LES ENTRETIENS DE L’ACADEMIE
sous la présidence de Monsieur Jean Baechler,
Président de l’Académie
De temps immémorial, l’Académie des Sciences Morales et Politiques s’appliquait à traiter chaque année un thème choisi par son Président et approuvé par le Bureau. Rien n’est plus trompeur que l’immémorial, car le mot suggère la plus haute antiquité, alors qu’il ne doit signifier que « ce dont on a oublié la date d’origine ». Ainsi en va-t-il du thème annuel. Il n’apparaît expressément qu’en 1994, date à laquelle la revue de notre compagnie porte inscrit le titre « États et religion ». En 1995, le thème traité est « Le contrat ». Mais, en 1996, notre confrère Alain Plantey n’impose pas de titre à son année, dont les communications sont des plus diverses. C’est, en fait, de 1997 que date l’habitude du thème unique et explicite. Quant à la publication d’un volume thématique annuel, le premier sort en l’an 2000 seulement, sous la présidence Drago. Si l’on compulse les communications des décennies antérieures, on constate l’absence complète de thème et la diversité la plus grande.
Les deux façons de procéder sont également défendables et critiquables, selon que l’on souligne leurs avantages ou leurs défauts. Il m’a semblé que le moment était peut-être venu, après une quinzaine de thématiques parfois arides et à l’occasion monotones, de revenir à la liberté et à la diversité des sujets abordés pendant nos séances. Pour faire accepter cette audace, il fallait viser l’excellence. La voie la plus sûre pour y atteindre, était de faire appel aux compétences et aux ardeurs présentes dans notre compagnie. Une difficulté me faisait obstacle : les académiciens sont plus nombreux que les séances de l’Académie ! La solution la moins inélégante m’a paru devoir être l’ancienneté d’élection, mais en inversant l’ordre, de manière à donner aux plus récemment élus l’occasion de se sentir d’entrée parties prenantes à nos travaux.
J’ai donc demandé à une trentaine de confrères de choisir eux-mêmes et en toute liberté ce dont ils aimeraient nous entretenir, parce qu’ils ont sur le sujet une compétence insigne ou du fait qu’il leur tient à cœur. En instituant de cette manière impromptue « Les entretiens de l’Académie » et en ne faisant appel qu’aux ressources internes de notre compagnie, je lance le pari gagnant que toutes les communications convergeront dans l’excellence et seront un témoignage concordant de ce qui fait la particularité et le charme de notre compagnie, un lieu de rencontre d’esprits distingués par leur diversité, leur élévation et leur courtoisie.
Jean Baechler