« Tocqueville » de Françoise Mélonio (2025)

Eric ROUSSEL

Eric Roussel a déposé l’ouvrage suivant en séance du lundi 24 novembre 2025 :

Tocqueville de Françoise Mélonio (Gallimard, 2025, 624 p.).

Texte prononcé en séance

Je souhaiterais déposer sur le bureau de l’académie la biographie de Tocqueville de Françoise Melonio.
Sur Tocqueville il existe de très nombreux ouvrages Celui que vient de publier Françoise Melonio fera date parce qu’il démontre de manière lumineuse que l’on ne peut comprendre l’auteur de La démocratie en Amérique sans connaître sa vie. Comme Chateaubriand, il est déchiré entre deux mondes : celui issu de l’ancien régime où il est né et celui qui vient dont il a pu scruter les promesses et les possibles pathologies lors d’un voyage aux États Unis. Tocqueville instinctivement sent qu’il est vain de freiner un mouvement irrésistible vers la démocratie mais il ne se sent de plain pied qu’avec ceux qui comme lui risquent de se trouver marginalisés par cette vague et partagent les souvenirs douloureux de la Révolution. Cette contradiction irrigue sa vie et nourrit son œuvre. Son intelligence lui permet de dominer son pessimisme foncier et de porter un regard lucide sur le passé -ce sera l’objet de L’ancien régime et la Révolution -et sur l’avenir comme l’atteste la démocratie en Amérique et ses étincelants souvenirs de la seconde République où se révèle en outre un portraitiste hors pair .
Françoise Melonio qui a édité Tocqueville dans la Bibliothèque de la Pléiade domine superbement son sujet. Rendant justice aux anticipations géniales de son héros elle ne cache pas que ce dernier était aussi un homme de son temps avec ses préjugés et ses antipathies notamment à l’égard de la Grande Bretagne. Cet homme qui voyait loin était parfois moins à l’aise dans le court terme et crut ainsi trouver un remède au déclin qu’il redoutait dans la colonisation de l’Algérie. Mais le penseur fut aussi un homme de terrain avisé comme l’attestent les pages de ce livre consacrées à son passage a la présidence du conseil général de la Manche.
La vie privée n’est pas négligée par Françoise Melonio  qui révèle un personnage un peu mélancolique mais charmeur, attaché passionnément a la femme qu’il avait choisie hors de son milieu mais ne dédaignant pas les aventures, un ami fidèle mais toujours lucide.
Au total un grand livre désormais indispensable à la compréhension de l’un des plus grands esprits du XIX siècle.

Accueil du correspondant François-Guillaume LORRAIN à l’Académie

Le président a accueilli en séance François-Guillaume Lorrain, élu correspondant de la section Histoire et Géographie le 2 juin 2025 à la succession de Anne Muratori-Philip, décédée le 8 novembre 2024. Il a donné la parole à Eric Roussel pour sa présentation.

Né en 1970, François-Guillaume Lorrain est normalien (ENS Ulm), agrégé de Lettres modernes. Il a d’abord enseigné à la Faculté de Dijon, puis travaillé pour le Quai d’Orsay à Londres puis à Florence avant de devenir journaliste au Point en 1999. Il y a tenu la rubrique Cinéma puis s’est vu confier le large domaine des idées et de l’Histoire.

Parallèlement François-Guillaume Lorrain a publié une quinzaine d’ouvrages, pour la plupart à teneur fortement historique, notamment une double enquête sur la mémoire des événements dans les lieux où ils se sont déroulés : Ces lieux qui ont fait la France (2015) puis Ces autres lieux qui ont fait l’Histoire (2021). En 2024, il a mené une enquête sur une quinzaine de Justes qui ont sauvé des Juifs en France : Il fallait bien les aider. Il est aussi l’auteur de romans historiques sur le XVIIè siècle. Par ailleurs, il a dirigé avec Patrice Gueniffey deux ouvrages collectifs : Les grandes décisions de l’Histoire de France (Perrin/Le Point, 2018) et Révolutions françaises, (Perrin/Le Point, 2020).

François-Guillaume Lorrain prend ensuite la parole pour remercier l’Académie pour cette élection. Il évoque la richesse du mot « correspondant » et rend hommage à la figure de Pierre Nora. Il termine en évoquant la mémoire de Anne Murtori-Philipp.

 

Hommage de l’Académie à Georges POMPIDOU

Un hommage a été rendu par l’Académie à Georges Pompidou à l’occasion des 50 ans de sa disparition. Le président Bruno Cotte a tout d’abord rappelé l’importance d’un tel hommage tant est grand le rôle qu’a joué Georges Pompidou pour notre pays et a souligné combien le Nœud gordien, paru peu de temps avant la mort de G. Pompidou, restait d’une brûlante actualité.

Éric Roussel est ensuite intervenu pour dresser le portrait de cet homme d’État qui fut tour à tour directeur de cabinet du général de Gaulle lors de son retour au pouvoir, son Premier ministre, avant de devenir le Président de la République au mandat dramatiquement écourté.

Édouard Balladur, ancien premier ministre, a ensuite pris la parole pour évoquer celui dont il fut l’un des plus proches et fidèles collaborateurs jusqu’à ce 2 avril 1974.

Enfin, Jean-Claude Trichet est intervenu pour un témoignage plus personnel, compte-tenu des liens familiaux entretenus par son père, Jean Trichet, avec Georges Pompidou.

Le Secrétaire perpétuel, Bernard Stirn, a conclu cet hommage en évoquant encore une fois cette figure et en remerciant les orateurs et la nombreuse assemblée présente dans la grande salle des séances.

Verbatims des intervenants

Discours prononcé par Édouard Balladur

Discours de clôture prononcé par Bernard Stirn

« Avant de clore cet hommage que notre Académie souhaitait rendre au président Georges Pompidou à l’occasion du 50-ème anniversaire de sa disparition, je voudrais adresser quelques mots de remerciement à vous tous, qui nous avez, par votre présence ou votre participation, permis d’organiser et de partager ce moment.

Je me permets d’y ajouter un souvenir personnel. En avril 1974, j’accomplissais, comme élève de l’Ecole nationale d’administration, mon stage à la préfecture de l’Aube. La nouvelle, dans la soirée du 2 avril, du décès du Président de la République a provoqué une véritable sidération -car les nouvelles sur la gravité de l’état de santé de Georges Pompidou n’étaient pas connues des préfectures. Cinquante ans après, je me revois en cette fin de journée dans le bureau du préfet, M. Michel Barbier, suivant avec stupéfaction et tristesse les évènements dont la télévision nous informait.

Merci donc à vous tous pour votre présence ce soir. Merci à mes confrères Eric Roussel pour sa riche introduction et Jean-Claude Trichet pour les émouvants souvenirs familiaux qu’il a évoqués, au travers de l’amitié qui, depuis la khâgne et l’Ecole normale supérieure, liait Georges Pompidou à son père, Jean Trichet. Et un très grand merci, Monsieur le Premier Ministre, pour le magnifique témoignage que nous avez délivré. Vos propos ont prolongé le beau livre La tragédie du pouvoir, dans lequel vous avez montré le courage de Georges Pompidou. Vous nous avez fait revivre des moments de notre histoire et nul n’était plus autorisé que vous pour honorer la mémoire du grand homme d’Etat qu’était le président Pompidou. Vous nous avez permis de mieux comprendre sa riche et forte personnalité, de mieux connaître son action, de mieux mesurer la place qu’il a occupée dans notre histoire politique. Souvent émouvant lui aussi, votre propos conduit à constater combien son inspiration demeure présente et précieuse dans le monde d’aujourd’hui, dont il avait anticipé, de manière parfois prophétique, les évolutions, les promesses et les incertitudes.

Un dernier mot pour rappeler que la semaine prochaine, jeudi 14 mars, l’Institut Georges Pompidou et le Centre Georges Pompidou organisent une journée de colloque, qui se terminera par la diffusion en avant-première d’un film intitulé Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir, écrit pour France Télévision par Eric Roussel, Patrice Duhamel et Jean-Pierre Cottet. »

Les verbatims des discours d’Eric Roussel et de Jean-Claude Trichet seront publiés prochainement.

Réécoutez l’ensemble des interventions

Coupole comble pour la Nuit du Droit de l’Académie !

La Nuit du Droit est une initiative nationale lancée par le Conseil constitutionnel en 2018 qui vise à célébrer l’anniversaire de la Constitution de la Vème République le 4 octobre sous la forme d’événements autour du droit au sein de différentes institutions.

L’Académie des Sciences morales et politiques, à l’initiative de la section Législation, droit public et jurisprudence et à l’occasion du 65ème anniversaire de la Constitution, a organisé un événement au Palais de l’Institut pour l’occasion avec le soutien de la Fondation Del Duca.

Programme

19h – 19h10 : Ouverture par le chancelier Xavier Darcos

19h10 – 20h30 : Table ronde : Les 65 ans de la Constitution

Table ronde animée par le secrétaire perpétuel Bernard STIRN avec les académiciens Pierre DELVOLVE, Alain DUHAMEL, Eric ROUSSEL et Serge SUR.
D’où provient la résilience de la Constitution ? De ses textes ? De ses acteurs ?

20h30 – 22 h : Temps théâtral

  • Dialogue imaginaire entre François Mitterrand et Michel Barbier animé par Christophe BARBIER, Journaliste et éditorialiste
  • Pièce de théâtre extraite des Plaideurs de Jean Racine interprétée par la compagnie Oghma
Oghma

Colloque : « Faut-il réformer nos institutions politiques ? »

Mercredi 5 octobre  2022
Académie des sciences morales et politiques

Programme du colloque 

Accueil 
Jean-Robert Pitte
Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques

Introduction
Eric Roussel
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques

Enregistrement vidéo de la matinée

Intervention du Président Nicolas Sarkozy

Enregistrement vidéo de l’après-midi

Intervention du Président François Hollande

Conclusion
Bruno Cotte
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques

 

Mercredi 5 octobre, l’Académie des sciences morales et politiques organisait une journée de réflexion et de débat, ouverte à un large public – dans lequel les spécialistes côtoyaient les étudiants – , autour de la question de la réforme des institutions, mise à l’agenda politique par le président de la République.

Soixante-quatre ans après l’adoption de la Constitution de 1958, le problème des institutions est à l’ordre du jour. Le régime est-il fatigué ? La démocratie peut-elle être vivifiée par une réforme juridique ? Faut-il passer à la VIème République ? Convient-il au contraire de revenir à l’esprit originel de la charte fondamentale ? Quelles réformes peuvent-elles être envisagées, tant dans les textes que dans les modalités de leur mise en oeuvre  ?
Autant de questions d’une brûlante actualité qui ont fait l’objet de ce colloque . Non pour imposer un point de vue mais pour amorcer un débat de haut niveau, nourri par les meilleurs spécialistes, conformément à la mission de l’Académie des sciences morales et politiques.

Organisé à l’initiative d’Éric Roussel, de Jean-Robert Pitte et de plusieurs membres de l’Académie, l’événement a réuni, sous la forme de six tables rondes, des académiciens et des intervenants extérieurs sur une variété de sujets qui a permis d’aborder de nombreux aspects de la question. Pierre Mazeaud et Alain Duhamel ont ainsi débattu du septennat et des élections législatives avec Anne Levade ; Jean-Claude Casanova a abordé la question du scrutin proportionnel avec Alain Laquièze tandis que Pierre Delvolvé, Renaud Denoix de Saint Marc, Bernard Stirn et Michel Pébereau ont débattu du contrôle juridictionnel. La complexe question de la participation citoyenne a été présentée avec des points de vue contrastés par Pierre-Henri Tavoillot, Dominique Schnapper, Jean-Louis Bourlanges et Loïc Blondiaux. La table-ronde réunissant Jean-François Copé, Jean-Michel Blanquer mais aussi Dominique Rousseau et Bertrand Mathieu a réfléchi aux impacts d’un recours au référendum ; enfin, la journée s’est conclue avec une réflexion sur la fabrique de loi aujourd’hui, menée par Yves Gaudemet, Olivier Beaud et Anne-Marie Le Pourhiet. Ce colloque a été honoré de la présence des deux anciens présidents de la République : Nicolas Sarkozy a répondu en fin de matinée aux questions de Guillaume Tabard tandis que François Hollande a ouvert l’après-midi, en répondant aux questions de Patrick Cohen et des participants.

Ce colloque a été honoré de la présence des deux anciens présidents de la République : Nicolas Sarkozy a répondu en fin de matinée aux questions de Guillaume Tabard tandis que François Hollande a ouvert l’après-midi, en répondant aux questions de Patrick Cohen et de plusieurs étudiants.

Après un moment d’échanges et de débat, la journée a été clôturée par Bruno Cotte qui a fait la synthèse de ce riche colloque.

Sélection des ouvrages des intervenants  préparée par la Librairie Les Immortels.