemma Durand et Joanna Nowicki (sur inscription)

Le courant de pensée Childfree (sans enfant par choix) est déjà vieux de plusieurs décennies, mais il revêt aujourd’hui une importance capitale quand un tiers des Françaises sans enfants et en âge de procréer ne veulent pas d’enfants (sondage IFOP 2022). Un courant marginal et original devient une opinion largement partagée, d’autant qu’il concerne l’ensemble des pays occidentaux et même des pays développés.
A partir du moment où, avec la contraception, la conception de l’enfant cessait d’être un destin, il était bien naturel que nous commencions à poser la question de sa légitimité. Le moment contemporain est-il particulièrement privé de sens, ou désespéré, pour que le désir d’enfant soit à ce point remis en cause ? Faut-il penser que le développement économique contredit le désir d’enfant ? Faut-il croire que la situation de nos sociétés est réellement pire que celle de nos anciens, au point de mettre en cause l’avenir humain ? Quelle nouvelle vision du temps cela traduit-il, quand l’histoire personnelle réclame de se clore avec l’individu ? Quel rôle jouent les ruptures idéologiques et religieuses présentes dans cette nouvelle manière de considérer l’existence ?

Programme de la journée du vendredi 11 octobre

Vendredi 11 Octobre matin : modératrice : Gemma Durand

9h : Chantal Delsol : Ouverture des journées

  • 9h15 : Gérard-François Dumont, Professeur émérite à Sorbonne Université, Président de la revue Population et Avenir : L’état des lieux de la dénatalité en Occident
  • 9h45 : Joanna Nowicki, Professeur à CY Paris-Cergy Université : La mort de Matka Polka ?
  • 10h15 : Jean-Didier Lecaillon, Économiste, Professeur émérite à Panthéon Assas Université : Économie et natalité

10h45 : Pause

  • 11h15 : Zoë Dubus, Docteure en histoire de la médecine : La non-parentalité heureuse : réflexion autour du phénomène Childfree
  • 11h45 : Édith Vallée, Docteure en psychologie : Témoignages, approches psychologique et philosophique du choix de non maternité

12H15 : Débat

12h30 : Déjeuner libre

Vendredi 11 Octobre après-midi : modératrice : Joanna Nowicki

  • 14h00 : Claude Habib, Professeur de Littérature : Enfanter, l’angle mort du féminisme
  • 14h30 : Myriam Szejer, Pédopsychiatre et Psychanalyste : Céder sur son désir
  • 15h00 : Jean-Pierre Winter, Psychanalyste et essayiste : Les atteintes à la filiation ; la démétaphorisation de l’amour

15h 30 Pause

  • 16h00 : Emmanuel Pont, Doctorant en démographie : Trajectoires et calculs de responsabilité climatique : avoir un enfant, le pire choix pour la planète ?
  • 16h30 : Gemma Durand, Gynécologue, Consultante en bioéthique : Le désir d’enfant empêché, où est notre responsabilité ?
  • 17h00 : René Frydman, Professeur émérite spécialiste de la reproduction : Refus de la grossesse ou refus d’enfant : l’utérus artificiel changera-t-il la donne ?

17h30 : Débat

Programme de la journée du samedi 12 octobre

Samedi 12 Octobre matin : modérateur : Jean-François Mattéi

  • 9h00 : Éric Fiat, Philosophe, Professeur à l’Université Gustave Eiffel : De l’inconvénient d’être né ?
  • 9h30 : Chantal Delsol, Philosophe, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques : Figure du dernier homme

10h00 : Pause

  • 10h30 : Jean Birnbaum, Journaliste et essayiste : No kids no future
  • 11h00 : Jean-François Mattéi, Médecin, ancien ministre, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques : Considérations générales

11h30 : Débat

12h00 : Rémi Brague, Philosophe, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques : Synthèse et conclusion.

Jaime Antúnez Aldunate, Le Commencement de l’Histoire. Réflexions hier et aujourd’hui : Russie-Ukraine-Europe centrale, 2024

Rémi BRAGUE

Rémi BRAGUE a déposé l’ouvrage suivant en séance du 6 mai 2024 :

Le Commencement de l’Histoire. Réflexions hier et aujourd’hui : Russie-Ukraine-Europe centrale de Jaime Antúnez Aldunate (s.l., Les Acteurs du Savoir, 2024, 276p.)

Présentation en séance

Texte prononcé en séance

Je dépose sur le bureau de l’Académie l’ouvrage de M. Jaime Antúnez Aldunate. M. Antúnez est le président (nous dirions « secrétaire perpétuel ») de notre jumelle, l’Académie des Sciences sociales, morales et politiques du Chili.
La première version du livre, en espagnol, date de 1992. Il est ici réédité dans une traduction française due à l’auteur lui-même. 1992 fut aussi la date de publication du livre de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire, après son article retentissant de 1989. Le titre de M. Antúnez constitue donc le contrepied exact de celui de Fukuyama.
Le livre a donc plus de trente ans d’âge. Il a été réédité au Chili en 2022. L’auteur l’a actualisé par une introduction (p. 15-23), un épilogue (p. 237-242) et, dans le corps du texte, par quelques va-et vient entre 1992 et aujourd’hui (pp. 71, 74, 80, 159). Il y fait le bilan de ce qui reste juste et des espoirs déçus.
L’auteur a effectué en 1990 et 1991 une série de reportages pour la revue chilienne El Mercurio. Il livre donc sorte de journal de voyage dans l’Europe dite de l’Est, juste au moment où, si je puis jouer sur les mots, elle fut désorientée par la chute de l’empire soviétique et se mit à la recherche d’une nouvelle orientation.
Après un premier chapitre introductif, le voyage commence par la Pologne (ch. II-IV, p. 35-55). L’auteur s’attarde sur la Russie, à laquelle sont consacrés pas moins de neuf chapitres (ch. V-XIII, p. 57-169), soit la moitié du volume. Il passe plus brièvement par l’Ukraine (p. 171-183), par la République Tchèque (185-201), puis rapidement par la Hongrie (201-208). Restent en dehors du tableau les pays des Balkans.
La question directrice est celle de l’identité culturelle et religieuse des pays fraîchement libérés de l’idéologie léniniste et menacés de se contenter d’un modèle purement consumériste.
Outre les impressions personnelles du voyageur, l’ouvrage est riche de citations, parfois des conversations privées. Elles donnent la parole aux interlocuteurs, lesquels sont souvent des personnalités qui ont laissé un nom dans l’histoire, comme Vaclav Havel, mais aussi des gens moins connus, mais au moins aussi importants par leur influence. Le livre s’achève sur une longue et profonde conversation (24 pages) avec le philosophe polonais Stanislaw Grygiel (212-235).
Le livre s’ouvre par une préface de notre consœur Chantal Delsol et se clôt par une postface du philosophe Henri Hude. Ces deux textes, respectivement de 8 et de 21 pages et très substantiels, ne sont pas ce que le livre a de moins intéressant.

Rémi Brague